“Vous avez raison, pourquoi se torturer sur ce qui ne peut être changé quand on peut apprécier ce que l'au-delà a à nous apporter ? Nous sommes morts, et ce monde bien que similaire est différent - il est fascinant même.”
“Eh bien pour être obligé de retourner chez les Vivant.es de temps à autre, je dois avouer que je me plais bien plus par ici, cela va sans dire - et sans grande difficulté non plus.”
Tu lui tends la main, avec une candeur et une douceur qu’il ne saurait que repérer. Ton portrait lui avait été fait de bien des manières, durant les interrogatoires, de façon à créer chez-lui une forme de culpabilité probablement.
Jamais il n’avait osé y calquer ton image.
Mais probablement l’avait-il fait, inconsciemment.
Comme inconsciemment, il intégrait des schémas racistes desquels il a pourtant été lui-même victime de son vivant. Parfois, le cerveau fonctionne étrangement.
Après quelques secondes de réflexion, il te serre donc la main. Sans force dans la poigne, mais avec beaucoup de souplesse, comme il l’a fait toute sa vie et toute sa mort.
“Serait-il possible d'avoir votre nom ? Vous connaissez le mien, et je ne peux pas éternellement vous appeler Monsieur l'horloger ou "mon meurtrier présumé".”
“Oh, je vous avoue que si le premier surnom me ravit, le second me plait bien moins.”
“De plus, ce serait préférable si nous devions faire affaire : je suis initialement venue ici pour ça après tout.”
“Bien sûr.”
Il récupère sa main, qu’il vient enrouler de nouveau autour de sa canne.
“Louis Wilson. Louis à la française, mes grand-parents étaient de Louisiane et parlaient le cajun.”
Ça lui a toujours semblé être un point des plus importants de son prénom - sa prononciation francophone. Alors, il n’a de cesse de le répéter et de le préciser, de rectifier lorsque l’erreur est faite. De façon plus ou moins impatiente selon les jours et l’interlocuteur.rice, bien évidemment.
“J’en reviens donc à ma question première : en quoi puis–je vous aider ?”