Mr. Brightside | Zerich

Remettre en cause sa sincérité. Ah, il est vachement le premier à faire ça le pauvre Zechariah. Alarick rigole à l’idée, hausse les épaules, parce qu'il ne va pas lui étaler sa pauvre histoire de quelqu’un qui est si bête qu’on doute que toutes ses actions soient finalement motivées par une vraie gentillesse.

Il apprécie sa présence, aucune envie de faire partir son nouvel ami. Oui, Zechariah est dès à présent son nouvel ami. Alarick résonne comme un enfant et les choses ont le don de marcher. Zechariah sera sacré dès à présent, bonne compagnie des toits. Alors l’entendre dire que Rick est de bonne compagnie, le blond aborde un grand sourire sur son visage. “Merci!” Parce qu'il ne sait pas quoi dire d’autre et que possiblement les mots pourraient s’écraser dans sa gorge.

Alarick tourne un regard tout ce qu’il y a de plus intéressé vers lui, il hoche la tête avec ferveur, content de pouvoir partager un petit quelque chose avec l’autre, parce qu’il est d’accord pour discuter.

Cependant il est rapide pour secouer la tête. “Oh non non! Pas du tout, je voulais pas dire ça! Elle est pas bizarre!” Il n’est pas bizarre, qui pourrait dire ça de la voix de quelqu’un? “Elle est vraiment très grave. J’ai juste été surpris! C’est rigolo parce que je trouve qu’elle te va bien!” C’est vrai, ça lui donne un petit côté encore plus… vanille bourbon.

Alarick rigole nerveusement, hausse les épaules. “Je comprends; au début on disait qu’on comprenait rien à mon accent. Bon, pour la défense des autres mon anglais était pas non plus le meilleur du monde. Et commençons même pas à parler du japonais, j’ai toujours beaucoup trop de mal.” Alors que ça fait 30 ans qu’il est là, faudrait faire un effort.

“C’est vrai qu’une voix comme ça il faut s’y habituer! Non pas que-” Il prend une nouvelle respiration. “Moi j’ai failli perdre la mienne!” Vas-y, détourne l’attention en disant autre chose hopla.

Alarick reconnaît l’hésitation, un petit sourire se pose sur ses lèvres. Il sait ce qu’il vient de se passer dans la tête de l’autre. Il sait ce que ça fait d’être mort si récemment, il a presque l’impression que c’était hier pour sa part.

Il a une certaine envie, motivation un peu douteuse qui lui fait presser doucement une main sur le genou du jeune homme avant de la reprendre. C’est peut-être trop intime pour deux inconnus mais il veut lui faire comprendre qu’il sait à quel point c’est dépaysant. “Moi ça fait 30 ans que je suis là. A ton échelle je dois être bien vieux.” Il rigole doucement mais ce dernier se peint d’une certaine tristesse. “On s’y fait au bout d’un moment.” Il croit. “Moi ça m’a juste pris quinze ans.” Il en dit peut-être trop.

Racle sa gorge, Alarick rigole à la gentillesse de l’autre, qu’il essaie de lui dire que sa voix vaut quelque chose. Il tapote doucement son oreille, retire un des appareils pour le montrer au jeune homme avant de venir le glisser à sa place.

“Quand j’étais jeune j’ai malheureusement été pris entre deux feux. Enfin… C’était pas vraiment un feu, c’était une bombe artisanale de mauvaise manufacture et elle a fait exploser le mur de l’autre côté de la rue.” Il rigole un peu, comme si tout ça était drôle. La gravité de la situation ne lui est pas de suite tomber dessus quand il était jeune. “Les médecins disaient que j’aurais plus la possibilité de parler!” Ils avaient tort. Sa gorge avait été remplie de poussière, c’était la seule raison pour laquelle il n’avait pas pu répondre à leurs questions.

“Au final ils ont eu tort, la seule chose que j’ai perdu c’est l’audition. Plus ou moins.” Il rigole encore, un regard envers Zechariah. “Désolé de plomber l’ambiance comme ça, je le vis bien, promis.”

Il sent instantanément qu’il n’aurait pas dû le toucher. Une habitude qui est douteuse, quand il souhaite aider quelqu'un et qu’il en fait trop. Une habitude qu’il a prise lorsqu’il parle avec Jules, lorsqu'il souhaite l’aider. Il reconnaît son erreur, une excuse toute douce qu’il lui offre, enfonçant sa propre palme sous sa cuisse, comme ça il ne pourra pas faire un geste qu’il pourrait regretter.

“Oh, non ne t’en fais pas pour ça!” Il a pas envie de lui dire qu’il a plus l’impression qu’ils sont des inconnus mais ça serait peut-être un peu trop en dire, peut-être qu’il tenterait d’être trop avenant, ça l’effraie un peu de se dire qu’il pourrait déjà envisager quelque chose de si tôt.

“Si t’as pas envie d’en parler t’es pas obligé, tu sais?” Il tourne vers lui un regard un peu trop doux, une sorte de souvenir ou d’encouragement. Il souhaite lui faire savoir que tout va bien et qu’il ne cherche pas à le pousser à faire des choses qu’il ne souhaiterait pas. Mais comment l’exprimer aussi facilement? Il hausse les épaules cependant. “On est pas là pour comparer. De toute façon on a fini au même endroit que toi et moi.” Une lueur un peu particulière dans ses yeux. “Espérons juste que d’autres finissent plus mal que d’autres.”

Mais l’idée est déjà passée et Alarick replace ce sourire sur son visage. “Tout va bien! Vraiment! Je suis content d’être là, t’en fais pas.” Il rigole. “Par contre si je te mets mal à l’aise, je peux toujours te laisser ton spot.” Il tâte ses poches, saute sur ses pieds. “Attends, je pourrais te donner si tu veux mon numéro…” Incapable de trouver ce qu’il cherche, encore un instant et un autre. “Je crois que j’ai perdu mon téléphone.” La panique monte bien plus rapidement qu’elle ne devrait. Jules va le détruire.

C’est dramatique s’il perd le téléphone. Non pas parce qu’il aurait perdu ses contacts, ça il peut toujours voir pour les retrouver, les gens sont toujours là ce n’est pas une nouveauté, non le problème est qu’il a des choses importantes, des codes et des données qui appartiennent à l’association. Il a des habitudes et des choses qui pourraient pousser certains à perdre cette confiance qu’il leur porte. Merde.

Alarick tate encore, cherche, peut-être qu’il l’a perdu dans le coin, qu’il va très bien pouvoir le retrouver et que tout ira bien. Cette douce conversation tourne au vinaigre et malheureusement voit cette version ratée, toute désordonnée d’Alarick. Il prend un instant,

une grande respiration,

L’homme n’a rien demandé dans tout ça, il pourrait faire l’effort d’être poli avec lui jusqu’à la fin. Alarick relève la tête. “Je suis désolé.” En plus il ne connaît pas son numéro, c’est ridicule. Il foule un instant dans sa poche, cherche à se souvenir peut-être de quelque chose. “Je ne le connais pas.” Débile.

Il sort pourtant de sa poche le stylo qui y traîne depuis deux machines avant de le tendre à Zechariah. “Tu peux toujours l’écrire là!” Il attend que le jeune homme s’exécute, il s’excuse une nouvelle fois avant de sauter sur ses pieds et de chercher à descendre le plus vite, un dernier regard vers le magnifique ciel sous ses yeux.

Il n’est même pas de l’autre côté de la vie qu’il se rend compte de son erreur, que sa main a essuyé par mégarde les numéros sur son poignet, qu’il n’a plus contact avec le jeune homme et quelque chose de triste stoppe ses pas.

Il l’aimait foncièrement beaucoup.