Peek a Boo ! est un forum rpg dont la v4 a ouvert en février 2023. C'est un forum city paranormal où les personnages sont décédés ; après une vie pas très chouette, iels se sont vu offrir une nouvelle chance et évoluent désormais dans le Tokyo extravagant de l'au-delà.
起死回生
You can't fight the friction so ease it off can't take the pressure so ease it off |
Qu'il était maladroit, tout de même, ce pauvre chiot abandonné que tu avais ramassé un peu à contrecœur. Il te faisait presque pitié, à trembler et grimacer en s'efforçant de tenir sur ses pieds. Tu avais l'impression qu'il n'y arriverait jamais. Tu avais tort de douter pourtant, car au bout de quelques instants, voilà qu'il était debout devant toi, un sourire imbécile fixé sur le visage et...
Il te remercia.
C'est vrai que tu l'avais aidé à se relever, mais il n'avait aucune raison de se montrer poli avec toi. Tu n'avais pas fait l'effort de l'être, toi, et tu n'avais pas l'intention de commencer maintenant. Tu lui répondis d'un haussement d'épaules désinvolte, tes traits affichant un air impassible, bien loin du masque de mépris qu'on pouvait y voir un peu plus tôt, mais certainement pas chaleureux.
— Je t'aide parce que tu m'as aidé, c'est tout, jugeas-tu bon de préciser.
Tu ne pouvais t'empêcher de te sentir un peu idiot, planté là, main dans la main avec un inconnu, couvert de bleus et d'égratignures. Mais si tu le lâchais sans prévenir, rien ne te disait que cet idiot n'allait pas retomber sur les fesses aussi sec, incapable de garder son équilibre sans ton soutien. C'était bien comme cela que cette histoire avait commencé, n'est-ce pas ? Parce qu'il ne pouvait pas se débrouiller tout seul, croyais-tu. Jusqu'à ce qu'il te lâche de lui-même, te prenant à nouveau au dépourvu. Marmonnant quelques mots d'un ton d'excuse avant de tourner ailleurs ses prunelles sombres, comme si le simple fait de croiser ton regard l'effrayait.
Sans crier gare, ta colère refit surface.
— T'es vraiment qu'une poule mouillée, en fait.
C'était si facile. Si naturel. Lorsqu'il s'agissait de blesser l'autre, cela coulait de source. À croire que le liquide qui coulait dans tes veines n'était pas du sang mais bel et bien du poison que tu laissais suinter de tes lèvres.
— Essaie même pas de retourner sur le bord tout seul, puppy. T'y arriveras pas.
Affirmation impitoyable prononcée avec un mélange de pitié et de mépris, saupoudré d'une pointe de défi qui faisait passer le message inverse. Vas-y, essaie. Je te regarde.
Tu n'en avais pas assez de t'acharner sur ce pauvre garçon ? Ça ne t'avait pas suffi de l'écraser physiquement (bien qu'involontairement), il fallait encore que tu le fasses avec tes mots ? Où étaient passées la pointe de reconnaissance et de compassion qui t'avait étreint devant son geste secourable qui t'avais soustrait à l'humiliation d'une nouvelle chute ? Où étaient passées la fatigue, la lassitude et la nostalgie de ton lit douillet ? Disparues, apparemment, envolées en poussière et emportées par le vent glacé qui soufflait sur vous de plus en plus fort.
You can't fight the friction so ease it off can't take the pressure so ease it off |
Il y eut effectivement une réaction, mais pas celle que tu avais prévu. Ni colère, ni agression, pas même un air offusqué. Simplement de la surprise et de l'incompréhension. Il avait refusé d'entrer dans ton jeu. Qu'est-ce que tu pouvais faire face à cela ? À chaque mot que ton vis-à-vis assénait, à chaque phrase pleine d'une logique qui manquait à tes actions, tes mains gantées se serraient un peu plus en poings crispés. Tu aurais mille fois préféré qu'il te crie dessus, ou même qu'il te frappe, plutôt que cette paisible curiosité avec laquelle il t'observait, comme si tu étais la chose la plus étrange qu'il ait jamais vu. Et tu le détestais d'autant plus qu'en un sens, il avait raison. Ton comportement était illogique, et tu le savais. Mais tu laissais tes émotions prendre le dessus, et voilà où cela te menait. Le constat n'était pas brillant.
Il fallait que tu te calmes. Et il te fallait un chocolat chaud.
Fermant les yeux, tu pris une grande inspiration. Une bouffée d'air glacial te brûla la gorge, emplissant tes poumons de froid, et lorsque tu expiras, un nuage de vapeur se forma devant ta bouche. Tu continuas de respirer de cette façon pendant un petit moment, jusqu'à ce qu'une partie de la tension accumulée pendant les dernières minutes se soit envolée. Alors seulement, tu rouvris les yeux.
— Donc, tu ne comprends pas.
Ta voix était plus douce qu'elle ne l'avait été depuis le début de cette histoire, sans aucun doute, mais elle contenait malgré tout une pointe de raillerie que tous les efforts du monde n'auraient pas pu effacer.
— C'est pourtant simple. Je ne te supporte pas.
Tu prononças cette phrase en détachant chaque mot, le regard fixé dans celui du jeune homme qui se trouvait face à toi.
— Mais je vais quand même t'aider, parce qu'en effet, je pense – non, en fait, je suis sûr – que tu n'y arriveras pas tout seul.
Avec un sourire triomphant, tu l'attrapas par le bras sans lui demander son avis, et tu avanças d'environ un mètre, glissant sans difficulté sur la glace. Tu avais un peu mal au genou, mais c'était supportable.
— Alors ? Tu viens ou pas ?
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