Peek a Boo ! est un forum rpg dont la v4 a ouvert en février 2023. C'est un forum city paranormal où les personnages sont décédés ; après une vie pas très chouette, iels se sont vu offrir une nouvelle chance et évoluent désormais dans le Tokyo extravagant de l'au-delà.
起死回生
Le temps se figea.
Ma pauvre petite bouteille de vodka, emblème de mon peuple, fierté de ma patrie, réduite en morceaux, que dis-je, assassinée ! Je ne l’écoutais plus. Elle déblatérait des paroles aphones à mes oreilles. Pourquoi s’en prendre à moi ? Je ne l’avais pas fait exprès. Je me mets à genoux, et ramasse, choqué, les morceaux de ma bouteille, sans avoir peur de me couper. Je me relève et me dirige vers la poubelle, où je regarde tomber les pauvres bribes de ce qui fut jadis ma bouteille tant adorée.
Cette fille était arrogante. En Russie, elle n’aurait jamais trouvé de mari. Sa vie et ses pensées étaient remplies de haine. C’était là des paroles d’une femme sans cœur. Ou bien… d’une femme blessée… Mais oui ! Evidemment ! C’était clair maintenant ! En vérité, elle manquait d’amour ! C’était LA réponse. Ce n’était pas tant son sang de chimère qui en voulait aux hommes, mais son cœur ! Elle avait dû être profondément blessée. Alors, je la cherche du regard dans la salle. Elle avait bougé. Elle était maintenant en train de s’entrainer dans un couloir de tir. Avant d’avancer, je regarde le sol en direction de la scène de crime. Elle avait dû essayer de me tirer dans les pieds car je vis un impact de balle là où je me tenais.
Alors, je lui tapote l’épaule. Je ne pouvais pas laisser une femme en manque d’amour toute seule dans une salle de tir ! J’étais un homme, je ne pouvais pas. Je ne laisserai pas tomber l’affaire. Quand elle se retourna, avec ce que je pense être de nouveau une mine de dégoût et d’exaspération, je fis un pas en arrière : j’allai lui chanter une chanson pour réchauffer son petit cœur de glace. Cette chanson, je la trouve d’une grande beauté. Je l’ai entendu dans un café il n’y a pas si longtemps, en 2006 je crois, et je me souviens parfaitement des paroles, bien que je parle anglais comme une vache espagnol.
Dès qu’elle s’est retournée vers moi, je pose encore une fois un genou au sol, balance ma veste au fond de la salle, laissant apparaître Staline, pour qu’il puisse être témoin de la scène. Une main sur le cœur, l’autre de nouveau tendu de manière dramatique vers la jeune femme, je racle ma gorge avant de rigoler un bon coup, très fort, histoire de me déstresser. Car si j’avais l’habitude de chanter avec mes compagnon soldats auparavant, je n’avais jamais chanté devant une fille. Alors, de ma voix grave, je commence à chanter les paroles suivantes, d’un grand artiste nommé apparemment Sean Paul :
-Well woman the way the time cold I wanna be keepin' you warm
I got the right temperature for shelter you from the storm
Oh lord, gal I got the right tactics to turn you on, and girl I...
Wanna be the Papa... You can be the Mom... oh oh!
J’en étais sûr. Cette fois, elle allait aimer ce que j’ai fait pour elle, et avec un grand sourire et un haussement de sourcil ostentatoire, j’attends sa réaction.
Son visage rougit de colère me fait penser à un gros bonbon rose. On aurait presque dit que ses petites cornes tremblaient de colère. Mais comme l’a dit Eschyle, « la parole apaise la colère ». De toute évidence, si je continue de lui parler, cela apaisera sa colère, non ? Je me rappelle aussi d’une autre citation, que ma maman me répétait souvent : « La colère est une crise nerveuse ou sanguine qui donne de la force aux corps les plus débiles. ». Je ne sais plus de qui elle était…Je ne pense pas qu’elle était débile, mais juste fragile est brisée.
Je n’allais pas en rester là. La petite tireuse toute colérique avait besoin d’amour. Elle venait de tirer une petite rafale de balles qui avaient frôlé plusieurs fois mon corps. Mais si l’amour verbal ne marche pas, comme ma merveilleuse chanson a pu en témoigner, il lui fallait sans doute l’amour d’un corps en plus ! Mais elle était constamment sur ses gardes, tel un petit chihuahua rageur.
Aussi, je constate qu’elle aimait bien Staline au vu de sa dernière phrase. Mais une autre information me frappe en plein cœur, me faisant frissonner de plaisir. Et si … Staline était dans ce monde ? J’aurai le plaisir de le revoir, lui qui m’avait tant donné sous la bannière de l’URSS. Il fallait que je lui dise que j’avais tout fait pour préserver son héritage, que j’avais traqué et essayé de tué celui qui l’avait disgracié.
Je remarque aussi qu’elle pleure presque. De colère ? Non, de tristesse, et ça, j’en étais sûr ! Staline manquait à tout le monde ! Qui pouvait rester de marbre face à la disparition d’un grand être comme lui ? Qui oserait ne pas pleurer sa mort. Peut-être que j’avais trouvé la clef qui me permettrait d’ouvrir la porte de son amitié. J’avais encore plus d’un tour dans mon sac. Les paroles d’une femme aussi dévastée sentimentalement parlant ne pouvaient être blessantes, bien au contraire, il s’agissait là d’un chant de désespoir, tel un mâle se faisant manger par la femelle mante religieuse, tel une poule qui s’empoisonne en mangeant un scarabée, tel Masha éloignée de Michka.
Néanmoins, je n’avais plus ma petite bouteille pour m’encourager. Il ne me restait plus qu’à espérer qu’elle accepte l’offrande de mon corps, tel un ami qui accepterait de boire l’apéro. La perte de mon amie, ma bouteille, fragilise mon petit cœur, et fait couler des larmes le long de mes joues. Profitant d’une ouverture, je me jette sur la chimère, les yeux et le nez dégoulinants, enroule mes bras pour bloquer l’arme (car je ne veux pas mourir une nouvelle fois) et de ma main libre lui tapote le haut du crâne, évitant soigneusement les cornes et je lui dis dans un japonais peu appliqué :
- La colère est une crise nerveuse ou sanguine qui donne de la force aux corps les plus débiles. Mais ne t’inquiète pas, je sais que tu n’es pas débile, tu es juste perdue. Tu as besoin de l’amour des mots et de l’amour d’un corps, da ! Allons retrouver Staline Rojki-san, je sais qu’il te manque. Moi aussi, je veux le retrouver, car je l’aime !
Puis me mettant à presque à crier et à sangloter fort, je rajoute :
- Oui, je l’aime ! Plus que tout ! Et si je dois sacrifier ma vie pour cela, bien que je sois déjà mort, je le ferai ! Pour la patrie ! Pour la mémoire de mes parents, et pour l’amour de l’alcool et de ma personne, da !
La sensation d’avoir Rojki-san dans mes bras fut courte, mais agréable… Mais courte quand même.
Je m’explique : j’ai à peine eu le temps de terminer mon petit discours que je me retrouve face contre terre, avec une clef de bras et une vive douleur dans mes bijoux de famille. Là je pleure pour de bon. En plus des yeux qui coulaient et du nez dégoulinant de morve, ma bouche laissait passer un long filet de bave dû à la douleur. Un tableau pitoyable me diriez-vous. Mais au fond, la douleur physique n’était rien comparer à mon petit cœur sans arrêt réduit en miette, piétiné, puis brûlé et enfin de nouveau piétiné. Ah, je pense sentir la pression du délicieux genou de la belle contre ma nuque aussi ! Décidemment, c’était vraiment une bonne journée, da !
Puis ce fut au tour des insultes maintenant récurrentes. « Vache à vodka » me fit rire, mais je suis parvenu à contenir mon rire malgré la douleur ! Après tout, un grand philosophe avait dit : « C’est si bon de souffrir, succombe au charme, donne tes larmes » ! A moins que cela provienne du chanson…
Puis après une énième remarque que je ne pris même pas la peine d’écouter jusqu’au bout, je sens ses canines se planter dans mon bras. Ah~ Je sens son haleine doucement chaude contre mon bras. Jamais personne ne m’avait mordu avec autant de conviction, et cela me rassurait : elle commençait déjà à aller mieux ! Décidemment, j’étais un véritable gentleman, un vrai de vrai !
Mais la sensation de plaisir tourna lentement en une sensation désagréable. J’avais des fourmis dans le bras à force de rester dans cette position. J’étais généralement habitué à être au-dessus, si vous voyez ce que je veux dire. Je ne me suis d’ailleurs pas gêné pour lui dire. Pour capter son attention, je rigole de nouveau, partant d’un rire grave et profond, jusqu’à laisser éclater un rire puissant, résonnant dans toute la salle. Lentement, je pivote la tête sur le côté, où se trouvait la lionne rose bonbon.
-Tu sais, je trouve que cette position est inconfortable…Je préfèrerai être au-dessus, da ! Et puis le sol n’est pas très propre, on pourrait faire ça ailleurs, il y a les morceaux des cadavres de mes enfants éparpillés sur le sol !
La prise ne se relâchant pas (peut-être même qu’elle avait redoublé d’intensité), je rajoute :
-J’aime beaucoup ton humour, da ! Rojki-san, j’aime aussi beaucoup le contact de ta peau ! Elle est si douce ! Et des canines sont si pointus ! Tu vois je suis gentil, je te fais plein de compliments. Alors, dis-moi ton prénom ! En échange de bons procédés.
Mon visage se ferme d’un coup. La sensation de gêne devient vraiment contraignante. Et souvent, quand je me sentais mal, il arrivait des choses étranges autour de moi… Des choses explosaient sans crier garde. C’était un don que je n’avais pas réussi à maîtriser… Alors je me devais de la prévenir, je ne voulais pas la faire exploser par mégarde… C’est après cette petite réflexion, que je lui dis d’une voix grave, presque sans accent russe :
-Tu sais, j’ai un don que je ne maîtrise pas bien, tu devrais t’éloigner… Je ne veux pas te blesser.
Et enfin j’enchaîne avec mon accent russe revenu au galop, d’un air sûr et enjoué :
-Ne t’inquiète pas Rojki-san ! Je t’aime beaucoup trop pour te faire exploser intentionnellement ! Tu es comme une meilleure amie pour moi ! D’ailleurs, mon anniversaire est dans moins de deux mois, tu voudras venir ?
L’idée d’être soumis ne me dérangeait pas tant que ça finalement, parce que je pouvais renifler le parfum de Rojki-san. Son rire est tellement kawaii. Je veux lui répondre « Si je suis dominé par toi, alors ça va » mais finalement je préfère écouter la suite de son discours. D’ailleurs, cela me fait plaisir qu’elle parle de mon corps d’ours que je nettoie avec un gant imbibé de vodka chaque matin avant de me rincer à l’eau claire. Mais soudain, voilà que je la sens s’éloigner de moi, gardant le contrôle.
Ses griffes parcourant mon corps me font frémir de plaisir, hélas j’aurai aimé être plus sensible. La mort m’avait un peu désensibilisé à la douleur. D’ailleurs depuis que j’étais mort, il m’était plus difficile de terminer ivre… Mais je ne suis pas alcoolique ! Ses griffes sont désormais au niveau de mon cou ! Je dois avouer que cette sensation est vraiment paradisiaque. Qui aurait penser que Rojki, pour me détendre, m’offre un massage. Je retire intérieurement les paroles que j’avais osé penser plus tôt : Finalement, elle était bonne à marier.
Soudain, tout semble flotter autour de moi. Avais-je bien entendu ? Elle m’avait donné son nom. Shinodasan. Avec le marqueur respectif japonais, cela donnait : Shinodasan-san. C’était redondant, mais incroyablement mignon à prononcer. Je me projettai déjà le jour de notre mariage : « Mademoiselle Shinodasan-san, voulez-vous prendre pour époux l’incroyable est génialissime Sergueï Petrovitch Choukhov ici présent, jurant de l’aimer et de lui faire des massages jusqu’à que la mort vous sépare ». Ah~ j’étais sur un véritable petit nuage de bonheur, que Shinodasan-san devait sans l’ombre d’un doute partager avec moi.
De plus, elle me donnait déjà des petits surnoms affectifs. Je me refais la scène dans ma tête. « Mademoiselle Shinodasan-san, voulez-vous prendre pour époux votre incroyable et génialissime petit soldat ? ». Nom de Staline ! Il fallait que je prépare notre cérémonie pour lui faire la surprise !
Alors je me relève comme si de rien était. Je cache une fois de plus tant bien que mal mon sourire. Papa ! Maman ! Staline ! J’allais enfin me marier ! J’avais hâte, c’est pourquoi je me précipite en sprintant vers la porte de sorti, saisissant au passage une chaise, et bloquant la porte de l’extérieur pour être sûr que ma dulcinée ne s’échappe pas.
Dans les couloirs de l’Agence, je cours en rigolant fort. Très fort. Je déboule dans l’appartement, ne prenant pas garde à la présence de mes colocataires, s’ils étaient là, et entre dans ma chambre où, fort heureusement, mon colocataire ne se trouvait pas encore. Je me déshabille rapidement, puis me dirige avec hâte vers la salle de bain, où, avec un gant imbibé de vodka, je me badigeonne le corps. Je chante alors à tue-tête « Ce soir ma princesse viendra ~ ». Je me rince, et enfile un costard. Un pantalon noir, une chemise blanche, une cravate noire et une veste de costard où deux poches intérieures avaient été rajouté. J’y engouffre les deux plus belles bouteilles de ma collection, pleines, et me dirige vers la cuisine.
J’enfile un tablier. J’allais lui faire des blinis puisqu’elle n’avait pas pu proprement y goûter. Je pris le soin de choisir une boîte en carton, où j’inscris « Veux-tu devenir ma femme Shinodasan-san, da ? ». Je termine la préparation de mes blinis beaucoup plus rapidement que d’habitude, seulement dix minutes. Je les place soigneusement dans la boîte. Avant de sortir, je passe de nouveau dans ma chambre. Ma demande en mariage ne serait pas en accord avec la tradition si ma dulcinée n’était pas bien habillée. Alors je prends dans ma collection personnelle une robe, peut-être trop grande pour elle, mais ça ira, et du maquillage.
Puis j’ai battu le record d’Usain Bolt. Je cours bien plus vite que n’importe qui pour rejoindre ma future femme. La boîte de blinis qui allait faire office de gâteau de mariage, la poche contenant la robe et la valisette contenant le maquillage tenaient miraculeusement dans mes mains en courant. Si j’avais su qu’en me levant ce matin, j’allais me marier, j’aurai pris le soin d’inviter quelques amis. Mais ce n’est pas grave. Je les inviterai pour notre lune de miel, da !
Je dégage la chaise d’un coup de pied et entre de manière magistrale dans la salle en beuglant :
- Shinodasan-san ! Veux-tu m’épouser ?
Puis je pose un genou à terre, je commençai à en avoir l’habitude, et lui dit :
- Je n’ai pas d’alliance, mais permet moi de t’offrir mon corps, piétine-moi s’il te plait mon amour !
Et enfin, je termine mon entrée fracassante en lui chantant ma déclaration d’amour que j’avais entendu à la radio, avec un accent russe, ce qui marchait plutôt bien pur l’espagnol :
-A Dios le pido
Que te quedes a mi lado y que nunca mas te me vayas mi vida
A Dios le pido
Que mi alme no descanse cuando de amarte se trate mi cielo*
Désormais, il ne me restait plus qu’à savoir si’il était possible de fonder une famille dans l’au-delà. Staline, Maman, Papa : je suis devenue un homme, un vrai, da !
*(Je demande à Dieu que tu restes à mes côtés et que tu ne partes plus jamais mon amour ; Je demande à Dieu que mon âme ne soit jamais fatiguée quand il s'agit de t'aimer mon amour)
Pendant un long instant, je sens le vide autour de moi. J’arrive à percevoir le bruit du silence, et le noir du néant. Comme lorsque j’étais mort. Soudain, une sensation. Me tête est lourde. Trop lourde. J’ai … mal ? Non, ce n’est pas de la douleur. C’est un picotement. Je sens aussi l’alcool. Effectivement, la cuite que j’avais pris la veille n’arrangeait pas mon état. La sensation de chaleur permanente au niveau de mes joues me permet de me réveiller plus vite.
La première chose que je constate en me réveillant, c’est Shinodasan-san qui hurle à l’autre bout de la salle. Elle me calomnie à coup de « Grand malade », « sale tronche de slave » et de « buse ».
La deuxième chose que je constate, c’est justement le fait que je ne me trouvais plus au même endroit. Ce n’était pas elle qui avait changé de place mais moi.
La troisième chose que je constate, c’est que je suis accroché au mur. Comment m’avait-elle transporté ? Ma tête et mon état général ne me permettent pas d’y réfléchir davantage. Ma tête, sous le poids de l’apesanteur, je penche en avant.
C’est alors que je constate la quatrième et cinquième nouveauté. Tout d’abord ma tenue. J’étais légèrement plus … féminin. Mes bras dégoulinent de sang aussi. Et je constate également la présence d’impacts de balles tout autour de moi. Bien trop proche de moi. Je n’aime pas savoir ces impacts aussi proches. Cela me rappelle… ma mort. La sensation de la balle qui s’était logé dans ma jambe ce jour fatidique était toujours présente. Au fond, elle avait traversé les portes de l’au-delà avec moi.
Quand l’effet de l’alcool aura disparus, je ne me souviendrai probablement de plus rien. Pourtant, je n’avais pas plus bu qu’un autre jour… Ou peut-être était-ce véritablement à cause de la cuite d’hier soir. Mais quand la nostalgie frappe à votre porte, il est difficile de la renvoyer bouler. Alors j’avais bu.
Après mon monologue réflexif, je relève ma tête. Le décors tangue. Je vois … comment s’appelait-elle déjà ? Décidemment l’alcool me jouait des tours. Dans tous les cas, je vois la jeune femme s’éloigner en courant, refermer la porte, et j’entends, j’imagine, la chaise que j’avais laissé à l’extérieur se coller sous la poignée de la porte. J’étais enfermé. Mais … Pourquoi avais-je laissé une chaise dehors déjà ? Pourquoi mon costard n’était plus dans ma chambre ?
Je tente de me dégager. Tout d’abord, la faiblesse m’empêche de bouger ne serait-ce que le petit doigt. Ensuite, j’ai des spasmes musculaires. La force me revient. J’en profite pour essayer de dégager mon bras, sans succès. L’incapacité. C’est ce qui m’avait tué. Et aujourd’hui encore, j’étais pris au piège. Après tout, à quoi un soldat qui ne sait que se battre pouvait-il être utile au monde ? Peut-être que ma destiné était de rester là, enfermé dans cette pièce, seul, jusqu’au jour où quelqu’un passera devant, enlèvera la chaise, et me verrait accroché au fond de la salle, tel un moucheron écrasé au mur.
Et la lumière s’éteignit.
Seul. J’halète. J’étouffe. Ma tête devient lourde, et un bruit sourd m’empêche de réfléchir. J’allais encore m’évanouir.
Quand j’ouvre de nouveau les yeux, je suis à terre. Les sangles sont … comme éclatées. Je n’étouffe presque plus. Heureusement qu’elle n’était pas là pour admirer ce pitoyable spectacle. Je me relève avec difficulté. La lumière se rallume. J’ajuste ma robe et me dirige vers la porte métallique. J’attrape la poignée, je la tourne, rien. Je fronce les sourcils. Je recommence. Je saisis la poignée plus fort, je la tourne à nouveau, toujours rien. Je laisse échapper un « Дерьмо » (Merde) peu orthodoxe et donne un grand coup de pied dans la porte.
J’observe attentivement la salle. Une chaise est éclatée sur le sol. Bon, elle m’a surement assommé avec celle-ci. Mais quelle femme ! Le fait qu’elle m’ait accroché au mur, assommé avec chaise… C’était la fille de John Cena ou quoi ? Mais bon, j’avais clairement merdé. Je dois avouer que j’avais trop bu, et que bourré, j’ai véritablement tendance à aimer tout ce qui bouge autour de moi.
La lumière s’éteint de nouveau. J’agite les bras en l’air pour que la salle capte ma présence. L’alcool se dissipait. Lentement. Je cours vers la poubelle. J’avais décidemment trop bu. Je puai l’alcool. La salle était dans un état pas possible. Mais qu’est ce que j’avais foutu à l’intérieur ?!
Les souvenirs me reviennent par bribes. Comme après ma mort. D’abord un flash, puis une image. Un autre flash, et c’est plusieurs images qui reviennent.
Je m’assois en silence. J’ai honte. Je me souviens.
Comment ai-je pu être aussi bête. Son nom, c’est Shinoda. Je rigole face à ma bêtise. J’avais tout merdé aujourd’hui. Elle n’était pas détruite. Elle n’avait pas besoin d’amour. Quel idiot. C’est moi qui l’avait profondément blessé. Pourtant, je n’étais pas comme ça normalement. Je détestai contrarier les autres. Même s’il m’arrivait de faire n’importe quoi, et de me tourner en ridicule, je détestai blesser les autres.
Je me lève à nouveau. Je me tape les joues. « Ok mon petit Sergueï, il est temps d’aller t’excuser. »
Je me dirige d’un pas décidé vers la porte. Je la tape à plusieurs reprises. Ça ne bouge pas. Si je devais nommer une bonne chose qui m’était arrivé après ma mort, c’était bien ce satané don incontrôlable.
Les deux mains sur la porte, j’imagine une bonbonne de chantilly à la place. C’était de toute évidence l’objet que je faisais le plus exploser, alors peut-être que cette fois-là, ça allait marcher.
C’est un bruit d’explosion, pas énorme, qui me fait rouvrir les yeux. Ça a marché ! Je n’y crois pas. Je souris de nouveau, essuyant de mon avant-bras ensanglanté toutes sortes de fluide qui émanaient de mon visage : larmes, morves, bave, transpiration. Il fallait que je retrouve Shinoda-san. Il fallait que je m’excuse… Il fallait que j’aille me faire soigner l’avant-bras aussi. J’étais déterminé.
Avant de partir, je me retourne une dernière fois vers la salle. Un vrai champ de bataille. Dévasté par les balles. Bon… j’imagine que le Saint-Esprit se chargera de nettoyer tout ça, da !
Les deux mains sur les hanches tel un super héros, les jambes aussi écartés que ma robe me le permettait, le visage complètement mitraillé de maquillage et de reste de blinis écrasés et imbibés de Vodka, je rigole. Fort. Très fort. Car oui, je le savais. Il était temps pour moi, Sergueï Petrovitch Choukhov, soldat de l’armée rouge, fils de Petr et enfant de la nation, d’entrer en jeu. Cette chimère devait avoir un cœur. Elle devait surement, quelque part en elle, posséder la force pour me pardonner. Je ferai tout et n’importe quoi pour avoir son prénom !
La porte en métal se referme lourdement sur la scène plongée dans le noir, scellant la honte, la colère et la vodka. L’ancien moi était resté enfermé dedans. Mais le moi sobre était bien là, dans la lumière, prêt à agir.
Décidemment, c’était une bonne journée, da !
|
|