Le nouvel arrivant semblait bien plus à l'aise malgré la situation, chose qui rassura quelque peu Etsu qui sentait de plus en plus les effets des médicaments. Elle souriait en voyant les chatons se caler contre son nouveau colocataire, la fatigue lui écrasant toujours les épaules et son vilain rhume en devenir étant juste relégué au second plan. Il lui faudrait un peu de temps avant d'être complètement remise et un aller simple pour son lit devrait être fait dans les plus brefs délais. Tout du moins, quand elle pourrait bouger plus convenablement.
L'appartement était calme, bien trop calme. D'ordinaire, même quand Etsu était seule, on pouvait entendre le son d'un air de classique résonner dans la pièce, ou les miaulements des chats se chamaillant pour un morceau de carton. Là, en ce matin frileux, il n'y avait que le silence et le questionnement du jeune homme un peu curieux. Lasse, Etsu observa les murs roses trop criards à son goût en cet instant, un petit sourire se dessinant sur ses lèvres.
- Ce n'est pas si calme d'habitude. Mais je crois bien que nous sommes les seuls présents dans l'appartement ce matin. Tu verras ce soir que ça n'a rien à voir quand tout le monde est là. Mais ce n'est pas non plus un énorme bazar.
C'était plus comme une joyeuse mélodie, empli de quelques rires et bouderies, de discussions évasives et soirées devant la télé. Des soirées simples entrecoupées d'airs de musique et parfumés par les fragrances des dîners. Calme et reposant. Animé et amusant. Ainsi était l'atmosphère de Pucca dans les bons jours.
Mais aujourd'hui n'était pas un bon jour.
Ekaitz s'en alla déposer ses affaires sous les billes claires de la jeune nécromancienne qui reprit une gorgée de thé brûlant. Elle l'observa faire plusieurs allers-retours jusqu'à la chambre occupée par Kell avant de revenir chercher ses dernières affaires. Un peu fatiguée, la japonaise tentait de ne pas trop penser à ce qu'il venait de se passer, à la nuit qui s'était écoulée, à tout ces chamboulements qui s'opéraient dans sa vie aussi brusquement. Mais la vision des affaires du jeune homme lui rappelait désagréablement que ses mains n'étaient plus innocentes que cela.
Puis vint la question d'Ekaitz. Cette question qui la fit grimacer. Cette valise. Cette pauvre valise. Une moue apparut sur le visage d'Etsu qui ne savait plus où se mettre, ses perles claires se plantant sur un point dans le salon quand elle décida de se mettre debout sur ses jambes encore flageolantes. Elle trembla un instant, la couverture ne la couvrant plus et les chats s'étant éloignés lorsqu'elle se pencha en avant, signe qu'elle s'excusait platement.
- Je suis navrée pour ta valise. Je t'en acheterai une autre quand j'en aurais la possibilité. Pour l'instant...
La brune se mordit la lèvre, le corps toujours penché vers l'avant, les yeux toujours fixés sur le sol. Honte et malaise. Douleur et incompréhension. Pourquoi fallait-il que ce fichu pouvoir apparaisse ? Pourquoi ? Pourquoi... c'était injuste...
- Je vais tenter de ne plus rien toucher pour la journée... et aller me coucher.
Une petite sourire désolée apparut sur ses lèvres fines, la fièvre et l'inconfort ayant fait rougir son visage de nouveau. Etsu se redressa lentement, de faibles vertiges la prenant à nouveau quand elle posa son regard sur le jeune homme, l'air presque pitoyable.
C'était vraiment injuste...