Livres et déblatérations || ft Margaret

'affichai à nouveau un sourire amical, ma main se portant avec douceur sur la joue couverte de bandes de la jeune femme. Docile et fragile. Réservée mais sur ses gardes. Intelligente. Méfiante. Forte et piquante. Tant d'adjectifs qui pouvaient très bien qualifier cette jeune femme aux nombreuses qualités, mes filles l'ayant surveillés un bon moment avant que je n'aille à sa rencontre. Une femme qui pouvait devenir bien plus forte si elle s'en donnait les moyens. Mais ce n'était pas ce que je désirai d'elle. Loin de là. Elle pouvait très bien restée ainsi. Cela me convenait parfaitement. Car ce n'était pas elle que je désirai réellement.

- Je vous abandonne ici. Tâchez de prendre soin de vous et de vous reposer d'ici notre prochaine rencontre. J'ai bien des choses à vous raconter.

Mes lèvres s'étirèrent en un fin rictus amical tandis que mon corps se redressait gracieusement. Je l'observai toujours de mon regard chaleureux, ma main quittant enfin sa joue avant de se plonger dans la poche de ma veste et de lui tendre une carte.

- Voici ma carte. Si vous désirez me contacter, ne vous gênez pas. Je serai là pour vous écouter.

Avec lenteur, je me saisis avec délicatesse de sa main afin d'y placer le morceau de papier blanc et noir. Mes traits ne se départaient pas de leur air amical, mon dos redevenant droit alors qu'enfin, l'heure des adieux sonnait. Cette entrevue était la première de nombreuses autres qui devaient me permettre d'atteindre mon objectif. Un objectif que je touchai sensiblement du doigt.

- Passez une bonne journée Shirley. Et à bientôt.

A très bientôt.

Mes pas me menèrent plus loin dans la bibliothèque, puis dans un couloir où je fus rejointe par l'une de mes filles, les bras chargés de bouquins. Les autres avaient continué de jouer leurs rôles dans la pièce adjacente, donnant le change au monde pendant que nous quittions les lieux sous les regards des curieux. Certains devaient sentir l'animosité qui émanait de la chimère dans mon dos, ses oreilles d'ours blanc n'étaient pas dissimulées ou effacées par une potion. Mais qu'importe. Bientôt, la crainte que ces gens ressentaient n'aurait rien à voir avec la terreur qui les habiterait. Une fois que nous serons au pouvoir.

- Dépêchons nous.

M’emboîtant le pas, nous disparûmes dans un tournant avant d'arriver près de ma voiture. Au volant, Maria nous attendait patiemment avant de finalement nous ramener au Manoir, nos trouvailles sous le bras. Il y avait encore beaucoup de travail à réaliser avant de pouvoir poursuivre nos plans. Mais nous n'étions pas très loin du but.

Plus très loin.