✯ Alors qu’il s’attendait honnêtement à un refus – la famille de Kamiya lui semble… assez stricte ? –, il est plutôt surpris d’entendre l’accord.
Même si quelques doutes persistent à propos d’un grimoire familial.
Cela peut s’arranger, non ? Doit-il impérativement suivre uniquement ce livre ? Parce qu’il en existe certainement d’autres à la bibliothèque… Un peu de variété ne fait de mal à personne ? « Cela a l’air complexe chez vous… »
Même le terme ’matriarche’ le dérange un peu. Peut-être s’est-il trop habitué à son indépendance. « N’avez-vous pas le droit de regarder d’autres livres ? Il y en a aux Catacombes pour les élèves. Je peux vous en rapporter. Et je dois avoir aussi quelques recettes faciles dans mes journaux que mon frère m’a donné au cas où. » Au cas où il serait devenu un Nécromancien comme lui.
Mais au final, ces recettes gardées dans un coin ne lui serviront jamais.
Il lui adresse un petit sourire penaud, se sentant gêné par rapport à ses remerciements qu’il ne mérite pas. N’est-ce pas tout naturel d’héberger une personne à laquelle il cause des ennuis ? En plus, pour un inconnu, Kamiya est vraiment gentil. Il s’est rarement senti aussi à l’aise avec quelqu’un aussi vite.
« Oh, ne me remerciez pas pour cela. Vous ne pouvez pas rentrer par ma faute, alors… » Il s’arrête, réfléchit un instant, et finit par ajouter. « Je peux vous accompagner pour m’excuser auprès de votre famille, demain, si vous le souhaitez. » Ce qui est contradictoire… Puisque Kamiya refusait de retourner chez lui sans son pouvoir, et venir s’excuser reviendrait à admettre l’accident.
Mais bon… Il ne veut pas que son invité soit le seul à se faire réprimander alors qu’il n’a rien demandé de tout cela.
Et puis, il penche la tête sur le côté. « Mes photos ? » Il regarde l’appareil autour de son cou, puis en direction de sa chambre. « Je peux vous les montrer mais… Je débute encore, donc elles ne sont guère très réussies. »
Il se lève pour aller chercher les petits paquets de photos dont il a fait développer la pellicule dans sa chambre et les rapporter. Il les dépose délicatement à côté de Kamiya, ne les approchant pas trop près de la tasse par précaution.
« Ce sont des photos de Tokyo. » En effet, elles représentent toutes divers bâtiments, monuments ou intérieurs de lieux, des rues ou même des arbres de la capitale.
Certaines sont floues. D’autres sont mal cadrées. Quelques-unes encore arborent des traces de doigt, sont trop brillantes à cause du soleil ou trop sombres à cause de l’obscurité. C’est assez embarrassant.
Et pourtant. Pourtant, il tient considérablement à ses photos. Il y tient autant qu’il tient à sa multitude de journaux envahissants. Même si le résultat est encore médiocre. Elles sont une preuve de la réalité, quelque chose que même ses déformations visuelles ne peuvent contredire.
(Dans quelques années, les appareils photos s’amélioreront encore plus, au point d’avoir un écran intégré pour visionner la galerie.
Dans quelques années, il aura l’un de ces appareils photos plus performants, rangeant le vieux Nikon F dans le bureau de son futur camping-car.)