Peek a Boo ! est un forum rpg dont la v4 a ouvert en février 2023. C'est un forum city paranormal où les personnages sont décédés ; après une vie pas très chouette, iels se sont vu offrir une nouvelle chance et évoluent désormais dans le Tokyo extravagant de l'au-delà.
起死回生
La bibliothèque était un lieu paisible où Shirley aimait se retrouver de temps en temps. Elle qui appréciait la tranquillité et la lecture adorait s’y retrouver lorsqu’il n’y avait pas beaucoup de gens. De ce fait, la Lémure avait un peu étudié les heures d’ouvertures pour connaître un peu mieux les horaires où elle y trouverait un peu de calme.
Shirley était assise à une table un peu isolée. Elle devait y être depuis une ou deux heures déjà. La brune était profondément plongée dans la lecture de son roman. Absorbée par les mots et les phrases qui donnaient vie à l’histoire dans son esprit, elle ne remarquait pas ce qui l’entourait. Pas même la belle femme aux longs cheveux noirs familière qui passa près d’elle…
Celle-ci disparut entre les rayons de livres alors que Shirley termina de lire la dernière page de son livre. Elle le referma en poussant un soupir satisfait. Ça terminait bien. La spectre resta quelques instants assise pour réfléchir un peu à cette fin agréable, puis se leva pour aller reporter le livre à sa place. C’est alors qu’elle l’aperçut, là, cette femme qu’elle enviait tant. Non mais qu’est-ce qu’elle fait ici? Shirley la contemplait avec jalousie. Sur la pointe des pieds, la belle métisse s’étirait pour attraper un livre perché trop haut pour elle. Dans sa tentative d’atteindre l’ouvrage, son haut se soulevait et laissait paraître son ventre. Les yeux de la jeune femme suivirent les belles courbes et atteignirent la peau pâle et délicate découverte. On avait envie d’y faire courir avec délicatesse ses doigts, de l’embrasser tendrement, de… Son regard s’endurcit. Salope. Pourquoi je suis affreuse? Pourquoi toi t’as eu le droit d’être jolie et pas moi? Elle s’éloigna ensuite pour aller reporter le livre. Elle traîne à la bibliothèque en plus. Quelle intellectuelle! Elle en a des qualités! Belle, gentille, bienveillante… Et puis quoi encore? J’parie qu’elle a encore pleins d’autres talents… Tsssk! Shirley posa le roman à sa place et se retourna pour observer la Lémure d’un regard toujours aussi dur, puis retourna fouiner dans les étagères pour trouver de nouveaux écrits susceptibles de lui plaire. De nombreuses pensées désobligeantes à l’égard de l’inconnue envahissaient son esprit, si bien qu’elle fut incapable de se concentrer pleinement dans sa recherche.
Soudain, une mélodie s’éleva dans la bibliothèque. Elle était douce, agréable, mais suffisait à distraire Shirley qui préférait nettement le silence à la musique. En reposant le bouquin qu’elle examinait là où elle l’avait trouvé, la jeune femme se retourna vers la table à laquelle aurait dû être installée la belle demoiselle qu’elle enviait tant comme pour sonder sa réaction face à ce tapage. Elle n’y était plus. Elle doit être partie. Tant mieux! En s’efforçant d’ignorer ce qu’elle qualifiait de vacarme inutile, Shirley se dirigea vers une autre étagère. Puis, elle l’entrevit, là-bas, derrière le mur vitré qui séparait la bibliothèque de la salle de musique. La spectre serra les dents. Ah oui, comme je m’en doutais! C’est une artiste en plus! La brune retrouva rapidement son calme. Bon. Ça suffit… Je vais aller lui parler. La dernière fois, elle a fui. Elle doit avoir une bien piètre opinion de moi… parce que MOI je ne suis pas parfaite. D’un pas incertain, Shirley se dirigea vers la salle de musique et y entra une fois que la musicienne termina de jouer sa pièce.
—Tu joues bien, lança Shirley d’un ton méchant qu’elle ne put contrôler malgré ses bonnes intentions.
[cc julia ki stalk mé airpé]
La métisse avait vivement fait volteface en entendant sa voix. Les bras croisés et le regard cruel, Shirley attendait une réponse de la part de la musicienne. Ses bonnes intentions s’étaient envolées pour de bon malgré elle, chassées par sa jalousie intempestive.
—Qu’est-ce que tu fais là ? Tu n’as rien à faire ici, pars, se contenta de répondre l’étrangère sur un ton cassant.
Shirley ne bougea pas d’un cil et continuait de contempler la belle femme d’un œil mauvais. En temps normal, la jeune femme se serait gentiment exécutée sans demander son reste, mais elle n’accepterait pas de se laisser commander par cette belle Lémure. Pas cette fois.
Alors qu’elle s’attendait à une provocation ou mieux, à être toisée férocement, son interlocutrice se contenta de coincer à nouveau son violon entre son menton et son épaule, attrapa fermement l’archet et recommença à jouer. Les notes se succédaient à une vitesse étonnante, révélant le véritable talent de la musicienne. Shirley continuait de la regarder fixement. Elle se crispait et affichait une grimace agacée. Ce que la musique était désagréable… Qu’est-ce que tu essais de faire? Tu veux m’impressionner, c’est ça?!
La musicienne continuait de jouer avec déchaînement, puis son regard croisa celui de Shirley. Soudain, le violon produisit une note dissonante puis tomba au sol. Visiblement dérangée par tout ce vacarme infernal, la jeune femme émit un léger grognement. Elle en avait assez. Shirley voulait partir de la salle de musique et retourner à son petit quotidien en essayant d’oublier cette beauté, mais il était hors de question qu’elle fasse ce qu’elle lui avait demandé. Mais maintenant que l’instrument n’était plus entre les mains de la musicienne, le silence était rapidement retombé et Shirley s’en délectait en poussant un bref soupir. Puis, à nouveau elle posa son regard sur la spectre qui examinait le violon pour s’assurer de n’avoir causé aucun dommage à celui-ci avant d’aller le reporter. Alors que Shirley croyait qu’elle abandonnerait l’idée de jouer de la musique pour aujourd’hui, l’inconnue se dirigea vers le piano à son plus grand regret. Ses doigts se mirent à pianoter sur les touches avec la précision du métronome. Cette fois-ci, la mélodie était plus douce, plus calme, mais quand même désagréable. Shirley commençait à s’impatienter… Elle va me montrer tous ses talents ou quoi? Non mais ça me saoule! Elle a fini de vouloir m’impressionner? Comme si je l’admirais pas déjà suffisamment!! Elle le fait exprès!
Tout à coup, la musicienne arrêta brusquement. Mais le silence fut aussitôt brisé : elle se leva et referma sans douceur l’instrument. Ce bruit soudain fit sursauter Shirley. Lorsque cette dernière aperçut sa comparse se diriger rageusement vers la porte, elle fit quelques pas et se planta devant elle. Cette petite démonstration de ses habiletés l’avait énervée…
—Non mais à quoi tu joues? fit-elle d’un ton peu amical. Tu le fais exprès, hein?
Sous l’emprise de la colère, la métisse attrapa Shirley par les épaules et la plaqua contre le mur. La jeune femme qui était fragile émit un petit gémissement, puis fut prise de peur quelques instants. Elle essaya de se dégager de la puissante étreinte des mains de la belle inconnue, en vain. La brune n’était pas très forte et celle qui se trouvait devant elle aurait clairement l’avantage sur elle si elle tentait quoi que ce soit...
—Mais putain qu’est ce que tu racontes à la fin ?! Faire exprès de quoi !? Je sais même pas c’que tu me veux, j’sais même pas qui tu es au fond ! Merde à la fin, arrête un peu avec ton comportement à la con !
Shirley osa remonter doucement le regard vers son interlocutrice, même si elle avait peur. Elle n’était peut-être pas aussi féminine et parfaite qu’elle le croyait, au contraire. Cette femme était brutale. Son regard était dur, méchant, cruel. L’image que Shirley s’était construite d’elle venait de s’effondrer.
Les visages des deux femmes étaient près l’un de l’autre. Comme dans l’ascenseur cet autre jour, il y avait cette proximité un peu gênante…
—J’ai bien compris que ce qui s’est passé dans cet ascenseur restera dans cet ascenseur ! Je ne sais pas ce que je t’ai fait ou ce que tu me veux, à quel point tu me détestes et pour quelle raison ! Mais je t’en pris, vas-y, exprimes toi !
La Lémure s’efforçait de soutenir le regard de la métisse. Elle avait du mal à visser son regard sur ces deux iris qui la toisaient furieusement. Je peux pas me laisser faire par elle, franchement… Seulement, Shirley n’avait pas le courage de lui tenir tête. Elle avait peur qu’Ael la frappe. Elle était enragée après tout… Puis, elle se rappela que derrière le mur vitré, il y avait la bibliothèque. Si tout ça tournait mal, quelqu’un interviendrait…
—Pourquoi tu me plaques contre le mur comme ça..? J’ai pas peur, hein… fit-elle d’une voix un peu incertaine.
Elle regretta immédiatement ses paroles. Elle aurait dû être un peu plus assurée, maintenant elle donnait tout l’effet contraire. Shirley eut besoin de quelques instants supplémentaires pour se ressaisir et maîtriser cette peur d’être frappée, puis dit :
—Mais laisse tomber, t’es une idiote, c’est tout.
Maintenant qu’elle était un peu plus calme, la brune prit le temps d’examiner avec attention les traits fins et agréables de la jeune femme. Qu’elle était belle. Shirley se fâcha à nouveau. La jalousie la fit parler, une fois de plus.
—Ce qui me dérange chez toi, en fait…
Sa main remonta doucement et se posa presque tendrement sur sa joue. Son regard méchant descendit et se fixa sur ses lèvres, ses belles lèvres délicieusement charnues et rosées. L’expression de Shirley s’endurcit un peu plus. Du pouce, elle caressa doucement sa lèvre inférieure.
—Tu as un visage énervant. Ça te rend insupportable même, je dirais. Ton regard, ton nez, ta bouche… Je sais pas. Tu as une tête à claques, c’est fou. Et qu'est-ce que t'es laide aussi... On te l'a déjà dit j'espère? Fais quelque chose, mon dieu, c'est triste de se balader en ayant un visage aussi... affreux...
L’inconnue n’avait pas tiqué. Son expression restait inchangée, immuable malgré les cruelles insultes qu'elle lui avait lancées. Shirley ne l’avait donc pas blessée? Agacée, elle retira vivement sa main de sur la joue de la jeune femme et laissa tomber son bras le long de son corps. Elle aurait voulu lui faire mal. Lui faire croire qu’elle était vraiment affreuse. C’est criminel d’être aussi belle. Elle ne le mérite pas. Shirley s’apprêtait à se dégager de l’emprise de la métisse qui la retenait, mais elle la vit se rapprocher et se figeai sans trop comprendre.
Tiens. J’ai un sentiment de déjà-vu….
En comprenant ce que désirait l’inconnue, elle posa une main sur son épaule pour lui demander silencieusement d’arrêter. Non, elle ne passerait pas une fois de plus pour une fille facile… Elle n’avait pas pu éviter cette étiquette avec Tsume parce qu’il l’avait forcée, mais avec cette femme, c’était différent. Pourtant, elle ne la repoussait que mollement, comme incapable de lui dire non. Leurs lèvres se frôlèrent, puis la belle femme aux longs cheveux noirs s’écarta légèrement. Shirley s’empressa de lui lancer un regard noir. Malgré ses commentaires désobligeants, la spectre était si indifférente qu’elle avait tenté de l’embrasser. Non mais quel affront!
L’étrangère poussa un soupir avant de presser son front contre le sien et de poser sa main contre sa joue avec une tendresse infinie. Après leurs querelles, cette jeune femme la touchait avec délicatesse… Shirley avait du mal à la suivre, si bien qu’elle en oublia un peu sa colère. Confuse, elle ne la repoussait pas. Elle attendait sa prochaine réaction. Originale, brutale, belle, talentueuse, froide, bienveillante… Quels autres adjectifs pouvaient qualifier cette intrigante demoiselle?
Soudain, sans avertissement, elle s’éloigna. La Lémure ne lui adressa aucune parole ou regard et se contenta de repartir en direction de la bibliothèque. La pauvre Shirley était encore clouée sur place, abasourdie par le comportement incongru de sa comparse. Elle secoua la tête pour retrouver ses idées claires, puis fila à l’extérieur de la salle de musique pour la rattraper. Dès qu’elle posa le pied dans la bibliothèque, elle reprit conscience qu’il y avait des gens autour d’elle. Très peu, mais c’était suffisant pour demander une certaine attention de sa part. Son… ennemie..?.. se dirigeait vers le fond de la bibliothèque, là où elle l’avait aperçue plus tôt, elle la rejoignit donc à pas feutrés quoique rapides. Shirley attrapa son bras avec un manque de douceur qui ne lui ressemblait pas et la ramena un peu vers elle pour pouvoir discuter à voix basse sans mal afin de ne déranger aucun des lecteurs de la bibliothèque.
Elle voulait comprendre ce qui lui avait traversé l’esprit. Était-ce simplement pour la déstabiliser ou était-ce un affront dans le but de la mettre en colère?
—C’était quoi ça tout à l’heure? chuchota Shirley, un peu agressive. Tu voulais me rouler un patin? C’est ça?
La jeune femme s’étonnait elle-même. Elle ne confrontait jamais personne de cette façon par peur des représailles. Rester dans le doute était plus sûr, quoique bien plus désagréable puisque ses nombreuses questions n’obtenaient jamais de réponses… Mais la colère et la jalousie la désinhibaient, peut-être qu'elle obtiendrait des explications cette fois-ci...
—Non sérieux, je vois pas pourquoi tu voudrais embrasser quelqu’un qui t’a insultée.
Ou plutôt pourquoi une belle femme comme elle voudrait m'embrasser. Mais peu importe.
La main sur le poignet de la métisse se resserrait. Pas suffisamment pour lui faire mal, Shirley n’en avait probablement pas la force, mais tout de même…
Son interlocutrice ne répondit pas à ses questions. Elle se défit sans mal de l’emprise de Shirley avant d’attraper sa main.
—Viens avec moi, lui ordonna-t-elle.
Sans plus attendre, la Lémure l’entraîna dans un coin isolé de la bibliothèque, caché des regards de tous. La métisse finit par lui lâcher la main. Shirley s’appuya contre le mur en croisant les bras et en tapant un peu du pied, impatiente d’avoir des réponses.
—Je ne sais pas vraiment quoi te dire la dessus.. je..
—Tu.. Tu… Tu quoi? l’imita cruellement Shirley alors qu’elle était mieux placée que quiconque pour savoir à quel point c’était embarrassant de chercher ses mots.
Elle gardait la tête basse, mais la brunette la fixait avec insistance, attendant encore ses explications. Ses joues étaient écarlates également. Shirley aurait été attendrie par cet air vulnérable si elle ne la détestait pas autant. Qu’est-ce qu’elle a? Non mais… On dirait une gamine qui veut dire à son camarade de classe qu’elle l’aime bien… Elle se moque là, non? C’est pas drôle. La jeune femme serra les dents. Elle commençait à se douter qu’elle ne faisait ça que pour la mettre hors d’elle. Pour la narguer avec sa beauté inégalable. Qu’est-ce qu’elle était insupportable!
La métisse la regardait. Non, elle la dévorait du regard. Son regard caressait chacun de ses traits, chaque détail de son visage. Quoi? Quoi, qu’est-ce qu’elle a encore? Les yeux de l’étrangère s’attardaient sur sa bouche. Puis, à nouveau sans crier gare, la jeune femme se rapprocha son visage plus proche que nécessaire. Nouveau malaise chez Shirley qui ne prit même pas la peine de la repousser.
—Tu me rends faible.. Tu me rends faible parce que je suis attirée par toi. Quoi que tu dises ou quoi que tu fasses, je..
Hein? Quoi? Des doigts caressèrent sa joue. Attirée par moi? Mais non. Bon, ça s’arrête bientôt? Je vais la gifler si ça continue!
—Je… Et puis merde.
Elle ne s’obstina pas à terminer sa phrase et plaqua ses lèvres contre celles de Shirley avec envie. Prise de court, la brune tenta de faire quelques pas vers l’arrière mais se retrouva aussitôt plaquée contre le mur. C’était… particulier… de sentir une femme si proche, corps pressé contre le sien, bouche pressée contre la sienne. Pas vraiment désagréable, voire pas du tout, certes mais… particulier. Shirley passa un bras autour de sa taille et se laissa embrasser quelques instants, puis…Pile :...posa sa main sur son épaule pour la repousser doucement. Les joues de la jeune femme avaient pris une teinte pivoine et elle n’osait pas soutenir son regard. Shirley porta discrètement ses doigts à ses lèvres, encore troublée par ce qu’il venait de se passer. Ça lui avait plu, mais hors de question de lui avouer! Surtout que ça ne devait être que du jeu! Attends... Non. Non... Elle s'en doute. Merde. Merde. Merde. Vite, il fallait détourner son attention!
—Euh… lâcha-t-elle simplement sans retirer sa main posée sur son épaule. Je.. Hm… J-J-Je…
Ses yeux se posèrent sur la belle toile suspendue sur le mur en face d’elle. Sans réfléchir, la brune pointa vivement vers la peinture. Ah! La voilà, sa solution! Elle pourrait s'en sortir en évitant de se ridiculiser!
—Wow! R-r-r-regarde le b-beau tableau!
Sans attendre de voir si sa technique foireuse pour détourner l’attention avait fonctionné, Shirley en avait profité pour se faufiler et s'enfuir…Face :...puis posa sa main sur son épaule afin de la repousser sans douceur. Elles étaient en public, tout de même... Ah. Voilà, un défaut! Quelles mauvaises manières elle avait!
—Q-que tu… es vulgaire…
Shirley porta ses doigts à ses lèvres, encore un peu troublée, puis s’empressa de les essuyer avec le dos de sa main en feintant une expression dégoûtée.
—...Tu es.. laide. Tu ne m-me plais pas.
C'était dit avec son manque d'assurance habituel. La Lémure découvrait la vraie Shirley, la Shirley fragile et peu sûre d'elle-même. Pourtant, ça n'empêchait pas cette dernière d'employer des mots aussi cruels. Elle et sa satanée beauté... Je parie qu'elle veut juste jouer avec moi... C'est pour se moquer... La salope.. Ce baiser la perturbait si profondément, elle n'arrivait plus à parler avec autant d'assurance... Son interlocutrice ne devait pas être bien impressionnée par ses bredouillements et ses marmonnements.
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