Your scars tell your story || PV Shirley

A sa question, Shirley se contenta de secouer la tête pour répondre négativement. Elle ne donna pas plus de détails, et Haru jugea plus prudent de ne pas insister. Il doutait qu'elle lui aie tout dit, mais après tout, il ne la connaissait pas encore très bien. C'était normal qu'il y aie des sujets qu'elle ne préférait pas aborder, comme celui de ses bandages par exemple. Dans les deux cas, elle lui en dirait peut-être plus si elle en avait envie, lui ne comptait pas lui redemander. Il garderait sa curiosité pour lui.

« Il manque une pièce... » fit remarquer la Canadienne, et il fronça les sourcils. En effet, il manquait bel et bien une pièce au puzzle. Le jeune homme se baissa pour regarder si elle était tombée sous la table, mais une voix grave le fit sursauter et il se cogna la tête en voulant se redresser trop vite. Il ne fit pas un bruit, silencieux comme toujours, mais la douleur inattendue le fit larmoyer. Se frottant le crâne, il ne prêta que peu d'attention aux paroles de l'homme qui venait de les aborder, et mit un moment à comprendre ce qui se passait. Il leur demandait de partir ? Mais pourquoi ? Le lémure adressa un regard perplexe à Shirley, puis à l'homme en question. Apparemment, il s'agissait d'un employé de l'agence Azazel.

« Vous n'avez pas entendu ce que je viens de vous dire ? Je vous ai demandé de partir. Dépêchez-vous. »

Haru fronça les sourcils. Qu'est-ce qu'ils avaient pu faire de mal pour qu'on leur demande de quitter la salle ? Le garçon leva les mains en l'air dans un signe d'apaisement avant de griffonner le plus vite possible sur son carnet un « Pourquoi ? » interrogatif. Il ne voulait surtout pas causer d'ennuis à qui que ce soit, mais tout de même, il aurait bien aimé savoir ce qu'on lui reprochait.

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Sans daigner répondre à la question d'Haru, ni leur donner la moindre explication, l'homme les poussa sans ménagement au dehors. Une chose était sûre, il prenait vraiment son métier au sérieux, vu le zèle avec lequel il venait de les expulser de la salle des puzzles. Et leur interdire de s'y rendre pendant trois mois, c'était tout de même quelque peu excessif, non ? Enfin, bien sûr, s'ils avaient su de quoi on les accusait, peut-être auraient-il pu mieux comprendre la situation. Car dans l'esprit d'Haru, Shirley était tout aussi innocente que lui. Elle avait affirmé ne pas savoir de quoi l'employé parlait, et il ne voyait pas de raison de mettre en doute sa parole. S'il devait donner tort à quelqu'un, c'était à cet individu brutal et irrespectueux. Même s'ils avaient commis un crime terrible (ce qui n'était pas le cas), il aurait pu se montrer un peu plus délicat. Désemparé, le garçon se massa l'épaule. Il ne s'attendait pas à ce que l'homme les saisisse aussi brusquement pour les faire sortir de force, et il avait été trop pris au dépourvu pour réagir. Sinon, peut-être aurait-il essayé de se dégager, ne serait-ce que pour s'épargner une douleur supplémentaire. Car il avait encore mal à la tête après s'être cogné. Il aurait sans doute une jolie bosse... Mais avant de se préoccuper de lui-même, il s'inquiétait surtout de sa complice, puisqu'apparemment ils étaient tous les deux coupables du même délit.

« Tu vas bien ? Il ne t'a pas trop bousculée ? »

Il tourna la page où il venait d'écrire en direction de Shirley, un air soucieux se peignant sur ces traits d'ordinaire emplis de gaieté. Alors qu'ils venaient à peine de se rencontrer, la canadienne avait pris sa défense face à l'employé, même si ses efforts n'avaient pas servi à grand-chose. Elle s'était donnée de la peine pour lui. C'était vraiment quelqu'un de gentil, et Haru espérait sincèrement qu'elle n'avait rien, même s'il se doutait qu'elle devait être un peu secouée. Lui, en tout cas, n'était pas tout à fait serein. Cela le troublait de ne pas savoir de quoi on l'accusait, et il était encore un peu interloqué. C'était allé trop vite pour qu'il réalise vraiment ce qui se passait. Le lémure avait à peine eu le temps de comprendre qu'il avait apparemment fait quelque chose de mal avant d'être brutalement jeté hors de la salle. Lui qui croyait que ce serait une après-midi paisible, autant dire qu'il s'était complètement fourvoyé.

« Quand même, j'aimerais bien savoir ce qu'ils nous reprochent. Trois mois, c'est long pour une faute dont on n'est même pas au courant. »

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Haru était persuadé que Shirley, tout comme lui, n'avait rien à voir avec l'incident qu'on leur reprochait. Mais elle le détrompa.

« C’est-à-dire, hm… Un ami à moi et moi on s’est chamaillés ici… »

Donc c'était ça qui leur valait d'être traîné hors de la salle des puzzles de force et interdits de revenir pendant trois mois ? Décidément, cet employé était bien excessif. Le garçon ne voyait pas en quoi une simple dispute était si grave. Ce n'était pas comme si Shirley avait provoqué la troisième guerre mondiale, et elle ne méritait certainement pas un bannissement de trois mois. Le japonais se souvint de ce qu'elle lui avait dit, qu'elle recommençait tout juste à venir ici. C'était peut-être à cause de cette querelle, d'ailleurs, qu'elle n'était pas venue pendant un moment. Et maintenant, on lui interdisait carrément l'entrée de la salle ? C'était injuste.

« Enfin peu importe! Je me débrouillerai pour que tu ne sois pas puni, excuses-moi Haru! »

« Ne t'excuse pas. Je ne venais pas avant, je peux très bien me passer de faire des puzzles. C'est plutôt pour toi que c'est embêtant. C'est totalement injuste. »

Chose plus que rare, Haru était contrarié. Pas en colère, non, il lui en fallait bien plus pour se mettre en colère. Disons plutôt que cette histoire le chiffonnait. Tout en tournant son carnet vers Shirley pour qu'elle puisse lire, il réfléchit. Il ne souriait plus et semblait on ne peut plus sérieux. Puis, au bout de quelques dizaines de secondes, il retrouva son expression habituelle, joyeuse et insouciante.

« Je sais ce qu'on peut faire. On devrait aller voir quelqu'un de plus haut placé que cet employé et lui expliquer la situation. Je suis sûr que si on précise bien que ce n'est pas la faute de l'employé et qu'il ne faisait que son travail, il n'aura pas d'ennuis. Et avec un peu de chance, ils voudront bien annuler l'interdiction. Qu'est-ce que tu en dis ? »

Haru prit un moment pour écrire tout cela. Lorsqu'il eut terminé, déjà, une autre question lui venait. A qui s'adresser ? Il n'en avait pas la moindre idée. La hiérarchie de l'Agence Azazel lui était totalement inconnue... Il savait seulement que le plus haut placé, c'était le roi des Lémures. Celui qui accueillait les nouveaux fantômes. Dans ses souvenirs, il semblait plutôt sympathique, un peu... original, peut-être. Mais est-ce que cette histoire était assez importante pour qu'ils dérangent le roi ? Cela méritait réflexion.

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Haru ne s'attendait pas le moins du monde à ce que Shirley refuse son aide. Etonné, il l'écouta lui expliquer qu'elle estimait mériter cette punition et qu'elle se débrouillerait pour arranger les choses elle-même, avant de lui dire au revoir sans plus de cérémonies. Mais si elle s'attendait à ce qu'il la laisse régler le problème toute seule, elle risquait d'être surprise. Après un court instant de flottement pendant lequel il hésita sur la conduite à adopter, Haru attrapa instinctivement Shirley par la main pour l'empêcher de partir.

« Je viens avec toi. »

Il n'avait qu'une seule main de libre et pour écrire, il y avait plus pratique. Aussi, après s'être assurée que la jeune femme avait pris connaissance du message, il la relâcha doucement pour en rédiger un deuxième.

« Il y a plus de chances qu'il nous croie si on est deux, tu ne crois pas ? »

Il arborait toujours ce large sourire optimiste, celui qui lui avait valu tant de fois d'être traité d'idiot par ses camarades de classe laissés perplexes par son inexplicable joie de vivre. Le japonais, au contraire ne comprenait pas les gens qui faisaient toujours la tête. Pour lui, les occasions de se réjouir étaient aussi nombreuses et faciles à trouver que les atomes d'oxygènes dans l'air, et presque aussi importantes. Haru qui ne trouvait aucune raison de sourire, ce n'était plus Haru. Ce n'était même pas imaginable pour lui.

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