Peek a Boo ! est un forum rpg dont la v4 a ouvert en février 2023. C'est un forum city paranormal où les personnages sont décédés ; après une vie pas très chouette, iels se sont vu offrir une nouvelle chance et évoluent désormais dans le Tokyo extravagant de l'au-delà.
起死回生
Car la nuit
Les chats sont gris
Ha, merde c’est vrai. Elle est susceptible comme fille. Les mots qui étaient sortis de ma bouche n’avaient pas forcément été calculés dans ce but, parfois je parlais un peu plus vite que je ne réfléchissais. Mais au final lorsque je réfléchissais ça n’était que pour mettre un filtre à mes paroles alors… Je l’écoutais s’énerver, sa voix et son ton avaient changés pour à nouveau sombrer dans la colère, une colère qui m’était destinée. D’accord, d’accord, je l’avais sûrement mérité. Alors égal à moi-même je l’écoutais dans le plus grand stoïcisme possible par ma personne. De temps à autres je vérifiais que ses mains ne bougent pas trop vers moi. Sinon, quoi lui répondre?
Je l’avais saisi que ce pouvoir lui pesait sur le dos, ça il n’y avait pas besoin d’être un expert pour s’en rendre compte. C’était un vrai champ de bataille depuis qu’elle m’était rentrée dedans. Mais me répéter encore et encore que ça n’était pas sa faute et qu’elle ne faisait pas exprès me tapait légèrement sur le système. Ma langue claqua contre mon palais. Vieux tic dont je n’arrivais pas à me débarrasser.
« Me répéter que vous ne le faites pas exprès ne change en rien la merde que ça provoque. »
Mon ton est sarcastique, je n’arrive pas à m’en empêcher, elle suinte le "c’est pas ma faute, ma vie c’est vraiment trop injuste!".
Je fermais les yeux, oui j’essayais de l’ignorer carrément c'était totalement ça.. Là on arrivait au passage où elle me faisait la morale avec un ton un peu maman. Qui sermonne l’autre là? Je retiens un soupire, manquerait plus que ça pour qu’elle prenne feu je crois. Au bout d’un moment ses paroles se transforment en bruit ambiant, j’ai froid. Je m’enserre la taille pour essayer de couper le vent un minimum. Ma posture doit être désinvolte… Mourir ça vous change la donne, car pour moi le respect signifie bien quelque chose, mais je ne me sens plus de l’appliquer à toutes les situations. Je suis mort en ayant suivi la perfection que l’on m’indiquait, en rongeant sur mes propres envies le tout pour quoi? Recommencer de zéro après m’être fait démonter la gueule et démembrer par un groupe d’inconnus.
Quand mon esprit se reconnecte enfin à la situation je la vois simplement tourner les talons après m’avoir donné son nom. Hé bien tu sais quoi Etsu Morugawa? Rentre bien chez toi. Moi les hystériques qui ne savent pas se gérer ça me passe par-dessus. J’ai vite fait d’aller là où la cabine téléphone se trouve, je compose un des numéros qui est collé près du combiné et j’indique ce que je souhaite ainsi que où je me trouve. On me dit d’attendre à la sortie du parc et on raccroche en m’indiquant que le taxi arrive dans cinq minutes.
Je ne dirais pas que c’est le plus naturellement du monde que je me mis à marcher vers la sortie, parce que rappelons-le j’étais en boxer/basket. Mais j’allais dans la même direction que cette catastrophe ambulante. Je marchais vite, probablement à cause du froid et ne tardais pas à arriver à son niveau, la dépassant rapidement histoire d’éviter de me prendre une seconde salve.
Cependant, mon côté bon prince allait me perdre, elle était un soutien-gorge en plein milieu d’un parc. C’était dangereux et je ne voulais pas avoir un viol sur le dos pour terminer ma soirée. Sans tourner la tête je balançais à la volée ma proposition.
« Le taxi est là dans cinq minutes. Ne soyez pas idiote et prenez-le avec moi. Ce serait bête qu’il vous arrive un truc en plus ce soir. »
Ou qu’un pauvre citoyen tombe sur toi et ta galère de pouvoir… Oui bon, celle-la je la gardais pour moi, on n’allait pas non plus jeter de l’huile sur le feu hein. Mais sérieusement, un mec à poil c'était déjà assez.
Car la nuit
tous les chats sont gris
Ses mots étaient beaucoup plus calmes que précédemment, s’était-elle résignée à ce qu’il se passait? Probablement, ce pouvoir en aurait rendu plus d’un dingue. Allez, rentre dans le taxi avec moi, on sera vite à l’agence et tu pourras aller te coucher pour faire comme si de rien n’était, hm? Ha, non. A ma grande surprise elle préfère encore rentrer par ses propres moyens. Je ne vais pas te retenir très chère. Tu veux galérer, tartiner un peu plus ta vie de « c’est trop injuste », je te le laisse avec grand plaisir. Chacun sa merde comme on dit.
Je continue sur ma lancée, je ne vois pas quoi rajouter d’autre et je n’ai clairement pas pour habitude de courir après les gens. Encore moins ceux que je ne connais pas. Elle me disait qu’elle saurait se démerder, accordé. Au pire ça n’était plus mon problème du tout. Je n’allais pas la forcer au risque de voir autre chose disparaître sous mes yeux. Non. Moi aussi j’en avais eu assez pour la journée. Quand on ressort lessivé comme ça et avec des fringues en moins c’est qu’il est temps d’aller se pieuter. Ou de fumer une clope. Je soupire bruyamment. Mes clopes putain. Non, c’est bon, je les ai laissé sur le bureau avant de sortir. Faire du sport pour se bousiller les poumons juste après…
Depuis que j’avais croisé Ael je travaillais sur mes émotions, sur chaque détail qui pouvait influencer mon humeur. Crois-moi que si j’allais la voir là elle aurait du boulot. Cette histoire m’avait gonflé mais bon, je n’aimais pas me reposer sur les gens alors je me poussais un peu plus intérieurement pour réussir à me détacher de ce sentiment d’énervement.
Jusqu’à ce que j’entre dans le taxi qui m’attendait à la sortie je prenais de grandes inspirations par le nez. L’air frais ainsi que l’environnement beaucoup plus calme -depuis qu’elle s’était éloignée de moi- me paraissait d’avantage enclin au calme. Et même si le chauffeur de taxi me regarda bizarrement une fois montée à bord, je pus rentrer sans encombre jusqu’à l’agence.
Quelques regards insistants et interrogateurs se posèrent sur moi le temps que j’accède à mon appartement puis à ma chambre. Je leur rendais ces regards avec énervement. Ces cons me cassaient tout le boulot que j’essayais de faire, qu’ils aillent se faire foutre. Aux grands maux les grands moyens, je préférais terminer ma journée sur une douche pour me remettre les idées en place.
Seul point positif de la soirée : je n’avais plus qu’un boxer et des baskets à retirer pour profiter.
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