the back alley of broken dreams
ruelles sombres - 27/10/24
Elle soupire.
Syndrome de la toile blanche — pan entier de mur qui lui semblait pourtant donné, carrément dédié que personne n’avait daigné toucher, peu de choses sont pires que voir une si belle opportunité lui passer sous le nez.
Assise dans cette ruelle abandonnée, adossée à son jumeau mural d’ores et déjà orné d’un milliards graffitis qu’elle considère comme inintéressants tant d’un point de vue artistique que technique, Sheryl se demande si son inspiration s’est également brisée.
Lors de sa chute. Lors de sa mort trop prématurée. Accidentelle, involontaire, celle qui n’aurait jamais dû arriver.
Frustration mêlée à la souffrance liée à la sensation de perte de toute son identité — basée sur ses capacités, son imagination débordante et son génie aussi incompris — elle toise avec dépit les divers aérosols étalés à ses pieds, dans son sac “emprunté” à l’un de ses nouveaux colocotaires. Une sensation d’injustice l’habite : pourquoi elle ? N’était-ce pas suffisant de la faire mourir, fallai-il également qu’elle perde sa raison de vivre ?
Et bien effectivement, Sheryl a l’impression de ne pas avoir la moindre raison de continuer. Après tout, quel intérêt ? Elle ne se sent même plus capable de correctement créer — créer, faire mille fois mieux que ces pathétiques tags en lettres capitales stylisées qui pullulent dans son dos. Non. Créer de l’art, quelque chose qui captive les regards, qui fait réfléchir, qui reste en tête pour les jours à venir …
…
…
De qui se moque-t-elle ?
L’intérêt était simplement de monter, monter jusqu’à être suffisamment haute pour être vue par ceux qu’elle détestait.
Mais maintenant ? Sans objectif ? Quel intérêt ?
A moins qu’il ne s’agisse d’un traumatisme irrésolu ? Après tout, sa blessure est bien trop béante, bien trop récente pour avoir pu ne serait-ce que tenté de se cicatriser — elle est morte à cause de ça.
Et son regard se lève vers le ciel, vers là-haut. Là où elle se trouverait surement si elle n’avait pas cette nouvelle peur des hauteurs. Elle ne voit pas le soleil mais ses rayons sont encore bel et bien présents.
Jamais personne n’avait vu Sheryl se contenter des coins de rues, telle une débutante. Elle recherchait toujours les toits pour être vu par le plus grand nombre … Difficile de se dire qu’elle n’est plus la même personne qu’il y a … Trois ? Quatre jours ? Quelque chose comme ça. Le temps ne semble plus fonctionner correctement — du moins, son corps n’y réagit plus normalement alors elle ne tient plus vraiment le compte.
Bordel.
Téléphone sorti, elle zieute ses souvenirs. Ses photos. Son dossier où sont rangés ses meilleurs clichés de street-arts ; les siens. Sans surprise. Elle se console en se remémorant le passé, cette époque où il était si facile pour elle de faire de belles choses dont elle était fière. Le bon temps, quoi.
Au final ?
Le mur reste intouché.
Oh, il y a quelques vaines tentatives d’ébauches, faites avec une peinture aux tons similaires afin de mieux se représenter les proportions mais … Mis à part cela, pas grand chose.
C’est pathétique.
Indigne de qui elle est ... De qui elle était.
Syndrome de la toile blanche — pan entier de mur qui lui semblait pourtant donné, carrément dédié que personne n’avait daigné toucher, peu de choses sont pires que voir une si belle opportunité lui passer sous le nez.
Assise dans cette ruelle abandonnée, adossée à son jumeau mural d’ores et déjà orné d’un milliards graffitis qu’elle considère comme inintéressants tant d’un point de vue artistique que technique, Sheryl se demande si son inspiration s’est également brisée.
Lors de sa chute. Lors de sa mort trop prématurée. Accidentelle, involontaire, celle qui n’aurait jamais dû arriver.
Frustration mêlée à la souffrance liée à la sensation de perte de toute son identité — basée sur ses capacités, son imagination débordante et son génie aussi incompris — elle toise avec dépit les divers aérosols étalés à ses pieds, dans son sac “emprunté” à l’un de ses nouveaux colocotaires. Une sensation d’injustice l’habite : pourquoi elle ? N’était-ce pas suffisant de la faire mourir, fallai-il également qu’elle perde sa raison de vivre ?
Et bien effectivement, Sheryl a l’impression de ne pas avoir la moindre raison de continuer. Après tout, quel intérêt ? Elle ne se sent même plus capable de correctement créer — créer, faire mille fois mieux que ces pathétiques tags en lettres capitales stylisées qui pullulent dans son dos. Non. Créer de l’art, quelque chose qui captive les regards, qui fait réfléchir, qui reste en tête pour les jours à venir …
…
…
De qui se moque-t-elle ?
L’intérêt était simplement de monter, monter jusqu’à être suffisamment haute pour être vue par ceux qu’elle détestait.
Mais maintenant ? Sans objectif ? Quel intérêt ?
A moins qu’il ne s’agisse d’un traumatisme irrésolu ? Après tout, sa blessure est bien trop béante, bien trop récente pour avoir pu ne serait-ce que tenté de se cicatriser — elle est morte à cause de ça.
Et son regard se lève vers le ciel, vers là-haut. Là où elle se trouverait surement si elle n’avait pas cette nouvelle peur des hauteurs. Elle ne voit pas le soleil mais ses rayons sont encore bel et bien présents.
Jamais personne n’avait vu Sheryl se contenter des coins de rues, telle une débutante. Elle recherchait toujours les toits pour être vu par le plus grand nombre … Difficile de se dire qu’elle n’est plus la même personne qu’il y a … Trois ? Quatre jours ? Quelque chose comme ça. Le temps ne semble plus fonctionner correctement — du moins, son corps n’y réagit plus normalement alors elle ne tient plus vraiment le compte.
Bordel.
Téléphone sorti, elle zieute ses souvenirs. Ses photos. Son dossier où sont rangés ses meilleurs clichés de street-arts ; les siens. Sans surprise. Elle se console en se remémorant le passé, cette époque où il était si facile pour elle de faire de belles choses dont elle était fière. Le bon temps, quoi.
Au final ?
Le mur reste intouché.
Oh, il y a quelques vaines tentatives d’ébauches, faites avec une peinture aux tons similaires afin de mieux se représenter les proportions mais … Mis à part cela, pas grand chose.
C’est pathétique.
Indigne de qui elle est ... De qui elle était.
J'espère que ça te plaira