Garde reprochée - [Yasuke & Zdenka]

Une pensée qui traversait tout juste l'esprit de Zdenka, c'était qu'elle ferait mieux de ne jamais l'inviter en soirée. Il serait capable de plomber l'ambiance tout seul en se plantant au milieu d'une pièce sans bouger, à fixer les passants.

Au fond, il a raison sur tout la ligne, mais la polonaise étant qui elle est, elle ne peut pas se retenir de commenter en fixant son assiette:

"Oui, bon, pour un verre..."

À moins que Yasuke soit particulièrement sensible aux effets de l'alcool, aucun changement brusque de comportement ne devrait être observé. Elle s'amusait à penser que c'était peut-être le cas, en fait.

Fcae à telle impasse, une seule chose à faire: changer de sujet. En le pointant accidentellement la fourchette tout en parlant, parce qu'elle avait posé les coudes sur la table est gesticulait des mains tout en parlant.

"Vous venez d'où, du coup? Parce que vous avez l'air de tout savoir sur ma vie, mais je ne sais rien sur vous, c'est injuste."

Surtout qu'elle comptait faire souvent appel à ses services, alors autant ne pas rester parfaitement étrangers.

Zdenka ne rejette pas complètement l'espoir d'un jour parvenir à lui faire faire quelques écarts à la déontologie, mais manifestement, ce sera un travail de plusieurs années. Quelle aubaine, elle en a encore plusieurs centaines à vivre. Surtout si Yasuke fait bien son travail.

Au moins, il ne la laisse pas tomber et répond à sa curiosité. Clairement pas en cherchant à rallonger la conversation. La polonaise commence à le sentir, socialiser avec cette statue sera un régal. Mais peu importe l'effort à fournir, c'était toujours mieux que se regarder en silence.

"J'y suis allé, plusieurs fois. J'avoue que le climat y est particulièrement plaisant. Ça change d'ici."

Pour sûr, les pays chauds ça lui parle. Du reste, dire qu'elle y a été n'a pas tellement de sens, elle est allée partout plusieurs fois. Pour le travail ou le plaisir, ça change très peu de choses à ses yeux.

"Je penserai à vous s'il me vient l'envie d'y retourner, l'on rechigne rarement à revenir sur ses terres de naissances, pas vrai?"

Enfin, normalement. Elle se retenait de dire qu'elle avait banni la pologne de tous ses voyages. Trop de fragments du passé s'y terrent, trop de malheurs. Trop son fils. Elle laisse échapper une larme en y pensant, prétend rapidement avoir une poussière dans l'oeil.

Un pays trop chaud? Pardon? Zdenka cligne des yeux en l'entendant, tant l'idée lui paraît absurde. Que l'on puisse se plaindre de ne pas geler sur place ne fait aucun sens, elle aimerait vraiment voir qui ose médire des climats plus tropicaux.

Bon, par contre le grand gaillard ne semble pas si pressé de revenir visiter ses terres natales. Pire, il a l'air d'en avoir fait le deuil, d'avoir tourné une page. La polonaise maugrée, quand même.

"Je crois que c'est une erreur de rejeter ses racines en vieillissant. Mais chacun fait comme il veut, après tout."  

Elle s'empresse de finir son entrée, son verre aussi. Quitte à avoir la bouteille pour elle seule, elle se ressert. Le lémure n'allait très probablement pas le faire à sa place.

"Vous avez eu l'occasion de visiter la Pologne? Par simple curiosité, la question me vient, vous pouvez même en dire du mal."

Voilà qui serait plus croustillant, déjà.

Selon toute vraisemblance, les deux âmes ne parviendraient pas à se mettre d'accord le sujet des origines de chacun. Jamais vraiment dans le conflit et le besoin d'avoir raison, Zdenka laisse le sujet couler, c'est si peu important.

Étonnament, il prétend avoir visité le pays de naissance de la poltergeist. Elle sait que c'est rarement la destination de vacance préférée des morts, mais se dit qu'au final, tous les fantômes assez vieux ont été tentés de visiter tous les pays du monde. Zdenka ne s'était pas renseignée sur le garde du corps, mais elle savait au moins qu'il devait avoir quelques siècles, de son propre aveu. Un bon point pour lui.

"Ma foi, la forêt de Bialowieża a toujours été charmante et depuis mon vivant. Mais je n'y suis pas retourné depuis de nombreuses années, j'espère que rien n'y a changé."

De nombreuses années, des siècles en fait, mais selon toute vraisemblance elle avait du être conservée et protégée. Elle l'espérait, au moins, incapable de faire une recherche sur les appareils modernes.

"Je ne recommande vraiment pas visiter en hiver, cependant. Vraiment, il y fait bien trop froid."

Apparemment, ça l'a marquée. Qui l'eut crû?

"Je crois que ma destination préférée reste Cuba, tout ou presque y est charmant."

Une opinion comme une autre, lancée à la volée. Reste qu'un climat chaud et une plage, ça rend tout plus sympathique.