Le monde, ses saveurs et quelques informations, rien de mieux

Elle marchait tranquillement dans le monde des morts. Cela pouvait paraître si peu rassurant, et pourtant ce monde était tellement plus apaisant que cette vie dont il fallait soit-disant profiter. Swann ne l’avait pas fait, elle n’avait pas assez vécu pour prétendre l’avoir fait ne serait-ce qu’une fois. Et dans sa mort elle avait emporter le rêve de voyage et de connaissance qu’elle avait eue depuis sa plus tendre enfance.

La chimère, en ce jour là, dont elle ne connaissait d’ailleurs ni la date, ni la place dans une semaine, avait décidé de laisser le ménage à ses colocataires et sortir un peu. Il fallait dire qu’elle avait depuis ces quelques mois un quotidien peu amusant, bien que terriblement reposant, tant et si bien qu’elle en perdait presque la notion du temps. C’était comme des vacances, longues et doucereuses, qui s’éternisaient, littéralement. Mais voilà qu’elle n’avait plus très envie d’un quotidien trop répétitif, et elle avait décidé de changer un peu cela. Son rêve emporté avec elle, elle souhaitait toujours plus que tout apprendre, tout et sur tout, tant que son cerveau pouvait apprendre. C’est pour cela qu’afin de changer ce quotidien, elle décida de sortir à la recherche de nouvelles connaissances.

Gourmande, la jeune femme s’était dirigée vers le domaine culinaire pour sa sortie de ce jour là. Déjà plutôt à l’aise avec sa cuisine américaine ( aussi grasse soit-elle ), elle avait donc décidé de s’inscrire à un cours de cuisine africaine. A l’idée des nouveaux plats qu’elle pourrait cuisiner elle n’avait que plus envie d’y aller.

Une fois à l’endroit indiqué sur le site où elle avait trouvé le cours en question, elle s’était adossée contre le mur, attendant que le professeur arrive. Elle avait au préalable prit un livre avec elle, qui lui donnait une longueur d’avance sur les plats qu’ils pourraient cuisiner ce jour là, bien trop impatiente. Elle feuilletait le livre tranquillement, elle avait vingt minutes d’avance.

Les autres “élèves” arrivèrent au point de rendez-vous peu à peu. Certains parlaient entre eux, d’autre dévisageaient la jeune chimère qui plongeait sa tête dans son livre. Les gens se méfiaient souvent des chimères. Swann trouvait cela un peu absurde. Cela n’était pas parce qu’une femme avait décidé de faire l’injection qu’elle était agressive avec tout et pour aucune raison. Il y avait des extrémistes, certes, mais d’autres femmes -comme elle- voulaient simplement pouvoir se défendre en situations critiques, un peu méfiantes.

Finalement, et à sa propre surprise, un homme vint lui adresser la parole. Elle fut rassurée en voyant qu’il ne s’approchait pas trop d’elle, puisqu’elle n’appréciait simplement pas cela. Swann ferma son livre et posa son regard vers l’autre mort. Ce qui lui sauta tout de suite aux yeux fut son drôle d’uniforme qu’elle avait eut l’impression de voir quelque part mais qui était pourtant quelque peu atypique. Enfin, elle n’était pas là pour juger, elle s’habillait bien avec des vêtements trois fois trop larges, elle.

“Vous êtes là pourquoi mademoiselle ?”, lui demanda-t-il.

Elle haussa un sourcil, dressant les oreilles. En bonne littéraire, elle se demanda si cette question était ne serait-ce qu’un peu rhétorique, puisqu’elle était un peu stupide. Mais elle se dit qu’il pouvait croire qu’elle s’était paumée ou que lui même était perdu, alors elle ne s’en moqua pas -et puis cela n’était pas gentil.

“Je suis curieuse.”, dit-elle simplement, tout de même un peu sur la défensive.


“Moi je vais prendre des cours de cuisine Africaine, il parait que c'est amusant. Je n'ai mangé que rarement les plats typique de cette région du monde et vous ?”, continua-t-il.

Swann ne sut pas trop quoi répondre en premier lieu. Amusant ? Ca l’était aux yeux de la jeune femme, mais plus dans un domaine d’apprentissage, mot qu’elle appréciait particulièrement au passage. Pour sa part, elle n’avait que peu prit de cours de cuisine auparavant, se débrouillant avec sa connaissance de la cuisine américaine et les plats prêts quand elle n’était pas d’humeur. Elle haussa les épaules, rangeant son livre dans une de ses larges poches.

“Je suis américaine, je ne sais cuisiner que des plats de mon pays.”, commença-t-elle. “J’aime apprendre, je veux savoir faire le plus de choses possibles, tout simplement.”, dit-elle avec des étoiles dans les yeux, passionnée. “Et j’avoue être gourmande.”, finit-elle, sur un ton plus réservé.

La jeune chimère l’observa quelques instants, ne sachant si elle devait simplement le laisser sur ces quelques paroles, ou si elle devait continuer cette conversation. Elle choisit la deuxième option, puisque de toute façon le cours ne commencerait pas avant quelques instant et qu’elle n’avait rien de plus important à faire.

“Swann Bell.”, se présenta-t-elle. “Et vous ?”

Quelques minutes plus tard, le professeur de cuisine arriva. Swann fut surprise de remarquer qu’il n’était pas du tout dans les clichés que l’on pouvait se faire d’un professeur de cuisine africaine. Un homme menu, un blondinet avec des yeux ternes, et un tablier noir. Il n’avait pas l’air bien méchant et leur demanda avec un large sourire d’entrer dans la classe.

La chimère tout comme les autres élèves le firent alors. La classe était plutôt spacieuse et les tables assez larges. Celles-ci étaient équipée de lavabos et de plaques chauffantes électriques. Swann bougea les oreilles et le nez d'excitation à l’idée de commencer le cours, bien qu’elle resta très calme. Le blondinet leur demanda alors de faire des binômes afin de travailler ce jour là. Bien évidemment, la souris se retrouva des plus dépourvue, avec qui pouvait-elle bien faire équipe ?

Peu à peu, les binômes se formaient et Swann se sentait soudainement pas appréciée du tout. Se retrouvant dans un coin de la salle...toute seule et sans partenaire pour l’activité culinaire en vue. Eh bien, pour la sociabilité il y avait des points à revoir...à moins que ses attributs chimériques en faisait fuir certains…? C’était consternant mais aussi un peu rassurant.

Alors qu’elle allait se diriger vers le professeur pour lui signaler son problème des plus handicapants, l’homme curieux d’un peu plus tôt l’interpella. La jeune souris se retourna donc vers lui et dressa les oreilles, les yeux emplis d’interrogations. Curiositée interpellée par l’homme mais surtout par le drôle d’objet qu’il portait sur la tête. Une sorte de charlotte violâtre que la souris trouvait qu’elle ne seyait pas vraiment à cet homme.


“Swann, vous pouvez venir avec moi si vous voulez. En plus j'ai oublié de me présenter. Maxence Brydir, enchanté”, dit-il sans une once d’hésitation dans la voix ou le regard.

Elle hocha simplement la tête, se répétant intérieurement plusieurs fois le prénom de son partenaire en esperant ne pas l’oublier à l’avenir. C’était bête, mais ce genre d’incident lui arrivait très fréquemment, la cause étant bien évidemment une légère amnésie habituelle pour la jeune femme. Elle vint s’installer auprès de l’homme. Elle espérait que ce cour se déroule bien. De plus, son binôme semblait sympathique ou ...du moins pas trop dangereux.

Swann n’était pas une grande cuisinière, mais elle ne créait que peu de catastrophes en cuisine, bien que personne, à part peut-être le professeur, n’était à l’abri d’un plat raté. Malgré cela, elle voulait en apprendre un maximum ce jour là, tout en évitant le plus possible la casse. Aujourd’hui, au programme la recette était des plus...simpliste mais pourtant efficace : des crevettes au curry. En soit, rien ne semblait bien compliqué dans la préparation.

Du moins, ce n’était qu’une supposition. Ils commencèrent par la sauce épicé, suivant les instructions du cuisinier professionnel. Mais, en maladroite, la jeune femme ne tarda pas à faire une gaffe. Alors qu’elle remuait les ingrédients ensembles, elle voulut donner le plat à Maxence pour qu’il prenne le relais, ayant mal à ses petits bras. Mais elle glissa sur le sol en carrelage et dans son élan emporta son partenaire et le plat de sauce s'étaler sur le sol avec elle.

Ouch. Ca faisait mal, vraiment mal. Elle rouvrit les yeux et se frotta la tête, elle plaqua ses oreilles contre son crâne quand elle comprit ce qu’il venait de se passer. Elle tenta de se relever mais ce n’était pas possible. Ah non, là ça n’allait vraiment pas. Qu’elle était bête, elle aurait dû faire un peu plus attention ! Alors que Maxence lui demanda si elle allait bien, elle hocha doucement la tête, tentant de se redonner consistance, mais s’étalant plus dans la sauce qu’autre chose. Alors que certains élèves se moquaient d’eux, le professeur vint les réprimander et les fit sortir de la salle non sans un cri. Swann était rouge de honte et essuyait la sauce qui l’avait tachée avec un bout de papier mouillé. Elle avait la tête douloureuse.


“Désolé de ne pas avoir pu rattraper ton plat. Mais au moins, on prends un peu l'air. Je me demandais le pourquoi de cette recette. À part faire plaisir aux japonais, bien entendu. Si vous êtes doué pour la cuisine américaine, je me débrouille bien en cuisine française. Mais je monopolise la parole. Je m'en excuse.”, dit son binôme en ouvrant la fenêtre.

Elle avait les oreilles baissée et prononça un faible “Désolée…”. Elle ne releva pas l’idée de la recette, elle ne détestait pas vraiment l’idée puisqu’elle aimait tout. La chimère n’avait jamais vraiment goûter à la cuisine française, elle se demandait par ailleurs si elle en aurait l’occasion un jour. Elle secoua doucement la tête quand il s’excusa sur son temps de parole, elle ne savait à vrai dire pas quoi dire à part …


“Je suis vraiment désolée pour cela, il ne fait pas vous e-excuser.”, commença-t-elle. “Je n’ai jamais mangé français, je suis assez curieuse.”, elle lui fit un sourire gêné et lui tendit une serviette propre pour qu’il essuie la sauce qu’elle lui avait renversé sur les vêtements. “Je suis tellement maladroite...je savais que je n’aurais pas dû sortir..”