»Coeur de Pierre, Nerfs à vifsQuelques semaines auparavantNoriko se pencha sur Lyriana, en sueur, la main sur son coeur qui partait dans les tours. Une voix suave au creux de son oreille, un venin plus fort encore que celui d'un serpent, des yeux chafouin, la personification du chat de Cheshire, la chimère avait tenu parole. Mais quelle parole au juste? La promesse de changer de vie? Ou plutôt du sens du monde des morts?
"Je t'avais promis de brûler tes ailes, ma belle..."
Elle déposa délicatement, mais fermement tout de même les mains sur les cornes encore ensanglantées de Lyriana, et la maintena la tête baissée, dominatrice, toute puissante.
"Tu vas faire ce que je te dis désormais. Tu es comme moi, tu es une Chimère, et tu vas accomplir ta vengeance, dans la haine, le sang et la malédiction. Chaque fois qu'un homme que tu as connu rejoindra ce monde, tu le prendras en chasse et tu en feras un trophée."
Lyriana n'avait même pas la force de parler, sa gorge lui brûlait, la marque de corde autour de son cou sembla lui serrer à nouveau. Mais trop tard. Trop tard pour revenir en arrière. le voulait-elle surtout?
"Dernier petit point ma belle. Ne me recherche pas, ne penses même pas me retrouver. Je saurais tout, je verrai ce que tu fais, mes yeux et mes oreilles sont partout. Mais tu n'en sauras rien. Oublie moi. Mène à bien ta mission sacrée..."
ActuellementIl avait fallu pas mal de temps à la chimère pour s'habituer à ses cornes, et son teint plus blafard, ou encore ses cheveux qui avaient blanchis et quelque peu rosis à cause de l'injection. son regard froid mais néanmoins rouge sang scrutait un petit papier plié en quatre dans sa main. l'écriture était belle, soignée, mais le contenu avait capté son attention. venant de nulle part, sous sa porte de l'appartement Bozo, un informateur ou une informatrice inconnue avait glissé quelque chose d'intéressant.
Il faut dire que Lyriana n'avait pas été un modèle de discrétion ces derniers temps. Aprés un an en tant que Lémure, d'où elle n'avait même as prit la peine de s'enquérir des us et coutumes du monde des morts, tiraillée par la faim et la soif, jusqu'à trainer sa carcasse dans le bar qui lui offrit la connaissance de Noriko.
Cette connaissance avait fait l'effet d'un sparadrap. Un petit mieux et une vive douleur quand on s'arrache à elle. Sur le petit mot, écrit à l'encre, il y avait un lieu: La roseraie. Elle n'espérait en aucun cas tomber sur sa génitrice, mais au moins en savoir beaucoup plus sur elle. Sur l'endroit où la retrouver, et répondre à toutes ses questions. Ces migraines incessantes, cette destruction mentale, ce mal de gorge à ressentir le feu d'un dragon, et ces cornes, si froides, si raides bien qu'elles soient avec une magnifiques courbe.
Lyriana tira un peu plus sur le col de son costume, elle avait encore perdu du poids, son corps semblait si frêle. La potion de rajeunissement avait tellement bien fait son effet qu'elle avait dû changer ses vêtements devenus trop grands. Il ne lui restait plus beaucoup en poches, à peine quelques osseets et quelques rotules. Elle n'osa même pas compter le nombre d'étreier, cela la renderai malade.
Aux portes de la roseraie, couverte d'une mousse verdoyante, baignée par une lueur d'outretombe, il y avait tellement de parfum, tellement de chemins possibles, un vrai petit labyrinthe se dévoilait à sa vue. "Joke" ne se serait pas d'humeur joyeuse, aussi elle rit le premier chemin, celui droit en face d'elle, celui des roses blanches. Elle se rapellait qu'au Japon, le blanc était la couleur du deuil. Combien de fois l'avait-elle dit et redit à Devon pour la couleu des kimonos dans leur jeu.
"Ce sont des esprits, Devon. Le Kimono doit être fermé à l'envers et d'un blanc virginal."
Il avait fait un geste de la main, il sen fichait toujours de toute façon. au souvenir de cette raclure, elle fulmina, elle avait envie de tout briser dans la roseraie. Elle saisit un montant en acier, faisant une arche avec une pleiade de roses bien développées. Elle serra, tordit le métal. Cette force de bouc, et cette façon d'exulter de rage, d'écumer littéralement. Jamais Noriko ne lui avait expliqué quoi faire!!
C'était tellement vide, et les roses ne pouvaient parler comme dans Alice au Pays des Merveilles. Elle se sentait telle une super nova, zébrant le ciel. Elle ne faisait absolument pas confiance à ce mot, pas plus qu'aux réponses qu'on pourrait lui donner. Elle avait prit le couteau de sa cuisine comme arme d'auto défense. Elle pensa acheter un taser pour plus tard. Quand elle aurait assez pour manger.
Un bruit? une Ombre. Une présence quoi qu'il arrive, la fit sursauter. Sur le sol, une énorme tache de sang, créant une flèche vers un endroit et un mot: Revele-toi.
Qui est-là?! Montrez vous !!Bien sûr personne ne pouvait voir cette tâche, seul dieu ou le diable pouvait expliquer comment c'était possible. Mais cette hallucination était souvent bien utile, bien qu'entrainant une profonde psychose. Les fleurs devinrent souriante, effrayantes, et plus elle approchait du point, et plus les sourires et les murmures devinrent marqués. Les doigts crampés sur la poignée du couteau, elle grogna en face d'une ombre plus grand et de fome vaguement humaine.
Impossible de savoir si cela pouvait répondre. Impossible de savoir également si c'était vrai, autant que son décor se distordait, et que cette impression de souillure, de saleté devenait intense, que l'odeur des roses devait un poison dont elle avait envie de suffoquer, de vomir tripes et boyaux.
"Ce monde est fou…" murmura le souvenir de Noriko qu'elle balaya d'un coup de couteau dans le vide, un œil clos. Elle tendit la main vers le sol, avant de s'accroupir. Ne se sentant véritablement pas bien, elle ne put que sentir la présence se rapprocher, et l'odeur devenir encore plus entêtante.
Je veux des réponses...Et vite…la voix était étranglée, sa peau blanche constellée de sueur, la main tremblait, et ne tenait plus vraiment bien le couteau dont la lame luisait de rouge, avant d'être aspiré dans les ombres quand il chuta. Elle le chercha, fouillant la terre qui était devenue aussi bouillonnante que l'eau et la mélasse. Elle pesta, grogna de rage, sans pour autant pousser de cri, ce qui lui aurait augmenté son mal de gorge. Elle en avait déjà fait l'amère découverte toute seule. Mais c'était bien là sa seule véritable découverte.