Peek a Boo ! •• V.4.2
Peek aBoo !
Forum RPG paranormal • v.4.2 • Rp libre
Tout commence après la mort : découvrez un au-delà chatoyant où les rires remplacent la douleur.

Bienvenue

dans le Monde des Morts


Peek a Boo ! est un forum rpg dont la v4 a ouvert en février 2023. C'est un forum city paranormal où les personnages sont décédés ; après une vie pas très chouette, iels se sont vu offrir une nouvelle chance et évoluent désormais dans le Tokyo extravagant de l'au-delà.

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#1
Terminé19.04.17 21:15

livres et déblatérations


Les fins d'après-midi ensoleillées ne rendaient pas la bibliothèque très attrayantes. Les spectres préféraient profiter du beau temps que le printemps apportait suite au rude hiver que Tokyo avait connu. Ainsi, on voyait peu de fantômes bouquiner dans le Tokyo Metropolitan Library. Quelques étudiants de l'université des Catacombes étudiaient sagement avec la déception de ne pas pouvoir sortir en cette si belle journée et d'autres pianotaient sur leur téléphone et flânaient simplement pour la wi-fi offerte gratuitement aux visiteurs de la bibliothèque.

Sans grande surprise, Shirley préféra lire plutôt que de sortir même si son teint pâlot aurait bien pu bénéficier d'un peu de soleil. Confortablement assise à sa place habituelle, toujours aussi en retrait des autres, la jeune femme lisait tranquillement. Sur la table à sa droite, trois ou quatre vieux romans aux coins cornés qu'elle pensait emprunter s'empilaient.

Des pas se rapprochèrent et la tirèrent de sa lecture. La jeune femme releva rapidement les yeux vers la nouvelle venue puis replongea de nouveau son nez dans son livre en craignant le moindre contact visuel. Il s'agissait d'une femme plutôt âgée qui devait avoir autour 70 ans selon les estimations de Shirley. Elle dégageait une énergie terrifiante et respectable à la fois. Malgré son âge très avancé, la Canadienne se doutait qu'elle possédait un puissant caractère qui ne laisserait pas indemne les petits impolis ne respectant pas leurs aînés.

Les yeux toujours rivés sur son livre, incapable de se concentrer, la brune ne put s'empêcher d'espérer qu'elle ne venait pas la voir elle. Sa présence l'écraserait.
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#2
Terminé01.05.17 23:07





L
es souris ont la fâcheuse tendance à se cacher dans des trous, à l'abri des regards des prédateurs qui les pourchassent. Ils attendent les heures calmes et sombres pour quitter leur tanière et parcourir ce monde où leur crainte ne fait que croître de seconde en seconde. Une crainte d'être dévoré tout cru ou laisser pour mort dans un coin. De faibles souris que beaucoup aiment torturer ou maltraiter, leur peur les rendant trop inintéressantes et inutiles. Mais moi je crois au contraire que les faibles souris, une fois sorties de leur trou et dressaient comme il faut, sont aussi utiles que des chiens de chasse.

Une petite souris. Assise sagement dans son fauteuil. À lire un livre dans le silence de cette bibliothèque. Une gentille petite souris, aussi craintive et effacée que tant d'autres, restant à l'écart des problèmes et des soucis, des gens et des ennuis. Une petite souris bien amochée que beaucoup regardaient avec curiosité, alimentant certainement cette insécurité qui noyait son cœur. Une petite souris, du nom de Shirley Dumais mais mes chasseuses suivaient depuis plusieurs mois déjà.

Cela devait faire une petite heure que je arpentais les couloirs de la bibliothèque, à bouquiner ou chercher des ouvrages qui n'avaient en réalité pas grand intérêt à mes yeux. J'avais juste cherché à passer le temps en attendant son arrivée, me promenant dans les allées comme la bonne vieille femme que je représentais à ces heures, surtout dans ce genre d'endroits. Il n'y avait que peu de mes filles dans les lieux, seules me suivant partout par peur qu'il m'arrive quoi que se soit. Une peur inexpliquée et stupide qui avait cependant le don de me faire sourire. Elles restaient collées à mes jupons comme des enfants dans les jupes de leur mère. Ce n'était pas comme si ce soit-disant roi stupide ou l'autre vampire misérable allaient me faire quoi que se soit. Chacun savait qu'il était trop risqué de s'en prendre à moi, que se soit en public ou non. Mais avoir des filles non loin avait quelque chose... d'amusant et de glorifiant. Qu'est-ce que je pouvais aimer ce sentiment...

Je fis le tour d'une étagère, observant rapidement les titres des ouvrages se présentant devant moi. Des livres sur des nécromanciens célèbres, ayant participer à l'avancée de ce monde. Tous des hommes. Foutaises. Allaient-ils nous faire croise qu'aucune femme n'avait été derrière pour participer à l'avancée de ce fichu monde ? Sottises. Cependant, le rôle que je me donnais me forcer à rester devant cet étagère. Car la jeune spectre que je cherchais à voir lisait ce genre de livres.

Il n'est pas réellement dans mes habitudes de m'occuper des premières rencontres avec les potentielles futures araignées. Je laissais bien souvent cette tâche à des femmes de confiance qui s'occupaient de leur exposer nos idées avant de les ramener au nid. Seulement, cette enfant était une petite souris. Une créature à l'apparence fragile et craintive qui serait difficile à sortir de son terrier. Une jeune femme morte de cela quelques années et qui s'habituait encore à sa nouvelle vie. Comme toujours, lorsqu'une nouvelle femme ou fille apparaissait dans ce monde, je demandais à certaines de mes araignées de surveiller ses actions pour déterminer si elle pourrait nous rejoindre où non. Chose assez simple à réaliser quand on a des suivantes travaillant au sein même de l'agence. Et au début, aucune d'elle ne m'avait vraiment parlé de cette Shirley, alors qu'une chose m'avait intrigué chez elle. Puis j'ai eu vent d'une certaine nouvelle...

La chasse allait commençait. Arborant une moue boudeuse, je me dirigea vers le coin lecture où l'une de mes araignées faisait mine de lire un roman d'aventures. Des personnes tournèrent la tête dans ma direction, sûrement à cause du bruit que faisait mes talons aiguilles sur le plancher quand je passais près de la table de la petite brune. Frissons et regard fuyant. Tout mon être pouvait sentir son angoisse et son anxiété, un faible sourire s'étant dessiné à cette constatation alors que je me postais devant elle en souriant amicalement. La chasse commence.

- Cela m'étonne qu'un quelqu'un d'autre que moi puisse lire un tel ouvrage, déclarai-je doucement à la brune pour ne pas l'effrayer ni déranger les personnes autour. C'est rare que des visiteurs viennent se procurer ce livre.

Je pus sentir son regard sur moi, son œil unique me scruter, attendant une action avec cette crainte palpable. Pauvre petite souris. N'aies crainte. Je ne te dévorerai pas.

- Oh mais excusez-moi, je vous dérange sûrement, continuai-je en me redressant, un air désolé s'affichant sur mon visage. Il m'arrive trop souvent d'être maladroite. Je cherchais ce livre justement. Mais je vais vous laisser à votre lecture, je ne vais pas vous imposer ma présence.

Un autre sourire amical, une expression douce et une voix tranquille. Le museau de la petite souris était à vue mais il fallait à présent qu'elle sorte de son trou.

Mais toutes les souris finissent toujours par sortir de leur tanière. Que se soit de gré... ou de force...



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#3
Terminé03.05.17 0:41

livres et déblatérations


Le claquement de ses talons se rapprochait dangereusement. C’était Shirley que cette dame venait voir. Elle enfouit un peu plus son nez dans le roman qu’elle lisait comme pour se cacher du regard terrifiant de cette vieille femme. Son air austère l’inquiétait grandement. La Canadienne mettait tout en œuvre pour éviter les autres spectres et pour se faire discrète même si cette manie se faisait de moins en moins grande, on l’abordait donc très rarement. Et c’était ce qu’elle préférait. Les belles rencontres étaient rares, mais il fallait braver de nombreux risques pour qu’elles se produisent. Ainsi, elle préférait rester à l’écart, loin de tous les dangers auxquels on s’exposait en s’adressant aux étrangers. Une maladresse était si vite commise et avec Shirley, elles étaient si communes. Les bandages qui barraient son visage balafré étaient bien assez humiliants… Non, franchement, la jeune femme se plaisait bien mieux dans sa zone de confort qu'au sein d'échanges humains et c’était bien mieux comme ça! Surtout face à des gens d’une telle prestance!

Une voix amicale quoiqu’un peu éraillée par l’âge s’adressa à la misérable petite chose qui tentait de se cacher derrière son livre. La politesse l’obligeant, elle releva son regard un peu timide vers la dame. Elle lui parlait de cette biographie qu’elle lisait. Un sourire avenant étirait son visage et lui donnait l’apparence de la gentille grand-mère plutôt que celle de la maîtresse intransigeante. Pendant quelques instants, cette dame lui rappela même sa grand-mère maternelle prévenante que Shirley voyait en cachette lorsqu’elle était encore vivante malgré les interdictions formelles de sa mère. Du haut de ses 14 ans, plus rebelle et plus à l’écoute de ses propres envies, elle la voyait plusieurs fois par mois. Elles s’assoyaient à la minuscule table de la cuisine devant un bon chocolat chaud et l’aînée racontait à sa petite fille préférée les déboires et les aléas de sa vie autrefois bien mouvementée. Shirley qui s’émerveillait souvent devant les détails les plus anodins d’une histoire fut comblée : la dame, en plus d’être un véritable recueil d’histoires loufoques et merveilleuses, détenait une mémoire particulièrement aiguisée en plus d’un vocabulaire impressionnant arrivait toujours à décrire ses récits d’une façon prenante. S’attardant parfois sur la mèche de cheveux de travers qui tombait devant les yeux de son ex-mari lors de leur toute première rencontre ou sur la façon dont le feu crépitait dans la cheminée alors qu’elle lui apprenait qu’elle était enceinte de leur premier enfant, cette femme avait toujours su captiver la petite adolescente avec ses longues descriptions détaillées et les grands gestes qu’elle exécutait pour exprimer ses propos. Shirley y repensait avec un vague sourire. Était-elle morte aujourd’hui? Et sa fille l’avait-elle enfin pardonnée?

Cette douce nostalgie anesthésia sa méfiance. Cette vieille femme ne semblait pas bien méchante de toute façon, même si ses premières impressions indiquaient le contraire. Elle semblait simplement chercher un peu de compagnie. La brune baissa son livre, glissa un marque-pages dans celui-ci et le déposa sur le coin de la table sur la pile de bouquins qu’elle avait l’intention d’emprunter. Shirley lui sourit en retour.

Ne vous en faites pas. Tiens, c’est rare de croiser d’autres personnes qui s’intéressent aux biographies des célébrités du monde des morts…

Celle qu’elle lisait concernait un nécromancien qui avait marqué l’histoire de l’au-delà grâce à ses découvertes. Il était très fort en alchimie, faisant de lui un excellent artisan des potions. Malheureusement, le pauvre spectre était tombé en poussière une dizaine d’années plutôt.

J’en ai lu la moitié… fit Shirley en regardant l’emplacement du marque-pages. Quand j’aurai fini, prenez-le et quand vous aurez terminé, venez me dire ce que vous en pensez? Enfin! Si vous en avez envie, bien évidemment..! Je ne connais personne d’autre qui s’intéresse à lui, pourtant ses trouvailles semblent avoir révolutionné la façon de fabriquer des potions.
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#4
Terminé13.05.17 18:33





P
remière étape : briser la glace. Les choses avaient été plutôt simples, la jeune femme ne se méfiant pas trop de ma personne malgré l'appréhension qui l'avait habité. Celle-ci commençait d'ailleurs à diminuer lentement, tendant à disparaître totalement alors qu'elle me parlait de sa voix douce. Docile, discrète, influençable. Le genre de jeune fille que l'on ne voyait pas beaucoup dans les environs. Pourtant, ses apparences d'enfant fragile et effacée, même avec ces bandages qui couvraient une partie de son visage, étaient trompeuses. Cette petite avait bien plus de potentiel que beaucoup voulaient bien le croire.

Je me pencha un peu vers elle en souriant, me rapprochant pour mieux l'entendre et ne plus à avoir à chuchoter aussi bas. Mes filles étaient parfaitement calmes, vaguant à leur occupation fictive tandis que je continuais tranquillement mon entreprise.

- C'est gentil de votre part de bien vouloir me le prêter. Ce n'est pas une urgence, je voulais le réserver pour une de mes petites qui ne cessent de me poser des questions sur cet homme.

Ma main s'agita un peu dans l'air, me donnant un petit air de vieille femme amusée. Il fallait dire que ce n'était pas un mensonge et que cette anecdote m'amusait. L'une des nouvelles nécromanciennes arrivées d'Irlande ne cessait d'interroger ses camarades sur ce soit-disant chercheur de génie. La petite puce voulait comparer les dires qu'elle avait entendu au sein du groupe et ce qu'elle avait appris à l'école à Sligo. Voir si les ouvrages le mettaient en avant et non sa fille qui avait presque découvert toutes ses trouvailles. Encore un que je n'avais malheureusement pas eu l'occasion de couler dans du béton moi-même.

- Elle n'a pas le temps de venir jusqu'ici le prendre et comme je l'ai déjà lu et pris, je lui ai proposé de le faire. Je dois dire que je suis agréablement surprise qu'une autre personne que moi lise ce type d'ouvrage. Surtout que vous en avez pris plusieurs.

Je pointa les autres livres posés sur la table non loin, les lèvres toujours étirées en un sourire avant de reporter mon regard clair sur la jeune femme. Elle semblait attentive et boire mes paroles. Bon point pour elle. Elle serait certainement plus réceptive à mon discours.

- Mais je parle, je parle et je vous dérange, m'arrêtai-je alors. Sauf si cela ne vous déplaît pas de discuter avec moi. Peu de personnes écoutent encore les dires d'une vieille femme lisant des vieilles biographies. Enfin, si cela ne vous gêne pas.

Je savais qu'elle n'allait pas me repousser. Qu'elle me proposerait de m'asseoir et de discuter avec moi. Je pouvais le sentir et je me trompais rarement sur ce sujet. Shirley me voyait comme une bonne grand-mère souhaitant partager son point de vue et ses expériences et sa gentillesse la pousserait à m'inviter à la joindre. Je le sentais. Comme je pouvais cette faible excitation tordre mon estomac.



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#5
Terminé20.05.17 2:39

livres et déblatérations


Les très vieux fantômes dotés d’une grande sagesse étaient communs dans l’au-delà, même si leur enveloppe charnelle comme figée éternellement dans le temps indiquait le contraire. Shirley était un jeune spectre qui conservait encore cette ce mode de pensée façonné par les réalités du monde des vivants. Alex était un adolescent même s’il était aussi vieux que cette femme, Pomme était un homme de son âge malgré les quelques siècles qui les séparaient et Ael avait cinq ou six ans de moins qu’elle même si elle avait vécu le double des années de Shirley. L’apparence de cette dame lui promettait une sagesse infinie et une multitude d’histoires. Elle semblait loquace et la Lémure souhaitait accéder à ce recueil de récits, si elle le voulait bien.

La vieille femme craignait l'importuner malgré les regards gentils et intrigués de Shirley, elle se ravisa donc et proposa de se retirer. Par automatisme, elle crut aussitôt que son attitude était la cause de ces craintes et s’en voulut.  La brune s’était montrée chaleureuse et attentive, mais ça n’avait pas suffi. Sans doute avait-elle été maladroite...

Non, non, non! Surtout pas! Vous ne me dérangez pas du tout! la rassura-t-elle sur un ton anxieux et inquiet.

Comme par crainte de lui donner de nouveau cette impression, Shirley posa la biographie sur la pile de livres à côté d’elle et la repoussa un peu plus loin, hors de sa portée. Plus la moindre distraction n’était entre elles désormais. Dans son anxiété, Shirley avait dû triturer l’un de ses livres. Ce geste avait dû suffire à lui faire croire que Shirley n’était pas intéressée.

Asseyez-vous donc, proposa-t-elle avec un sourire avenant, confirmant inconsciemment les hypothèses de son interlocutrice.

Toujours aussi chaleureuse, Shirley portait attention au moindre de ses gestes. Elle s’efforçait de ne pas croiser les jambes et les bras dans cette position défensive qu’elle prenait si souvent afin de ne pas la froisser à nouveau.

Vos petites? Vous avez des enfants? demanda-t-elle innocemment alors qu’elle sentait une pointe de jalousie au creux de son estomac.

Shirley se doutait qu’il était fréquent de voir des familles séparées par la mort se retrouver une fois dans l’au-delà. Vu l’âge avancé de la dame, c’était sans doute son cas. Elle s’était empressée de chasser sa jalousie, même minime, puisqu’elle la savait destructrice. Shirley ne pouvait pas en vouloir à la terre entière pour les conséquences de ses propres méfaits. Et puis, tant mieux si cette femme avait pu connaître les joies de la maternité! Tant mieux, tant mieux! Son sens logique luttait avec violence contre ses propres désirs qu’elle n'allait jamais pouvoir réaliser.
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#6
Terminé26.05.17 11:32





L
a jeune femme m'invita finalement à m'asseoir, son attitude présentant pour elle des excuses précipitées d'une demoiselle qui avait eu l'impression de s'être mal exprimée. Voix craintive, mouvement de tête, œillade discrète. Tout en elle montrait qu'elle ne voulait pas me froisser ou me contrarier, prouvait que je n'étais pas une gêne. Et cela me fit sourire. C'était un bon point pour moi.

Affichant un nouveau sourire, je m'installai à ses côtés, mes longues jambes se croisant avec élégance tandis que je lui prêtai mon oreille et entendis sa question. Je pus sentir à cet instant une vague monter en elle, un sentiment pareille à la jalousie mais teinté de touches de remords. L'évocation d'éventuel enfants dans ma vie avait du faire écho à la sienne, mes souvenirs me rappelant que cette jeune femme avait perdu son enfant au moment de sa mort. Une pauvre petite, comme j'avais pu en voir beaucoup dans l'organisation. Je ne comprenais qu'à moitié ce qu'elle pouvait ressentir, vu que je n'ai pu avoir la chance d'avoir des enfants, mais leur peine me touchait à chaque fois.

Néanmoins, sa question me permettait de lui raconter une petite histoire, comme le fait habituellement les grand-mères bavardent désireuses de partager des expériences.

- Malheureusement non, je n'ai pas eu la chance d'avoir des enfants de mon vivant, déclarai-je dans un petit rire. Mais je ne m'en plains pas aujourd'hui, je suis bien entourée.

Un sourire doux s'accrocha à mes lèvres, un sourire presque sincère car je pensais réellement ce que je disais. J'avais la chance aujourd'hui d'être parfaitement bien entourée de mes filles, bien que certaines pouvaient parfois se montrer bien indisciplinées ou agaçantes. Mais cela était une autre histoire.

- Pour tout vous dire, je suis à la tête d'une maison pour filles. À la base, on aidait les chimères à mieux s'intégrer puis on a étendu notre activité en recueillant chaque femme et fille se sentant démunie dans le monde des morts. Ce qui fait qu'à l'heure actuelle, je m'occupe de beaucoup de jeunes femmes, d'adolescentes et d'enfants toutes plus curieuses les unes que les autres.

Un nouveau rire, toujours si amusée et un sourire encré sur mes lèvres. Jouer la gentille vieille dame avait toujours été un jeu d'enfant pour moi. Certainement parce qu'au fond de moi, j'avais toujours cette part de douceur et de tendresse que je gardais depuis des siècles. En tout cas, elle allait me permettre de me rapprocher de cette femme et de tisser ma toile autour d'elle.

- Et vous, vous avez des enfants ? Une aussi jolie jeune femme que vous doit certainement en avoir.



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#7
Terminé02.06.17 22:48

livres et déblatérations


Sans doute parce qu’elle était l’opposé total de la chimère commune, Shirley n’appréciait pas beaucoup celles-ci. Elles détestaient les hommes et Shirley les adorait même si l’un d’eux avait détruit sa confiance en l’amour, mais surtout en elle-même. Il lui arrivait souvent de ressentir beaucoup de pitié pour elles, mais aussi beaucoup de dédain : elles ne prenaient pas du recul sur leur passé et se contentaient de rejeter bêtement la faute sur un groupe entier plutôt que sur les véritables coupables. Ces femmes étaient tout simplement fragiles, tout comme elle-même l’était, mais elle avait beaucoup de mal à reconnaître leur souffrance puisqu’elle ne les connaissait qu’au-travers des rumeurs. Cependant, la maison de cette vieille femme semblait avoir un but plus noble que de nuire aux spectres du sexe masculin. Et Shirley crut aussitôt en ces belles valeurs qui dissimulaient un but bien plus sombre. La mort était un événement si perturbant… Elle-même qui l’avait si mal vécu regrettait son ignorance lors de son arrivée dans le monde des morts. Une telle organisation aurait pu la guider un peu mieux et lui permettre de se reconstruire petit à petit avec leur aide et leurs conseils, même si elle refusait généralement le support des autres.

C’est avec un malaise palpable que Shirley accueillit sa question sur la maternité. Elle avait même accompagné son interrogation d’un compliment qui visait sans doute à la rassurer quant à ce que cachait les bandages de son visage. Incapable de contenir son embarras, elle gigota un peu sur sa chaise. Généralement, Shirley se braquait et se refermait hermétiquement à toute conversation lorsque l'on effleurait à peine le sujet de sa mort et ses terribles répercussions sur la vie d'un être innocent. Néanmoins, cette vieille dame aux apparences de gentille grand-mère était bien trop douce pour qu’elle agisse de la sorte. Elle ne méritait pas ça… Mais Shirley ne la connaissait pas suffisamment pour s’ouvrir à elle. Personne n’était au courant pour la mort de son enfant et c’était mieux ainsi.

Non… Pas vraiment, mentit-elle.

Alors qu’elle niait, une tristesse poignante mêlée de remords lui prenait à la gorge. Shirley déglutit avec difficulté alors qu’elle s’efforçait d’éviter le regard de son interlocutrice. Peut-être que cette femme mettrait sa mélancolie flagrante sur le compte de regrets d’une vie où elle n’avait pas pu accomplir tout ce qu’elle avait souhaité. C’était un peu le cas, mais Shirley espérait que cette dame ne se doute pas qu'elle avait porté la vie avant de la détruire.

Il fallait changer de sujet. Vite. Ses larmes criaient une détresse qu’elle désirait dissimuler au monde entier. Shirley ne connaissait pas cette femme, mais elle savait qu’elle ne comprendrait pas et irait peut-être même jusqu’à la réconforter d’un crime impardonnable.

Qu’est-ce qui vous a poussée à fonder une telle organisation? Ça a dû prendre beaucoup de courage… je vous admire, admit-elle alors que la tristesse qui l’écrasait faisait trembler sa voix.
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#8
Terminé04.06.17 22:43





C
ulpabilité et douleur vont de paire dans le cœur de ceux qui pensent avoir faire une erreur. Ils ne se rendent bien souvent pas compte que cela n'est pas totalement de leur faute, que ce qui a bien pu arriver n'est que le résultat d'une équation pour grande dont ils ne sont qu'une simple inconnue parmi des dizaines. La raison du détournement de la jeune femme me paraissait assez claire, confirmant davantage l'information que j'avais eu par rapport à son enfant et me permettait donc d'ajouter une couche non négligeable sur le sentiment de honte qu'elle ressentait à cet instant. Ce n'était, certes, pas fair-play de ma part de jouer de ses faiblesses afin de me l'approprier mais la guerre qui s'apprêtait à éclater nécessité d'avoir toutes les bonnes cartes en main. Et cette petite brune allait me servir pour en obtenir une bien puissante.

Mon expression changea, se faisant perdue et curieuse pendant que Shirley me reposait des questions sur mon organisation. Sa voix était faible et tremblante, telle le couinement d'un souriceau séparé de sa mère. J'avais tout de même de la peine pour elle, son existence de vivante l'ayant mené bien malgré elle à cette situation. Pauvre petite.

- Je suis désolée... je n'aurais pas dû poser cette question.

Avec douceur et prudence, ma main encercla la sienne. La couvant d'un regard tendre, je lui offris un sourire d'excuse sans faire davantage de gestes avant de suivre le nouveau fil de la conversation pour la mettre à l'aise. Cet acte devrait pouvoir la rassurer et l'apaiser un peu pendant que ma voix s'élevait dans le calme de la bibliothèque.

- Et bien, je suis moi-même une chimère. Mon histoire est assez longue et je vous en passerai les détails mais ce jour-là, le sentiment de colère que je ressentais pour les hommes étaient dévastateurs et me rendaient incontrôlables. Ils m'ont beaucoup blessé par le passé et ce genre de rage ne s'efface pas facilement, voire jamais... même après la mort.

Mon sourire s'éteint, des souvenirs de mon ancienne vie revenant à mes yeux bien malgré moi. Les ordres de mon père, la distance qu'il entretenait avec ma mère, l'éducation de mes cousins, le comportement de mon soit-disant époux. Richard. Un frisson de dégoût me parcourut, mes billes claires se portant au loin tandis que j'essayais de faire disparaître cette désagréable sensation de ma poitrine. Il fallait garder le cap et ne pas laisser mes instincts de chouette prendre le dessus. Ce n'était pas le moment.

- Cependant, vivre dans la haine et la colère n'apporte rien de bon. Il faut utiliser cette rage pour avancer et finir par vivre en mettant tout cela de côté. C'est pourquoi, après bien des années après ma mort, que j'ai fondé cette organisation. Il m'a fallu bien plus que du courage pour y arriver mais aujourd'hui, je pense que les filles qui y entrent sont bien plus heureuses et bien moins furieuses.

Car leur fureur avait une cible. Un but. Leur fureur n'était plus là à ronger leurs entrailles, à ronger leur cœur. Elle était là pour les porter plus loin vers cet objectif commun qui nous faisait toutes avancer. Arborant un sourire, je me tourna à nouveau pour porter mes perles émeraudes sur Shirley afin de lui parler avec douceur et bonté.

- Et en travaillant avec toutes ses filles, en passant mon temps à leur redonner espoir, j'ai pu me rendre compte qu'avec de la volonté et un peu d'aide, il n'est pas impossible de faire face à son passé et l'accepter. Pour pouvoir enfin vivre sereinement.

Ma main se serra légèrement sur la sienne, lui transmettant un peu de chaleur et de douceur. Un nouveau sourire tendre de grand-mère aimante et les pions sur l'échiquier étaient tous en place. À présent, il ne manquait plus qu'à la reine d'en face de se coucher au sol.



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#9
Terminé11.06.17 20:13

livres et déblatérations


Shirley s’efforça à retrouver son état normal pour être plus attentive aux sages discours et conseils que la vieillarde lui livrerait. Ravalant ses larmes et retrouvant rapidement son fin sourire, elle la laissa lui parler de son organisation et de son parcours. La Canadienne comprit rapidement que cette vieille dame n’avait pas été épargnée par la vie de son vivant. Elle ne put qu’admirer le courage et la détermination qu’il lui avait fallu pour surmonter les obstacles et les difficultés semés sur son chemin. À la différence de Shirley, cette femme se battait pour sa condition plutôt que d'accepter lamentablement les maux qui l'écorchaient. Ses préjugés face aux chimères furent partiellement effacés. Margareth était la preuve qu’elles n’étaient pas toutes de minables créatures qui se contentaient de rediriger leur haine sur des hommes innocents.

Vous êtes la toute première chimère que je rencontre… avoua-t-elle sans perdre le faux sourire derrière lequel elle se cachait.

Shirley dégagea ses mains des paumes froides mais bienveillantes pour saisir les siennes dans un geste qui se voulait tout aussi doux. Ses vieux démons semblaient exorcisés pour de bon, mais la Lémure cherchait tout de même à lui apporter un peu de réconfort et de soutien au cas où les vieilles blessures n’étaient pas encore tout à fait cicatrisées.

Vous êtes une femme impressionnante! J'ai eu la chance d'avoir une vie facile, sans difficulté, mais j'imagine qu'il vous a fallu beaucoup de détermination et de courage pour surmonter et canaliser votre colère...

Cette organisation l'intriguait beaucoup. Se sentant un peu interpellée par ce qu'elle promettait à ses membres, Shirley souhaitait en apprendre davantage. Son passé n'avait pas été tragique, mais elle n'aimait pas être cette ridicule petite chose qui courbait l'échine et qui longeait les murs, effrayée par les regards qui se posaient sur elle...

J'ai l'impression qu'à notre arrivée dans l'au-delà, on est largués dans ce tout nouveau monde sans personne pour nous aider. Apprendre qu'il y a une telle organisation pour guider les femmes me fait vraiment plaisir. Vous êtes toute seule à la tête de cette organisation? Et d'ailleurs, c'est quoi son nom? Et le vôtre?
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#10
Terminé03.07.17 23:09





C
onversation forcée. Malgré son intérêt pour l'organisation et ce que je pouvais bien faire avec ces chimère fraîchement débarquées dans le monde des morts, je pouvais sentir que son esprit était ailleurs. Qu'elle n'avait plus envie de tout cela et qu'oublier une partie de la discussion lui était préférable. Le genre de sentiment que l'on ressent lorsque l'on possède beaucoup de remords en son sein.

Avec douceur et lenteur, j'enserrai ses mains plus chaleureusement avant de lui lancer un sourire doux et rassurant. Elle avait vécu assez d'émotions pour aujourd'hui et il fallait que je fasse les choses doucement pour arriver au point que je souhaitais atteindre. Remuer davantage le couteau dans la plaie ne jouerait pas en ma faveur.

- Écoutez, je sens que vous n'êtes qu'à moitié présente et que mes mots vous ont chamboulé. Je ne vais pas vous forcer à discuter davantage et je dois qui plus est quitter les lieux.

Je serrai un peu plus ses mains pour lui apporter du réconfort sans me départir de mon sourire et de ma bienveillance. Cela devait normalement la tranquilliser quelque peu et lui permettre de souffler un peu.

- Mais, continuai-je, je suis pour continuer cette discussion une autre fois. Vous n'avez qu'à venir au café des Roses dans le quartier marchant. Il est tenu par l'une de mes filles. Ce sera plus agréable pour discuter.

Ma tête se pencha légèrement sur le côté, attendant une réponse de sa part sans me départir de mon sourire. Je pouvais sentir autour de moi la plupart de mes Araignées quitter les lieux, assurées que rien de fâcheuse ne pouvait m'arriver. Qu'elles étaient adorables.

- Et mon nom est Margaret.



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