C’était sans aucun doute toute la surprise qu’il ressentait en voyant Rizzen souffrit qui l’avait sortir de sa torpeur. Capable d’écrire un SMS sans trop trembler était un exploit en soi. Ses mains le dégoutaient toujours autant, mais le besoin de communiquer était plus fort que son dégoût. Ce n’était pas le message le plus parfait, mais au moins, il s’était fait comprendre. Il ne savait toujours pas comment réagir, face à cette arrachage de branches qui semblaient le faire vivre un véritable enfer. Le blond ne pouvait pas l’y aider et lui lancer des mots d’encouragement ne ferait qu'envenimer les choses, à son sens, puisque, de toute évidence, il était à l’origine de la souffrance. A l’origine de sa chute, de la manifestation de sa phobie, de l’apparition des branches en signe de protection. alors… Alors s’il voulait que le nécromancien l’aide dans sa condition, il était préférable de faire profil bas.
La colère s’est calmée, au fond de toi. Mais tu la sens encore grondée, prête à ressortir à tout instant.Pas de remarque sur le fait qu’il écrit un message plutôt que de parler. Ce n’était pas plus mal, ce serait trop long à expliquer. Il arrivait à écrire des petites trucs, mais taper un roman était hors de sa portée. Un brin de surprise passa sur son faciès, alors qu’il apprenait l’existence de parfums assez puissants pour dissimuler l’odeur de la mort. Il était intrigué, maintenant. Bien qu’il se questionnait sur la durée de son état, ne réalisant pas encore totalement qu’il n’aurait plus d’autres choix que d’accepter ce corps en décomposition. Il ne comprenait pas grand chose, au final, se référant une nouvelle fois uniquement à Rizzen… mais est-ce que c’était une bonne idée ? Après tout, il était la personne responsable de son état…
C’est facile de tout lui mettre sur le dos, hein ? Il déglutit, n’aimant guère sa façon de penser, mais ne parvenant pas à trouver de contre-argument. En fait, si, il y en avait un : c’était de sa faute. Totalement. Sa folie de vouloir revenir à la vie était vouée à l’échec dès le départ. Il refusait de l’admettre et pourtant, il s’agissait là de la seule vérité. Le nécro avait juste été trop gentil de croire en ses conneries. Comme quoi, il pouvait être doué pour embobiner les gens… Il n’avait pas l’impression de l’avoir fait, pourtant. Après tout, l’amour qu’il éprouvait pour Seiya était réel, unique. Fugacement, l’image du baiser furtif échangé lors de la première rencontre avec Rizzen ressurgit devant ses yeux et une grimace déforma son visage déjà bien abîmé.
Plus perdu que ça, tu meurs. Ça tombe bien, t’es déjà mort.Les réflexions s’accumulaient, sans qu’il parvienne à définir un fil conducteur. Toutes ses pensées partaient dans tous les sens. Il se redressa un peu, grimaçant une nouvelle fois en entendant le jeune homme jurer. Apparemment, la deuxième branche était plus difficile à briser. Un frisson traversa son corps, comme s’il partageait la douleur. Sans la ressentir. Un sentiment étrange dont il se passerait bien, ayant déjà assez à faire pour organiser ses pensées. Plusieurs minutes s’écoulèrent, sans autre son que le souffle saccadé du nécromancien. Puis finalement, il annonça qu’il quittait la salle pour nettoyer ses plaies. Kyo se contenta d’un signe de tête, le regard à nouveau perdu dans le vague.
Et s’il ne revenait pas ? C’était une possibilité. A sa place, le blond aurait sans doute pris ses jambes à son cou. Il se mordit la lèvre inférieure, avec un peu plus de violence qu’il ne l’aurait cru. Il sentit le liquide carmin frais couler doucement sur sa langue, se mettant à tousser fortement face à la sensation désagréable. Connerie de corps. Connerie de moment. Connerie ! Il en avait marre d’être assis là, comme un parfait abruti, incapable de réagir. Finalement, Rizzen revenait pour faire il ne savait quoi, ne lui portant pas d’attention -il en faisait de même, de toute façon-. Il avait fini par se redresser, se rendant sur l’ordinateur le plus proche de lui. Restant debout, il ordonna à ses mains d’arrêter de trembler, le temps de chercher ce qu’il désirait. Vu que le jeune apprenti chimiste ne pensait pas qu’il était peut-être utile de lui expliquer ce qui lui arrivait, il le chercherait lui-même.
Zombie.Il ne lui fallut pas longtemps pour trouver la réponse qu’il recherchait. Ses yeux s’écarquillèrent d’effroi, alors qu’il continuait à chercher, savoir si ce site était fiable. La panique qui s’emparait de lui à cet instant lui donnait l’aisance qu’il avait toujours eu avec un clavier. Ses recherches étaient rapides, ralentit néanmoins par la connexion internet du bâtiment. Il retombait, systématiquement sur les mêmes informations.
Il était devenu un zombie.Et l’état était permanent, pour toute sa vie dans l’autre monde. Il sentait à nouveau la colère gronder dans sa poitrine, ayant envie d’hurler. Il se retourna brusquement vers Rizzen, prêt à frapper une nouvelle fois. Mais clairement, ce n’était pas une bonne idée. Il se fit violence pour se saisir de son téléphone, écrivant avec fougue. La rage lui permettait d’être plus précis dans sa saisie, rendant le sms bien plus parlant et compréhensif.
Tu comptais me le dire quand, au juste, que c’est PERMANENT ? Me dire que je suis devenu un putain de ZOMBIE, ça t’as pas traversé l’esprit à un moment ?! Tu parles de potions d’apparence et de parfums, mais en fait tu sais très bien ce qui m’arrive depuis que tu m’as vu !!! Et moi je suis là comme un con à chialer comme un gosse en captant que dalle à ce qui m’arrive, tellement trauma que j’en ai perdu ma voix, FUCK QUOI !!!Son sang ne faisait qu’un tour dans ses veines. La vérité, explosant à son visage, le mettait dans une rage folle. Il eut tout juste le temps d’envoyer le message qu’il balança l’appareil contre le mur. Évidemment, ce dernier ne résista pas au choc, se brisant en milles morceaux.
Il faudrait vraiment que tu arrives à contrôler ta colère, surtout quand elle te submerge. Il se retint de faire de même avec l’ordinateur, l’envie étant bien présente. Sa nouvelle condition résonnait dans sa tête, comme un disque rayé qui lui répétait en boucle qu’il était devenu un monstre. Un zombie bordel, c’était un monstre ! Et de ce qu’il avait lu des commentaires, ils n’étaient pas des plus aimés, ici. En tout cas, sur la toile. Il savait bien que le sel était bien plus présent lorsqu’on était couvert par l’anonymat mais… Il s'aperçut qu’il respirait fort, haletant presque. Il se redressa, perdant ses mains dans ses cheveux, expirant pour essayer de retrouver un semblant de calme. Difficile. Il grinça des dents, se fichant pas mal que ce geste soit visible de par son absence de joues et il commença à faire les cent pas. Sur trois mètres carrés, certes, mais les cent pas quand même. Comme un lion en cage qui cherchait un moyen d’en sortir. Mais il n’y avait pas de solutions, si ce n’était le parfum et la potion d’apparence. Comme Rizzen l’avait dit. Cependant, il aurait aimé avoir des explications de suite. Il l’encaissait mal, il devait l’avouer.
Et en plus t’as perdu ton moyen de communication.