27 mai 1955, Suède, dans les environs d'Örkelljunga.
C’était la fin de l’après-midi, et Peter marchait en direction du lieu de rendez-vous prévu, transportant avec lui un grosse valise. Il était couvert par un chaud manteau rembourré pour se protéger du froid et son regard était fixés sur les alentours, regardant avec un léger sourires les collines couvert de pins de la Suède. Il ne faisait pas trop froid: les arbres protégeant du vent et le climat océanique permettant une température relativement douce, surtout par rapport au reste de la Scandinavie. Définitivement un bel endroit ! Un brin isolé, mais sympathique.
C’est relativement courant, de vouloir s’isoler après sa mort. De fuir les endroits dans lesquels on a vécu, de rester un peu dans son coin … Bref, d’avoir besoin d’une pause pour mettre de la distance avec sa vie passée. Dans la théorie, du moins. Mais accepter, ça prend du temps. Alors on demande des nouvelles de sa famille, d’obtenir des choses de son ancienne vie. Et ce n’est pas compliqué d’obtenir tout ça : il suffit juste de s’adresser à un vampire qui vend ses services. Et, vous l’aurez compris, c’est pour ça que Peter se trimbale une valise. Ce genre de boulot est une vraie mine d’or, quand on est un vampire ! Certaines personnes disent que c’est immoral, d’exploiter la vulnérabilité des personnes mortes récemment pour gagner de l’argent. Mais les vampires les aident, non ? On ne peut pas reprocher à des personnes de proposer un service contre de l’argent. C’est du gagnant-gagnant, non ? Des personnes veulent de l’argent, d’autres veulent des informations et des objets du monde des vivants. Le problème, c’est que le client est rarement satisfait du résultat. Car, surprise surprise, quand on meurt, ça touche notre entourage. Surtout que par la nature même de l’endroit, ceux qui viennent ici sont souvent morts dans des circonstances plutôt glauques. Et donc, demander des informations sur ses proches qui ont été récemment marqués par une mort tragique … Donnait rarement satisfaction. Mais bon, ce n’est pas son boulot que de se soucier de ça. Non seulement ça ne le concernait pas, mais ça ne concernait pas non plus ses proches ou un enfant.
Finalement, après quelques minutes de marche, il arriva en face d’une maison, installée au milieu d’une clairière. Le point de rendez-vous, et probablement l’habitation de la jeune femme qui lui avait commandé … Les valises, ainsi que des informations. Prudemment, il marcha dans la direction de la maison, avant de la contourner pour aller dans le jardin. Il s’agissait d’un jardin ouvert auquel il eu accès en passant par un petit chemin prévu cet effet. Sa cliente était visiblement en train de s’occuper du jardin en l’attendant. Alors, pour se faire remarquer, il la salua au loin.
« Hejsan ! »Peter lui fit de grands signes de la main avec un léger sourire amical, bien que légèrement pincé, sur son visage. Pas très difficile d’imaginer pourquoi. Il avait toutes les informations, pas de souci là-dessus ! Il eu même le temps de faire quelques… Balades. Mais c’est une tout autre histoire. Sa cliente lui fit signe de rentrer, ce qu’il fit avec empressement. Il se déchaussa dans l’entrée, puis posa la valise doucement sur la table à côté d’eux, attendant d’avoir une invitation à s’asseoir, s'il était nécessaire qu'il s'assoit.
«Très bel endroit ! T’es arrivée récemment, je présume ? Je veux dire, ce genre de service est principalement demandé par les nouveaux arrivants. C’est souvent un moyen de … Tu sais, passer un cap ! »
Il était poli, sans pour autant être véritablement respectueux. Il n’est … Clairement pas le genre de personne à vouvoyer son interlocuteur. On aurait même pu l’accuser de chercher à changer de sujet : mais ça lui semblait logique de tenter de la mettre à l’aise. Après tout, elle est probablement nerveuse… Et très franchement, c’était justifié dans son cas. Et donc de son coté, quitte à jouer les oiseaux de mauvais augure … Autant chanter un peu avant.