[FB] Two bros crying in the hot tub (part. 2)

Il essuie un ricanement, quelque chose d’un peu sombre en l’entendant dire que la potion n’aurait pour seul effet de le rendre malade. Quoi, ne pourrait-il pas devenir le zombie pour tous les zombies? Quelle ironie malsaine, quelle réalité qui est qu’au final il ne peut pas être autre chose que ce qu’on lui fait ingurgiter. D’abord une potion pour être un zombie, lorsqu’il pensait avoir la chance de devenir autre chose. Puis une potion pour qu’il redevienne quelque chose avec un peu de sens et maintenant une potion pour qu’il arrête de sentir la mort. Trop de choses pour son propre sens, trop de quelque chose qui le font devenir ridiculement dépendant.

Alarick regarde, cligne des yeux. “Avait?” Il ne peut empêcher le petit murmure, la petite interrogation maintenant, parce qu’il est curieux, il souhaite savoir de la même façon ce qui se passe ici, pourquoi la dame il ne la voit plus, pourquoi il trouve l’autre dans une poubelle. Tant de questions dont les réponses se perdent bien trop rapidement. “Elle semblait être une personne très compétente.” Il passe rapidement sur les questions. Parce que sa curiosité n’a pas de raison d’être, parce qu’il ne veut pas mettre mal tous les gens qu’il connaît. Pas mettre mal à l’aise celui qui lui offre une seconde chance, qui l’aide avec tout ce qu’il peut. C’est à dire, ne pas être un fouineur qui pourrait mettre mal à l’aise. Ce serait un bon début.

Il ferme la bouche, écoute Basil se livrer bien plus qu'il ne l’aurait pensé capable et Alarick ouvre grand les yeux, scrute une nouvelle fois le visage de l’homme. “Quatre siècles?” Beaucoup trop, bien trop long, quelque chose qu'il n’aurait pas pu penser possible. Aussi surprenant celà puisse-t-il être. Parce qu’il oublie que les jours passent, parce qu’il est victime de son quotidien, Basil est vieux. Incroyablement peu coulant pour ce qu’il est réellement et la réalisation aurait presque la possibilité de le faire rire s’il n’écoutait pas aussi attentivement ce que disait l’autre. “Physique de rêve je sais bien…” Venant de celui dont la mâchoire ne tenait pas quelques minutes auparavant, la blague est bien trop grosse pour avoir un réel sens. La blague le fait tiquer pendant un instant, il est surpris de l’avoir sorti, surpris de sa propre capacité à avoir rigolé sur un sujet comme celui-ci alors que quelques secondes auparavant il était prêt à pleurer.

Il tourne un nouveau regard vers Basil, comme pour lui partager cette surprise, comme s’il retrouvait finalement son essence propre, celui qui rigole de situation aussi critique et une part de lui est prêt à pleurer de nouveau face à cette capacité qui lui avait été oubliée. “Merci Basil.” Il sourit nerveusement. “De te donner autant de mal pour… sauver les gens comme moi. Je sais… je sais c’est un business mais ce business il est pour moi incroyablement important aujourd'hui.” Parce qu’il a pu récupérer son oreille.
Un sourire, pas grand chose à offrir mais sa personne est entière. “Tu… peux-être que tu préfères que je te laisse, pardon…” Il sourit. Oui, maintenant Basil préférerait peut-être aller se coucher, oublier leurs existences communes. “Je peux partir si tu veux.” Il ne sait pas où aller mais il comprendrait s’il doit laisser l’autre dès maintenant.

Le rire qui lui échappe sonne si vrai, si plein de vie qu’Alarick doit prendre un instant pour se souvenir que ce son vient de sa personne. Il regarde Basil un court instant sans réelle intention, porte une main à sa gorge. Le son n’a pas échappé ses lèvres depuis des années, des cordes vocales dysfonctionnelles, il peut maintenant prétendre de nouveau. Alarick trouve le silence une nouvelle fois, le regard vitreux et des pensées plein la tête. Une nouvelle raison de remercier Basil, de lui donner toute l’attention qu’il a pu libérer. Alarick pourrait redevenir quelqu’un et le son de son propre rire lui permet d’y croire encore.

Peut-être que le malaise est si rapidement oublié tandis qu’il peut réaliser qui il est de nouveau. Peut-être que les propositions qui lui font froncer les sourcils, les interrogations de Basil le laisse interrogatif, curieux peut-être, pour un possible futur qu’il n’aurait osé imaginer quelques heures auparavant. Cependant il ne peut laisser croire qu’il a pied sur la situation, qu’il a quelque chose sur sa personne. L’idée est terrible, dangereuse.

C’est ridicule comment Alarick se retrouve sujet aux changements d’émotion si rapide, comment une phrase de Basil peut le terrifier et l’instant d’après le faire presque glousser. “Pff, arrête.” Mais la contestation a finalement peu de saveur, presque ridicule finalement et s’il pouvait rougir comme une écolière, peut-être Basil aurait un dossier à monter sur son incapacité à se décider.

Le remerciement le prend par surprise, un froncement de sourcil et Alarick ne questionne pas, hoche doucement la tête. Parce qu’il a possiblement sauvé l’homme d’une nuit puante mais le gain était bien plus important. Il est celui qui doit remercier, sa présence trop présente et une envie de faire comprendre à l’autre qu’iel est bien meilleur.e que n’importe qui d’autre sur lequel Alarick aurait pu tomber.

Un job? La question le fait rire nerveusement. “Basil, j’ai même pas de vêtements…” Bien sûr que non il n’a pas de job. Un clignement incertain et il regarde son visage, cherche à savoir si la proposition est sincère encore. “C’est vrai? C’est… sérieux? Je- j’ai jamais dans une boutique, je faisais du social quand j’étais… quand- avant. Mais je veux! je peux, je suis d’accord!” Ses mots trébuchent, se percutent et il ne veut pas que Basil change d’avis mais c’est si dur de lui faire comprendre. “T’en as déjà fait beaucoup.”

Alarick n’est pas sûr à quel moment il va se réveiller, la tête entre les déchets et un mal de crâne, à la recherche de sa pauvre oreille encore entre deux pauvres détritus. Il a l’impression que tout est trop, que ces quelques années à ne pas chercher de l’aide, à se laisser moisir, sont en train de le rattraper. Il a l’impression que tout est en train de lui tomber dessus et en même temps de lui apporter une sainteté qu’il ne pensait pas ressentir une nouvelle fois, un vent de fraîcheur qui lui apporte quelque chose qui manquait. Peut-être qu’il a perdu beaucoup de ces années à ne pas demander de l’aide, à avoir peur de ce qu’il pourrait subvenir. Mais si maintenant il était en tête pour pouvoir revivre, si la personne devant lui avait vraiment les clefs pour l’aider?

“Ouais je- je sais faire.” Il sait voler des trucs sur les étendoirs, quelques années oubliées à le faire quand Papa et maman étaient pas foutu de dépenser les rations dans ce qu’il fallait. Connard qu’était son frère à ne lui offrir qu’une simple considération. “Le balais, les cartons…” Il sait faire parce qu’il a bien fallu apprendre, s’adapter pour survivre et il a fait, depuis le premier jour.

Il zieute aux alentours, quelque chose qu’il n’avait pas fait auparavant. En effet, l’endroit semble quelque peu oublié, quelque chose qui se fait, du nettoyage comme il connaît, il en est capable, fournir quelque chose comme ça est tout simplement possible et il pourrait être celui qui l’offre. Il a l’air d’être celui qui va le faire. Alarick s’accroupit, un regard vers Zakzak et le moment privé, zieuté par Basil qu’il ne peut oublier, son ange gardien qui porte l’existence de celui qui aurait pu être un simple inconnu. Rick tend une main vers le chien, une main complète et l’animal ne questionne pas, vient se lover doucement contre ses genoux et le geste le rassure, que l’animal l’aime autant avec cette peau qu’une autre. Il écoute toujours, ne peut absolument pas oublier l’autre personne dans la pièce mais se devait de donner un peu d’amour à son ami de toujours.

“C’est pas grave.” Il rigole presque. “Ce serait tellement ironique que je vienne demander plus de considération maintenant.” Il pourrait récupérer, ramasser des gens à la petite cuillère, presque prêt à tout faire pour Basil en ce moment.

Cependant la suite le fait douter, le rire se meurt rapidement dans sa bouche et il relève un regard vers l’autre homme. Les quelques indications qu’il était aussi sous surveillance ne le surprennent pas vraiment, il a passé des années à le faire dans le vrai monde mais une certaine incertitude se pose tout de même dans son regard. Il voit, il comprend, mais ne relève pas. Parce qu’au final il ne vaut pas grand chose et les deux ici présents le savent très bien.

Alarick baisse de nouveau les yeux vers l’animal, un regard un peu incertain, il sait très bien dans quoi il s’engage. Une partie de lui sait très bien que la raison pour laquelle il s’est fait tué est lié à ce genre d’engagement un peu houleux mais il n’a pas le choix et quelque chose lui dit qu’il pourrait retrouver un semblant de vie.
Lorsqu’il se relève, ses genoux craquent mais il s’avance vers Basil avant de venir hocher la tête. Le ton est bien plus désespéré qu’il n’aimerait. “Je ferais tout ce que tu demanderas.” Presque? On y revient. “Si t’es d’accord pour me donner un travail et des potions, je prends tout.” Et il n’est pas prêt à partir avant qu’il y ait une vraie raison. “Merci.” Il a quelque chose à donner, quelque chose à recevoir et maintenant il se trouve qu’il a aussi quelque chose à envisager grâce à l’inconnu en face de lui. Peut-être Alarick regrettera le choix qui est le sien mais à l’instant il n’envisage rien d’autre. Un avenir bien avenant se dessine.