Peek a Boo ! est un forum rpg dont la v4 a ouvert en février 2023. C'est un forum city paranormal où les personnages sont décédés ; après une vie pas très chouette, iels se sont vu offrir une nouvelle chance et évoluent désormais dans le Tokyo extravagant de l'au-delà.
起死回生
Oh. D'accord. Cathy y voyait clair maintenant. Il était encore plus torturé qu'elle ne le pensait. Le genre un peu déprimé le gars, c'était pour ça qu'il était dans cet endroit tout seul à faire des puzzles ? Elle comprenait. Totalement. Il ne pouvait pas être méchant, vraiment. Est-ce qu'il s'était suicidé lui aussi ? Elle était plongée dans ses pensées, et lui aussi sans doute. Elle revoyait défiler les mois passés. Elle avait eu des coups de blues ouais, c'était sans doute dans sa nature, mais elle savait qu'elle n'avait pas vraiment le choix de vivre ou de mourir à présent. Elle essayait de dire qu'elle n'avait pas besoin d'avoir des regrets et qu'elle devait y aller à fond, mais pour elle, ça allait.
Elle n'imaginait évidemment pas ce que ça pouvait donner, 4 ans à errer comme il avait l'air de le dire, dans un profond mal être. Ou en tout cas, c'est ce qu'elle s'imaginait. Elle se faisait tout un tas de scénario dans sa petite tête, et ça allait vraiment dans tous les sens. Elle était clairement trop curieuse, et elle voulait connaître toutes ses peines et sans mentir, s'il avait pas été même un peu beau gosse, elle serait déjà sortie de la pièce.
Elle voyait quelque chose en lui de triste, et il lui faisait légèrement pitié. Elle n'avait plus envie de se la jouer rebelle avec des intentions cachées, elle voulait entendre son histoire, sans forcément prétendre pouvoir changer les choses ou faire le psy, elle voulait juste satisfaire sa curiosité comme il le voulait aussi en lui ayant posé sa première question.
Il le disait clairement qu'il détestait cette endroit, mais Cath, elle, elle l'aimait bien, des fois. Il ne fallait pas oublier le "des fois", parce que des fois aussi, elle le détestait. Des fois elle avait des coups de mou aussi, et des fois elle se demandait comment la vie continuait sans elle, et c'était vraiment trop bizarre pour elle de se poser ce genre de question. Six mois après, elle devait déjà être morte enterrée, oubliée. Elle avait eu peur de l'oubli un temps, à son arrivée, mais elle avait réussi à passer au dessus, ça n'avait été qu'une question de temps. Le soucis c'est qu'elle ne savait pas comment rassurer ce gars qui était là depuis quatres ans et qui n'avait pas trouvé de quoi tenir bon. Elle ne pouvait pas débarquer et trouver les solutions pour tout le monde. Il fall se lever et faire son petit chemin de mort.
– je ne sais pas. Je pense qu'à vrai dire, c'est une question de point de vue. Tu ne t'ai jamais dit que c'était cool quand-même ? Je veux dire, est-ce que tu as déjà essayé une fois d'avoir un état d'esprit positif et de te dire "ok je vais tout donner"?
Parce que même si Cathy n'était pas une personne fondamentalement heureuse, il lui était déjà arrivé d'avoir des coups de peps, des coups d'espoir et de tout le bordel qui va avec. C'est juste que ça repart comme ça arrive.
La gamine essayait de contenir son desappointements. Ça ressemblait plus à de l'agacement d'ailleurs. Pour une fois, elle voulait aider. Elle se faisait rembarrer bien violemment, et ça lui plaisait pas, mais alors, vraiment pas du tout. C'était quoi son problème à lui ? C'était son ton. Ouais, voilà, c'était son ton qu'elle aimait pas. Elle mordait sa lèvre inférieure avec rage, elle avait vraiment le don de s'énerver rapidement. Il se pensait brave, d'avoir attendu plutôt que se donner la mort ? Se donner la mort, c'est aussi un acte brave. Il fallait du courage, le courage de ne pas avoir le courage de faire face à toute la merde du monde.
Elle savait si bien ce que les gens pouvaient penser du suicide en lui-même, mais la plupart ne pouvaient pas comprendre. Il fallait avoir vécu se genre de choses pour ouvrir les yeux. Puis, elle ne s'était pas donné la mort parce qu'elle était triste. Elle était lasse,et c'était sans doute une raison encore plus complexe à comprendre, et elle ne savait pas comment faire pour lui expliquer. Elle ne savait pas quels mots utiliser, quelles expressions pour être claire, en fait peut-être que c'était simplement impossible.
– en réalité, je pense que tu n'as pas tout pigé.
Elle prenait son temps pour choisir ses mots en même temps qu'elle essayait de continuer le puzzle. Elle avait du mal à se concentrer sur deux choses, mais au moins ça lui donnait un air sérieux, donc c'était la classe quand-même.
– en fait, j'espère que tu ne te crois pas courageux. Parce que laisse moi te dire que tu ne l'es pas.
Quand-même, elle faisait de son mieux pour ne pas utiliser de mots trop violents, malgré son amertume, elle ne voulait pas le brusquer.
– au fond, tu voulais lui échapper, à cette vie de merde.
Elle essayait d'avoir un air détaché, le plus zen possible, la plus sereine et la plus sérieuse possible.
– et maintenant que t'es là tu sais, t'as une seconde chance. Tu vas me dire que tu vas rester plusieurs siècles à faire des puzzles dans cette pièce ? T'as jamais pensé à la raison de cette endroit ?
Elle hésitait à s'ouvrir aussi. Essayer de lui faire comprendre un peu, mais elle n'avait que trop d'expérience pour dire que ça ne servait à rien, de toutes façons. On ne pouvait pas raisonner les gens comme ça. En tout cas pas d'un coup, en claquant des doigts.
– si tu veux savoir, mon rêve, c'était de voir ce qu'il y a après la mort.
Elle voyait très bien ce qu'il voulait dire. En fait, il ne réalisait simplement pas. Il n'arrivait pas à accepter l'ironie de leur situation. Est-ce que ça voulait dire que c'était à elle de lui ouvrir les mirettes ? Pas vraiment, mais elle prenait ça comme une mission. Car puisqu'elle s'était elle-même suicidée, c'était de son devoir, c'était étrange comme sensation. Elle ne sait que trop bien, ce que ça fait de mourir, de se suicider et d'être triste. Elle le savait si bien, elle avait vécu dans tout ça, et elle voulait simplement répandre sa façon de penser. Elle se refusait à penser que c'était un cas désespéré.
– Ouvre les yeux.
Elle aussi avait fait des erreurs. Moins grave mais plus conséquentes quand on en faisait le total. Mais elle n'avait pas le temps de faire le point sur sa vie puisqu'elle avait une seconde chance. Si elle était condamné, elle n'allait pas vivre sa soi-disant sentence telle quelle. Elle allait en faire un truc, et elle allait essayer de changer ce gars. Peut-être que de cette façon, elle pourrait se sentir bien, s'avoir fait un truc cool, mais ça l'importait peu. Elle avait trouvé une chose pour donner un peu plus de sens à tout ça.
A vrai dire, elle en avait eu des théories fumeuses. Elle aussi avait pensé à une mauvaise blague, mais en voyant le film, elle avait compris. Pour ne rien arranger en plus, elle avait eu des troubles de la mémoire au début de sa mort, puisqu'elle avait reçu un sacré choc au niveau de sa caboche. Cependant, elle avait ouvert les yeux. Tout était plus que réel mais ça paraissait dingue, ça, elle ne pouvait qu'être d'accord.
– On est ici parce qu'on a eu une vie de merde. T'as vu ton gars mort ? Tu dis qu'il s'est suicidé ?
Cathleen se sentait maintenant en confiance avec ce mec. Il s'était ouvert à elle alors elle pouvait faire de même, elle savait que ça ne lui coûterait rien. Puis, elle préférait que ce soit les autres qui ouvrent ce genre de discussion, parce que sinon, elle avait l'impression de parler beaucoup trop d'elle.
– Pourquoi tu ne le cherches pas ? J'ai compris une chose assez rapidement ici. Tout le monde ne termine pas là, on a tous un point en commun. On a eu une vie de merde. Par exemple, tu vas pas trouver le toutou de ta mamie parce qu'elle le bichonnait, mais tu vas trouver ce pauvre chien abandonné que ta voisine a laissé crever au bord de la route. Tu piges le concept ?
Légère pause pour reprendre un peu son souffle deux secondes. Elle savait qu'elle en était au moment où elle proposait son aide en espérant ne pas se faire recal direct. Il avait l'air d'un gentil bonhomme alors il lui ferait sans doute comprendre gentiment mais ça resterait le malaise s'ils venaient à se revoir.
– Toi, t'as pleuré ton mec toute ta vie et moi je me suis suicidée. Je peux sans doute te filer un coup de pouce. J'aimerais te montrer que ce n'est pas qu'une mauvaise blague. On a peut-être eu une vie à chier mais on peut au moins faire quelque chose de notre mort.
Cathleen connaissait un Angel. Elle était juste beaucoup trop préoccupée par l'individu devant elle pour faire le lien. Elle pouvait être lente, parfois, elle le reconnaissait. Cependant, elle ne pouvait réprimer un sourire aussi sincère qu'énorme. C'était la satisfaction que la bonne action qu'elle avait fait lui procurait. Même si elle n'était pas fondamentalement méchante ou quoi, c'était un sentiment qu'elle n'avait pas eu la chance d'éprouver bien souvent. Elle avait fait quelque chose de juste, ça ne pouvait qu'être agréable, de toutes façons.
Elle pouvait presque discerner dans ses yeux la flamme de l'espoir. Ou tout du moins, les braises. Elle aimait avoir été celle qui avait provoqué cette réaction. La plénitude, le contentement, il n'y avait simplement pas assez de mots pour décrire vraiment ce qu'elle ressentait à ce moment-là. C'est comme si les étincelles qu'elle avait elle-même crée avaient eu pour effet de réchauffer son cœur. Sérieusement, elle avait l'impression qu'on avait placé une chaufferette au niveau de sa poitrine, et c'était simplement exquis.
C'était une gamine qui en voulait toujours plus. Alors du coup, elle voulait l'accompagner, elle en voulait encore davantage, mais ça avait au final un côté un peu égoïste. C'était juste sa façon d'être et ça ne pouvait, à ce stade là, pas faire de mal à personne. Doucement, elle se releva, son nouveau compagnon toujours au sol sur ses coudes. Elle relève ses manches, complètement déterminée. Elle en veut et ça se voit.
– Alors. Ça veut dire que tu vas enfin reconnaître que je ne suis pas le fruit de ton imagination ?
Cathy tend sa main vers lui, pour l'aider à se relever, mais surtout de façon à serrer sa main. C'est bien en serrant les mains qu'on concrétise les pactes non ? C'est sans doute ce qu'elle avait en tête de façon plus cachée.
– Je pense que la meilleure façon de faire avancer tout ce bordel, ce serait déjà d'aller prendre l'air. Tu me suis ?
Elle était sans doute trop optimiste.
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