Peek a Boo ! est un forum rpg dont la v4 a ouvert en février 2023. C'est un forum city paranormal où les personnages sont décédés ; après une vie pas très chouette, iels se sont vu offrir une nouvelle chance et évoluent désormais dans le Tokyo extravagant de l'au-delà.
起死回生
L'image du garçon se reflétait volontiers dans les vitres défilant devant ses propres yeux. Un peu comme des cailloux trop lourds qui n'auraient pas réussi à ricocher et prendre le trajet voulu, ses pupilles grises n'arrivaient pas à se détacher de cette ligne de métro allant à une vitesse impressionnante mais pourtant transcendantale et supportable. Ce n'était pas comme si le métro ne s'arrêtait pas à l'arrêt. Il n'aurait pas le besoin de sauter pour y pénétrer puisque le temps d'arrêt à une station, dû au ralentissement de la ligne, bloquait les rames pour un temps de deux minutes avec leurs portes ouvertes pour qu'il puisse rentrer chez lui. Toutefois, ça faisait peut-être au moins douze minutes qu'il attendait ici, le casque sur les oreilles et le skateboard à la main, devant des portes s'étant ouvertes puis refermées deux minutes plus tard et ce, au moins cinq fois. Mais il ne s'était jamais introduit dedans, préférant attendre le la que le diapason aurait repéré dans le son du rap — quitte à l'écouter indéfiniment — qu'il écoutait actuellement. c'était un morceau à la mode, bien sûr, sinon, ce n'était pas lui. Il se joignait volontiers à cette universalité. Il devait faire comme tout le monde et pourtant, l'américain se sentait en permanence exclu. Était ce la raison qui aurait pu expliquer qu'il ne souhaitait regagner son foyer auprès d'Ael ? Sans doute puisqu'il redoutait ce moment où il aurait dû s'enfermer dans sa chambre tel l'adolescent voire le gamin qu'il était. Le son bruyant isolait déjà bien son sens le plus parfait mais il ne s'en plaignit pas et le garda ainsi sur son écoute, ne préférant pas écouter toutes les insultes qu'on aurait encore pu profiler à son insu. Il préférait voir les gens descendre et monter sans vraiment les connaître, sans vraiment les reconnaître, sans vraiment les voir, en fait. Même si ces deux sens furent aveuglés, il n'en fallait pas beaucoup pour le réveiller. En général, les gens s'accommodaient à éviter un zombie bien qu'aujourd'hui, il n'en avait ni l'apparence, ni l'odeur. Toujours dans ses vêtements tassant sa silhouette déjà petite, il avait le teint parfaitement diaphane qui se complétait à ses cernes indémodables. Pour un temps vespéral, le temps s'était rafraîchi et dans ses talents de devin (à ne pas confondre avec ses maudites visions), il avait évidemment prédit cela en portant un bonnet négligemment sur ses cheveux en bataille. Il n'avait certainement pas une tenue adaptée pour sortir mais s'était ainsi qu'il se complétait à la société : On l'évitait, il tentait de s'intégrer mais était le plus grand raté possible. C'était un peu la constitution du pays des morts qu'il avait retenu et devait s'y faire tant bien que mal. Cependant, il y avait forcément des hors-la-loi entravant ces règles qu'on avait instruites, inculquées dans toutes les têtes. On appelait ça des rebelles et évidemment, ils ne connaissaient pas la politesse. Les sens endoloris du jeune homme s'en sentirent soignées lorsqu'un homme, un peu plus grand que lui, le bouscula au niveau de l'épaule, à priori trop pressé. Le skateboard stylisé de Cassian retomba sur le sol comme sa conscience retrouva le côté terre-à-terre qu'elle aurait dû croisé depuis déjà un moment. Néanmoins, comme le rap était bien trop fort dans ses oreilles, ce n'était pas le crash de sa planche contre le béton qui l'avait alerté mais bien le toucher, toujours là pour assurer la relève. Assez furtivement, le garçon s'extirpa de ce monde de songes et retira les écouteurs avec une élégance fabuleuse qui lui était, pour ça, totalement propre. À la suite, il attrapa le poignet de cet homme assez fermement pour le retenir. — Hey ! Tu pourrais dire « pardon », non ? grogna-t-il puisqu'il ne fallait pas le déranger. Bien que docile, il savait sortir les canines mais n'était pas assez puissant pour se défendre. Sa force n'était pas la responsable pour le retour de l'homme sur lui. Brutalement, la face du jeune homme se présenta au garçon qui changea d'attitude comme de chemise, comme de style. — Je... n'ai rien dit ! Pardon ! s'exclama-t-il tout en retenant pourtant les doigts agrippés sur le poignet étranger. Le visage doux mais tout de même assez viril de cet homme aux cheveux châtains fit s'abaisser la tête du plus petit. La phénoménologie chez Cassian expliquait ce changement soudain chez lui : Lorsqu'il trouvait un intérêt chez quelqu'un, il pouvait se montrer le plus passif possible. Ses joues auparavant livides se mirent à virer au rouge des plus intenses qu'il n'est jamais connu. Jamais les camélias n'auraient tenté une compétition avec ce rougissement si vif. C'était trop pigmenté pour traduire de la peur ou de la honte. — Je suis désolé d'avoir crié, dit-il en se grattant la joue et fuyant l'autre du regard. Mais je ne peux pas vous laisser partir. Vous avez bien dû me voler quelque chose pour être si pressé. Il se mit à jouer avec l'oreille de son casque puis traîna ses doigts dans une de ses mèches arrière, d'une manière suggestive. Le brun laissa un pouffement ridicule dans son rire s'échapper de ses lèvres. Son excuse était tellement absurde mais il lui fallait quelque chose pour rajouter encore des minutes à cette attente. Cet homme était un hors-la-loi mais surtout vraiment trop séduisant pour lui. La police n'allait pas l'arrêter mais lui, si, pour avoir frapper son regard d'amour. |
Les aiguilles frappaient contre le cadran derrière ce jeune homme de taille moyenne qui venait de faire son apparition. Pour Cassian, ce n'était que diffus dans l'espace, le temps et autres dimensions possibles ; il se fichait bien de tout cela puisqu'il venait de se créer subitement une nouvelle dimension parallèle pour lui, avec cet inconnu maintenu au poignet par cet anneau de doigts. En revanche, l'autre les entendait d'une manière bien plus distincte mais surtout plus oppressante. Comme un compte à rebours qui retentissait dans sa tête puisqu'il évoqua sa lacune de temps et en perdait ses mots. Savait-il vraiment où il se trouvait, lui aussi ? — Un train ? On est pas à la gare, vous savez. On appelle ça une rame. Cette remarque un peu trop franche se voulait un peu taquine mais eut surtout pour but d'authentifier le rire qu'il avait déjà sur les lippes. Toujours avec tant d'innocence, ses joues étaient meurtries par les rougeurs et il déposa son autre main libre contre cette bouche épanouie par ses ricanements jubiles. Cependant, il ne laissait pas entrevoir ses doigts qu'on aurait jugé trop fins et les garda dans sa manche trop longue. Au total, ses couches de vêtements formaient une houppelande majestueuse que sa maigreur en paraissait invisible. À son avantage, cette fois-ci encore, car il n'aurait voulu paraître trop fluet pour quelqu'un dont il souhaitait retenir l'attention mais à qui le temps manquait. D'un air interrogateur, le zombie déposa son ongle contre sa lèvre supérieure et se mit à réfléchir et mettre en compétition dans son esprit lui-même et le temps. Arriverait-il à retenir un aussi beau garçon alors que celui-ci ne cherchait qu'à embrasser une heure convenue et pas un retard trop vénéneux ? Encore une fois, le brun agissait de manière purement égoïste. Il aurait pu se faire juger sur ses actions entreprenantes et cette main trop tactile qui enlaçait le poignet d'un autre mais, si l'autre ne s'était ni recroqueviller dans une écale autour de lui-même ou encore moins insulter de tels caprices, évidemment qu'il ne dérangeait pas tant que ça. Ses pupilles se mirent à narguer les voisines d'une brillance complétant son appétence. Il cherchait à en savoir et à en avoir plus en lisant ce que le visage rigide en face de lui pouvait contenir à l'intérieur comme pensées. Bien entendu qu'il croyait ce blond mais il aurait voulu le contraire pour passer un peu plus de temps en une certaine compagnie qui lui divertirait un peu sa journée de la monotonie bien mollassonne qui marmonnait en lui. Ses lèvres voulaient dire quelque chose pour prolonger tout cela mais les dits « trains » semblaient lui accorder sa chance avant qu'il ne puisse aller la chercher de lui-même. Un sourire radieux se mit à complaire ses lèvres muettes encore et pour faire remplacement à ce manque cruel de paroles, le brun se mordit la lèvre d'une manière sensuelle comme s'il aurait voulu croquer autre chose. Dans une pudeur incertaine mais comme pour chercher la pusillanimité, il lia ses deux mains derrière son dos et se balança de l'avant vers l'arrière en regardant vers le sol. Il avait laissé une occasion partielle à cet homme de s'enfuir en délivrant sa main mais les portes du Jugement qui s'étaient claquées pour trente minutes maintenant lui interdisaient cette possibilité. Dans ce rire perpétuel, il couvrit cette fois-ci ses joues en inclinant sa tête vers le sol, n'osant regarder directement ces yeux émeraude. Ses propres pupilles étaient bien trop sales pour pouvoir charbonner la tendresse smaragdine qui se présentait en face et pourtant, il n'hésita pas à remettre sur le tapsi cette question de vol. — Je ne te crois pas, feignit-il en secouant la tête négativement. En général, les beaux garçons sont les plus beaux menteurs, aussi. À quel moment le garçon était-il devenu si familier ? C'était rapide pour une fois de passer du vouvoiement français au tutoiement. Comme un coup de foudre qui se concrétise sur lui, il battit ses cartes pour avoir un maximum de potentiel avec ce si bel homme. Il avait même été assez direct dans ce flirt de pacotille mais ce qui restait le plus représentatif étaient ses gestes trop aguicheurs qu'il accomplissait par sa main presque baladeuse. Un instant, il remarqua son skate qui s'était écrasé contre le sol, sur le côté des roulettes à priori comme un chat retombe sur ses pattes. Il avait même fait sa course jusqu'aux baies couplées pour faire barrage au tunnel rapide. Il n'était pas très loin donc il put se permettre de le prendre sans pour autant perdre l'autre de vue et, au cas où, il l'aurait poursuivi tel un tueur en série des bons slashers américains. Le garçon de Detroit chercha tout de même a donné un aspect un peu plus classe de sa personnalité qui n'était en réalité qu'un classeur contenant des polycopiés parfaits des meilleurs attitudes à avoir pour plaire à autrui. Il s'était arrêté sur la catégorie séduction pour cette fois et, après avoir arraché cette pochette plastifiée dotée des documents spécifiant quelles manies à avoir pour jouer le premier rôle, il retira une cigarette de sa veste militaire. Il demanda à l'autre s'il n'avait pas du feu, par la même occasion pour encore tenter une approche. Mais aussitôt, il reporta son bras porté au niveau de sa bouche le long de son corps enduit de tissus plus lourds les uns que les autres. Sa main était un peu repoussée, la cigarette entre les doigts comme s'il n'en voulait pas vraiment. Il détestait fumer mais si un peu de poudre d'escampette pouvait jouer, il le ferait. De son autre main, il tenait son skateboard précédemment ramassé qu'il leva un peu pour le présenter et le désigner à l'inconnu. — Si tu n'as pas le temps, on peut toujours aller à pied. Tu ne vas pas attendre trente minutes ici, de toute façon. Soyons réalistes. Je peux même te prêter mon skate si t'en as marre de marcher, ça me dérange pas. Le brun était conscient de la prochaine fuite de cette proie mais il ne perdait pas le nord car il comptait bien l'accompagner avec ce sourire toujours aussi enjôleur. |
Faire du skateboard n'était pas une si mauvaise idée en temps normal mais lorsqu'on apprenait que cet homme était incapable d'en faire, c'était mieux de ne pas en faire, en fin de compte. Cet élagage de branches de compétences éclaircit au final les nouveaux horizons qu'il pouvait envisager avec l'inconnu. Il voyait dans l'ablation d'un arbre qu'il aurait voulu faire grandir par sa planche de bois plus d'opportunités, plus de temps. Le moyen de locomotion qu'il proposait aurait probablement aidé ce jeune homme mais l'aurait désavantagé puisque leur temps ensemble qu'il commençait déjà à chérir se serait moins éterniser comme il le désirait. Ce fut sans conteste qu'il répondit avec affabilité, les mains devant et prévenantes, que ce n'était pas si grave, au final. Avec la même accortise, le garçon bascula la tête dans la positive. Après tout, pourquoi il ne l'accompagnerait pas ? Quand on constatait à quel point cet Apollon balayait sa mèche d'une manière gracieuse évocatrice, on ne pouvait pas lui refuser grand chose. On ne voyait plus que lui. Le décor se fondait dans une quelque chose de si banal que toute personne aux alentours en paraîtrait si protozoaire alors que cet homme apparemment français dégageait une singularité remarquable. Il était peint de bien plus de nuances versicolores, munificentes mais aussi splendides. Comme un panaché de roses aux pétales rosés, bordeaux, champagne finissant sur un bleu pétrole pourfendant avec tous les fumets d'alcool, tous les détails de cet homme si gracieux l'embaumait au plus haut point à en guérir par l'aromathérapie l'achromatopsie qu'on pouvait lui reprocher sur le reste du décor. Ses yeux ternes comprit dans le lot volèrent quelques étincelles qui se dégageait des feux d'artifices qui explosaient par-dessus la carcasse fleuri de cet homme bien trop élégant pour lui. L'américain, quant à lui, péter simplement de défauts si on considérait ses rougeurs plus minables que de l'éternité des sacs plastiques volant sur les trottoirs. Sa prochaine réplique était à la mesure de ses fléaux les plus puissants : — Biène choure, annonça-t-il fièrement avec son français bien précaire, mêlant un début d'accent espagnol pour finir sur de l'anglais et un clin d'oeil. De toute manière, il ne pouvait qu'être fidèle devant tant de beauté et de bonté. Il ne pouvait que suivre les directives trop bien masqués par tant de prestance. Il le suivrait comme il suivrait un empereur en portant avec le plus d'efforts la traîne de sa cape. Malheureusement, toucher la mèche si longue de cet homme lui était inaccessible. Il trouverait bien un prétexte pour s'en approcher mais l'occasion était bien trop imparfaite pour se faire. C'était donc avec politesse qu'il préféra s'attaquer à la part de sociabilisation qu'il souhaitait remporter pour être récompenser d'un droit du touché, si sa majesté couronnée d'une chevelure châtaigne, comme on pose du laurier, voulait bien l'accepter. C'était donc avec gentille obligeance que ce petit sujet s'avançait oralement vers sa cible qu'il n'aurait voulu commettre le régicide mais bien la glorification entière. — Tout va bien si tu es moins en retard. Quant à moi, j'avais juste prévu de rentrer chez moi et j'aime bien passer du temps avec les gens. Voilà pourquoi je viens. D'ailleurs, j'habite dans une grande maison près de la rivière Sumida, je t'aurais bien amené là-bas si tout allait bien pour toi. Or, le roi de France ne voudrait absolument pas d'une telle demeure qui ne serait pas au goût de sa prestance. Franchement, quelle tragique désobligeance dont tu fais preuve, Cassian ! Il masqua donc ses mains trop sales et coupables pour être contempler. Non, même si la maison d'Ael était belle, il ne pouvait montrer ses appartements à cet homme qui aurait déprécier l'infestation au tabac tuant tous les embruns dont son corps recelait comme on pouvait y trouver le safran ou le curry, bien plus loin que l'huile d'avocat contenu dans un pathétique shampoing en bouteille non-recyclable qu'il achetait en complément d'autres encore pour atténuer le parfum âcre de ses cheveux. En somme, il paraissait si ridicule que même tous les shampoings qu'il possédait sur l'étagère de sa douche italienne n'aurait pu savonné cette erreur d'invitation. — Oublie ça. Je sais pas pourquoi je dis des conneries pareilles... On ferait mieux de se mettre en route. Perdu, le plus petit se mit à reprendre son skateboard contre le sol et à sauter dessus d'une manière décontracté qui aurait plu à la plupart des filles de son âge et pas à des aînés. L'embarras qu'il venait de s'infliger ne faisait qu'accentuer les problèmes sur le reste et pas seulement sur sa langue devenant aussi fourchue que tendue. Il l'avait remballée de sorte à ne plus dire de sottises mais la garder pour lui, c'était peindre d'autres erreurs comme ce saut puis, finalement, cette chute aussi cuisante que navrante mais par-dessus le marché, ubuesque. Même s'il savait que le rire avait le pouvoir de séduire, le burlesque était pitoyable. Bondissant sur sa planche, elle glissa légèrement de sorte à heurter une canette en fer qui coupa la route glorieuse du brun. Avant de ne pouvoir connaître le phénomène de chute des corps, ses yeux se mirent à devenir des astres vulgairement énormes plus que des étoiles. Son skateboard s'était ainsi arrêté et lui, avait poursuivi l'accélération bien lacunaire des roulettes. À trop en faire, il avait trop accéléré et connut une vélocité digne d'un balai magique. Les balais magiques n'existent pas comme les monstres n'existent pas mais l'affection pour la magie ou la tératophobie sont véridiques. Les effets de telles croyances étaient bien plus fracassants que les croyances en elles-mêmes donc il se vautra royalement, tête contre le bitume. Son cadavre, quant à lui, se prélassait tout aussi douloureusement mais quand il eut relevé la tête, le plus alarmant fut le saignement de nez qui s'écoulait. Si chacun avait eu assez d'humour ou de connaissances sur le reste, on aurait trouvé la situation cocasse puisque Cassian répondait bien à l'anecdote japonaise des personnes exaltées et conquises qui saignaient du nez par leur excitation fiévreuse. Son air détaché n'était même plus en compétition avec l'autre tellement il était ridicule. Il n'avait pas vraiment mal, dans le fond même si la blessure s'aggravait par un coulis de sauce bien répugnant allant jusqu'à sa lippe supérieure mais simula bien plus la douleur, simulant bien plus la chute en restant ainsi devant tout le monde. — Ma tête... Ca fait vachement mal... Oh, il était bien à part de l'idiosyncrasie et se comporter exactement comme tout le monde. Rien ne put le démarquer. Tout le monde aggravait tout, surtout pour être plus attendri que moqué. Seule sa main gauche ne fut pas sur le ventre ou plutôt, la paume, cherchant à trouver un contact. L'homme à ses côtés pourrait peut-être recueillir sa main pour le soulever. Plus de contact, plus de temps en échange d'un peu de sang et de ridicule. |
Si tout allait bien ? Hormis un peu de sang coulant par-dessus son sillon naso-labial à une quantité à priori assez effarante pour alerter un homme de cette façon, il aurait même pu dire que tout allait parfaitement bien en dépit de sa comédie burlesque qui voulait prouver le contraire. Il éprouvait, certes, un picotement au niveau des narines qui se retrouvaient écaillées au sang mais ce n'était pas la panique. Pour autant, son objet de convoitise chercha à apporter des premiers soins dont il n'avait pas forcément besoin. Si ce n'était pas un indice que sa stratégie de séduction, ça. La tête encore contre le sol, il la releva doucement et avec une précaution immodérée que même un réel souffrant n'aurait employé. Il posa ses paumes de part et d'autre du carrelage déjà bien insalubre de la bouche de métro. En voyant les petites gouttes de sang qu'il avait renversé contre le sol, il s'imagina d'autres personnes avoir eut les mêmes tracas. Voire pire... D'un coup sec, le garçon se redressa puisqu'effaré par tant de crasse accumulée en à peine deux contacts purs et simples, n'ayant duraient que cinq secondes à peine. Ses yeux firent pochoir à une forme exorbitée et ceci, quand il rencontra le visage du bellâtre qui cherchait à lui conférer les égards et vigilances à coup de tamponnement au mouchoir déjà bien trempée d'hémoglobine au-dessus de sa bouche statufiée dans la forme d'un zéro. Peut-être que cet homme aurait pensé que ça le déplaisait alors que c'était tout le contraire. Le sang s'échappait probablement au fur et à mesure qu'il s'extasiait de la présence de cet homme mais plus que tout, ses joues se mirent à devenir cramoisi à un point qu'on se questionna si elles n'avaient pas plus été, comme le sol, souillées par le liquide vermeil. Ses yeux s'estomaquèrent et son estomac s'écarquilla quand le jeune homme prit des mesures maternelles envers lui. Il ne le connaissait pas et le voilà qu'il s'occupait de lui. C'était étrange mais extrêmement agréable que Cassian en eut des papillons dans le ventre à voir son visage s'approcher du sien. Par ailleurs, l'homme lui demanda de basculer sa tête vers l'avant et pincer sa narine. Il ne savait guère pour quelle raison mais s'il pouvait le conquérir de cette manière, il le ferait, pourquoi pas ! Ce fut aussitôt qu'il s'exécuta vers l'avant mais pas vers n'importe quel avant puisqu'il présenta sa chevelure d'un brun presque minuit. Sa longue mèche qui siégeait habituellement au-dessus de son front s'allongea cette fois-ci, dans les airs, se laissant bercer par les flots proches de ce français. Il regardait en bas, près de l'entrejambe de l'inconnu. Il n'avait aucune intention perverse là-dedans mais par contrainte physique, comme sa tête retombait à ce niveau, ses pupilles grises étaient portées ici bas. Une femme qui l'aurait fait vers un homme, ça aurait été aussi mal vu qu'un homme qui regarderait le décolleté d'une femme. En revanche, l'américain savait qu'il n'y avait aucun mal ni malaise entre personnes du même sexe. La société était ainsi et pour une fois, il n'allait pas la blâmer pour l'autoriser à contempler les jambes galbées derrière un jean délavé. Les écoulements écarlates et nasaux se déposant contre le jean attestaient de sa panoramique sur ce rivage et pour autant, le garçon ne dégagea pas la tête. — Comme ça ? Bien sûr que non ! Il la garderait ainsi. Son shampoing était bas de gamme, certes, mais ne rendait pas sa chevelure grasse mais presque soyeuse. La flavescence absente dans ses mèches l'avait souvent démoralisé mais on lui avait fait de nombreux compliments dessus et c'était la seule chose dont il s'était peut-être accommodé dans son physique. Même s'il jouait du reste, il savait que la couleur brune était la meilleure carte qu'il détenait et abusait le plus de celle-ci. Il se mit à déposer sa tête contre le torse svelte de cet homme. Son crâne se trouvait juste en-dessous du menton anguleux de son prince et il en rougissait de plus bel, même si caché par sa tignasse ébouriffée qui s'étendait de sa nuque en un mullet et vers l'avant, faisant à rideau à toute parcelle de peau sur son visage. Il remua la tête de sorte à créer un contact plus prenant contre les pectoraux de cet homme, plu virils que les siens, d'ailleurs. Son optimisme était aussi désespéré que misérable. Qu'est ce que Cassian attendait ? Qu'on le câline ? — Ou alors comme ça ? Cette fois-ci, ce fut peut-être pire... Peut-être que Cassian attendait encore plus qu'une enlaçade en guise de réconfort. Son front se retrouvait presque sur les lippes du jeune homme puisqu'il ne déposa pas ce dernier contre elles, tout de même. Il n'allait pas lui forcer la main. En revanche, ses cheveux atteignaient les narines, histoire de conférer un peu plus de douceur que le parfum âcre du sang. Aussi déterminé que pathétique, il jouait tout le tapis quitte à tout perdre ou à tout gagner. |
Pas une seule fois son sourire ricocha sur l'autre versant de la rivière. Dans cette euphorie insatiable, le jeune homme ne demandait qu'à être nourrir par plusieurs bouchées. Que cet homme au nom inconnu lui offre son mouchoir qui était peut-être destiné à un usage moins généreux était déjà un franc succès pour Cassian. Après tout, peu de personnes auraient encore accordé du temps à un énergumène de son espèce, remuant pieds contre le sol, mains entre elles et tête contre torse. Assez facilement puisque non récalcitrant, l'américain put se calquer sur cette personne dont il ne connaissait presque rien mais qui fut aussi riche qu'une caverne pleine de trésors, à ses yeux, dignes d'être découverts. Comme un dé à plusieurs faces colorées, Cassian composait un code propre pour pouvoir s'ajuster à telle ou telle personne. Présentement, ce qui s'avérait être le plus propice était l'acceptation de la maladresse attendrissante du skateboarder. En vérité, cet homme n'était pas si gauche mais s'était vu surtout octroyer une certaine malchance pour balancer la grande trouvaille extraordinaire qu'il venait de faire. Trop concentré à admirer les prunelles de cet homme, il fallait dire qu'il ne pouvait pas rester non plus droit sur une planche et la cause n'en était qu'un chavirement sur une planche comme du coeur. C'était donc sur ce ton de délicatesse dont on lui faisait part que le plus jeune se mit à échanger un rire cristallin mais calmé par un doigt sur sa lèvre supérieur, faisant office de pont pour mieux bloquer cette émanation de joie et la rendre timide comme il le fallait pour plaire. Ainsi beaucoup de choses s'exauceraient. En joute, il tenait une étoile filante et lui promettait de la tenir droite mais ce, uniquement pour son propre bien. En attendant, son voisin se mit à se relever de sorte à s'extirper à son tour de problèmes. Il s'était probablement occupé un peu trop de Cassian pour qu'il se relève ainsi mais après tout, le plus jeune lui avait tenu pour promesse de l'accompagner et ne le relâcherais pas si vite. Par chance ou plutôt miracle, l'autre semblait bel et bien vouloir de s'extirper de cette bouche mais pas forcément de cette relique du métro qu'il se coltinait désormais. D'autres auraient jugé que Cassian jouait le parfait chewing-gum ou la sangsue attendant de l'argent volé qu'il avait réclamé juste avant. Or, c'était tout autre quand on lui proposa de justement sortir ce porte-monnaie quasiment vide pour s'en séparer d'une autre manière. Il franchit à peine la dernière marche de l'escalator qu'il se mit presque à sauter d'allégresse. Après tout, il jouerait la carte jusqu'au bout pour prouver qu'il pouvait être un bon parti pour le plus pressé. — Pourquoi... Pourquoi pas ! s'exclama-t-il avec un entrain interloqué. Je connais un bar pas loin. Promis, ça ne craint pas. Les marches et guides s'inversèrent. Avec le brun en tant que leader maintenant, on put se rendre compte de sa démarche hâtive. Où s'était-il octroyé une telle cadence alors que la plupart de ses amis le jugeait comme bien apathique d'accoutumée ? S'il avait fallu reconduire son suiveur au point de rendez-vous où il devait pressement se rendre, par égoïsme, Cassian l'aurait ralenti du maximum qu'il aurait pu avec des souches invisibles faisant guise d'embûches en guise de succulents amuse-bouches pour le brun. Leurs visages auraient été si près qu'il en rougissait déjà et posta ses paumes contre ses rougeurs volcaniques que son voisin ne put heureusement pas voir. Il ne chercha pas à appeler un serveur quand il campa sur la terrasse du dit bar qu'il avait proposé au bellâtre. Certes, il ne lui avait fait aucune description de ce que cela aurait pu être et on n'aurait pas pu s'imaginer qu'il aurait amené quelqu'un dans un bar avec pareille devanture. Y en avait-il beaucoup, à Tokyo, des bars rappelant un style trop européen assimilable à la poésie française par ses chaises en métal blanc découpées dans des arabesques délicats et des parasols protégeant un soleil de soirée italienne ? Il n'allait pas manger et pourtant, le lieu donnait l'impression de se présenter à un restaurant. Un employé arriva très voire trop rapidement. Cassian n'avait même pas regardé la carte des boissons mais la boisson qui lui plaisait le plus, n'était ce pas cet homme dont il engloutissait sans paille des yeux ? Il n'avait pas des pupilles émeraude et pourtant, il rappelait au garçon un goût mentholé vraiment rafraichissant. — Un mojito, pour moi. Aucun clin d'oeil physique ne fut adressé à l'homme de sa soirée et pourtant, s'il avait pensé à la menthe, il avait donc demandé un mojito en son honneur. Même s'il avait eu assez de temps pour lire le menu, il n'y aurait pas attribuer une lecture tant il se perchait contre l'objet de ses désirs. Même s'il avait eu assez de patience pour lire le menu, il aurait prit cette boisson par spontanéité. — Et toi ? En revanche, la spontanéité du serveur et de Cassian n'était peut-être pas au goût du troisième. Cependant, d'une manière efféminée mais surtout roucoulante qui ne lui ressemblait peu, l'américain croisa ses jambes et s'accouda à la table, le menton séduit par la paume qui le détenait. Lui aussi serait séduit par n'importe quel mot que ce garçon produirait par sa si belle voix. |
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