Peek a Boo ! est un forum rpg dont la v4 a ouvert en février 2023. C'est un forum city paranormal où les personnages sont décédés ; après une vie pas très chouette, iels se sont vu offrir une nouvelle chance et évoluent désormais dans le Tokyo extravagant de l'au-delà.
起死回生
Un jour, c'est vachement long quand-même. Le pire, c'est quand on a rien à faire, et surtout, envie de rien. Rester au lit, glander à l'appart, c'était possible. Pas de cours, pas de parents, niquel. C'était pour ça qu'elle avait abandonné sa vie, Cathleen ? Elle essayait de se raisonner au lieux. Vas donc t'éclater Cath, tu perds rien. Mais la motivation, elle venait pas. C'était un poil compliqué pour elle aujourd'hui. Elle remettait tout en question.
C'était une femme, ou plutôt une jeune fille, d'action. Elle aimait ne rien faire autant qu'elle aimait bouger, mais elle n'aimait pas ne rien faire alors qu'elle voulait faire quelque chose. Elle était beaucoup trop complexe, oui. Son esprit la torturait, c'en était presque ironique. Elle en était venu à ce poser la fameuse question : « pourquoi la vie, pourquoi la mort ? »
L'au-delà qu'elle avait toujours voulu explorer, elle y était. Elle y était mais n'était toujours pas satisfaite. Enfin, elle n'était pas satisfaite, mais seulement quelques fois. Elle pouvait sortir dehors et aller boire un truc chaud, il faisait froid, oui. Mais il fallait s'habiller. Elle savait si bien qu'elle avait encore énormément de choses à explorer, plein de gens à rencontrer. Ça ne faisait que quelques mois qu'elle était là après tout. Elle se leva d'un coup. Elle avait trouvé ce qu'elle voulait faire. Ça faisait six mois qu'elle était là, et elle n'avait pas visité chaque recoin de l'agence, alors que pourtant, ça aurait dû être la première chose à faire.
Il faut dire, elle n'avait pas vraiment eu le temps de penser à l'endroit où elle vivait. Elle avait bien plus à penser avec son coloc insupportable et les frapadingues des centres commerciaux. C'était sans doute un jour sans qu'elle avait attendu avant de se lancer dans l'exploration. C'est à peine si elle se passa un coup de peigne dans les cheveux. Elle ne sortait pas, à quoi bon avoir l'air présentable dans ce cas là ?
Hors de sa chambre à présent, elle se mit à arpenter les couloirs à la recherche de quelque chose d'intéressant. Pour le coup, on aurait vraiment pu dire comme un fantôme. Plus elle s'enfonçait dans l'agence, et plus elle se perdait. Elle entrait dans les entrailles de l'endroit où elle vivait pourtant et prenait des escaliers, regardait les portes. Elle pouvait tomber sur des gens bizarres, ici ? Elle était au -1. Il y faisait pas très clair, mais elle avançait tranquillement, sans précipitation. C'était l'excitation qu'elle ressentait, de la même façon que quand on explore des endroits inconnus au lycée, où on sait qu'on devrait pas traîner.
Elle ouvrit une porte et des puzzles. C'était la première chose qu'elle voyait. C'était excentrique, c'était amusant, c'était exactement ce qu'elle voulait. Et parmi tout ça, un gars, pas bien méchant, ou alors qui n'en avait pas l'air. Cathleen s'en approcha doucement, en chaussons, sans aucun bruit, c'était l'expérience de s'infiltrer derrière le dos des gens pour leur faire peur qui s'exprimait. Soudain, une parole, une question, plus précisément.
– je te sers un café ?
Cathy était perplexe. Elle était sûre d'avoir été aussi silencieuse que possible. Peut-être qu'il parlait seul, mais dans tout les cas, elle répondra quand-même.
– À vrai dire, je t'avouerais préférer le thé.
De toutes évidences, ce n'est pas un thé qu'elle aurait. Qu'était-elle déjà pour s'inviter auprès de ce mec qui n'avait rien demandé ? Enfin, mis à part pour le café mais c'était une autre histoire. Cathleen n'avait jamais vraiment apprécié le goût du café. Peut-être qu'elle était trop jeune encore, ou alors elle n'avait jamais vraiment eu l'occasion de goûter un vrai café. N'empêche qu'elle avait une nette préférence pour le thé, bien que le chocolat chaud passait quand-même. Elle n'aimait pas le gâchis, alors elle ne voulait pas demander quelque chose à un inconnu qui pourrait en profiter plus qu'elle, et en plus ne pas finir ce qu'on lui avait offert. Elle avait beau ne pas en avoir l'air, mais elle restait bien élevée.
– non merci. Mais c'était gentil de proposer.
Plutôt que de rester penchée au dessus de ses épaules, Cath se permit de prendre place à ses côtés. D'un air détaché, elle regardait les pièces du puzzle, les analysant rapidement, voir si jamais elle pouvait aider. De vue comme ça, ça ressemblait à des pyramides. Est-ce qu'il s'amusait ? Parce que la gamine elle, elle s'ennuyait vachement. Elle ne voulait toujours pas avoir l'air impolie, et elle ne savait pas trop quand était le bon moment pour s'en aller. Il ne parlait pas, et elle savait que si elle partait trop tôt, elle allait donner une mauvais impression, et ça, très peu pour elle.
Pourtant, dans sa tête, elle avait envie de continuer son exploration. Elle le sentait, il devait y avoir un nombre incalculable d'endroits encore plus loufoques par ici. Mais en attendant d'avoir le feu vert, elle se contentait d'avoir l'air intéressée. Peut-être qu'elle attendait aussi une parole, un geste, un quelque chose. Peut-être qu'il allait se mettre à parler et a débiter sa vie, peut-être qu'il n'était pas aussi ennuyeux qu'elle l'avait d'abord pensé. On ne sait jamais ce que réserve l'avenir, et tout comme ces croyances pas si stupide de gosse, elle y croyait vraiment. Elle ne pensait évidemment pas à ces trucs de destinés et tout le barda, mais elle savait au fond d'elle qu'il fallait se méfier de l'eau qui dort. Cathleen adorait être surprise.
– comment dire...
Ah. Enfin une interaction. Son visage vers elle à présent, elle en profita pour le détailler. Elle n'allait pas se mentir, franchement. Il avait beau être un peu étrange aux premiers abords, il était quand-même assez mignon, quoique sans doute trop âgé pour la gamine. La tête légèrement penchée alors qu'elle observait tout mes recoins visibles de cet homme qu'elle qualifiait de tout aussi excentrique que la pièce dans laquelle ils se trouvaient, justement parce qu'ils étaient à cet endroit, elle écoutait.
– on s'est déjà rencontrés avant ?
Recherche rapide dans son cerveau. Définitivement pas. Ou alors elle ne l'avait pas remarqué, mais note à elle même : elle s'en serait probablement souvenu. Enfin, sans doute. Elle ne pouvait pas trop se fier à son cerveau, il aurait été possible qu'elle le rencontre dans un état second lors d'une soirée ou dans un bar, auquel cas elle ne s'en souviendrai définitivement pas.
– Je ne crois pas. Ou en tout cas, je n'en ai pas le moindre souvenir.
Elle replongea aussitôt sa tête dans le puzzle. Ah ! Elle venait de placer correctement une pièce.
Cathleen fronça les sourcils et le regarda faire. Elle est était clairement intriguée. Tout ce qu'elle avait pu penser, elle le retirait, elle était réellement tombée sur un phénomène. Bah, sur quoi d'autre pouvait-elle tomber dans un endroit pareil ? Il sortait un carnet, une sorte de journal intime sans doute ? Elle avait l'habitude d'en tenir un quand elle était en vie. Maintenant, elle n'en voyait plus l'utilité. Peut-être des fois elle allait raconter sa vie sur des appli comme Vent, mais plus l'utilité d'un notebook et d'un stylo, elle vivait avec son temps.Franchement !
Une idée lui traversa l'esprit pensant qu'il griffonnait quelque chose, parce que quand-même, on lit pas ces choses là. Et si ce mec bizarre lui voulait du mal ? Elle savait se défendre et avait une très forte tolérance à la douleur certes, mais ce n'était pas vraiment agréable. Et s'il avait pour but de la prendre pour cible pour la harceler ou la faire rejoindre une organisation secrète ? Elle n'aurait pas dû se montrer aussi peu méfiante. Elle avait oublié l'une des premières règles qu'elle s'était fixé : toujours rester sur ses gardes. Elle attendait quand-même de voir la suite des événements. Si elle avait faux sur toute la ligne, elle n'allait pas se mettre à taper un sprint d'enfer et ainsi ressembler à la meuf bizarre. Elle avait une réputation à tenir, ce n'était pas une lâche, au contraire.
Maintenant sur ses gardes, elle écouta attentivement le discours ahurissant du fameux Leo. Étrange. Vraiment. Il avait fumé, il avait mis une option dans son café ? Il avait peut-être reçu un coup sur la caboche. Peut-être qu'elle devrait tenter de lui expliquer, mais Cathy, elle connaissait ni le tact ni la douceur. Ça allait forcément être aussi douloureux qu'un coup de couteau ou un truc dans le genre. Ça allait piquer mais bon, elle, elle s'en foutait. Elle avait sa tête sur les épaules et elle savait très bien qu'elle était morte.
– Moi c'est Cathleen. Enfin, appelle moi Cath.
Alors qu'elle parlait, elle essayait quand-même de faire avancer ce pauvre puzzle qui stagnait.
– Cath, c'est plus court, c'est plus simple à retenir, puis ça ressemble à chat. Comme ça, quand on voit un cat on pense à moi.
Une nouvelle pièce s'ajouta au puzzle, et ça allait dans les deux sens. L'image se formait en même temps qu'elle mettait les points sur les i.
– et je devrais peut-être te signaler que je ne suis pas le fruit de ton imagination.
Toujours aussi perplexe, elle le voit griffonner un chat. C'est vrai que c'est pas super correct de regarder comme ça mais sa curiosité l'a vraiment piquée. Elle essaie tout de même de se concentrer sur le puzzle pour ne pas laisser ses yeux balader. Il ne la croit pas. C'est vraiment un phénomène de foire, ce gars là. Une preuve ? Il lui demandait une preuve, c'est comme ça qu'elle le voyait. Ça l'obligeait forcément à révéler un bout d'elle même, et si Cathy avait bien appris une chose au bout de 6 mois passés ici, c'était qu'il fallait se méfier des gens.
Ils avaient beau être morts, les gens restaient des gens, et quoi qu'elle puisse faire, ils pouvaient toujours être aussi malveillant. Donc elle le fixait aussi, les sourcils froncés par l'incompréhension et un peu de doute aussi, même si jamais elle ne pourrait l'avouer. Elle essayait de trouver dans son regard une faille, une once de malveillance, enfin un truc quoi, qui pouvait l'alarmer et lui dire de prendre ses jambes à son coup. Malheureusement, on ne savait que trop bien à quel point la petite lémure avait tendance à être naïve. Pas naïve au point de monter dans un camion, elle n'était pas stupide, mais assez naïve pour avoir une once d'humanité et d'espoir dans les hommes. Idées utopistes qu'elle se cachait évidemment, elle était trop forte pour ça, trop endurcie.
Du coup, elle faisait marcher son petit cerveau de jeune fille à 200% vraiment. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien lui dire pour qu'il la croit ? Elle se l'avouait, elle le trouvait intriguant quand-même. Elle avait peut d'expérience mais elle n'avait jamais encore vu de fou rationnel. On l'avait faite douter, parce qu'elle restait influençable, on avait essayé de la ramener à des causes étranges, mais tous ces gens là avaient l'air bien plus misérables et étrange que l'homme qui se tenait en face d'elle. En fait, il lui faisait penser à un chiot égaré. Étrange comparaison après celle de chat, mais peut-être que le chien et le chat pouvaient s'entendre, après tout ? Peut-être que le chien de s'amuserait pas à lui courir après.
Elle avait pris son temps pour trouver une information capable de la disculper, mais plus elle y pensait, plus elle devenait folle. Le cerveau humain pouvait imaginer un tas de choses, quoi qu'elle dise, il pouvait penser qu'il l'avait inventé. Ce n'était pas simple. Cathy reporta alors son attention sur les pyramides.
– je pourrais te dire que j'ai un grain de beauté au niveau de l'omoplate gauche mais tu pourrais l'avoir inventé, ça aussi.
Elle réfléchit un instant encore, se rongeant les ongles. Vraiment, elle essayait, c'était pour elle comme une énigmes trop difficile dans professeur Layton. Puis d'un coup, une claque sur le front.
Pendant tout ce temps, elle avait réfléchi à un truc sur elle, mais si c'était quelque chose qu'il ne connaissait pas, pas forcément sur elle, il devrait la croire. Enfin, elle espérait.
– Dans l'arc du Meurtre au Manoir dans Black Butler, en vrai, y'a pas de coupable. C'est Ciel et Sebastian qui ont tout manigancé.
Elle n’allait pas se mentir, ça l’agaçait, clairement. Ça touchait sa fierté, ça lui lançait un défi et elle avait l’impression qu’elle n’allait pas pouvoir le relever. Elle se mordit la langue, déçue quand même, vexée sans doute qu’on la prenne pour une illusion. Elle était quand-même trop importante pour être sortie tout droit d’un cerveau torturé ! Enfin, torturé, ça, c’est elle qui l’avait décrété, parce que pour être là à faire un puzzle et prendre les gens pour des hallucinations il fallait quand-même vachement l’être. C’était pas franchement gentil pour ce Leo, mais c’était comme ça qu’elle le voyait et honnêtement, après l’agacement, il y avait tout de même un tout petit peu d’amusement. Mais c’était secondaire, il ne fallait pas se tromper.
Il avait beau lui sourire tel un beau gosse, elle ne se laisserait pas charmer, non, alors elle le regardait poser les pièces du puzzle qui, mine de rien, avançait pas mal. Elle les triait aussi mais on voyait quand-même sur son visage les émotions qu’elle ressentait, enfin, Cathy, elle était aussi simple qu’elle pouvait être compliquée. Donc pour le moment, tant pis, elle resterait le mirage ce pauvre homme perdu parmi ses pyramides un peu plus longtemps.
– Tu as eu le temps de voyager, Cat, de voir du pays avant de mourir ?
Non. La réponse était aussi simple que ça. Elle oubliait parfois sa vie d’avant, sa vie misérable et sans saveur qu’elle avait dû supporter pendant dix-sept années. Pendant un instant, elle réfléchit un peu quand-même, elle avait sans doute fait quelque chose quand elle était gamine mais.. Non. Définitivement pas. Donc elle le regardait, d’une façon assez naïve, et s’apprêtait à parler à cœur ouvert avant de se raviser. Elle avait presque failli baisser sa garde, un peu trop facilement. Elle n’avait pas juste l’air naïve, elle l’était aussi terriblement.
Donc elle réfléchit à un stratagème pour lui soutirer des infos sans en lâcher une miette de son côté. Cathy n’était pas douée pour la stratégie, on aurait pu s’en douter. Elle aurait pu mentir et raconter des choses totalement fausses mais Cathleen détestait les gens malhonnêtes alors hors de question de mentir elle-même.
– hum… Pourquoi tu veux savoir ça ?
Répondre à une question par une question. Ça aussi ça avait le don de l’agacer, mais c’était largement mieux que de mentir. Elle croisa ses jambes et posa son coude dessus pour appuyer sa tête contre son poing, pour se donner un air détaché et cool un peu aussi.
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