Peek a Boo ! est un forum rpg dont la v4 a ouvert en février 2023. C'est un forum city paranormal où les personnages sont décédés ; après une vie pas très chouette, iels se sont vu offrir une nouvelle chance et évoluent désormais dans le Tokyo extravagant de l'au-delà.
起死回生
Je veux savoir,
Montre-les moi.
La nuit était tombée et Pom n’était pas très rassuré. Dernièrement, il avait accepté une mission pour Eden. Cela n’était pas surprenant, il acceptait toujours des missions pour Eden. Le problème n’était pas là. Le problème était qu’il s’était planté. Aidé de sa bague chimérique, il avait pensé pouvoir duper une organisation – en grande partie composée de femme – et parvenir à retrouver la fille d’un chef d’entreprise qui s’était suicidée et était devenue chimère. Comme toujours, Pom n’était pas vraiment au courant des tenants et aboutissants, sa confiance en son patron était totale et il ne posait que peu de questions. Seulement, voilà, il avait raté. Et il était tombé sur une vieille dame ! C’était de sa faute à elle !
L’homme réprima un frison. Sous son gros pull trop large, son jean, il avait fait le choix de s’habiller de manière totalement masculine. Les femmes sont plus faibles que les hommes, c’est une certitude. Pom étant autant l’un que l’autre savait parfaitement pourquoi il prenait des potions pour n’être qu’un homme, car ainsi : il était davantage épargné. Les femmes se chamaillent entre elles, médisent, se critiquent et s’insultent. Les femmes se font toucher les fesses dans le métro, doivent se faire belles et ne doivent pas prendre du poids. Elles veulent des enfants, de l’amour et râlent autour de leurs règles. Les femmes sont fragiles, elles se brisent et se casent. Elles ont besoin d’être rassuré. Il les trouvait sympathique, c’était vrai. Il les savait « d’un point de vue » humain égal à lui-même, mais, homme et femme étaient à ses yeux différents, et il souhaitait être un homme. Mais pas toujours. Parfois, …
D’un geste de la main, Pom envoya voler sa pensée. Il déposa sur une table, se situant à côté du manège, deux tasses à café et servit les deux. L’une était pour lui, l’autre était pour la vielle femme. Le nécromancien, attrapa direction à la suite, un carnet où l’écriture était manuscrite. Eden Indentshi adorait les ordinateurs, mais il pensait qu’un document secret devait être forcément écrit à la main.
A l’intérieur, le patron du Bchobiti proposait un marché. L’équivalent de deux milles euros, à échanger en ossement, contre un moyen de joindre la jeune femme. Visiblement, Eden menait une simple enquête de routine et n’avait pas la moindre idée que Pom était en train de se poser des questions sur Margareth et les siens.
« Eden me fait dire que ça peut être un numéro temporaire, il veut simplement parler à la chimère. Son père veut lui parler. Vous comprenez ? » Questionna-t-il, en direction de la femme. Pom ne se sentait pas très l’aise en sa présence. Il avait le sentiment qu’elle le voyait nue, malgré la potion, et qu’elle devinait qu’il était proche des leurs.
Je veux savoir,
Montre-les moi.
Cette femme l’angoissait réellement. Elle menait clairement la danse. L’atmosphère ambiante n’était clairement pas rassurante. Il avait l’impression d’être dans un roman d’horreur avec le bruit de ce manège ne s’arrêtant que pour reprendre de plus belle. La présence des fillettes dont émanait un sentiment d’idolâtrie particulièrement flippant rajoutait à ce décor une impression d’écrasement et de fuite. Il n’aurait pas été surpris qu’elles sortent un opinel pour l’éviscérer. Il n’avait qu’une envie : que l’entretient soit le plus bref possible et qu’elle parte. D’autant que cette femme produisait le même effet que les gourous de secte. C’était évident dans sa manière de se tenir, de se comporter avec ses filles ou de parler. C’était une soumission totale, le respect d’un chef et la perte de sa propre identité. Pom ne comprenait même pas qu’Eden puisse avoir de la sympathie à son égard – c’était du moins ce qu’il dégageait en parlant de cette femme. Si lui-même appartenait à une organisation, selon ce qu’il pouvait entendre du bar de son ami, Pom Warren ne le voyait pas ainsi. Jamais Eden n’imposait ou n’obligeait à quoique ce soit et dans son groupe se trouvait autant de personnes variées, à la mentalité et aux objectifs différents. Dans le monde des vivants, il aurait sans doute été considéré comme un groupuscule anarchique. L’anarchie s’opposait fièrement à l’oligarchie.
Cette amazone des temps modernes ne semblait clairement pas prête à céder le moindre terrain concernant les informations à donner. Toutefois, Pom fut particulièrement vexé de l’entendre dire qu’il ne fallait pas la prendre pour une imbécile à user d’une bague nécromancienne pour infiltrer son organisation. Naturellement que le jeune homme avait de quoi être vexé : puisque cette idée provenait de lui et qu’il était persuadé que cela n’aurait pas été un échec si cette vieille peau n’avait pas été là. A moins qu’elle ne parlait de son apparence actuelle ?
Elle ne pouvait pas savoir. Elle ne devait pas savoir.
D’ordinaire, Pom était plutôt attiré par les personnes âgées dans le monde des morts. Elles n’étaient pas très nombreuses – car elles avaient généralement eu une belle vie – et elles avaient des tas d’histoires à raconter. Et puis, Pom était un peu envieux. Il aurait aimé voir ses enfants grandirent. Ils auraient aimé pouvoir avoir des rides, pouvoir passer du temps avec ses petits-enfants et mourir d’un sommeil où un rêve l’aurait attrapé pour ne pas le rendre. Il ne trouvait guère agréable d’être mort jeune. Il n’aurait jamais le loisir de pouvoir savoir qui il aurait pu être, ni ce que ses enfants avaient pu devenir. Un zombie ou un vampire pourrait éventuellement lui donner l’information. Toutefois, Pom ne s’en sentait pas le mérite. Il les avait abandonnés.
Ce qu’il ne sentait pas non plus, c’était de discuter avec cette femme. Eden aurait mieux fait se de rendre lui-même à ce rendez-vous, selon le nécromancien. D’autant qu’il savait – depuis qu’il l’avait revu – qu’Erëssea bossait pour elle. Et Pom Warren n’avait aucunement envie d’être lié de près ou de loin aux gens qui bossaient avec la chimère.
Seulement voilà, il avait accepté une mission et il aurait été bien stupide d’arrêter là la conversation. Gardant un grand sourire de circonstance, l’homme leva les yeux au ciel :
« Eden ne donne pas d’ordre. Il demande. Et mon apparence lui importe peu. »
Cette femme l’agaçait. Vraiment. Et le pire, c’est de savoir que son chef avait une forme de respect pour elle. Comment pouvait-on respecter ce genre de personnes qui tournent des idées dans la tête des gens jusqu’à leurs faire que les idées viennent d’elles ? Pom n’aimait pas ça. Il n’aimait pas les rois. Il n’aimait pas l’amour aveugle. Et pour cause, puisqu’il avait été de ceux qui avaient soutenus les différents rois de France menant lui-même, sa famille et les tiers à leurs pertes. Sa mort était une leçon claire à son esprit : n’écoute que toi-même.
« Vous n’allez pas me faire croire que vous avez accepté de vous déplacer jusqu’ici pour simplement me dire non et partir ? »
Pour Pom Warren, l’Izakaya Bchobiti était davantage un lieu de philosophes et détectives privés qu’un lieu de trafic et d’activités secondaires où Eden aurait été à la chef d’une petite armée. Ce n’était pourtant pas si faux, mais Pom était dupe de tout ça et qui pourrait lui reprocher ? Eden avait l’apparence d’un métis ou d’un gars des îles qui aurait passé son enfance en bas d’une cité de New-York à vendre des chewing-gums à des gamins. Il n’avait aucunement la prestance ou le charisme de cette femme ou des autres chefs de gangs. Il suffisait pour Pom de voir son chef se promener avec un boxer kitch rouge en forme de cœur en se grattant le bas du dos pour être convaincu que non : ce type n’était pas un danger.
Et il était bon pour juger les autres. Sauf qu’un point était une erreur dans son équation : l’amitié. L’amitié et l’amour, les sentiments forts en général, le rendaient totalement aveugle. Et c’était cet aveuglement qui le conduisait à être encore dans l’erreur face à Margareth. Parce qu’il ne supportait pas qu’elle le fixe de la sorte, qu’il la voyait comme une manipulatrice à petites chimères fragiles – ce qui ne faisait que renforcer son peu d’estime pour cette race – et qu’il ne comprenait pas comment on pouvait juger une personne à son sexe.
Ce qui était assez surprenant, d’ailleurs, c’est que les deux avaient eu le même mentor en la personne d’Erëssea fut une époque.
« Je passerai les messages à Eden. » - Le nécromancien était toujours assit, il ne comptait pas se redresser. Etre assit lui permettait de contrôler la gestuelle de son corps et permettait aussi de maintenir une distance entre la vieille femme et lui. Puis sans élever la voix, et pourtant d’un ton incisif, il déballa ce qu’il pensait.
« C’est quoi votre problème avec les hommes ? Vous savez que vous avez l’air totalement tarée et perverse à vous balader avec toutes ces gamines ? C’est vrai que plus la chaire est jeune, plus il est facile de leurs faire croire aux loups-garous. Vous pensez que tous les maux viennent du genre masculin et que le fait d’avoir un vagin vous rend meilleur ? Et le petit côté air supérieur et hautaine du couvent, c’est obligatoire pour asservir les paumées qui viennent dans vos jupons ? A mes yeux, cela ne les rends que davantage plus faibles d’avoir besoin d’une maquerelle pour les protéger. »
Les personnes d’apparence âgées du monde des morts avaient une influence particulière chez le nécromancien. Lorsqu’elles parlaient, même lorsqu’il était en colère comme à l’instant, il baissait légèrement la tête puis les fixait avec intention comme avalant leurs mots. Pom Warren n’avait pas connu beaucoup de personnes âgées respectables. De son vivant, rares étaient ceux arrivant à dépasser un âge considérable. Les rares qu’il avait connu avait été son grand-père et le roi Louis XIV. De quoi être marquant. Dans la mort, les personnes âgées étaient rares car beaucoup avaient eu une vie fun. Certains disaient qu’elles étaient dans un autre univers.
Et les rares arrivants chez les morts, prenaient des potions pour avoir l’air jeune. Malgré la colère qui grondait en lui, Pom ne pouvait que l’écouter. C’était dangereux, les mots parviennent davantage à convaincre qu’on ne le croit.
Le départ des fillettes lui fit du bien, il se sentait plus à l’aise n’étant plus en leurs présences. Elles lui rappelaient bien trop Annie et Iris. Des enfants qui appartenaient à son passé. Des petites filles qui criaient son prénom à longueur de journée et attendaient tellement de lui sans qu’il ne puisse être un père idéal. Son passé, en changeant d’apparence, de nom et de vie, il espérait ne jamais le voir resurgir. Il était loin de se douter que seule la présence d’Eden à ses côtés empêchait ce fait. Pom ignorait tout de la protection que lui apportait le vampire ni des peines que ce dernier devait endurer par sa faute. Son irresponsabilité et son innocente confiance lui épargnaient d’avoir à s’en préoccupait.
Les questions de la femme, il se les posait. Qu’avaient donc pu faire les hommes pour qu’elle les haïsse à ce point ? Il n’en savait rien. Les hommes pouvaient être des monstres avec les femmes, au travers des années et des époques. Ils avaient fait brûler Jeanne alors qu’elle les avait sauvés. Ils avaient usé de droits de cuisage, de vente et d’acharnement. Ils avaient condamné les femmes à l’hystérie, les avaient rejeté pour leurs règles, leurs avaient interdit le pouvoir à de nombreuses reprises. Ils les avaient soumis au refus du désir, les avaient sexualisé dans les médias, les avaient contraint à croire que la beauté importait davantage que l’intérieur. Les femmes grosses se sentaient laides, les femmes maigres se sentaient malades.
Arrête …
La forme blonde procrée dans la chambre, attachée au lit, murmura les mots.
Pom comprenait pourquoi Eden appréciait et travaillait avec ou pour cette femme. Eden croyait que le monde devait être gouverné par les femmes. Son patron lui disait toujours que même si Akio et Joshua lui étaient sympathiques, ils ne remplaceraient jamais la force et la détermination de ceux qu’on disait être le sexe faible. Pom levait toujours les yeux au ciel. Les femmes sont faibles, c’est ainsi. Sa femme avait été faible en acceptant un mari qui la trompait. Sa mère avait été faible en le torturant dès l’enfance et en lui promettant mille morts plus affreuses les unes que les autres et milles vies plus cruelles les unes que les autres si on apprenait qu’il était à moitié femmes. Jeanne avait été faible en acceptant qu’on vérifie sa virginité pour avoir le droit de se battre au nom de Dieu. Rose avait été faible de l’aimer. Les femmes, oui, elles pouvaient être fortes : mais elles étaient nées avec des cartes en moins. Maintenant, c’était différent pensait-il un peu. Maintenant, ils étaient presque à égalité.
Eden disait que non. Eden et Pom ne pourraient pas s’entendre là-dessus.
Arrête …
Pliant ses longues jambes contre son corps, la forme à la chevelure blonde senti un sanglot le secouer alors que des mains appuyaient sur ses genoux pour lui faire déplier, lui écartant les bras protecteur pour venir toucher sa poitrine avant de murmurer : « Avec quel démon ta putain de mère a-t-elle accepter dans son couchage pour faire naître une telle horreur … »
La mâchoire crispée, l’homme regarde la vieille femme et soupire doucement.
« Violées, torturées, humiliées, battues, asservies … » Il déglutit ses mots amers, qu’il connait que trop bien. Si Pom pense les chimères faibles d’avoir sombrer à la cruauté, c’est sans doute car lui-même y aurait songé s’il n’avait décidé de croire en l’oubli, « Il y a toutes les excuses du monde à vouloir haïr un homme. » Toutes. Dès l’enfance. Même son enfance, il avait dû se méfier des hommes. Bien moins que d’autres grâce à la protection de son grand-père, mais Pom n’avait pas oublié les récits d’amies lui racontant comment chaque nuit son père, son oncle, son frère même parfois rentraient dans leurs chambres.
« Oui … » Murmura-t-il, avant de reprendre une voix plus assumée, « Ils ont pu vous faire connaître le pire. Je ne crois pas toutefois que ça justifie d’haïr l’ensemble d’une communauté. »
Elle était comme l’inconnu au nom de ville. Lui haïssait les blancs. Comme le sous-directeur de l’orphelinat, lui haïssait les noirs et les indiens. Comme le petit juif effrayé travaillant aux archives, lui haïssait les allemands. Haïr ceux qui ressemblent à ceux qui nous font du mal.
En talons, robe légère face à cet été chaud, et chignon fou, Pom se sentait bien. Il était pressé de rejoindre son ami qui ne le connaissait que sous cette apparence de femme. Il aimait être elle. Elle se sentait si bien. En entrant dans le métro, elle se senti immédiatement étouffée par le nombre des gens. Par habitude, elle s’engouffra au fond, sachant qu’elle descendait à l’avant dernière station. Debout, la main levée pour tenir la barre, elle sentie soudainement une main glisser sous sa robe, remonter sur son boxer et glisser à l’intérieur. Les yeux grands ouverts sous la surprise, Pom se retourna, et un japonais la quarantaine passé lui sourit avant de la tripoter. Il voulait crier, il le voulait vraiment, mais il avait bien trop honte. Il baissa la tête, laissant les doigts s’amuser, jusqu’à ce que son pouvoir contamine l’autre. L’homme se retrouva gêné, honteux, il s’excusa brièvement et descendit à la station ouverte.
Pom demeura là, la main sur la barre, son regard croisa celui d’un groupe. Des mots, trainée, aucune décence, et d’autres se firent entendre. Elle réalisa qu’il avait tout vu et rien fait. Elle avait été responsable, à leurs yeux, par sa tenue. Et elle leur donnait raison. Pom leur donnait entièrement raison alors qu’il racontait honteux son aventure à Eden ne comprenant pas que son ami grogne mécontent se contentant de dire : « Bordel, t’es complétement con, Pom ! Quand tu te grimes un homme, tu cognes, non ? Pourquoi tu ne le fais pas en femme ? La prochaine fois que tu croises cet enculé, tu le dégommes ! Putain, est-ce que ça me viendrait à l’esprit de ... »
« Vous ne leurs redonnez pas gout à la vie … » Il redressa le visage, hochant négativement de la tête, « vous leurs donner assez de haine pour le rester. Peut-être que vos raisons sont justifiables. C’est fort possible mais … »
Mais quoi ? Mais en réalité, les femmes étaient aussi monstrueuses que les hommes. Et Pom les excusait car elles étaient des femmes. Ce n’était pas la faute de sa mère si elle l’avait haït dès sa naissance. C’était une femme et les femmes sont faibles. Ce n’était pas de la faute de Rose son comportement avant sa mort. C’était une femme, elle était faible. De la même manière que Shirley pouvait mal lui parler, qu’Etsu pouvait être énervé juste en le voyant, qu’il devait protéger Ael et non l’inverse, … Eressea était une exception. Avec elle, il s’était senti lui. Ni homme, ni femme. Les deux à la fois. Avec elle, il pouvait s’énerver et se mettre en colère. Il pouvait ne pas l’excuser par sa condition de femme. Il pouvait admettre d’être lui-même fragile, maladroit, ou rêveur. Il pouvait s’accorder d’être ce qu’il voulait.
Il n’en savait rien en réalité. Pom ne parvenait à comprendre et c’était visible dans ses yeux vacillants alors qu’il s’était docilement levé pour aller refaire un café et le servir à cette femme si étrange. Autour de lui, son pouvoir s’animer, se métamorphosait, en une enveloppe protectrice, une fine lumière visible, que lui-même ne percevait pas. Les émotions qui l’animaient, la méfiance, le doute et la curiosité, faisaient naître cette moisson qui colorait ses yeux en violet et transformait le bout de ses cheveux en parme pastel.
« Vous ne me direz pas, n’est-ce pas ? Ce qu’ils vous ont fait ? Vous faîtes d’êtres faibles, des guerrières. Elles affrontent la vie, certes. Mais à quel prix ? Tant mieux pour vous, si vos sornettes vous vont le respect de mon patron. Pour ma part, je ne crois pas qu’une société matriarcale nous permettra d’être meilleurs. Je suis peut-être incapable de vous comprendre, et peut-être qu’il faut que les femmes acceptent leurs forces mais je pense que les enfants qui vous accompagnaient tout à l’heure méritent de vivre une mort paisible et de ne pas être entrainé dans vos guerres. Je crois que mon jugement sur le monde tout comme le vôtre nous font commettre des erreurs.
La mienne est peut-être de croire que vos intentions sont mauvaises et seulement animé par votre haine. La vôtre est peut-être de ne voir le monde qu’en deux clans. Mais je suis un homme, et je ne peux sans doute pas vous comprendre. Je vais donc cesser de vous faire perdre votre perdre votre temps. Dois-je passer un autre message à Eden si ce n’est celui de ne plus jamais avoir à faire à vous ? »
En réalité, Pom le savait. Rester auprès de cette femme serait vouloir la comprendre. Et la comprendre, c’était se rendre compte que lui-même avait des raisons d’Haïr cette société qui sexualisé tout ce qu’il faisait, le rangeait dans une case ou l’autre et l’obligeait à se cacher pour avoir le droit d’exister.Objets utilisés
Quelques jours auparavant, Pom Warren était en train de marcher dans la rue. Il ne faisait rien de mal à son avis, juste il marchait. Un homme avec une chevelure bleue s’était approché, l’avait complimenté et face à son refus d’entrer dans son jeu de séduction, il l’avait malmené à lui en casser le poignet. Poignet qui était toujours dans cet état et dont il ressentait chaque douleur, même en ne servant qu’un café noir. Il avait été fou-furieux intérieurement, énervé que personne ne comprenne qu’il venait de subir une agression. Il avait été furieux que le mangemort n’arrête pas l’autre – alors que lui-même avait déjà été arrêté pour moins que ça – furieux qu’on puisse cautionner ce genre de comportement.
Est-ce-que cette femme obscure lui parlait de ce genre de relation ? Des braises chaudes s’enflammèrent dans l’homme. Elles n’étaient que des crépitements, des questionnements, des questions qu’il se posait.
Il ne nia ni pour le corps – elle avait compris à quoi bon chercher à mentir davantage ? – ni pour l’esprit et le cœur – elle avait compris à quoi bon se mentir davantage ? – Il se contenta de répète, un peu blême, que même si l’être humain pouvait être cruel, le bon valait mieux que la raison. Surtout, il ne voulait pas entendre parler de la haine. Lui qui faisait toujours tout pour pardonner à tout le monde, tout le temps, quoiqu’il puisse se passer. Il ne voulait pas imaginer qu’un jour, il voudrait faire du mal. Toutefois, Pom ne savait pas que Margareth coulait les gens dans du béton, pas plus qu’il n’était au courant qu’Eden gardait en cage chacun de ses ennemis pour les entretenir jusqu’à l’heure de leurs morts. Ce n’était qu’une vieille femme furieuse contrôlant un réseau de femmes … libres ? Sauvages ? Rebelles ? Haineuses des hommes – et il n’était que le patron d’un bar un peu loufoque. Les rumeurs que racontaient ses amies sur son blog, il n’y croyait pas. C’était bien trop gros et bien trop méchants. Personne n’était à ce point cruel. Encore moins une vieille dame qui malgré ses mots prenaient le temps de discuter avec lui.
Il veut rester. Une part de lui veut rester, mais il n’est pas près. Trop de doutes, trop de questions. Trop d’envies contraires. Elle le rassure. Elle lui donne le sentiment de comprendre ce qu’il ressent. Elle lui donne le sentiment qu’il n’est pas si différent. Que la colère qu’il réprime, que la haine qui l’habite, que la rage qui le prend sont des sentiments naturels et normaux et qu’il a le droit de les sortir. Qu’il peut s’énerver, se fâcher, hurler et crier. QU’il peut dire qu’il en a assez, au lieu de se contenter de rire et de sourire.
D’un autre côté, il n’est pas certain de vouloir en apprendre davantage sur elle. Il craint bien trop d’être déçu. Combien de fois avait-il essayé d’écouter cette partie féminine qui ne demandait qu’à ressortir ? Il avait laissé Erëssea le convertir. Il avait accepté de la laisser le voir comme il était. Il avait aimé se transformer en femme, mettre des robes légères, l’attendre le soir. Il avait aimé sentir ses caresses. Pour finalement la découvrir en mission dans les bras d’hommes à gémir de plaisir. Elle y prenait du plaisir. Et elle mentirait si elle disait le contraire, aux yeux de l’empathe. Alors il avait arraché robe, talons et sentiments pour mieux se draper dans le rôle de l’homme. Ainsi, c’est lui qui prenait, c’est lui qui s’arrêtait. C’est lui qui disait les règles et qui séduisait. Lui qui faisait le premier pas. Lui qui pouvait marcher, encore, dans une rue sans une proposition perverse ou aller chez un dealer, sans craindre de terminer dans sa chambre.
Adam et Eve.
Cette histoire.
Eden regarda Pom avec curiosité, alors que son jeune employé répétait les messages de Margareth, soulignant qu’il n’aurait pas dû la faire déplacer. Le patron se contenta de noter la demande de la femme, c’est dire le service trois pièces du père et de le transmettre à ce dernier. S’il voulait voir sa fille, il savait ce qui lui restait à faire. Le pire, c’est qu’Eden pensait l’homme bien capable de se présenter à Margareth avec son appareil arraché. Il aimait sa fille. Même le pire des pédophiles est capable d’aimer. C’était bien là, où le monstre et l’homme se ressemblaient qu’il était difficile de savoir les tréfonds de l’âme humaine. Par principe, Eden la jugeait noir tant qu’il ne la voyait pas blanche. Pom l’inversait.
« Tu es secoué. »
Un simple constat de la part du patron. Adam et Eve, se répète Pom. Quand il était enfant, son père était mort jeune. Son grand-père était là pour lui. Toutefois, son oncle, le premier enfant de son grand-père et sa mère ne cessaient de lui dire qu’il était le fruit du péché d’Adam et Eve. Et qu’il y avait aussi une autre femme. La première. Celle qui avait été la première femme d’Adam avant d’être répudié. Lilith, … peut-être. Eden adorait cette histoire. Eden adorait toutes les histoires. Pour lui, il s’agissait de contes.
« Tu peux les rejoindre, si tu veux. » Souligna brutalement Eden, alors que Pom cillait, redressant un sourcil. Le patron l’informant qu’il serait toujours au Bchobiti, même si Pom voulait appartenir au groupe de Margareth. Le nécromancien se releva vivement, tournant les talons vexé. Il était loin de se douter, qu’Eden ne disait pas ça pour se débarrasser de lui ou le taquiner, mais parce que Margareth semblait aux yeux de l’homme une bonne protectrice.
Pom s’enferma dans une chambre, ses mains venant se poser sur ses oreilles. Il demeura là, remuant légèrement, d’avant en arrière. Il en avait assez. Assez qu’on lui dise quoi faire, sans arrêt, tout le temps. Alors que Dame K frappait à sa porte pour lui dire que la chambre était prise, Pom s’enfuit en direction du parc. Au-dessus de lui, les nuages s’ajoutaient les uns aux autres. Il pleuvrait toute la semaine.
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