Pas un indice, rien de rien pour tenter de deviner, d’orienter.
C’est amusant, il est vrai - mais sans indice, il n’ira pas loin, Célestin.
“Je serais curieux d’entendre vos hypothèses plus tard.”
“Hm. Vous avez furieusement un air de professeur de physique.”Mais probablement que son instinct n’est pas des plus développés, à Célestin. Probablement, certainement même. Non, tu n’as pas tant l’air d’un professeur de physique que d’un professeur de danse, c’est juste basé sur ton air, tes allures probablement. Mais qu’en sait-il, Célestin. Lui-même ne répond pas aux étiquettes.
Tu sors ton téléphone, et Célestin te suit. Un téléphone peut-être un peu ancien, qui témoigne de son âge avancé, plus qu’il ne semble l’air en réalité. Il recherche son propre numéro, qu’il est loin - bien loin - de connaître par cœur.
“Hm, je ne suis pas vraiment habitué aux téléphones portables…”Plutôt à ces anciens fixes.
Aux annuaires papier.
Il entre tout de même son numéro, à Célestin Prinderre si jamais d’aventure tu connaîtrais d’autres Célestin - ce serait peu probable, mais pas impossible pour autant après tout. Puis il te le rend, avec un sourire tandis que tu pars t’installer dans un coin de la pièce, derrière tes lunettes, pour observer le reste du cours.
Alors Célestin reprend.
On inspire. On expire.
*
* *
Voilà deux semaines à peu près.
Ce matin, Célestin a reçu un petit SMS d’un numéro inconnu - inconnu pas vraiment longtemps lorsqu’il se remit en mémoire cet échange, rapidement il est vrai. Non, Célestin n’oublie pas, c’est toujours un coin de son crâne, une curiosité difficilement masquée, difficilement cachée. Oui, c’était toi, cet élève incongru, surprise dans son cours de chant pour les basses. Ce ténor en devenir, observateur de l’heure, sans un mot.
Le message.
Une heure, et une salle de cours.
Bien sûr qu’il sera présent, avait-il répondu. Aucune hésitation, il avait dû reporter un rendez-vous mais ce n’est pas bien grave. Célestin aimerait être homme à faire ce qui lui plaît, mais toujours des blocages dans le fond de la mémoire et dans le fond de la poitrine. Non, on ne change pas si aisément quarante années de vie, et près de trois-cents de mort.
Il s’infiltre alors dans les rangs avec les quelques élèves qui t’attendent dors et déjà devant la porte. Voyant accoutrement et matériel, il comprend vite qu’il s’est fourvoyé.
“Hm, finalement, vous n’avez pas tant l’air d’être professeur de physique.”En guise de salut.
Et lui est bien évidemment venu sans rien.
Résumé
412 mots
C'est la chenille qui redémarre