Peek a Boo ! est un forum rpg dont la v4 a ouvert en février 2023. C'est un forum city paranormal où les personnages sont décédés ; après une vie pas très chouette, iels se sont vu offrir une nouvelle chance et évoluent désormais dans le Tokyo extravagant de l'au-delà.
起死回生
La nuit tous les chats sont gris
- PV Etsu -
Il était tard… Suffisamment pour que l’air se soit refroidi et qu’à chacune de mes expirations un nuage de condensation se forme au-dessus de moi.
Je n’avais pas froid, pourtant je n'étais qu’en simple t-shirt et short noirs mais la température de mon corps -mort- m’empêchait de ressentir cette température. C’en était même agréable, presque rafraîchissant de ressentir l’air passer sur mon front, entre quelques mèches humides qui le balayaient à chaque foulée.
Mes foulées étaient régulières bien qu’un peu rapides, j’avoue, j’essayais de me dépasser encore une fois. Ce n’était pas forcément par colère ou haine envers la planète entière non. Mais pour l’amour du sport, du dépassement de soi. Si je n’étais pas dans mon lit ça n’était pas pour le fuir cette fois, mais simplement pour m’adonner à un sport qui me permettait de ressentir pleinement mon corps, chaque pulsation, chaque battement de mon coeur se propageait d’avantage dans le réseau de veines qui traversait mon être. Je sentais chaque parcelle de peau et ce frisson d’adrénaline qui grimpait en moi à chaque seconde de plus.
Je me mordais la lèvre. Mes cuisses me tiraient, et mes mollets me brulaient délicieusement. Il était clair que j’aimais ressentir ce sursaut de vie malgré mon état de mort. Le tout bercé par le bruit serein de l’eau qui s’écoulait à côté de moi. Je longeais les bords de la rivière depuis maintenant vingt bonnes minutes et ma course était loin d’être terminée.
J’avais découvert ce parcours une matinée, au hasard. Je trouvais qu’il y avait un peu trop de personnes et surtout des sportifs avec des combinaisons improbables à couleurs fluo à m’en donner des migraines. Alors depuis quelques semaines j’allais courir le soir. Après tout j’étais un animal nocturne, la température y était idéale et généralement ma course se déroulait sans le moindre accro. Pas comme la dernière fois avec cette coureuse qui m’était rentrée en plein dedans, par sa faute mon corps avait manqué de se fusionner avec le bitume.
En y repensant un infime sourire se dessina sur mes lèvres. J’expulsais alors de l’air pour effacer toute émotion de mon visage. Cela dit, heureusement que cette personne avait croisé ma route. Sans elle mes émotions m’auraient probablement bouffé.
Dans mes pensées, mon attention n’était plus réellement fixée sur le chemin que j’empruntais ni ce qui m'entourait. Mes pieds continuaient mécaniquement le mouvement qui me permettait d’avancer et je m’en contentais amplement.
Avoir l’esprit clair et serein était un luxe que je ne voulais plus perdre. Peut-être que petit à petit j'avais commencé ce travail de me faire à cette seconde "vie" ici. Je trouvais peu à peu mes marques dans le monde des morts, même si c'était toujours un peu bancal et que je ne savais jamais ce qui allait me tomber dessus. Littéralement.
Car la nuit
les chats sont gris
Ma course se poursuivait dans le plus grand calme et cela pour mon plus grand bien. Le bruit de la rivière avait quelque chose d’apaisant, depuis peu j’essayais d’être en présence de choses calmes, m’éloignant le plus possible d’un risque d’énervement pour retourner dans le cercle vicieux d’une rage qui engendrait encore plus de haine.
Alors j’étais là, à traverser le pont quand une silhouette se dressa devant moi. Très bien, pas de soucis. Il y avait tellement peu de gens que j’arrivais à les ignorer sans problème. Oui. Sauf que. Je ne sais pas si j’ai tiré une carte de merde à la loterie de la mort mais étrangement tout semblait vouloir me tomber sur le gueule. Une joyeuse en plus, bah allez. C’est pour ma gueule voyons. A quoi me servaient ces heures d’entraînement si je n’avais pas un minimum de réflexe hein?
Cette fille m’était rentrée dedans, moi ça allait j’avais réussi à me stabiliser pour ne pas tomber. Seulement… Seulement je sentis ses mains attraper mon haut et ce fut la chute.
« Put… »
Un frisson parcourra mon échine, je venais d’être plongé dans un bain glacé et y’a pas à dire, ça avait de quoi réveiller un mort. J’avais été immergé pendant quelques secondes durant lesquelles l’eau s’était vicieusement frayé un chemin dans mes voix respiratoires. Instantanément mon corps avait eu pour réflexe de me relever pour quitter cette eau si fraîche en cette période de l’année mais mon geste fut irrémédiablement stoppé par le corps de l’inconnue encore sur moi. Gardant ma tête hors de la rivière je toussais instinctivement pour faire ressortir le liquide de mes poumons.
Heureusement le pont dont nous étions tombés était proche de l’eau et le niveau de la rivière était assez bas lui aussi.
Impossible pour moi d’articuler quoi que ce soit, je me redressais pour être enfin assis. L’eau m’arrivait au niveau de la taille et j’accrochais sans m’en rendre compte le haut de la cause de cette galère. Toussant compulsivement quelques longues secondes avant d’enfin me remettre un peu.
« C’est quoi ce bordel?! »
Mes yeux étaient rivés sur mes avants-bras, je grimaçais. Rapidement je remarquais que mon t-shirt s’était fait la malle à mon insu. Était exposé aux quatre vents mon torse marqué par les aléas de mon ancien travail dans l’armée tant par les blessures que par les années d’entraînement physiques. Aussi un bijou argenté sur mon téton droit qui tranchait peut-être un peu avec mon aspect stoïque voir stricte. Je n’étais pas pudique mais là… j’étais surtout surpris.
Je fronçais les sourcils. Laissez-moi deviner, finir sans t-shirt comme ça, comme par magie? Ça ne pouvait être que ça.
« Laisse-moi deviner. T’es nécromancienne c’est ça? »
La scène était improbable car la demoiselle au-dessus de moi se retrouvait avec un jean détrempé sous lequel je devinais sans mal la lingerie. Par respect je détournais les yeux mais je travaillais pour ne pas m’énerver de cette situation qui me paraissait si familière.
Elle se relevait enfin en s’excusant platement et j’en profitais pour quitter l’eau froide qui avait trempé mon pantalon avec son aide. Dans un réflexe de survie, je passais mes bras autour de mon corps. Je frissonnais car le fond de l’air était frais, j’avais la chaire de poule.
Je la regardais dans les yeux, j’attendais clairement qu’elle me rende mon t-shirt car sinon j’étais bon pour chopper quelque chose qui me clouerait au lit une bonne partie de la semaine.
« Ok, rends-le moi maintenant. Si c’est une blague c’est clairement pas drôle, faut que vous arrêtiez de tester vos pouvoirs sur moi comme ça. »
Car ça n'était pas la première fois qu'on opérait des "tours" sur moi. La première fois ok, c'était pour une bonne chose, mais là. A part me retrouver à moitié à poil je ne voyais pas l'intérêt.
Je lui tendais la main, l’autre passait dans mes cheveux pour les plaquer en arrière. Quelques gouttes continuaient de ruisseler le long de ma peau laiteuse, suivant les traits de ma musculature.
Car la nuit
Les chats sont gris
Tirage numéro uno :
Choix 1 : Urie pousse Etsu et cette dernière n'a pas le temps de se raccrocher à lui
Choix 2 : Urie pousse Etsu et cette nouille se raccroche à ce qu'elle peut. Le pantalon de Urie.
Choix 3 : Urie pousse Etsu et elle se rattrape à... son pantalon qui disparait à son tour (putain)
Choix 4 : Urie pousse Etsu et elle tombe en faisant disparaître un fringue à elle.
Si choix 4 =>
Tirage numéro dos :
Pile : Sa veste disparaît
Face : Son pantalon disparaît
Car la nuit
Les chats sont gris
Respire Urie. Qu’est-ce qu’on avait dit déjà? Calme et sérénité. Voilà, pose ton esprit là-dessus, optimise ce qui vient de t’arriver. Ça n’est pas un bain glacé c’est quelque chose de revigorant, tu n’as pas bu la tasse tu viens simplement de te rafraîchir les idées. T’es pas torse nu tu es… congelé. Ok ce point là pèche un peu quand même. J’inspire et expire fortement, je l’avoue je gère encore très mal mes émotions et me laisse vite dépasser par la colère mais au moins j’en ai conscience.
Je l’écoute s’excuser en me pinçant l’arrête du nez, mon bras gauche quant à lui est toujours autour de ma cage thoracique, c’est ma seule barrière contre le vent frais. Ma respiration ralenti progressivement et je retrouve un souffle à peu près normal. Tout cela aurait pu être pire, nous aurions pu nous blesser, être emportés par le courant ou un alligator aurait pu nous tracter au fond de l’eau aussi… Tout allait bien.
Sauf pour mon T-shirt.
« Comment ça il n’existe plus? »
Je plissais les yeux et la fusillant du regard. C’était quoi ce bordel? Mon T-shirt était là quelques secondes auparavant. Pourquoi il n’existait plus? Je voulais bien prendre sur moi mais ça m’agaçait foutrement, c’était quoi ces nécromanciens qu’étaient pas foutus de gérer leurs pouvoir. Ce que tu viens de faire tu le refais de façon inverse pauvre cruche!
« Faites revenir mon T-shirt tout de suite. Je vais pas attendre que vous m’en livriez un putain! Je suis trempé jusqu’aux os par votre faute et je ne vais pas rentrer comme ça jusqu’à chez moi. C’est hors de question. »
Ma main avait empoigné le col de l’inconnue plus vite que je n’y avais pensé. C’était plus fort que moi, les gens qui ne géraient pas ce qu’ils faisaient ça me sortait par le nez. En plus son petit air de désolation me tapait sur le système… Je crois qu’après il allait me falloir une ou deux sessions pour me calmer chez Ael.
« Trouve. Quelque chose. Maintenant! »
Relâchant aussitôt la prise, je la repoussais du bout des doigts, suffisamment fort pour lui faire perdre l’équilibre. Elle percuta à nouveau la surface de l’eau et je me retournais pour réfléchir.
Bras croisés sur le torse elle n’allait avoir aucune utilité pour moi cette andouille. J’allais quand même pas rentrer à pied comme ça, même s’il était tard et que j’avais peu de chance de croiser des gens je n’étais pas exhib’… Je pesais le pour et le contre de mes possibilités en oubliant la présence de cette fille qui m’avait encore foutu dans de beaux draps.
Soudain un détail me sauta aux yeux, ou plutôt, quelque chose manquait dans ma vision. Mon pantalon. PUTAIN. NON. Elle n'avait quand même pas fait ça.
Je me retrouvais à faire un bain de minuit à mon insu. Le karma me punissait de l’avoir poussée probablement? Ça m'apprendra à réagir au quart de tour.
Je fis volte face, et fis trois enjambées rapides jusqu’à la demoiselle, j’étais furieux. Mais cette fois je n’osais même pas l’attraper par le col pour lui en faire part, ma main était en suspens en l’air, j’étais vraiment comme un con maintenant habillé d'un simple boxer noir avec une paire de baskets... trempé.
Car la nuit
Les chats sont gris
Je m’étais moi-même surpris d’avoir une réaction si démesurée, ça m’était arrivé dans la gueule comme si l’on m’avait percuté de plein fouet, avec élan. Sa voix s’était élevée et sa position décriait clairement la crainte que je lève la main sur elle. En étais-je capable? De ruer de coups une inconnue sous prétexte qu’elle m’avait à moitié déssapé? Non, bien sûr que non. Abasourdi et chancelant, je reculais d’un ou de deux pas.
J’avais commencé un travail sur mes émotions, sur mes sentiments et cela manquait de me faire flancher à chaque fois. J’en prenais conscience beaucoup trop tard, quand j’avais franchi la limite si fine voir parfois inexistante sous le coup de la colère.
Chaque missive que m’envoyait cette inconnue me remettait peu à peu les idées à leur place, comme si l’on me balançait des pavés à la gueule. Je n’étais pas forcément d’accord avec tout ce qu’elle disait mais préférais me pincer la lèvre en détournant le regard. Il fallait accepter la colère que l’on engendrait chez les autres, ravaler ses boyaux en plus de sa fierté. Je crois que la simple idée qu’elle m’ait perçu comme une menace à son « existance » morte me mettait dans un malaise profond. Je crois même que je m’en voulais.
Mais s’en vouloir ne voulait pas pour autant dire que j’allais tout laisser passer quand même. Elle avait terminé de me remonter les bretelles et je relevais la tête. Fixant le ciel étoilé je pris une longue inspiration et j’expirais lentement. Je ne pus me retenir d’une remarque tout de même, fallait pas abuser.
« Je suis quand même en boxer en plein milieu d’une eau à 10°C max… Vous vous êtes juste trempée. »
Tourne ta langue dans ta bouche Urie bordel. Je soupirais de ma répartie mal placée à ce moment et reposais mes yeux sur la demoiselle qui était toujours dans l’eau et essayait de se relever. Il était un peu tard pour présenter mes excuses, et vue ce qu’elle venait de me dire je ne pense pas qu’elle serait sensible à mes remords. J'essayais de prendre un voix posée et calme.
« Ok. Pause. »
Levant calmement une main devant moi pour illustrer cette pause, je secouais la tête de gauche à droite. Quelques gouttes de mes cheveux encore mouillés tombèrent. Je n’allais pas sécher aussi facilement que je l’aurais aimé.
« J’ai totalement dérapé. Je m’excuse platement, je… ne suis pas encore totalement aux faits de la vie ici et ça affecte clairement mes émotions. »
Une main derrière la nuque, je fixais la berge dont nous étions tombés. Reconnaître ses erreurs et, même si l’on en a honte, les assumer. Demander si tout allait bien au risque d’essuyer une autre salve de paroles probablement méritées. J'hésitais un instant, le temps de trouver les bons mots et un ton en adéquation, quelque chose d'un peu morose.
« Je ne voulais pas me montrer violent envers vous. J’espère que je ne vous ai pas fait mal. »
Et comme si le sort s’acharnait sur moi pour me dire "bien fait pour ta gueule" un long frisson remonta tout le long de mon échine. Je sentais monter en moi ce que je redoutais. Mon corps se crispa d’un coup, ma tête fit un brusque mouvement en avant avec une douce et célèbre réplique. Je retins de justesse un éternuement bruyant, le contenant en me contractant d’avantage. Très bien, j’avais probablement chopé la crève. Voilà.
Quelques mèches de cheveux frôlaient maintenant mes yeux et j’attendais de voir si un deuxième allait venir. Mais non, cela semblait s’être calmé. Je me redressais lentement par sécurité puis totalement en prenant soin de plaquer à nouveau mes cheveux en arrière. Mon corps pouvait reprendre pleinement le vent frais de plein fouet, et ce n’était pas vraiment agréable mais bon.
Je ne dirais pas qu’à ce moment j’étais des plus calmes, mais j’avais retrouvé mes esprits et jaugeais aisément que j’étais dans une belle merde. J’attendais la réaction de l’inconnue.
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