your scars tell your story
Ce jour-là, comme souvent, Haru avait prévu de partir en balade dans la ville. Il y avait encore des tas d'endroits qu'il ne connaissait pas, même si depuis qu'il était mort, il avait eu le temps d'en découvrir un sacré nombre. Il faut dire qu'à part ses promenades, il n'avait pas beaucoup de passe-temps. De son vivant, il lisait pas mal de manga, mais maintenant qu'il n'avait plus son meilleur ami pour en parler, c'était différent. Et puis, à chaque fois qu'il voyait un manga, il pensait à lui, et ça le rendait mélancolique. Comme toujours quand il se remémorait quelque chose qui lui manquait de son ancienne vie... ou plutôt, de sa vie tout court. C'était peut-être bizarre, mais il oubliait souvent qu'il était mort. Il se sentait si vivant. Il respirait, mangeait, bougeait... certes, il ne parlait pas, mais ça, c'était déjà le cas avant. Ce n'était pas lui qui avait changé, c'était le monde autour de lui. A l'exception, peut-être, d'un détail auquel il ne faisait même pas attention. Une large cicatrice sur son torse, qui témoignait de la violence de sa mort.
Bref, il avait prévu de sortir. Sauf que, pas de chance, il pleuvait. Et ce n'était pas une petite averse de dix minutes, comme l'autre fois avec Asuma. Non, celle-là avait l'air de vouloir durer un moment. Haru hésita à sortir quand même, se disant qu'il n'aurait qu'à se trouver un parapluie... Mais finalement, il décida de rester à l'intérieur. C'était l'occasion de passer un peu de temps à l’agence et de faire un peu connaissance avec certains des fantômes qui y résidaient. Peut-être qu'il ferait une rencontre intéressante, qui sait ? Il se décida donc à rester sur place pour aujourd'hui. Pendant les premiers jours, il avait fait le tour des différentes salles, et il croyait se souvenir d'en avoir vue une remplie de puzzles. Il partit donc à la recherche de cette salle, et il ne tarda pas à la découvrir. L'endroit était plus grand que dans son souvenir, et il y avait plus de monde aussi. Sans doute qu'avec le temps qu'il faisait, beaucoup de gens avaient eu l'idée de se réfugier ici. Haru regarda un peu autour de lui. Il ne savait pas trop par où commencer... Il y avait tellement de puzzles différents ! Ils étaient rangés dans des boîtes de toutes les tailles, de toutes les couleurs, et même, constata-t-il avec étonnement, de toutes les formes. On ne faisait décidément pas dans la demi-mesure, par ici.
Pourtant, ce qui attira le plus le regard du lémure, ce ne fut pas les puzzles, mais une femme. Pas parce qu'il la trouvait particulièrement belle, bien qu'elle soit loin d'être laide, avec ses cheveux châtains mi-longs et ses traits doux. Non, ce qui interpellait Haru chez elle, c'était les bandages qui recouvraient toute la partie gauche de son visage. Le garçon ne pouvait s'empêcher de se demander ce qu'il y avait dessous, et pourquoi cette femme tenait tant à le cacher aux regards. Bien sûr, l'explication la plus logique aurait été de penser qu'elle était gravement blessée, mais dans ce cas, pourquoi était-elle ici, en train de faire des puzzles, plutôt qu'à l'infirmerie en train de se faire soigner ? Mystère. Peut-être qu'en réalité, sa peau n'avait pas la même couleur de ce côté-là de son visage ? Ou bien peut-être qu'il n'y avait rien d'anormal, et que ce qui passait pour des bandages était en réalité un piège destiné uniquement à attirer les curieux ? Si c'était le cas, c'était réussi.
Cédant à un besoin pressant de connaître la vérité, Haru sortit son carnet et son crayon de la poche de sa veste et se mit à écrire. « Excusez-moi, madame, est-ce que je peux vous poser une question ? Pourquoi est-ce que vous portez tous ces bandages ? » S'il restait poli, il ne voyait pas pourquoi elle refuserait de lui répondre. S'approchant doucement, il s'approcha de l'inconnue et lui tapota doucement l'épaule pour attirer son attention, avant de lui montrer ce qu'il venait d'écrire, les oreilles grandes ouvertes pour entendre la réponse.
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