Peek a Boo ! •• V.4.2
Peek aBoo !
Forum RPG paranormal • v.4.2 • Rp libre
Tout commence après la mort : découvrez un au-delà chatoyant où les rires remplacent la douleur.

Bienvenue

dans le Monde des Morts


Peek a Boo ! est un forum rpg dont la v4 a ouvert en février 2023. C'est un forum city paranormal où les personnages sont décédés ; après une vie pas très chouette, iels se sont vu offrir une nouvelle chance et évoluent désormais dans le Tokyo extravagant de l'au-delà.

News

Personnages attendus

起死回生

❝Have a good death
Le Deal du moment : -20%
Ecran PC GIGABYTE 28″ LED M28U 4K ( IPS, 1 ms, ...
Voir le deal
399 €
Le Deal du moment :
Pokémon EV06 : où acheter le Bundle Lot ...
Voir le deal

Invité
Anonymous
Invité
évolution
#1
Terminé03.05.19 0:41
»Hypocrite




La salle était d'un blanc virginal. Elle n'avait rien sur les murs, aucun habillage. Juste une petite musique de jazz qui se répercutait et créait un écho désagréable. Lyriana ne voulait pas être là, mais elle n'avait pas le choix. C'était un ordre de son médecin, et on ne discute pas cela. Elle suivait les régles, de toute façon, il n'y avait rien à en redire. Cela faisait deux mois que la souffre douleur de son équipe était au Japon. Deux mois infernaux à devoir expliquer la situation à ceux et celles qui ne comprennent pas la raison de sa venue là.  Pire, elle avait la sensation que tout le monde s'en fichait. Telle une spirale contradictoire, en croisant des visages et des lieux inconnus, elle se retrouvait plus que déracinée. Elle se sentait en train de couleur.

Son médecin avait donc jugé bon de lui faire avoir des séances de psychiatrie. Elle ne se sentait pas encore folle à ce moment là. Sur la brêche, certes, mais pas folle. Ses tics nerveux et son teint blafard, ses rides creusées par l'inquiétude et la sensation d'une profonde solitude n'arrangeaient rien. Dans ses oreilles, la musique de son mp3. La bande originale du jeu sur lequel
elle travaillait. Oui, même là, elle travaillait. D'un coup d'œil rapide, elle jaugea le programme de la semaine, et l'avancée de l'alpha test. C'était la première période de stress test. Il y en aurait encore pas mal, avec les bêta tests, et la présentation à la presse. Mais elle ne voulait pas se laisser emporter par le flot conflictuel de son travail.

Comme tous les psychiatres, cette dernière avait du retard. Il fallait bien s'occuper. Elle observait avec tendresse l'image de l'oiseau de feu qu'elle avait dû créer de toute pièce pour l'occasion, et qui serait la mascotte du soft. Un élan de fierté s'empara d'elle. Un Oiseau de feu, le phénix. Pour un jeu de rôle c'était important la symbolique. Pour un jeu d'horreur aussi en réalité. Et quand cela mixe les deux, il fallait que ça tienne la route. Elle se voyait dans cet oiseau de feu, devait brûler pour renaître. L'immense porte marron grinça, lui faisant fermer un œil. La femme dans l'entrebâillement était austère, plus quelle, et se tenait droite. D'un geste de la main, elle l'invita à entrer, s'inclinant par la même occasion pour la saluer. Geste que lui rendit bien évidemment Lyriana. Les formules de politesse d'usage.

"Harving-San, si je comprend bien, vous êtes venue à la demande de mon collègue?"

Lyriana opina du chef, déjà à l'époque, elle avait du mal à aligner plusieurs phrases d'affilé sans perdre le courage en plein milieu. Mais il ne s'agissait plus de faire des petites boutades au bureau. La décoration puait la vanité. Fait étrange, mais pourtant bien réel. Le métier devait bien payer, mais puisqu'elle était rattachée à sa boîte, il ne devait rien y avoir d'étonnant. Les crises de burn-out étaient fréquentes dans le milieu. Surtout quand arrive le Rush de fin de saison, quand on doit terminer à la dead line. Pourtant Lyriana n'avait pas le profil type des patients de cette femme.

"Bien, soupira le médecin. Nous allons donc commencer la séance. Sachez cependant que je trouve cette demande bien étrange. Je n'aime pas trop cela. Dites-moi donc ce que vous ressentez là, maintenant."
"De l'incompréhension, dit-elle avait un japonais hésitant."
"Pardon?"
"Je ne comprend pas pourquoi l'on m'a écarté de mon ancien poste. Je ne comprend pas non plus pourquoi l'on ne me fait pas confiance."
"Mais Harving-San, la confiance cela se mérite, c'est comme beaucoup de choses dans la vie. Pensez-vous être digne de confiance?"

Ce fut la première des nombreuses baffes que Lyriana prendra en quelques minutes. L'odeur de tabac qu'exhalait la psychiatre lui donnait les haut-le-coeur. Sa voix résonnait telle une cathédrale où l'on viendrait l'y crucifier. Elle avait oublié de stopper la musique de son baladeur Mp3. On pouvait légèrement l'entendre. Elle n'osa rien dire, rien rétorquer à ce genre d'attaque purement gratuite. Pourtant le but de ce médecin était de l'écouter, pas de la juger. Mais ce ne fut que le début, en réalité.

"Comprenez bien ceci, dans nos entreprises, ce ne sont pas les gens comme vous qui faisaient la loi. Vous parlez d'incompréhension, mais je dois avouer que je suis la plus confuse de nous deux, Harving-San. Vous n'avez visiblement aucun souci, et vous voulez vous faire plaindre. Au Japon, il faut travailler. Mériter votre place, si vous préférez. Jusque maintenant vous n'avez pas mérité le moindre yen, que je sache. J'ai ici des rapports médicaux parlant de beaucoup de stress que vous créez au sein de l'entreprise."
"Pardon?"
"Je vais être claire, puisque mon Japonais est trop difficile à comprendre pour vous. Vous êtes un caillou dans la chaussure de vos collègues. Et vous voudriez que l'on vous donne de l'écoute? Pour quoi donc? Des pleurnicheries? Vous vous pensez victime?"

Pendant quelques minutes, Lyriana n'écouta plus rien, elle était sonnée, et serrait avec rage les poings sur son costume. Oui, elle était étrangère, oui elle n'arrivait pas à s'intégrer, mais était-ce de sa faute si elle avait déjà été jugé coupable avant même de faire quoi que ce soit. Son ancien directeur et le nouveau se connaissaient bien, deux hommes qui boivent souvent ensemble sur les conventions quand ils se rencontrent. Aussi, des réunions sur Skypes ou des moments de grandes complicités. Bien sûr, ils avaient des consignes. Et les dominos tombèrent les uns après les autres. Impossible de se déconnecter. Impossible d'en placer une. Le psychiatre était en roue libre, écumant presque de rage que cette gaijin rende malade ses concitoyens.

"Et bien? Vous ne dites plus rien? Vous ne voulez pas faire perdre mon temps à moi aussi?"
"Vous me donnez la nausée" murmura Lyriana dans un choix de mot percutant. "Vous, vos collègues, et tout le monde. Allez au diable, tous. Je ne chuterai pas par votre faute. Vous voulez que je continue à m'en prendre plein la gueule? Et bien soit, je vais continuer. Mais sachez que si cela finit mal ce sera de votre faute." Elle répéta, plus fort encore et encore en tapant du poing sur le bureau en bois massif, faisant vibrer les stylos et le clavier d'ordinateur. Le psychiatre se recula vivement, les bras en avant, poussant un cri de stupeur.

Le silence se réinstalla, les cheveux devant les yeux, haletante, Lyriana se mordit alors la lèvre inférieure, à sang. Cela coula le long de sa lèvre, et suivant le sillon de son menton, perlant et tombant lentement, sans un bruit, sur le bureau et la feuille blanche que le médecin n'avait même pas prit la peine de commencer à noircir. Lyriana se détourna et voulu s'en aller au plus vite. La femme reprit alors ses esprits et tenta de l'intercepter, en exigeant ses honoraires. Sans prendre la peine de compter, "Joke" lui envoya son pote monnaie au visage et prit ses jambes à son cou. Elle courut, plus vite qu'elle ne le crut. Elle stoppa net en croisant son reflet dans le miroir d'un magasin de vêtements. Elle ne se reconnaissait pas. Au loin l'orage menaçait et la pluie commença à tomber.

"ce monde… Je le hais tellement…"

Dans le bureau, après avoir bien compté les billets, et surtout remis ses cheveux en place, la psychiatre Madame K. prit son téléphone, composant le numéro de son collègue. Elle attendit un peu, et quand ce dernier répondit elle s'alluma une cigarette.

"Elle vient juste de partir."
"Et donc? je voudrais avoir ton avis sur ce cas."
"Oh, je pense qu'elle est perdue. Elle a un sentiment de persécution exacerbé, avec une paranoïa intense, qui se traduit par des crises d'auto et d'hétéro agression. Elle a failli m'en coller une, juste parce que je demandais à être payé."
"Et je dois en conclure quoi?"
"Si tu veux un avis détaillé, je peux te l'envoyer par mail, mais en résumé, c'est une cintrée…"
"Quel dommage, vraiment. Elle a à peine la trentaine, mais fais déjà tellement vieille fille. Bref, cela ne nous regarde pas, et je n'ai pas envie d'un souci, donc, je vais devoir statuer au médecin du travail qu'elle est inapte à faire son boulot pour l'instant.
"Sachant qu'elle se croit être bonne travailleuse, ça ne va rien arranger. mais si cela continue ce sont ses collègues qui tomberont malade."

Lyriana lâcha la poignée de la porte, elle voulait lui parler, dire quelque chose, pour se défendre, pour faire comprendre qu'elle n'était pas un parasite, mais cela ne servait à rien. Entre les volutes de fumée de la cigarette de Madame K, impossible de voir le vrai regard de la monstruosité. Bien sûr ce ne fut pas ce qui précipita Lyriana à se pendre, ce ne fut que l'un des dominos judicieusement placés. L'effet boule de neige est terrifiant de simplicité quand on y pense, et une chose en amenant une autre, la finalité n'en reste que tout aussi tragique.

La police fit son enquête comme à chaque fois qu'un suicide a lieu. Madame K dû témoigner. Mais le rapport tint en quelques mots d'une simplicité et d'une hypocrisie à faire peur.

"Harving-San est bien venue à mon bureau. Nous avons parlé, elle s'est confiée sur ses craintes profondes. Hélas, je crains qu'elle ne fusse déjà bien perdue dans sa dépression. Nous avons tout tenté, et croyez moi, je regrette cette disparition au moins autant que sa famille, c'est un échec que je prend personnellement. Harving-San était malade et perdue, une victime de sa propre paranoïa. le suicide était malheureusement une option que je voulais écarter. Force fut de constater qu'elle n'eut pas le courage de continuer à avancer. Je le regrette encore une fois."

Alors que le corps de Lyriana se balançait encore au bout de la corde, brûlant sa gorge pour en laisser une trace indélébile, les yeux ouverts, les bras balants, elle semblait fixer Madame K et murmurer à son oreille…

"Hypocrite...."