« Volontiers, merci ! Désolé pour l'interruption.
Pas de problème, c’est moi »Tu le laisses passer et tu fermes derrière lui d’un geste avant de prendre position près de la cafetière. Le café n’est plus aussi chaud qu’au début de la séance mais il reste suffisamment tiède pour réchauffer les mains. Tu lui poses la tasse que tu te servais à la base devant lui. T’as pas envie que ça refroidisse encore plus et de toute façon vu ce qu’il reste, tu préfères lui laisser ; surtout que tu comptes plus le nombre de cafés que tu t’es enquillé depuis le début de la journée. C’est pas raisonnable. Tu te poses contre ton bureau, qui tremble légèrement après ton mouvement brusque, tout en regardant Cassian. T’as pas les bras croisés mais tu es clairement encore un peu dans ta position du psy, à la fois fermé et ouvert juste ce qu’il faut pour mettre en confiance. C’est peut-être à cause de ton âge mais t’as du mal à switcher rapidement de ton rôle de psychologue à celui de « juste » Constantine.
« Oui oui, j'ai bien les papiers. Pourquoi je viendrai pour un rendez-vous ? C'est moi qui doit y assister.
Haha, je sais. On va dire que c’était une petite blague en passant … C’est p’tete pas mon fort, hm ? »Tu te grattes la tête, sourire aux lèvres. On pourrait croire que c’est un sourire gêné mais non, tu assumes totalement tes blagues qui tombent à l’eau. C’est la rançon de la gloire pour réussir à faire mouche, un jour.
« Ah, merci ! Alors … Mmh … »Tu prends les papiers que Cassian te donnes, stylo dans une main tandis que l’autre tient le papier près de ton visage. Tu lis assez rapidement les points qui t’intéressent le plus : les dates, la durée, s’il y a des impératifs … T’as à peine lu deux lignes que ça te lasse déjà un peu. T’es vraiment pas fait pour l’administratif, mais tu fais l’effort pour lui. Pourtant tu le connais à peine ce môme, mais quelque chose te pousse à prendre le temps de faire les choses bien, de penser à lui et à ses études. Au fond, tu as une vague idée de pourquoi … Tu te vois à sa place. Tu te reconnais dans ce que tu prends pour de l’empressement, de l’impatience teinté de maladresse et de confusion. T’as été ce jeune étudiant, ce jeune psy qui sait pas trop sur quel pied se tenir pour se sentir confortable. Certains parleraient de pitié, tu parlerais plus d’une forme d’affection à l’aveugle. Par-dessus les documents, tu le vois te regarder, la tasse à la main. Tu as presque fini que sa voix brise le silence
« Si t'es un peu hésitant, je peux toujours assister à la prochaine consultation, juste en tant qu'observateur. Comme ça tu vois si tu signes après ou pas. Je veux pas non plus te mettre le couteau sous la gorge. »Tu clignes des yeux, pas tout à fait sûr de ce que tu aimerais répondre. Mais tu n’as pas le temps d’y réfléchir plus longtemps que Cassian te reprend les papiers des mains pour les poser sur le bureau, juste à côté de toi. Ça te surprend sans te surprendre ; probablement l’anxiété qui prend le pas. Ou alors il préfère aller ailleurs ? Pourtant ce n’est pas trop ce que tu ressens en le regardant. Tu le regardes quelques secondes avant de te redresser, lui faisant face. T’as les mains dans les poches mais c’est pas pour autant que tu prends la situation à la légère ; c’est plutôt ta manière à toi de montrer que tout va bien. T’es pas vraiment agacé par Cassian qui te retire un truc des mains sans prévenir et tu n’es pas non plus énervé face à sa proposition. Ce qui te travaille, c’est surtout que tu ne sais pas s’il pourra assister au prochain rendez-vous. Tu ne forceras jamais tes patient·e·s à accepter qu’un parfait inconnu les écoute et, en plus, t’es pas sûr de la pertinence d’une période d’essai. C’est pas comme si t’allais l’engager pour de bon et niveau éthique, ça te fait un peu tiquer. Tu hausses les épaules avant d’enfin prendre la parole
« Écoute. Je suis pas hésitant, sinon je t’aurais jamais proposé de revenir me voir avec les papelards. Pour moi j’me suis déjà engagé, donc je veux bien signer les papiers maintenant. Et concernant l’observation … »Tu prends quelques secondes pour te gratter la barbe
« J’peux pas te garantir pour aujourd’hui. Idéalement le projet, c’était te prendre comme stagiaire et prévenir en avance mes patient·e·s que j’aurais quelqu’un avec moi pour les … Deux prochains mois, c’est ça ? On peut pas les forcer à accepter s’iels veulent pas. C’est comme ça, je veux que mon bureau reste un safe space pour elleux. »Tu souris avant de prendre les documents, le stylo et de commencer à signer
« Ça te va, comme ça ? »Résumé
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Je suis désolé je voulais faire court (et c'était le cas au début) pis c'est devenu super long
Mais globalement Tantine essaye de rassurer Cassian et il "négocie" pour l'observation des séances