Eclats nocturne
Le malaise de l’innoncence et de l’incompréhension dans chaque respiration, sur les portants tu regardes chaque habit, tu détailles la moindre pièce, en essayant de te faire croire à toi même que tu y comprends quelque chose. Tu te demandes ce qui t’irait, ce qui te plairait, ce que tu devrais porter. Tu ne trouves aucune réponse à ces questions.
Tu repenses au message laissé sans réponse depuis tant de temps, tu as fini par prendre la décision d’avancer, par toi-même. Tu comprends qu’imposer ce genre de charge mentale à quelqu’un d’autre est un peu cruel, tu as besoin de lui mais tu peux te débrouiller sans. Tu as avancé, rien qu’un peu, en réalité, en témoigne ta jupe légèrement plus haute que quand tu l’as rencontré. Les autres ne le remarquent pas. Toi tu le sais.
Toujours est-il que ce soir, la potion bue et l’appartement fuit tu t’étais mise en quête d’un magasin où acheter autre chose que la jupe que tu as déjà, dans une envie d’étendre cette part là de ta vie, de revoir le partitionnement des choses et de lui donner une place plus importante. Et bien incapable de tirer le moindre vêtement, encore moins de faire l’effort d’aller vers les cabines, avec l’impression que tous les yeux se portent sur toi, tu as envie de te faire toute petite.
Tout ça jusqu’à ce que tu entraperçoives quelqu’un que tu penses reconnaitre. Sans faire le rapprochement vraiment. Une vague impression de déjà-vu de celles que tu avais parfois. Ton regard s’est décroché d’elle un instant pour se reporter sur les vêtements jusqu’à ce que l’image apparaisse dans ton cerveau. Tu relèves le regard au-dessus des portants, tu la fixes avec un grognement qui s’échappe de tes lèvres et que tu ne t’expliques pas. Incapable de décrocher le regard cette fois-ci. Et quand elle finit par passer près de toi, tu lui dis
”Kai’Sa ?”
Comme si elle allait comprendre. Comme si c’était ce monde là qui avait inspiré les champions de ton jeu. Comme si, peut être, le néant était en fait ce monde-là. Mystère. Bras ballants, tournée vers elle, dans l’espoir d’une réponse. Question ridicule et personnage ridicule qui la pose.
”Pardon, je m’appelle (et tu es visiblement mal à l’aise, le blanc dure quelques instants, jusqu’à ce que tu reprennes) ”May. Ravie de te rencontrer. Tu ressembles beaucoup à Kai’Sa.”
Bien obligée de reprendre à 0, décidée à ne pas faire de connection entre celui qui ne t’a pas donné de réponse depuis tant de temps et celle en face de toi. Un nouveau départ au nouveau départ pour un nouveau renouveau, peut être.