[Flashback] Avoir les crocs ft. Célestin

Concentré sur sa tâche, le vampire se surprend à sursauter à l’entente de la voix de son interlocuteur encore présent. Ses yeux bicolores quittent l’écran pour le regarder, s’interrogeant encore sur les raisons de sa présence. Leurs tirades mutuels laissaient à penser que l’un comme l’autre, ils n’avaient pas envie de s’éterniser. Blessé, Liam pouvait comprendre que cet homme l’abandonne sans demander son reste. Mais, il est encore là, et il s’excuse. Son sourcil se relève, il attend la suite de ses propos qui ne viendront jamais. A la place, il justifie pourquoi il reste. Peu importe, le vampire sait qu’il ne peut pas compter sur cette personne que ce soit pour lui indiquer la route d’un restaurant ou pour faire régner la loi. Pourquoi il devrait s’encombrer d’un tel boulet ? Ses iris retournent sur l’écran lumineux et ses doigts s'affairent à trouver un tel lieu dans les environs. Les résultats ne sont pas clairs. Bien-sûr, il y a des restaurants mais est-ce vraiment des lieux pour vampire ? L’empressement de se sustenter le tend. Inconsciemment, il commence à taper du pied. Ses yeux se baladent sur chaque recherche, ses mains tremblent et un peu de bave s’écoule de la commissure de ses lèvres. Ça ne va pas.
Violemment, le bicolore jette le téléphone sans se soucier si son propriétaire a le réflexe de le rattraper. Ses talons se retournent en direction de l’homme inconnu et sans se soucier de ses excuses précédentes, il lui attrape le bras. Si les résultats n’étaient pas convaincants, il ne lui restait plus qu’à trouver un restaurant par lui-même. Le seul hic, c’est que Liam ne connaît pas assez les environs pour se permettre de se balader seul. Jusqu’ici, sa victime s’est montrée incompétente et si l’espoir reste maigre, le vampire veut y croire; il veut croire qu’il réussira à l’aider, un peu.

“Ce n’est pas clair. Conduis moi à travers la ville, je veux aller à l’endroit où il y a le plus de restaurant rassemblé, je finirais bien par trouver.”

Ses iris bicolores se plantèrent à nouveau dans le regard de l’étranger, sa conviction était visible tout comme son manque. Pour ne pas reproduire son erreur, il enfonce ses propres crocs dans sa lèvre inférieure, l’ouvrant en partie puis il essuie cet étrange mélange visqueux d’un revers de la manche.

“Au fait, moi, c’est Liam White. Ce sera plus simple pour communiquer.”

Ce n’est pas le bon moment pour sympathiser, et encore moins pour faire les présentations, mais par soucis de commodité, autant connaître son prénom. Liam ne veut pas oublier l’homme qui l’a vu dans cet état, si cela se sait, il saura qui allait voir. Le savoir, c’est le pouvoir.