Mais nous avons l'éternité.
Si parmi une innombrable possibilité de réponse, l’Américain n’avait pas anticipé la possibilité de se faire corriger, il n’en fut pas étonné pour autant. Et c’est par le biais de cette réponse qu’il se rend compte de sa propre erreur, le manque de correction de sa part peut laisser à croire qu’elle a raison. Bien-sûr, c’est dans l’hypothèse que Liam l’aurait fait, dans l’absolu, il y a une possibilité où il n’aurait rien dit comme dans cette temporalité après tout, ce petit jeu ne l’intéressait pas tant que ça. A son avantage, le fait que la chimère lui donne toutes les informations qui l’intéressent le rend plus qu’heureux. La pipelette lui déroule le tapis rouge. Dans l’honnêteté la plus totale, qu’elle ait quatre-vingt dix ans ou trente ans, cela ne fait pas de différences pour l’albinos après tout, il fréquente des fantômes plus vieux. Par contre, il n’a pas souvenir d’avoir connu l’âge du Roi et cette information s’avère plus précieuse qu’elle en a l’air. On s’épargne un commentaire sur la suite de ses propos, Mary n’en pense pas moins que lui sur l’utilité du Roi même si elle suppose qu’il cache son jeu. A force de le côtoyer, Liam sait parfaitement qu’il n’y a rien derrière ce Roi clown. Peut-être que par le passé, cet homme était plus grand, plus charismatique, aujourd'hui, même un jeune mort remet en cause sa position. Liam se retient de soupirer; vivement qu’il prenne sa place.
Un court silence, Mary en profite pour poser une nouvelle question. Lentement, il tourne ses iris bicolores vers elle, tel un prédateur fixant sa proie, il l’observe longuement, sans un mot. De son laissé paraître, Liam laisse juste croire qu’il regarde la chimère mais son aura en était tout autrement. Sa curiosité mal placée ne plaît pas au vampire, il en a plus qu’assez avec Siska; il ne fait pas confiance à Mary. Habitué des mensonges, il force un sourire sur ses lèvres et détourne son regard pour s’occuper à nouveau de ses produits pour soigner la plaie. D’un ton neutre, il lui répond.
”Je me posais juste la question. Comme toi, j’ai connu le roi actuel et je ne l’ai vu qu’un court instant, juste le temps de voir ma mort et de subir une grossière explication sur la situation.”
Pour parfaire un mensonge, il faut toujours partir de la réalité, l'enrober un peu et surtout, ne pas flancher. Tout en parlant, ses mains s'affairent à chercher du micropore dans la trousse de soin, il s’agissait de l’ultime objet manquant. Puis, il prend le bras tendu. Ses mots se terminent pour se perdre dans le silence de l’appartement. Sans rien ajouter, il dépose un peu d’eau oxygénée sur les deux compresses collées puis il en pince une pour venir nettoyer la plaie. Délicatement, Liam dépose la compresse contre la peau et s’empresse d’essuyer le sang qui recommence à couler. Il passe plusieurs fois le morceau de fibre avant de s’en débarrasser et de prendre la deuxième, recommençant. De temps en temps, il s’arrête pour observer la plaie, s’assurant d’avoir bien nettoyé et remarquant qu’aucune réaction ne s’était formée, il pouvait en déduire que la plaie n’était pas sale. Une fois débarrassé de la deuxième compresse, l’Américain s’en saisit d’une troisième, celle-ci était vierge de tout produit et la dépose dans le creux de sa main avant de la sceller à l’aide du micropore.
”Il faudra certainement changer la compresse dans la soirée mais je pense que tu es assez vieille pour le faire.”
D’un ton sarcastique, Liam vient rompre le silence tout en échangeant un regard hautain avec elle.