Les larmes coulent, coulent et ne s'arrêtent pas. Après 6 ans à ne pas exprimer toute la tristesse et la colère que je ressentais, tout cela restait coincé dans ma gorge à coups de hoquets et de sanglots étouffés. Ses paroles me restait muettes pendant quelques secondes, le temps que mon esprit s'habitue à l'eau qui coulait sur mes joues, mais j'entendis ses paroles par la suite. Des mots que je rêvait d'entendre depuis si longtemps! Des mots d'amour, des mots de tendresse pour rassurer le garçon plein d'insécurité qui vivait en moi. Ma respiration est hachée et les hoquets rendent la formation de mots compliqués.
- Co-comment je pourrais t'-t'en vouloir? Si j'avais pu pa-partir je l'aurais fait aussi. Ma tête comprends, mais...mon coeur non.
Comme si mon coeur résonnait, un violent sanglot me traversa pour qu'une nouvelle cascade de larmes ne se mettent à couler. Je ne sentais plus le froid ambiant, seulement celui de mes larmes, mais aussi celle de mon frère toute proche, qui m'a réconforté tant de fois. J'avais l'impression d'être redevenue un petit garçon qui avait besoin d'être réconforté par le seul membre de la famille encore sain d'esprit. Comme si rien n'avait changé depuis tout ce temps, je le prenais dans mes bras en le serrant fort, comme si j'avais peur qu'il disparaisse encore une fois.
- E-est ce que je suis un mauvais fils de les avoir abandonné?...Est-ce que c'était le bon choix? Bell...est-ce que j'ai bien fait? Et s'ils...
venait à mourir parce que je n'étais pas là? Pensées divergentes et émotions contradictoires, tout semblait se mélanger dans ma tête alors que mon frère aîné mentionnais nos parents. Oui, ils avaient été de mauvais parents, oui j'ai voulu m'échapper d'eux plusieurs fois, mais maintenant que l'on est ici, je remettais tout en doute en sentant la culpabilité m'assaillir.
- Est-ce que j'ai vraiment le droit d'être heureux?
Longtemps j'ai pensé que le bonheur était hors de ma portée et que je n'y goutterait jamais. Longtemps j'ai secrètement voulu que les choses changent et j'ai finalement eu ce que je voulais, mais maintenant que je me retrouvais ici, je ne savais plus sûr de rien. Je regardais Bellius, avide de réponses et de réconfort et je m’accrochais à lui comme s'il était mon radeau au milieu de la tempête.