✯ Pas de repas alors, juste du thé. Il acquiesce, indiquant qu’il a bien entendu son commentaire. Cela lui convient, il n’a pas faim lui non plus. Et ses colocataires ont probablement déjà dîné il y a quelques heures.
Alors il se reconcentre sur la préparation du thé, répondant à ses autres questions sur l’appartement et la vie en colocation.
Son invité a l’air surpris.
Pour quelle raison, il n’en point sûr, cependant. Peut-être parce qu’il n’a pas l’habitude de voir cela. Il ne semble pas vivre avec des ’inconnus’, puisqu’il a mentionné plusieurs fois sa famille…
À son tour, il se demande ce que cela fait de vivre avec tous ses ancêtres qui ont rejoint le Monde des Morts.
Enfin… Suite à ses réponses, une nouvelle question vient.
Sur son âge. Il se retourne et cligne des yeux, étonné. Lequel demande-t-il… ? N’est-il pas coutume de préciser ? Il se remémore ses dernières paroles. Deux décennies. Sa question doit être liée à ce passage, donc son âge post-mortem.
Il ne dit rien dans l’immédiat, finissant de préparer le thé et l’apportant sur la table.
« Hmm… » Ce n’est pas que cela le gêne de le dire. C’est le rappel du temps qui passe, et qu’il est toujours ici. Marchant parmi les morts. « Cela fait un peu plus de deux siècles. Je voyageais autour du monde jusqu’à récemment. »
Et puis, il s’éclipse pour s’occuper de sa blessure au poignet et revient environ cinq minutes plus tard.
Il s’installe enfin à la table pour boire une gorgée de son thé qui a eu le temps de refroidir durant son absence, écoutant les connaissances sur l’étrange plante. Ou plutôt, une algue. Il hoche la tête. C’est vrai que maintenant que Kamiya le mentionne, cela y ressemble assez. « Je comprends. Il y a énormément d’ingrédients à retenir pour réaliser des rituels, pour nous autres Poltergeists aussi. »
Il n’en connaît pas encore ne serait-ce qu’un quart. Il préfère les cristaux.
Soudainement, il a une pensée brillante. Ou pas si brillante, cela dépend sincèrement du point de vue. Et même du sien, ce n’est pas…
Non, c’est une mauvaise idée, en fait. Si son nouveau compagnon a peur de rentrer chez lui maintenant parce qu’il a perdu ses pouvoirs, répéter par inadvertance l’accident ne peut pas être une bonne idée. Peu importe à quel point cela aurait pu être intéressant.
Une lueur attire son attention, le sortant de ses pensées. C’est la pierre précieuse qu’il a remise à Kamiya. « Oui ? Allez-y. » Il accepte, ne s’attendant pas à cette ligne de questions.
Ses épaules s’affaissent. Ses yeux aussi, plongeant dans le liquide verdâtre de sa tasse, comme si elle détenait les réponses à tout.
La Poltergeistie est presque autant un mystère récemment découvert pour lui que pour le Nécromancien.
Nerveusement, il fait rouler sa tasse entre ses mains. « Je… Je ne suis pas trop sûr moi-même. » Honnêtement, parfois, cela lui donne l’impression d’être ’inhumain’, ni complètement mort, ni complètement vivant. À la frontière entre deux mondes.
Il soupire. « Théoriquement, nous pouvons voir ce qu’on appelle des périsprits. Ce sont des silhouettes inconsistantes et invisibles pour tous sauf nous. » Il marque une petite pause, essayant de ne pas perdre son interlocuteur. « Nous avons un ’périsprit de prédilection’. Il s’agit d’un objet, toujours le premier périsprit que nous voyons et que nous sommes le plus à même de posséder. »
Il grimace. Il n’y arrive toujours pas. Même son enseignant ne comprend pas pourquoi. « Je veux dire posséder, c’est comme… transférer une partie de nous dans l’objet pour pouvoir le contrôler ? Étant donné qu’il est inconsistant, nous ne pouvons pas le toucher directement autrement que de cette façon. Une fois que c’est fait, nous pouvons le bouger à notre guise, y compris le faire léviter. »
Et là, seuls les Poltergeists peuvent assister à un tel phénomène. Et les vivants qui se trouvent dans les parages, bien entendu…
« Si nous ne possédons pas régulièrement des objets, nous finissons par manquer d’énergie ectoplasmique, et nous tombons en poussière. » Ce qui est bien pourquoi il ne saisit pas comment il se trouve encore là. « En outre, c’est avec cette même énergie que nous pouvons changer de simples pierres précieuses en cristaux, renforçant leurs effets bienfaisants. »
Il lève enfin les yeux vers l’autre homme, espérant avoir été suffisamment clair dans ses explications. Il ne peut guère lui donner de démonstration, après tout…