Terminé - a captivating light that transports you beyond the clouds. Feat Haiko.

✯ Ainsi lorsque le silence tombe sur eux deux, faute d’avoir plus à ajouter sur l’amour de voyager et les aléas de vivre dans un camping-car, il décide de s’engager dans de longues explications qui changeront peut-être la ’non’-vie de la plus jeune.

Il espère sincèrement qu’elle pourra s’y adapter. Il sait que c’est loin d’être aisé.

Et à peine a-t-il commencé en mentionnant l’évolution qu’elle a acquise… qu’il est arrêté par sa soudaine excitation.

À Courchevel – s’il ne se trompe pas, il s’agit de l’un des appartements de l’Agence –, il réside deux autres Poltergeists en plus d’elle.

Ses pensées se stoppent net.

Vraiment ?

Très bien, d’accord. Il ne peut pas se permettre de critiquer. Il ne sait pas comment fonctionne la colocation à Courchevel. Mais tout de même ? Sont-ils si peu communicatifs sur leur identité ? Ne s’entraident-ils pas ? Elle semble pourtant beaucoup les aimer…

Une légère frustration naît quelque part dans son cœur. C’est inhabituel pour lui. Il n’a point idée de quoi en faire. Alors il ferme les yeux brièvement, se frotte les cheveux, la ravale et l’oublie.

« Hm… Malheureusement, je ne connais guère les raisons qui mènent à ce qu’un Lémure devienne un Poltergeist. Cela se produit juste… » Il répond à sa première question par une méconnaissance. Il aurait aimé savoir lui-même. « Mais je vous tiendrai informée si j’en apprends davantage, un jour. » Cela l’embête un peu de ne pas pouvoir lui offrir une réponse claire dès maintenant. Enfin bon…

Il poursuit sur l’établissement clair de son périsprit de prédilection, puis présente le sien. C’est important puisqu’il s’agit du seul objet qu’un nouveau Poltergeist est en mesure de posséder au début.

Pourtant, la jeune fille semble incertaine, comme si elle avait été incapable de déterminer avec précision l’apparence du périsprit. Un fait étonnant étant donné que les périsprits ne sont pas si flous, même assez détaillés, en réalité…

C’est la partie ’perdre un peu le fil’ qui lui met la puce à l’oreille. Cela lui rappelle les transes ; un autre point qu’il devra penser à aborder de toute urgence.

Pour le moment, la surprise et l’enthousiasme de Charlie le font sourire doucement. Il comprend que ce soit une coïncidence étonnante. À moins que cela n’en soit pas une. Tout en revient à la grande question sur le pourquoi du comment.

« Je dois bien avouer que cela m’a également surpris. Je m’attendais plutôt à ce que je devienne un Nécromancien. » Il admet calmement sur un ton plus bas, presque triste. Il soupire.

Peut-être aurait-il été meilleur dans ce domaine. C’est étrange comment deux membres d’une même famille n’évoluent pas forcément de la même manière.

Il secoue la tête, chassant ses pensées.

Il continue plutôt ses – interminables – explications, entrant dans une partie plus complexe de la Poltergeistie et invitant sa comparse à l’arrêter si elle ne le suit plus.

Cette fois, c’est son inquiétude et sa crainte qui ressortent. Et cette fameuse partie de ’perdre le fil’ qui revient. Bien, il va pouvoir lui en dire plus à ce sujet. Il espère que cela pourra la rassurer un tant soit peu. Et si ce n’est pas le cas… Eh bien, les potions pour faire disparaître temporairement les périsprits n’existent-elles pas pour cette raison ?

Il lui sourit, essayant de paraître aussi apaisant qu’il le puisse. « Si je ne me méprends pas, lorsque vous parlez de ’perdre le fil’, c’est un peu comme si votre conscience s’absente en voyant un périsprit, n’est-ce pas ? Nous appelons ce phénomène : des transes. » Il marque une pause, buvant une gorgée de son thé. Autant donner les termes exacts dès le départ si elle souhaite en parler plus tard avec ses colocataires Poltergeists.

« Il est vrai que cela peut être… dangereux quand elles surviennent dans un environnement à risque. » Cette ’immortalité’ obtenue dans l’au-delà ne rend pas les accidents indolores, après tout… « Elles sont un peu plus courantes pour un jeune Poltergeist… Mais vous n’avez pas trop à vous en faire. Avec le temps et l’habitude, elles cesseront de se produire à chaque fois que vous verrez un périsprit. Pour le moment, le meilleur conseil que je puisse vous fournir est d’éviter d’en fixer un plus que quelques secondes. Vous pouvez aussi demander à être accompagnée par vos amis pour qu’ils vous sortent aussitôt d’une transe. » Il faut dire qu’une transe est plutôt flagrante, surtout si les personnes autour savent qu’ils sont des Poltergeists.

Il baisse les yeux, traînant légèrement le bout de ses doigts sur les bandages au niveau de ses poignets. Comme il voyage seul, il a développé ses propres moyens pour en sortir par lui-même. Il ne peut pas conseiller ses méthodes.

Il retire sa main, reportant son attention sur la plus jeune. « Sinon… il existe une potion qui permet de faire disparaître les périsprits temporairement. » Il se sent obligé de la mentionner, même s’il ne cautionne pas son utilisation. Les Poltergeists ont besoin de voir et de posséder des périsprits pour ne pas tomber en poussière. Un autre point qu’il doit encore expliquer. « Je n’en ai jamais utilisé, alors je ne peux point vous garantir son effet… »

De toute façon, il aime trop les voir, les périsprits, pour sa part.

Vivant à la frontière, est-il réellement mort ? Voyant des choses invisibles aux autres spectres, est-il réellement humain ? Ou juste une bizarrerie de la nature, un ’élu de la déesse Tsukishi’ comme diraient les croyants ?

Les gens lui répètent qu’il est simplement un mort, comme tout le monde. Ses souvenirs flous de son vivant ne peuvent l’induire en erreur non plus.

Mais il comprend le sentiment de Charlie.

À nouveau, il lui sourit puis tend son bras par-dessus la table pour lui frotter les cheveux. Juste l’espace de trois secondes avant de se retirer au fond de son siège, loin d’être le plus à l’aise avec le contact. « Vous n’êtes pas bizarre, ne vous inquiétez pas. » Il se sent toujours un peu en colère que les deux Poltergeists n’aient pas aidé cette ’enfant’ bien plus tôt.

(S’il savait que Zelda, qu’il rencontrera des mois plus tard, était tout autant perdue au sujet de la Poltergeistie…)

« Il y a encore quelques points importants, mais chaque chose en son temps. Vous savez, il m’a fallu des mois pour tout comprendre. Et encore plus pour maîtriser mes capacités. » Il avoue, même s’il n’est pas sûr que ce soit une bonne idée… Alors il ajoute précipitamment : « Donc si je peux vous aider afin que vous ne vous retrouviez pas dans la même situation, je serai là. » Autant qu’il puisse, du moins, entre deux voyages. (Peut-être aurait-il dû être plus précis cette nuit-là.)

✯ Alors qu’il avoue qu’il pensait devenir Nécromancien, c’est aussi l’instant où il réalise à quel point il s’est ouvert plutôt facilement à la jeune fille. Habituellement, cela lui prend plus de temps, ayant besoin de davantage se connaître et de faire confiance à l’autre individu.

Peut-être que ce changement est dû à l’innocence et la curiosité douces émanant de Charlie. Il ne se sent pas jugé, juste écouté.

Bon, ce n’est pas non plus comme si c’était une information de grande importance… « Mon frère est un Nécromancien, c’est pourquoi. » Il déclare doucement. Il se demande toujours s’il aurait été meilleur dans ce domaine. « Comme les Poltergeists, certains Lémures… évoluent en Nécromancien. Ils acquièrent un pouvoir unique, et peuvent confectionner des potions. »

Peut-être devrait-il en expliquer davantage, mais il n’en est pas un. Et bien qu’il connaisse un certain nombre de choses à leur sujet, il estime qu’il vaudrait mieux qu’elle demande à un en personne.

En plus, il lui donne déjà pas mal d’informations sur la Poltergeistie… Il devrait éviter de la surcharger encore plus.

…

Et parmi ses informations, il aborde les transes. C’était inévitable, puisqu’après tout, elle venait d’en avoir une dont il l’avait plus ou moins sauvée de justesse.

Donc il essaye de lui en parler du mieux qu’il peut, aussi simplement qu’il peut. Ce n’est guère facile de retranscrire des sensations et des vécus en mots. Parfois, même les Poltergeists n’expérimentent pas les choses de la même façon qu’un autre.

Bien que, l’idée et l’impression générales restent les mêmes. Comme le prouve la plus jeune avec ses signes de tête.

Il tente également de la rassurer. Ce qui s’avère probablement un peu moins facile. Et pourtant, il s’efforce à paraître serein pour ne pas l’effrayer plus que nécessaire. « Oui… Mais ne vous inquiétez vraiment pas, vous finirez par les sentir venir aussi. Beaucoup de choses viennent avec l’habitude. »

Ce qui est assez vrai pour lui. Alors pourquoi ne le serait-ce pas pour elle aussi ?

Juste au cas où, quand même, et un peu par obligation, il mentionne une potion qui permet de faire disparaître temporairement les périsprits.

Sa réaction à cette nouvelle est plutôt amusante, et semble lui sous-entendre qu’elle n’envisage pas de la prendre. Du moins, pas pour le moment.

Il hésite un instant, mais finit par acquiescer et donne son propre avis à ce sujet. « Comme je l’ai dit, je n’ai jamais essayé. Cette solution… ne me convient pas. Peut-être est-ce mes instincts qui parlent, mais j’ai l’impression que ne plus les voir… me ferait me sentir comme si j’étais devenu aveugle. »

Malheureusement, elle est peut-être une Poltergeist trop récente pour comprendre ce qu’il veut dire par là.

…

Il poursuit ses explications et l’apaise aussi sur le fait que non, elle n’est pas bizarre.

Il lui sourit chaleureusement. « Merci. » Il ne s’est jamais considéré comme quelqu’un pouvant être un bon mentor… Mais au moins, il est heureux d’avoir pu la rencontrer aussi avant qu’il ne soit trop tard.

(Malheureusement, il n’en sera pas un, pas assez présent lorsque Charlie aura besoin de lui à l’avenir… Il le regrette et essaye toujours de se rattraper aujourd’hui.)

Acquiesçant à nouveau, il ne comprend que trop bien le ressenti de la plus jeune. Et dans son cas, il passe toujours pour quelqu’un d’un peu fou, à son plus grand malheur, et pas seulement à cause des périsprits. Il rit légèrement malgré tout avec elle. « Je veux bien le croire. Cela surprend beaucoup au début lorsque nous ne savons pas. »

Il la regarde sortir précipitamment son téléphone, tandis qu’il ramasse le sien toujours posé sur la table à manger entre eux.

« Non, non, ne t’inquiète pas, cela ne me dérange vraiment pas. » Il secoue la tête négativement et ouvre le petit appareil à clapet, l’écran bleuté s’affichant devant lui. Il le regarde un instant, perdu sur ce qu’il doit faire ensuite.

Alors, bêtement, il finit par le lui tendre. « Hm… Je suis désolé, je ne suis pas encore très bon avec la technologie… Vous savez peut-être mieux que moi comment m’ajouter à vos contacts. » Ou en tout cas, il l’espère sincèrement. Si son périsprit de prédilection est les téléphones portables, ce n’est certainement pas pour rien, n’est-ce pas ? Comprendrait-elle comment se servir d’un plus ancien comme le sien ?

…

Il semblerait qu’elle se débrouille comme une cheffe. Peut-être devrait-il lui demander des leçons d’apprentissage sur la technologie. Et sinon, eh bien… Il suppose qu’il peut toujours se tourner vers Angel pour en avoir.

Quoi qu’il en soit, d’une façon ou d’une autre, les évènements de la nuit les rattrapent un peu tous les deux. L’adrénaline qui s’estompe complètement, probablement, et la fatigue qui la remplace lentement.

Ainsi, avant qu’ils ne s’endorment totalement dans son camping-car (même si cela ne l’aurait pas dérangé, les sièges de la table à manger se changent en lit… ils restent certainement moins confortables qu’un vrai), il lui propose : « Voulez-vous que je vous reconduise jusqu’à l’Agence ou préférez-vous dormir ici ? »

✯ Bien qu’il ait fait tout son possible pour la rassurer du mieux qu’il puisse au sujet des transes… Il n’est pas impossible qu’il s’y soit mal pris, puisqu’elle paraît toujours particulièrement inquiète.

Et sa question…

Il ne sait pas comment être honnête à ce sujet. Il n’est pas exactement une référence en matière de maîtrise des capacités. C’est même plutôt l’inverse.

Entrouvrant la bouche, il hésite avant de la refermer. Il baisse les yeux vers sa tasse de thé, regardant le liquide verdâtre, même s’il ne risque pas d’y trouver la réponse appropriée. « Quelque temps… » Il opte pour rester évasif en relevant les yeux. « Je n’étais pas un inné. »

Et surtout que personne ne lui avait dit qu’il était un Poltergeist.

✯

Acceptant de l’ajouter dans son répertoire, il lui tend son téléphone portable avec un petit sourire embarrassé et admet ne pas être très bon avec la technologie.

Elle ne rit pas, ce qui est un peu exceptionnel pour lui, car beaucoup de jeunes spectres trouveraient cela honteux. Il faut dire qu’il ne fait pas tout à fait son âge ’réel’, post-mortem. Quoi qu’il en soit, il se sent extrêmement reconnaissant de son absence de jugement.

Et encore plus reconnaissant quand elle lui répond qu’elle s’en charge. « Merci beaucoup. » Il la remercie gentiment avec un signe de tête.

Il l’observe faire, espérant ainsi retenir la démarche… Elle semble elle-même peiner un peu au début. Il suppose que son téléphone est déjà trop ancien pour l’époque actuelle. C’est vrai que la plupart des gens tiennent juste une petite ’boîte’ rectangulaire avec un écran lumineux quand il erre en ville. Quelque chose à propos d’écran tactile.

Finalement, après quelques minutes, elle lui rend le vieil appareil, et il sourit, riant timidement à nouveau face à son excitation. « Vous êtes également parmi mes rares contacts. »

Ce qui n’est guère une surprise, quand on y pense. Il est difficile de se lier aux gens lorsqu’il passe la majorité de son temps à voyager à travers le pays.

Il entend une légère sonnerie retentir dans l’habitacle qu’il reconnaît sans mal comme étant son téléphone, et il cligne des yeux vers sa nouvelle amie, puis vers l’appareil. Il se permet de lire le message reçu, bien qu’il ne soit pas sûr de saisir l’intérêt de s’en envoyer alors qu’ils se font face.

Mais les mots l’adoucissent aussitôt. « Il en va de même pour moi. » Il déclare, répondant à la fois à voix haute et par écrit. Cela lui donne une preuve écrite de cette rencontre, il apprécie vraiment cette idée inattendue, tout compte fait.

En tout cas, ils se reverront assurément.

Même si, pour cette nuit, la fatigue les rattrape enfin, surpassant son insomnie des derniers jours. Vraisemblablement, c’est également le cas pour Charlie. Alors il propose de la raccompagner à l’Agence, ou de dormir dans son camping-car.

Elle choisit l’Agence, sans trop de surprise, et il acquiesce. « Aucun problème, je comprends parfaitement. Je vais vous raccompagner là-bas. »

Et il compte bien tenir parole, surtout qu’ils ne s’en trouvent pas si loin, encore moins en roulant. Il faut juste surmonter l’épuisement quelques minutes de plus pour éviter un accident. Ils viennent d’échapper à un, ce n’est pas pour qu’il en cause un.

Il se lève juste après elle, récupérant les tasses maintenant vides pour les déposer dans l’évier. Il ne souhaite pas casser sa vaisselle en la laissant tomber pendant qu’il conduit……

Quoi ?

Clignant des yeux, il penche légèrement la tête sur le côté, confus par la question. « Je suis désolé ? Je comptais simplement vous reconduire jusque là-bas, ne vous inquiétez pas. Vous pouvez vous rasseoir, ou venir sur le siège passager, si vous le souhaitez. »

D’un signe de tête, il désigne le petit espace juste derrière le ’salon’ qui mène aux sièges de devant. Il se faufile ensuite lui-même par cet espace pour prendre place derrière le volant, et démarrer après que Charlie se soit installée où elle préfère.

✯

Comme promis, il la reconduit sans encombre jusque devant les portes de l’Agence. Il s’arrête et se permet de l’interpeller puis la secouer très doucement pour ne pas l’effrayer et la réveiller calmement. Il l’informe qu’ils sont arrivés, montrant le bâtiment d’un geste du bras. Puis, il lui souhaite une bonne nuit alors qu’elle descend du camping-car.

Il veille qu’elle entre bien dans le bâtiment, avant d’aller garer son véhicule mieux que cela dans le parking, pour ensuite rejoindre son lit à l’étage métaphorique.