Peek a Boo ! est un forum rpg dont la v4 a ouvert en février 2023. C'est un forum city paranormal où les personnages sont décédés ; après une vie pas très chouette, iels se sont vu offrir une nouvelle chance et évoluent désormais dans le Tokyo extravagant de l'au-delà.
起死回生
C'est la lumière naturelle qui m'a réveillé ce matin. Je me redresse dans mon lit, m'étire, puis saute du lit avec enthousiasme. Aujourd'hui sera un bon jour ! Je me dirige vers le miroir dans la salle de bain de l'appartement, me recoiffe, et retourne en direction de ma chambre pour m'habiller. Je choisis avec soin ma tenue. Un pantalon kaki me rappelant mes années militaires, un tee-shirt noir, et une grosse veste en laine. Puis j'enfile mon écharpe autour du cou.
Je pars en direction de la cuisine. Comme chaque matin, quoi qu'il était déjà 14 heures, je prépare des blinis. Et comme d'habitude, après chaque repas, je laisse tout en vrac dans la salle à manger. Constatant l'absence de mes colocataires, qui étaient soit cloîtrés dans leur chambre, soit partis s'amuser sans moi, je décide d'aller me promener un petit peu, espérant combler le manque de l'apéro. J'enfile mes chaussure et sors.
Les couloirs de l'agence... Je ne suis pas ici depuis très longtemps, et je me perds toujours malgré moi. J'arpente les couloirs jusqu'à tomber nez à nez avec une salle de tir. J'entends des coups de feu. Sur le coup, je ne bouge pas. Salle de tir ... Cela signifie que je peux certainement m'exercer ici ! En vérité, depuis ma mort, je n'ai pas vraiment eu l'occasion de tirer, et cela fait plus de 50 ans déjà que je n'ai pas touché à une arme. J'hésite un peu avant de rentrer. Je me demande si je fais bien de venir ici tout seul. Finalement, je me décide à entrer, en poussant la porte d'entrée.
Je referme la porte dans un fracas. J'ai à peine le temps de respirer que quelqu'un pointe déjà son arme dans ma direction. Sur le coup, la surprise me paralyse. Pendant ce lapse de temps, j'analyse la personne en face de moi. Il s'agit d'une femme. D'une chimère qui plus est. Ses longs cheveux roses sont surmontés de deux petites cornes vraiment amusantes. Son visage par contre, affiche une expression de colère, où plutôt de dégoût. Sur le coup, je pense avoir des restes de blinis autour de la bouche, mais même après avoir essuyé ma bouche, son expression ne change pas.
Je lève les deux mains en signe de pacifisme. Peut-être que je l'avais surprise après tout ! Peut-être pensait-elle que je lui voulais du mal ! Dans cette situation là, il est important de réconforter le porteur d'arme. Je regarde l'arme qu'elle pointe dans ma direction : je ne connais pas celle-ci. Peut-être s'agit-il d'une arme crée après ma mort ? En tout cas, je ne peux pas m'empêcher de sourire en constatant à quel point cette arme est mignonne, petite et rigolote. Puis, je lui dis :
- Bonjours, je m'appelle Sergueï, da ! Je trouve que tu es très jolie ! Comment t'appelles-tu ?
« Pardon ? »
Oups. Peut-être avais-je mal prononcé ma phrase en japonais. Je réfléchis de nouveau à ce que je venais de dire, et constatant la présence de son casque, j’en déduis qu’elle n’avait tout simplement pas entendu. Alors que je m’apprête fièrement à répéter ma phrase, je sens le canon de son arme se plaque sous mon menton. La sensation du canon encore tiède me fait frémir de nostalgie et de plaisir. J’essaye de contenir mon sourire pour ne pas la froisser. Car oui, de toute évidence, j’avais dit quelque chose qu’il ne fallait pas.
« Tu t’excuse, tout de suite ! Tu te prends pour qui, le Russe, pour me parler comme ça ? »
Je pense qu’elle a dû remarquer le sourire que je m’efforçais à contrôler. Je ne comprends pas pourquoi elle réagit comme ça, mais elle a vraiment l’air en colère. Je lui apporterai des blinis un de ces quatre pour me faire pardonner. Son visage rougit à présent, et ses yeux sont grands ouverts. Maintenant, son canon est placé sur ma tempe, le canon à légèrement refroidi. Puis, je sens mon visage arriver à hauteur du sien.
« Félicitations, da-san, tu détiens le record du monde de l’homme qui a le plus vite réussi à me foutre en rogne. »
Me foutre en rogne ? Je ne connais pas cette expression… Que signifie-t-elle ? En tout cas, elle me félicite, et me donne un surnom affectif que je trouve vraiment adorable. Mais de quel record du monde parlait-elle ? Peut-être avait-elle ouïe dire de mes talents de tireur, et était vraiment subjugué par ma maîtrise ! D’où le fait qu’elle m’ait félicité ! Du coup que signifiait « mettre en rogne » … surement une expression pour dire « rendre jaloux ».
« A genoux, sois gentil et implore mon pardon, avant que je te donne envie de rejoindre les zombies, tellement tu seras laid. Aller, fissa, j’ai pas de temps à perdre avec un gaijin comme toi. Et va dragouiller ailleurs. »
Je ne sais pas ce que signifie « dragouiller » non plus mais je trouve que ce mot sonne bien ! Hélas, elle parle bien trop vite et je ne peux que saisir les grandes lignes de son discours. Apparemment, elle trouve les zombis laids. Et un certain « Gaijin » n’a pas de temps à perdre avec « Fissa ». Mais je suis d’accord avec elle. Les zombis de sont pas très beaux, et ne sentent pas très bon. Elle avait déjà ôté l’arme de ma tempe, et avait jeté une mèche de ses cheveux roses par-dessus son épaule. Alors pour la rassurer, je mis un genou à terre, puis une main sur mon cœur et l’autre tendue de manière théâtrale vers elle, lui dis avec un grand sourire :
- Moi non plus je ne trouve pas les zombis très beaux. Ils puent. Mais moi, je trouve que tu sens très bon, da ! Tu veux aller chez moi pour manger des blinis ? Comme ça, on fait comme Gaijin : on ne perd pas de temps avec Fissa ! »
Sur le coup, j’ai un moment d’hésitation. Venait-elle de parler russe ? D’après ce qu’elle venait de me dire, elle n’avait pas compris ce que je lui avais dit. Mais sa voix était tellement douce, et à la fois puissante quand elle parlait en russe. Mais quelle voix ! La sensation de sa chaussure écrasant ma joue était agréable, elle sentait le métal froid. Néanmoins, je savais que ce geste n’était pas amical. Même si je trouvais que « face d’ours » était vraiment un surnom sympathique.
Accroupi face a moi, la lumière jurait avec son air menaçant. Je l’avais blessé, c’était une certitude. Je me releve, la laissant à une hauteur plus basse que la mienne. Elle fait vraiment minuscule vue d’en haut. Je prends alors un air grave, les sourcils froncés. Il fallait que j’agisse. Je ne pouvais pas la laisser penser que j’étais quelqu’un de mauvais. J’allai l’impressionner, pour sûr. Je lui tourne alors le dos et me dirige vers le guichet où je saisis une kalashnikov. Celle-ci était bien plus perfectionnée que celle que j’utilisais avant de mourir. L’air toujours grave, je me dirige de nouveau vers elle et la regarde intensivement avec un grand sourire. Je lui réponds alors en russe:
- Je ne maîtrise pas très bien le japonais. Je suis désolée d’avoir dis des choses qui t’ont blessé.
Puis m’efforçant de parler japonais, je rajoute :
- Je ne suis pas une mauvaise personne. J’aime bien tes cheveux roses et tes cornes ! Je ne veux pas te manquer de respect, je suis maladroit, da ! Je vais te le prouver en détruisant les cibles qui bougent.
Je me tourne alors vers les couloirs de tir, et mitraille les cibles sans relâche en rigolant très fort. Chez nous, il s’agissait d’un moyen de montrer notre force et notre sincérité de fusiller en rigolant. Je tire, je recharge et retire en semi-automatique presque aussitôt. L’odeur du plomb envahit la salle, comme à mon arrivée. J’en oublie presque sa présence. Puis je m’arrête quelques secondes, pour sortir ma bouteille d’ « eau » de la poche intérieure de ma grosse veste en laine. Je prends une grande gorgée puis continue de tirer à nouveau.
Je pose finalement l’arme à terre. Je ferme les yeux un instant. J’ai soif. Je prends à nouveau deux grosses gorgées de ma bouteille. Sans me retourner, je me dirige vers la porte, ne rangeant pas l’arme, et sort de la pièce.
Je retourne alors dans mon appartement pour lui faire des blinis, pour me racheter. Je veux qu’elle m’aime bien. Et ce, peu importe l’effort. Je m’attelle à la tâche. Je lui ferai mes plus beaux blinis. J’ai mis une trentaine de minutes pour les faires. Je veux absolument me faire pardonner. Je veux y rajouter de la chantilly, mais la bouteille, une fois de plus m’explose dans les mains. J’étais sale. Alors je décide de mettre les blinis dans une boîte, et d’y écrire dessus « Désolé … » Ah ! Elle ne m’avait pas donné son prénom… J’écris « soyons amis » à la place. Je pars me changer, un pantalon beige, des bottines marrons, un tee-shirt avec la tête de Staline, et une veste kaki (avec poche intérieure) où j’y range ma bouteille après avoir pris deux nouvelles grosses gorgées.
Puis, je me hâte en direction de la salle de tir une nouvelle fois.
J’entre dans la pièce tenant ma superbe boîte de blinis merveilleusement cuits. Mes yeux emplis d’espoir et arborant mon plus beau sourire, je fais un pas en avant. La bouteille dans la poche intérieure de ma veste avait drastiquement diminué depuis mon départ de la maison, je la sentais définitivement plus légère. Il faut dire que je n’avais pas pris d’apéro depuis la veille, moi qui étais accoutumé à deux ou trois apéros par jour. Je l’observe attentivement, je la vois poser son Glock 17 sur le rebord du guichet du couloir de tir. Les yeux grands ouverts, couverts d’une lueur de colère à nouveau, elle saisie la Kalashnikov que j’avais laissé là. Elle me tient de nouveau en joug avec cette dernière. Elle hurle.
Si elle sentait bon, il était vrai que je n’avais pas eu le temps de me laver les dents. Mais pensait-elle vraiment que j’étais un alcoolique ? C’était une grande insulte pour les russes. Etait-elle finalement un ennemi du peuple ? Non, ce n’était pas possible, ses cornes étaient trop rigolotes pour cela. Nous n’étions pas alcooliques, nous produisions simplement nos propres boisons (plus fortes que la normal) quand elles venaient à manquer. Je ne suis pas un alcoolique. J’aime simplement prendre l’apéro. Tout à coup, la voilà qui prend un air exaspéré et suffisant, se pinçant le nez. Elle prononce, pour moi, des paroles vides de sens. Je voulu lui répondre, mais elle ajouta encore une chose, pointant son arme dans une direction injuste. C’était déloyal. Même en Russie, on ne faisait pas ça. Son regard était méfiant et provocateur. Et j’aimais la provocation. Je lui réponds en japonais :
« Je sais que nous ne sommes pas amis. Mais si je garde mon sourire, c’est parce que je veux te connaître. Tu sens bon, et tu as de beaux cheveux. Je pense que le rire, c’est l’arme absolue. Je pense que c’est l’arme de la fraternité. Pourquoi es-tu comme cela ? »
J’attendais de voir sa réaction, mais finalement j’enchaîne :
« Je veux juste savoir comment tu t’appelles. Après je te laisserai t’entrainer toute seule. »
Puis j’ajoute d’une voix basse et pratiquement inaudible avec un sourire, les joues rosées par l’alcool :
« Eventuellement. »
Je relève les yeux vers elle, et au vu de son expression, je comprends qu’elle avait clairement entendue ce que je venais de dire. C’était surement dû au fait que c’était une chimère. Ses sens devaient être décuplés. Puis je fais de nouveau un pas dans sa direction, de nouveau plein d’espoir, avec un grand sourire de façon à ce que seulement deux mètres nous séparent l’un de l’autre.
De nouveau, pour ne pas l’intimider, je pose de nouveau un genou à terre en ouvrant la boîte, baisse la tête et tends les deux bras en avant avec tellement de conviction que je projette la boîte remplis de blinis dans sa direction, sans le faire exprès bien évidemment. Mais c’est quand je constate, accompagné d’un petit « Oups », l’absence de la boîte entre mes mains que je relève la tête et suis le trajet de la boîte dans sa direction, au ralenti, comme dans les films.
J’étais dans la merde, da !
Ah~ Je m’en doutais. Cette fille est tellement incroyable, qu’elle fait exploser la boite de blinis avec la Kalashnikov après avoir poussé un cri incroyablement mignon. Hélas, j’avais des miettes de blinis sur tout mon visage, et sur mes habits fraichement vêtus. Le pauvre Staline aussi était recouvert de miettes. Je prends la peine de nettoyer son visage avant d’entendre la douce voix mélodieusement fortissimo de la chimère rose. Elle pensait que ma maladresse était une attaque. De plus elle me comparait à Michael Jackson alors que je préfère largement Mikhaïl Boïarski. Ce chanteur était incroyablement bon, tout comme mes pauvres blinis pulvérisés.
Son parfum devait sans aucun doute être très rare, car je ne le connaissais pas, malgré le nom rigolo. Puis je la vois goûter à un morceau de blinis. Sa remarque me paraissait juste, bien qu’un peu acerbe. Je n’avais même pas mis le contenu d’une pinte de Vodka… Peut-être n’aimait-elle tout simplement pas l’alcool…
Puis elle jette de nouveau un regard dédaigneux sur moi, me sommant de nettoyer ses dégâts. Bien que jolie, elle n’était vraiment pas gentille avec moi, qui l’aimait pourtant bien. Mais je suis persuadé qu’en continuant d’être gentil avec elle, elle finirait par l’être avec moi. J’avais hâte de boire l’apéro avec elle. Je décide de répondre à cette dernière remarque.
- Je ne peux pas nettoyer tout cela parce que c’est de ta faute, pas la mienne. C’est toi qui a explosé ma pauvre petite boîte de blinis. En plus c’est un travail de femme. C’est toujours ma maman qui nettoyait pour moi, car je devais me concentrer sur mon entraînement physique pour sauver des familles russes innocentes.
Je vois bien que ma réplique ne lui plait pas, elle a l’air bouche-bée. Je comprends que ma remarque était surement un peu sexiste dans sa culture, alors j’essaye de me rattraper. Ce n’était pas dans mon habitude de blesser les gens. Alors je mis un casque sur mes oreilles pour réfléchir plus intensément pendant quelques instants. Je fais des allers-retours, en marmonnant dans la salle. Puis je retire le casque de mes oreilles. Je prends une chaise dans un coin, attrape un carton vide que je retourne, et y pose les pieds dessus. Je saisis ma bouteille à la main, puis en bu trois grandes gorgées. Elle était presque vide. Puis je lui dis :
- Je ne veux pas dire que les femmes sont inférieures. J’aime beaucoup les femmes, da ! J’ai d’ailleurs plus de mal avec la gente masculine. Je n’aime pas trop les hommes non plus, tu sais. Des fois, il m’arrive de porter des robes et une perruque. Des fois même, je me maquille. Mais ça c’est seulement quand j’ai suffisamment bu.
Je me lève, saisis une deuxième chaise qui était repliée contre un mur, et l’installe en face de la mienne, de l’autre côté du carton. Je retourne m’assoir et la regarde avec un sourire convivial en attendant une réaction de sa part. Mais elle ne réagit pas. Alors je pose la bouteille de Vodka sur la petite table improvisée en carton, et lui dit dans mon plus beau japonais possible :
- Давай (Allez), assieds-toi, da! C’est l’heure de l’apéro, *Rojki-san.
*Rojki (ou Рожки) signifie corne.
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