Peek a Boo ! est un forum rpg dont la v4 a ouvert en février 2023. C'est un forum city paranormal où les personnages sont décédés ; après une vie pas très chouette, iels se sont vu offrir une nouvelle chance et évoluent désormais dans le Tokyo extravagant de l'au-delà.
起死回生
J'étais un,
Tu es un.
Difficile de contrôler les émotions et de ne pas en subir un jour les conséquences. Sans doute que le nécromancien aurait pu contrôler l’émotion vive de cette jeune femme s’il ne brimait pas en permanence son pouvoir. L’acceptation de ce dernier était tanguant, mais la possibilité de le laisser s’exprimer impossible. C’était trop dangereux. Ce fut été utile en ce jour.
En ce jour, où bras et jambes d’une femme l’agrippent. Elle était tel le kraken de son alcool préféré : d’une force qui semblait se multiplier avec le temps. Et en cette heure où les gens dormaient pour la plupart, Pom senti son cœur s’emballer sous l’effarement des affres de la tempête. De la tempête de cette jeune femme. Le cœur bouillonnant dans sa poitrine, il venait d’entrer dans une crise qui tel un effet tunnel ne lui permettait plus que de voir elle. Un effet tunnel dans une voiture conduit par un junkie aveugle.
J’entends. Je l’entends ton cœur qui bat. J’entends le mien. Au même rythme, aux mêmes bruits, à la même panique. Une panique plus calme, plus douce pour l’un que pour l’autre. Une panique qui le dévaste intérieurement mais qu’il ne peut exprimer extérieurement. La fuite, c’est souvent l’option pour éviter la crise. La crise, c’est le dernier recours du corps pour répondre aux pouvoirs d’outre-tombe. Elle est sournoise cette panique, il ne la voit pas. Elle est sournoise, elle le déconnecte. Les émotions d’Ael, il les sent et il les a. Et pour les défaire, Pom use d’une méthode qu’il évite en permanence. Une méthode des plus cruelles : il disperse l’émotion.
Cette brume en lui, en elle, elle se propage dans la salle des archives. Entre le bleu de l’effarement et le rouge de la panique, elle cherche à se lotir dans une âme vivante. Il faudrait que Pom la manipule pour la transmettre à un objet et dans son obscurité, il cherche simplement à s’en détacher par à la contrôler. La brume se suspend et se fixe à la moindre petite souris, aux moindres insectes et manquant de matière, elle s’échappe par la porte pour condamné les personnes aux alentours à une tachycardie incontrôlée. Fort heureusement, ce n’est que force-là. Ils auraient pu influencer des amours, des haines ou des violences. Là, certains s’en tireront avec une peur incompréhensible.
La main du spirite glisse dans les cheveux de la brunette magicienne. Il la protège, inconsciemment, se liant à elle. Sa jumelle glisse dans le dos, la maintenant. Il a cessé de respirer, ses yeux se sont fermés. Il comprend sa peine, il comprend sa peur, il comprend ses doutes. Pom aimerait lui dire que ça ira. Il ne sait pas si ça ira. Les morts doués d’empathie finissent souvent abimés par d’autres lémures furieux de leurs pouvoirs, détruits par leurs propres dons, sombrant dans la folie puis la poussière. Certains se réfugient dans des lieux isolés.
Elle doit l’être, douée d’empathie. Elle ne le sait peut-être pas encore. Sa capacité à créer une émotion ne peut venir que de sa capacité à voir l’émotion des autres. Elle doit pouvoir percevoir sa fumée. Sans doute que son don est plus puissant que celui de Pom. Peut-être se trompe-t-il. Peut-être que non. Pom a l’impression qu’elle a inversé son propre processus. Il a d’abord été capable de ressentir les émotions avant de pouvoir les contrôler. Elle peut les créer avant de les ressentir. Ce qui est bien pire pour elle, puisqu’elle souffrira. Elle souffrira d’autant plus que les sentiments sont une matière qu’ils peuvent rendre solides, perceptibles, et qui existent en permanence. Même en eux. Ils ne sont jamais à l’abri de flèches dans leurs arcs.
Tant qu’elle est paniquée, Pom extrait l’émotion et contamine les autres. Elle doit cesser, elle doit le faire, car lui-même ne peut y parvenir. Pas là, pas maintenant. Le problème, ...
« Je peux te prendre ta peine …. » Souffle-t-il brutalement en français, un français doux, un français inquiet aux accents étrangers mélangés, « Laisse-moi la prendre et te donner ma joie. Car prendre ta peine me remplira de joie. …. » Et comme-ci les mots chuchotés n’avaient jamais été dit, il les répète une seconde fois, une formule magique, une litanie, « je prends ta peine et te donne ma joie. Car prendre ta peine me comble de joie. »
Ce contact, cette personne contre lui, c’est comme-ci il la sentait dans son esprit. Il sent son feu qui alimente sa propre fumée. Il se sent capable de la porter, de la protéger et de l’aider. Et en même temps totalement démuni face à cela. Il devrait fuir et ça ! Pom le sait. Le problème, ...
Sa prise s’est raffermie, et son front s’est collé à celui de la femme, intensifiant leurs contacts, allant chercher avec force l’émotion de joie qu’il dissimule le plus profondément en lui pour le lui donner. Ignorant qu’il est en train de diffuser autour d’eux des ondes de paniques. Des ondes qui ont été se poser sur les dossiers, sur les plantes grimpantes et sur le moindre objet, maintenant que les sources vivantes sont atteintes. Qui contaminent les lieux de cette crise.
Sa peau contre cette peau, cette chevelure et ce tissu. Le corps de l’homme si froid au premier impact, effrayé par le choc se réchauffe, Pom ne voit pas que les couleurs les entourent de plus en plus. Ils ne pouvaient demeurer dans la même pièce, au risque d’être les deux aimants d’une bombe à retardement.
Le problème, c'est que si le contact durait, il ne pourrait lui-même pas se contrôler et qu'alors sa crise, intérieure, qu'il retient, qu'il disperse à d'autres : il la communiquerait à la femme. La rivière rejoint la mer, les flammes proviennent du feu, la feuille tombe de l'arbre, le mistral rejoint les voiles.
Créer un maelström en pomoerium.
J’avais peur, j’étais terrifiée. La tête dans son cou, je ne bougeai pas et le serrai aussi fort que possible. Je m’accrochai comme on s’accroche à la vie. Ma tête tambourinait, mon coeur s’acharnait à vouloir à tout prix sortir de ma poitrine, à vouloir rejoindre le sien. Moi qui l’avais tant détesté, il était à présent ma bouée de sauvetage, le seul secours que j’avais. Alors je le tenais, respirant de plus en plus fort. J’étais tétanisée. Si tétanisée que je ne remarquais même pas mes doigts se planter dans sa nuque. Je tremblais, paniquais à le toucher ainsi. Ce contact n’avait rien de bon car je ne pouvais plus me contrôler. J’étais si subjuguée par toutes ces émotions ; je ne voulais lui faire aucun mal. Je voulais.. Je voulais.. Je ne le savais même plus.
Et puis un froid glaciale s’empara de moi. Un froid qui, étrangement, pompait mes émotions. À chaque battement de mon coeur, de nos coeur, je me sentais aspirée, je sentais mes émotions essayer de s’extraire de moi. Mais mon corps était plus fort et il s’acharnait à les retenir. Boum, boum, boum. Des tambours raisonnaient dans ma tête, chaque coup me faisait trembler davantage, me faisait sursauter presque. De la fumée, de la fumée partout, des couleurs qui se dispersent ; ma vision était incertaine, floue mais je ressentais son pouvoir, ses intentions. Il me protégeait, il me protégeait de moi-même, de lui, de nous.
Je sentis une grande main dans mes cheveux, une caresse, délicate, réconfortante. Il m’attrapa, me saisit contre lui, me serra. Je n’avais jamais été dans cette situation. Et je sentais son corps fort contre le mien, je le sentais presque en moi. Son odeur m’enivrait et mes sens s’apaisaient. Je me sentais entière, complète, chamboulée. Un énième boum retentit, je paniquai à nouveau, m’accrochai davantage. Ma tête me faisait mal, mon corps aussi. Il était doux.
Il me parla. "Je prends ta peine et te donne ma joie. Car prendre ta peine me comble de joie."
Il me serrait, je le serrais. Les sourcils froncés, les yeux fermés, la douleur omniprésente, je sentais son front contre le mien. Je sentais sa peau, je sentais sa chaleur me pénétrer. Je me foutais de ce qu’il se passait autour de nous, non, il n’y avait plus que lui. Je me mordis les lèvres, j’avais chaud, j’avais mal, j’avais peur, j’allais bien, j’allais mal. Mon visage s’écrasa contre le sien, glissa une nouvelle fois dans son cou, je n’avais plus de force, je ne comprenais rien. Je me calmais, je crois. Il était tendre. Pourquoi le détestais-je déjà ? J’ouvrai les yeux, levai un peu la tête et regardai autour de moi. Des milliers de couleurs nous entouraient. Tout avait changé une nouvelle fois ; son pouvoir était si dangereux mais si beau à la fois. Il venait de rendre un de mes endroits préférés si.. magique, si coloré.
Mais je le vivais lui, comme je me vivais moi. Tremblotants et faibles, abandonnés de nos forces. On ne pouvait pas rester ainsi indéfiniment. Je ne pouvais pas m’accrocher encore à lui davantage comme si il était le seul être existant. Et pourtant..
Je le serrai alors une dernière fois contre moi, expirai dans son cou et lâchai prise doucement. Mais pieds se posèrent fébrilement sur le sol. Les jambes flageolantes et les mains encore posées sur ses deux épaules, je le regardai alors comprenant qu’il venait de vivre exactement les mêmes émotions que moi. Enfin, je le supposais. Mes mains glissèrent doucement de ses épaules à ses avant bras et quittèrent son corps sans passer par sa peau. Il y avait déjà assez eu de contact, assez eu d’émotion pour la journée.
Quand la dernière parcelle de moi-même le quitta, mon coeur se calma peu à peu. Il était la source de tous ces sentiments. Mais il avait fait une chose que personne avant n’avait réellement fait, il m’avait comprit sans un mot, il m’avait complété et je n’étais plus seule.
J’étais face à lui avec ce melting pot de complexes et de curiosités. Je fis un pas en arrière, essayant de m’en éloigner un peu sans pour autant qu’il ne quitte mon champs de vision. Mais ce n’est pas lui qui apparut alors mais le plafond qui se dessinait petit à petit. Je venais de trébucher sur une branche. Je m’aplatis sur le sol sans vraiment de douleur. Mes mains s’appuyèrent contre les racines présentes à mes côtés. Je fus une nouvelle fois submergée.
Toute la pièce était emplie de ce que nous venions de vivre, chaque être, chaque objet nous reflétaient. Tout me contaminait. Doutes, peurs, colère, haine, quiétude, tout se bousculait en moi. Mon corps et ma tête allaient clairement lâcher, je ne pouvais pas rester comme ça. Le nécromancien était plus loin de moi, j’étais moins faible.
Je me relevai tant bien que mal et restai debout quelques secondes. Je lui fis stop de la main pour qu’il n’essaye même pas de s’approcher de moi. Ça allait être dangereux, ça allait être fort, je le savais. Tout comme lui, il fallait que je fasse le vide en moi. Je n’avais pas besoin d’éparpiller les émotions, non, j’avais cette capacité de les détruire. Il fallait que je le fasse. J’avais si peur de mes pouvoirs mais je commençai à avoir encore plus peur de nous. Non j’étais bel et bien terrifiée par notre duo.
J’étais droite, les bras le long du corps et les yeux fermés. Les paumes de mes mains, toujours près de mes jambes se tournèrent légèrement vers le haut. Je me concentrai, inspirai bien fort et fis le vide en moi. Une respiration, deux puis trois. Comme précédemment mes mains se mirent à briller légèrement, à se réchauffer, puis tout mon corps. Je me mis à crier.Pile :Ma tête explosa, mon corps, mon tout. Une vague de chaleur se projeta dans la pièce, une onde de choque. Je sentis mes genoux me lâcher, mon esprit s’enfuir ; je m’écrasai sur le sol, inconsciente.Face :Et puis plus rien. Tout avait disparu. J’étais totalement désertée d’émotion. Mon visage était froid et mon regard complètement vide, vitreux même. Je n’étais plus là. Je m’avançai alors vers la porte, passant à côté de mon sauveur comme si il n’existait plus.
Ils sont eux.
Nous sommes un.
Le brouhaha des sentiments, des émotions, des questionnements se mélangeaient à la voix de Pom et aux bruits du silence des archives. La brume bleue invisible les entourait d’un pouvoir qui aurait sans doute épouvanté nombreux nécromanciens. Ils n’étaient pas aussi destructeurs qu’un pyromane ou un zombie prédicateur, il n’était pas aussi dangereux qu’un vampire ou le cri d’une chimère, mais leurs dons pouvaient rendre tous les dangers doux comme des louveteaux endormis ou cruelles comme des brebis agacées qu’on vient déranger.
Son parfum, son corps, sa personne. Pom n’avait jamais été aussi proche de quelqu’un, excepté de Dadine, sans que la raison ne soit une violente querelle ou une relation charnelle. L’ancien français avait le sentiment d’être une pierre auquel on s’accrochait. Il avait le sentiment d’être le dernier canoé du Titanic. Ce n’était pas des plus agréables !
Elle se détacha de lui, telle une ballerine quittant les bras d’un danseur. Et dans cet opéra coloré, elle se mit à faire demi-tour, ses yeux d’entrechat fixant l’œuvre apocalyptique qu’ils avaient créé. Leurs réalités venaient d’évoluer. Que le nécromancien le veuille ou non, son pouvoir ne pouvait que réveiller celui de cette femme, il ne pouvait que le développer, l’amplifier et lui communiquer. La graine dans le don de la petite ballerine recevait les rayons du stupide nécromancien.
Elle part et il ne la retiendra pas.
La voir s’échapper est davantage un soulagement qu’une contrainte. La voir s’en aller était préférable et le mont de la curiosité pouvait bien se dissimuler sous les nuages, il serait toujours un point moins culminant que l’envie de fuir. L’épuisement était une certitude. Si seulement,
Si seulement Pom avait su que la femme en face de lui était celle des rumeurs qu’il entendait. Si seulement Pom était un homme qui comprenait davantage la pensée humaine. Avec des scies, on couperait les branches du tronc principal des archives et le pouvoir de la potion cesserait d’exister. Avec des si, ils cesseraient d’exister. Si la théorie des mondes parallèles était vraie : il y avait un endroit où tous les si avaient germés.
Si près de lui et si loin de soi, le nécromancien est paralysé par l’émotion qui les absorbe. Il sent sa fatigue le gagner et ses yeux d’un bleu trop clairs ne cillent pas. Il n’y a pas de si là. L’émotion qui a imprégné les lieux pourrait permettre de créer l’atmosphère parfaite d’un film d’horreur. La forêt, la brume, les teintes bleutées. Elle a cessé d’avancer. Il ne comprend que tardivement ce qu’elle compte faire et ne peut l’en empêcher.
Aussi rapide puisse être Pom Warren, il ne l’est pas assez pour la rattraper alors que le corps de la femme tombe sur le sol et qu’une vague de chaleur semble brûler et consumer la brume. C’est l’été après l’hiver, la joie après la tristesse, la tranquillité après la panique. Seulement, le nécromancien ne peut pas en profiter confortement.
Elle est au sol, ses cheveux noirs recouvrant une partie de son visage. Elle semble soudainement plus jeune, plus petite et plus fragile encore. L’homme a rapidement été jusqu’à cette jeune demoiselle. Son pouvoir, elle n’a pas l’air de le contrôler ni de le maîtriser. Toutefois, elle a voulu agir pour le bien de tous. C’est admirable. Une héroïne inconnue. Son don devait la torturer, en permanence. Pom hésita : et s’il lui donnait un peu de sa potion de contrôle ? Et s’il lui permettait de contrôler une partie des crises de nécromanciens ? Et si elle devenait accro et qu’il devait payer le prix d’une poussière prématurée.
Les doigts de Pom glissent sur la chevelure noire, évitant soigneusement de toucher la peau de cette jeune femme. Elle respire. Elle est épuisée. Il ne veut pas la toucher. Alors, il s’en retourne à son sac, très rapidement. Puis, il dépose un peu de sa potion sur le sol. Il se concentre du mieux qu’il le peut dans son état, laissant un parterre de mousse et d’herbe la protéger. Il dépose son sweat-shirt sur le corps. Un petit rire s’échappe en voyant l’image d’Alex dessus. Au moins, elle n’ira pas jusqu’à lui.
Levant les mains, l’homme est désormais à l’aise. Le pouvoir de la femme la protège et rapidement ses mains dansent dans l’air, même son corps semblent suivre le mouvement. Il se penche, tremble, un peu de ce qu’il va faire et sa main se dépose sur le visage de la jeune femme. Attrapant les émotions de cet esprit fatigué, il les transforme en une mer calme. Il cesse les vagues agitées, il laisse la brise apparaître après cette tempête. Il laisse l’accalmie arriver.
Il la voit dormir et il sourit doucement. Il ne peut pas la laisser seule dans les archives. Pas aussi longtemps : alors Pom récupère son téléphone portable. Il n’espionne pas, il devrait le faire, mais il n’a pas le temps. Pas le temps pour admirer un fond d’écran d’esquisse et de carpes. L’art japonais avait des subtilités que Pom ne comprenait pas. Il appuie sur le symbole des messages, clique sur le dernier contact qui a reçu un message et demeure figé.
Petite coccinelle, la blague !
Tant pis.
Les doigts de l’homme tapent sur le clavier tactile. Il envoie un message et en profite pour changer la photographie de contact et le nom de ce dernier. Le message est envoyé et le portable reposé à côté de la jeune femme. Il récupère ses affaires et part. Il ne peut pas rester car il aurait une mauvaise influence sur elle. Il n’était clairement pas le mentor qui lui faudrait. Il l’entrainerait du mauvais côté, cette petite. Et elle pourrait le blesser.A l’aide de la main, Pom transfère des émotions de joie aux insectes de papier. Il vient de passer une étape dans son pouvoir. Et il n’en a même pas encore conscience. Et désormais, il part ...
Une part de lui-même sait parfaitement qu'il n'en a pas terminé avec cette histoire.
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Tout était vide et tout était blanc autour de moi. Il n’y avait pas âmes qui vivent ici, rien, une pureté incroyable dans un monde désert. J’étais assise sur un banc tout aussi blanc que le reste. Il n’y avait pas un seul être vivant certes mais je ne ressentais rien non plus, plus rien du tout.
Je me souvenais de ce qu’il s’était passé un peu plus tôt dans l’après-midi ? La soirée ? Enfin un peu plus tôt quoi. Je me souvenais avoir utilisé mes pouvoirs pour éloigner toutes ces émotions qui nous encerclaient. Je me souvenais de lui, de cette scène, de ce mélange de nos deux nous. Mais je n’arrivais pas à ressentir quoi que ce soit par rapport à cela. Est-ce que ça m’avait touché ? Perturbé ? Je me rappelais bien de cette sensation d’apaisement lorsque j’étais dans ses bras, de cette sensation d’être complète. Mais ce n’était qu’un simple souvenir car, à présent, mon coeur n’était ni chaud, ni froid, il était juste un simple coeur battant dans ma poitrine, un organe ne servant qu’à alimenter un corps bien trop faible pour bouger.
Je sentis alors une chaleur m’entourer comme si quelqu’un essayait de me calmer. Mais j’étais déjà calme, bien trop calme d’ailleurs. Je n’avais pas besoin de ça, d’un nouveau sort essayant de me contrôler à nouveau. Non, grâce à moi et il n’y avait plus rien à contrôler.
Puis à nouveau du froid, un froid glacial et une solitude qui en tant général m’aurait pétrifié de peur. Non, à présent, j’étais là, dans cette pièce toujours blanche, toute seule a attendre que le temps passe. Et il passa. Des minutes, des heures ? Je ne savais pas vraiment. Mais les lieux autours de moi changèrent petit à petit, passant de ce nacre à un gris plus terne.
Je me sentis secouée. Étais-je encore en train de tomber ? Non, c’était différent. Une douceur m’encerclait mais celle-ci n’avait rien de magique cette fois-ci, non je pouvais sentir le corps de quelqu’un contre moi. Était-il en train de me porter ? De me sauver une nouvelle fois ? Il ne devrait pas me toucher. C’était dangereux et il devait le savoir. Peut-être voulait-il simplement me réveiller. Sans doute. De tout façon je n’allais pas rester dans cette pièce inaccessible toute ma mort. Il était temps que je me réveille, après tout je ne ressentais plus rien, je ne craignais donc rien.
J’ouvris doucement les yeux, éblouie par toutes ces couleurs que j’avais oublié. On me serrait fort. Je reprenais petit à petit conscience d’où j’étais. Une odeur me chatouilla les narines. Je connaissais ce parfum, je connaissais cette douceur qui m’avait déjà bercé auparavant. Elle avait était source de tant de bonheur.
- "Tout va bien Ael, je suis là."
Cette voix confirma mes doutes. Elle était là, elle était toujours là, même dans les pires situations possibles. Je savais que j’avais de la chance de l’avoir, mais je ne le montrerai pas, pas aujourd’hui en tout cas. Non aujourd’hui j’ouvrirai grand mes yeux pour la fixer. Je capterai son beau regard avec le mien, vide, sans âme, sans aucun sentiment. Et c’est ce que je fis.
Je relevai un peu ma tête pour m’approcher de son visage et la fixai.
- "Etsu ? Qu’est ce que tu fais là ?"
Ma voix était aussi impassible que l’était mon visage. Aucune expression, aucun tremblement. Non je la regardai et lui avait parlé comme si elle était une étrangère à mes yeux.
C’était loin d’être le cas mais je n’arrivais pas à faire autrement. C’était plus fort que moi. Elle était là, j’étais là et c’était tout.
Elle me serrait encore mais elle ne le devait pas. Je pris alors son bras fermement et le retirai du miens sans aucune hésitation. Je la repoussai un peu et essayai alors de me lever. Ma tête me tournait et je passai alors mes mains sur mon visage. Ça au moins je le ressentais. Je me tapai un peu sur les tempes avant de regarder la pièce tout autour de moi. Quel bazar on avait mis là.. Tant pis, je verrai ça plus tard. Je marchai un peu dans la pièce tout en m’étirant, poussai de mon pied quelques papiers encore en décomposition et me dirigeai vers la sortie. Je me retournai alors vers Etsu. Vers ma Etsu qui semblait si en panique.
- "Bon ben moi j’y vais."
Étrangement mon coeur se serra une fraction de secondes. Mais juste quelques secondes. Je me haïs. Puis rien. Je secouai la tête et ouvris la porte.
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