Dans d'autres circonstances, Zelda serait morte de rire devant sa position improbable.
Mais elle se rappelle que c'est un être humain en face d'elle, déjà bien torché et amoché. Elle tilte alors l'urgence de la situation.
Est-ce qu'il s'est pété un truc ?
Est-ce qu'il s'est tordu un truc ?
Est-ce qu'il-
Est-ce qu'il est mort !?
Pour la deuxième fois !
A son mouvement, Zelda descend enfin de son tas de sable et l'admire se toucher le visage.
Et elle admire son visage.
Ok.
Ok.
Ok.
Il serait peut-être temps de rentrer à la maison.
Peut-être.
Sans doute.
Sûrement.
Il faut.
Bien sûr, la commotion a attiré des passant.e.s et la jeune femme leur sourit maladroitement.
Des témoins de leur connerie là :
« On va dire que si t'arrives encore à déconner, t'es assez bien pour pas app'ler une amboolance. »C'est risible comme raisonnement.
Mais expliquer la raison de leurs blessures.
Bon.
Quand son regard - elle croit ? - se pose sur elle, son sourire s'agrandit pour lui montrer qu'elle, au moins, ça va pas plus mal.
Il manque tellement de pots, c'est presque de la chance à ce stade.
Mais là, c'est la merde.
La Boolice.
Eh mer- :
« Al- »D'un coup, le monde devient vite orange.
Orange ?! :
« Mais- », débute-elle en relevant le plot.
Mais il a pas tort de vouloir dégager.
Elle hoche la tête et remonte sur le bolide infernal :
« Steuplé, cette fois, on s'écrase pas ou l'amboolance, c'est pour nous, chéri. »Comme une course, elle lui donne le top départ :
« Et passe moi ton plot. »Elle tend la main et le pose dans le caddie avec le sien.
La rousse tente d'un peu mieux de lui donner des indications - elle crie plus fort, comprenant que sa sourde oreille et l'alcool aident en rien leur communication :
« On rentre ! », ordonne-t-elle d'un ton ferme.
Y'a peut-être les flics au cul - enfin, ont-ils que ça à foutre ? Zelda en sait rien - et la fatigue commence à se faire sentir.
Après des zigzag, des presque cascades car ça reste un putain de caddie à manier, les deux zygotos arrivent enfin à Courchevel :
« Mon cul est mort, c'est bon... », grogne-t-elle en le massant.
Elle le sent plus :
« Bon, on embarque tout et on traite nos blessures de guerre là. (Pause.)
Surtout toi. »Après avoir tout rangé en vrac - iels vont s'en occuper demain, c'est bon - et la peau désinfectée, iels peuvent enfin s'écraser sur le canapé de tout leur poids :
« Quelle nuit. »Elle rigole.
Puis se retient d'exploser de rire car c'était quoi cette nuit !? :
« Plus jamais on fait ça. », glousse-t-elle en s'affalant sur les coussins.
Car son corps va s'en rappeler indéfiniment.
Et son corps sombre bien vite dans ses songes.
Ronflant sans doute.
Preuve qu'elle aussi.
Elle est morte une deuxième fois.