Il faisait froid. Horriblement froid. Le chauffage était pourtant à son maximum. Les couvertures remontées jusqu'aux oreilles. Les chaussettes rajoutées sur la première paire de chaussettes. Pourtant, il faisait froid. Si froid. Comme si le vent glacé du pôle nord s'était engouffré dans la pièce, givrant tout, statufiant tout. Si froid. Si froid. Les membres frêles et fragiles grelottaient sous les draps épais, mourant froid. Pourtant. Pourtant, tu ne sais pas encore Liam, que tout cela n'est qu'un rêve.
Ou plutôt un cauchemar.
La sueur perlait sur son front brûlant, accompagnant les nombreuses larmes qui se déversaient de tes yeux rougies. Encore. Encore. Tu as pleuré toute la nuit. Tu ne savais pas si tu avais crié. Ou hurlé. Peut-être avais-tu été le plus silencieux du monde. Après tout, personne n'était venu te réveiller. À moins que tes colocataires en avaient assez de tout ce cirque. Frissons. Il faisait si froid sous les draps, sans que tu ne comprennes vraiment pourquoi. Peut-être étaient-ce à cause des sueurs froides que ton rêve avait créé, les effluves d'un cauchemar trop bien connu te revenant en mémoire. Ne pas y penser. C'était trop dur, trop douloureux. Tu ne voulais pas t'en souvenir. Jamais. Hélas, chaque soir, un rêve du même type venait hanter tes songes, transformant le sommeil réparateur et lourd et course folle vers la libération. Vers la rédemption. Seulement, les personnes qui devaient te donner une telle chose, n'étaient pas présentes pour le faire. Ni dans tes rêves. Ni dans la réalité.
Une larme coula sur l'oreille trop humide, ton corps se redressant lentement, secoué de sanglots silencieux. Il n'y avait personne dans la chambre à part toi, toi et ta peluche que tu tenais tout près de toi. La nuit avait été courte, Edgar te réconfortant un peu tout comme le doux son de cette boite à musique trouvée dans une petite boutique. Tes yeux fatigués se posèrent d'ailleurs sur la petite boite en bois, une moue s'affichant sur tes traits tandis que tu commençais à quitter ta couche, ton énorme loup en peluche dans les bras. L'heure qu'il pouvait être t'importait peu, tout comme la présence de tes colocataires dans l'appartement. Du moment que Shu n'était pas là, c'était tout ce qui comptait. Et que les pattes tombantes d'Edgar ne finissent pas dans la crème chantilly qui avait gonflé dans la nuit.
À petits pas, tu quittais la chambre spacieuse et bien rangé, tes pieds s'étant logés dans des grosses pantoufles noires pour éviter d'avoir du gâteau partout. Cet appartement était un véritable enfer, mettant à mal tes allergies. Mais si tu y restais, c'était d'une part parce que tu n'avais pas eu l'argent nécessaire pour déménager. Mais également à cause de l'une de tes colocataires à qui tu t'étais attaché. Bien malgré toi. Une nouvelle mou s'afficha sur tes traits à cette pensée, l'une de tes mains passant sur tes paupières lourdes et tes énormes cernes violacées pendant que tu prenais la direction de la cuisine où une odeur particulière de thé s'en dégageait. Il fallait croire que tu n'étais pas seul en ces lieux.
Quelques pas encore et tu la découvris dans le coin cuisine. Miu était là, calme et douce et soudain, ton cœur s'emplit d'un sentiment étrange, les larmes montant à nouveau à tes yeux. Oh Liam. Pas encore. Pas après la nuit que tu viens de passer. Cependant, tu ne peux rien contrôler, et dans un reniflement sonore, tes sanglots s'amorcèrent de plus belle. La journée commençait étrangement. Avec un sentiment de solitude, de plénitude et d'amer tristesse.
Un matin comme un autre.