T’as gagné ! Tu as gagné ! J’en ai assez de l’entendre dire des inepties plus grosses que l’égo surdimensionné de Margaret. Tu me veux qui ? Déjà, arrête ton baratin. Je sais pertinemment que tu n’es pas avec Alex Fletcher. Comment je le sais ? Car t’es une putain de bonne amie et que t’es amie avec Pom Warren qui a le béguin sur Alex. Un. Deuxième, Alex est blagueur, horripilant et qu’il a des tas de jouets – même s’ils les voient comme des potes, je présume – dans ton genre. Il est le genre d’individu qui possède tellement de noms dans son répertoire qu’il est saturé. Trois, je suis au courant de ta romance avec la jeune policière aux cheveux noirs. Quatre, je m’en fous complétement ! Sérieusement et au plus profond de moi-même. Cinq, Alex a des relations sexuelles – ce n’est pas nouveaux – et s’il en a avec d’autres, soit t’es totalement trompée, soit t’es totalement cinglée. ENFIN. Et ce n’est pas le plus logique de le mettre en dernier tellement que ça sonne comme une évidence : l’excuse de « je suis en couple » C’est un peu démodé.
Dans tous les cas, je scrute sa cicatrice de long en large et en travers et j’ai tellement de rage en moi que j’ai juste envie de lui mettre mon poing dans la gueule. Pourquoi elle agit comme-ci j’allais la buter ? Je grogne. Saleté de bonne femme ! Je vais me débrouiller sans toi ! T’es un handicap ! T’es un putain d’handicap et une putain de chieuse qui est là à me faire perdre mon temps.
Je repousse sa main, sans violence, je l’empêche juste de me toucher comme-ci ce simple contact risquait de me faire perdre les dernières onces de sympathique que je peux encore avoir.
Je me suis reculé, adossé contre le meuble le plus proche de mon postérieur et j’ai levé les yeux aux ciel dans un roulement des plus agacé, avant de répondre d’une voix caverneuse, qui va parfaitement avec mon stoïcisme général.
« Sans problème, vu que je suis si parfait, on peut le faire là maintenant. » Mes dents se montrent dans un rictus ridiculement mauvais. Je me contiens, je me retiens, mais franchement, je ne sais pas combien de temps je vais pouvoir y parvenir. Je vais m’en rendre malade. Autant de patience, c’est digne d’une récompense. JE VEUX MA PUTAIN DE MEDAILLE. Je ricane à nouveau, avant de perdre ce dangereux sourire – qui me fait ressembler à un psychopathe sur le point de crucifier une chèvre pour un dieu sataniste et je prie pour trouver rapidement un verre de whisky.
« Mets ton bandage, lève ton cul et dégage de ce garage, Shirley-San. » C’est à peu près le summum de la gentillesse dont je suis capable à présent. Elle a peur, elle est terrifiée, elle ne sait pas comment réagir et je peux le comprendre. Je peux l’entendre. Mais franchement, elle me gave. Tu me parles de sensibilité féminine ? Un truc inventé par les hommes pour vous faire croire que vous êtes plus faibles. On est sensible de base. On l’est pas tout autant. C’est ce qui nous rend capable d’être triste quand un personnage de bouquin crève alors qu’on est capable d’entendre sans une larme que de l’autre côté du monde des milliers de gens ont crevé. C’est ce qui nous permet de vivre. Cette armure et cette indifférence. T’es faible, Shirley. Mais pas parce que tu es une femme. Tu l’es, parce que tu veux l’être. Car tu te complais dans l’idée que c’est ce que tu es. On ne mérite pas toujours ce qui nous arrive, mais on ne peut pas avancer si on ne croit pas valoir mieux.
Toutefois, entre mes dents, je balance brutalement :
« C’est Pom qui va être ravi d’apprendre que sa meilleure amie baise et, mieux est en couple, avec son crush. Enfin, tu me diras, c’est peut-être pour ça qu’il a disparu. Etre trahi par ses potes, ça doit être douloureux. » Je me suis redressé pour quitter la pièce. Qu’elle aille se faire foutre, cette Shirley et son hypocrite à faire vomir un politicien.