La timidité des fantômes || ft. Asuma

Le jeune zombie s'était embrouillé, ça arrivait de temps à autres. Rien de bien important. C'était juste qu'il avait demandé sans vraiment le vouloir de l'aide pour contrer le diable. Mais elle aussi se faisait embêtée. Il ne pouvait pas lui ajouter le fardeau de sa propre vie en plus. Quotidiennement, comment tenait-elle debout ? Sûrement qu'elle était forte. Après tout, lui subissaient souvent l'ennui d'un géant, de la folie des habitants de son appartement et l'esprit fourbe du lapin roux.

« M'embête, ce n'est pas vraiment ça. Disons que je sers de crash-test pour un type étrange. Ça me fait souvent peur. Finalement j'arrive à trouver mon compte. Bien qu'un jour j'aimerai lui faire peur un peu. Histoire que je ne sois pas le seul à souffrir de ça. Le géant persécuteur semble avoir d'autres choses à faire. M'embêter doit être un sport pratiqué par beaucoup plus que je le crois... »

Asuma ne s'en rendait pas toujours compte. C'était sûrement ce qui le protégeait un peu de la folie. Celle qui finirait peut-être par exploser, ne laissant de lui que des pâles morceaux. Le zombie voulait aussi aider cette dame. Bien que son soutient serait bien maigre. Il était petit, ce qui lui permettait de se faufiler, oui. Mais sa lenteur rendait son avantage assez bancal. Le jeune homme en avait conscience. Mais c'était un bon échange de procédés. Il n'aimait pas , lui non plus avoir une dette envers quelqu'un. Il avait ça en commun avec cette femme. Si grande, souvent on lui avait dit que les garçons étaient plus grand que les filles. Pendant tout ce temps, il voyait bien que c'était faux. Sûrement parce qu'il avait cessé de grandir, coincé à sa taille qu'il avait à seize ans.

« Puis si quelqu'un vous ennuie, je ne peux pas rester sans vous rendre le service. Le démon n'est pas le seul sale type de Tokyo. C'est à la fois rassurant et flippant... »

Bien entendu, Asuma savait très bien que le monde n'est pas fait de personnes gentilles. Ça serait vivre dans une utopie, dans un monde qui n'aurait que peu de raison d'exister. Conflits, même minime semblait maintenir l'équilibre. Cette constatation avait fini par rendre un peu triste le zombie. Il s'était mis à admirer des gens, pour diverses choses. Un peu comme des modèles qui pouvaient l'aider à vivre un peu plus en harmonie avec ce qu'il est. Qu'importe si le jeune garçon finirait par rejeter son déni, celui qui avait sauvegardé son esprit. Fragile partie de son être qu'on piétinait. Le cristal finirait par se briser malgré sa solidité.

« Tu semble un peu fonctionner comme moi... Un peu. Désolé de mon précédent refus... Il y a des choses qui disparaissent, donc j'ai du mal à accepter les cadeaux pourtant sincères des rares personnes qui peuvent m'apprécier... »

Asuma se grattait le cou, avant de s'excuser presque silencieusement en coréen. Lui qui faisait un effort pour être compris de cette dame qui semblait pas tout à fait commune avec le japonais. Le voilà qu'il s'excusait dans une autre langue.

Asuma gardait en tête qu'il ne serait pas d'une grande aide. Mais ce n'était pas très grave. Le geste était là. La dame consentait à lui donner son prénom. Shirley, un nom qui ne sonnait pas japonais. Ce qui expliquait sa galère à trouver un manga. Elle voulait l'aider puis lui demandait son prénom. Il avait un sourire amusé par la situation.

« Asuma, c'est mon prénom. »

Il va sans dire que sa voix était teinté d'un amusement certain. La dame voulait l'aider. Alors qu'elle-même avait des soucis. Il voulait tellement lui être utile dans son souci d'ordre personnel. Plus que la guider pour choisir un manga.

La dame finissait par lui proposer de boire dans uncafé. La dernière fois, il avait été un peu choqué par un type étrange, mais gentil. Mais là, ça serait cleur vengeance qu'ils planifierait, n'en déplaise à Shirley. Asuma avait l'intention de l'aider.

« Je ne suis pas très café, je suis plus thé. Mais je veux bien boire avec toi. Tu as l'air sympa. On sera plus tranquille qu'ici. Bien que le vendeur ne soit pas un insupportable qui répète chut sans arrêt. Dans un magasin de bds on doit s'habituer aux bruits des fans. Des gens comme moi qui guident d'autres... Et d'autres gens un peu étranges. »

Le souci avec la popularité des doujins, c'est l'apparition de toutes sortes de travers. Il n'osait pas ouvrir certains titres de peur de se retrouver avec une paire de sein affriolante ou un sexe masculin. Il en frissonnait d'horreur à cette pensée. Il secouait la tête, il ne devait pas penser à ces dessinateur étranges et leur public tout aussi bizarre.

Asuma reportait son attention à Shirley. Il lui souriait.

« Notre problème ! Je suis sûr que je peux faire quelque chose pour toi. J'ai des objets qui pourrait l’embêter. Cette personne qui t'ennuies. »

Fréquenter un plaisantin comme Alex ça avait le désavantage de lui donner des idées un peu tordues. Certaines arrivaient à le surprendre lui-même c'est pour dire. Mais Asuma n'en voulait pas à ce garçon de le changer. Au moins avait permis l'espace d'un instant de se sentir fort. Comme beaucoup de choses, ça n'avait pas duré. Il n'avait beau pas aimer la bagarre, la repousser de tout son cœur. Une partie de lui réclamait vengeance. Il restait un être humain après tout. Et pardonner la totalité des actes inconsidérés d'un gars qu'il aimait bien dans le fond, c'était un peu au dessus de ses capacités.