in extremis, take my hand. Feat Asami.

Déjà quelques mois se sont écoulés depuis ton arrivée dans cet endroit aux personnes parfois étranges, et étrangères aux souvenirs qu’il te reste de ton ancien monde. Même si la partie de ta mémoire concernant ta propre personne et ta propre vie est une nuage blanc sans aucun indice pour te souvenir, tu es parfaitement capable de comprendre que ce monde n’est pas celui dans lequel tu as grandi. Et pour cause, tu as été mise au courant, peu de temps après ton arrivée, d’une vérité qui aurait pu être bouleversante, c’est un monde dans lequel on arrive une fois que l’on est mort. Seulement, toi, elle ne t’a pas spécialement impacté… Peut-être parce que ta mémoire a choisi de te libérer de ce poids et de ce fait, tu n’en souffres pas. Ou bien, est-ce simplement que tu n’as toujours pas réellement compris le sens de ses mots avec la force qu’ils ont réellement ?
En tout cas, tu n’as pas spécialement changé avec la découverte de toutes ces choses étranges, tu trouves même tout ça, intéressant et excitant.


Aujourd’hui, tu te balades dans un endroit que tu ne connais pas encore, dans ce monde, il s’agit de l’université. Emmitouflé dans un gros pull de laine qui, au vu de la saison encore très chaude, fait soulever des regards très étonnés dans ta direction, auquel tu réponds simplement d’un grand sourire. Tu as froid, toujours très froid donc oui, qu’il fasse chaud ou très chaud, tu es toujours habillé comme si tu subissais un environnement glaciaire et lorsque l’on te pose la question, tu n’as rien à répondre de particulier. Tu ne sais pas, voilà ta réponse. Enfin bref, tu déambules sans vraiment savoir pourquoi… Peut-être simplement une curiosité, ou bien est-ce le début d’un désir, encore un peu trop secret pour en faire part à tes amis, de commencer un cursus. C’est quelque chose qui, étrangement, au fond de ton cœur, fait naître un sentiment d’excitation, de nouveauté aussi, et peut-être qu’il s’agit d’un indice pour te faire comprendre que de ton vivant, tu n’as pas forcément eu l’occasion de faire ça ? Tellement de questions, tellement de choses à découvrir… C’est fou !


Au détour d’un couloir, tes regards se perdent sur les différentes personnes que tu croises, la plupart sont éparpillées en petits groupes d’amis. Presque tous d’ailleurs, sauf quelqu’un que tu repères au loin derrière une pile de bouquins qui semblent un peu lourds finalement. D’un air pensif, tu hésites quelques secondes jusqu’à voir la jeune femme manquer de perdre l’équilibre. Tu te hâtes jusqu’à elle et sans réellement retenir l’intonation dans ta voix, tu prends la parole.

“Heeey ! Tu veux de l’aide ? Je peux t’aider si tu veux ? Non, laisse, je vais t’aider plutôt !!” dis tu en venant saisir le haut de sa pile de livres sans lui laisser la possibilité de dire non.  

Les quelques livres que tu tiens désormais dans tes bras sont assez lourds, et tu sens bien qu’il ne t’en faut pas beaucoup plus pour rendre la chose difficile et éprouvante. Tu souris de plus belle en direction de la jeune fille, sans vraiment chercher à comprendre si ton geste est bien reçu ou non, puis tu reprends la parole dans l’idée de t’en faire une amie.

“Moi c’est Charlie ! Tu t’appelles comment ? Oh, et tu dois aller où avec tout ça ?! Non parce que- en vrai, c’est lourd haha” ajoutes-tu sans aucune hésitation ou inquiétude, ni même sans contenir le flux des mots qui dépassent tes lèvres.

Tu attends, droite comme i, le regard qui cherche celui de la jeune femme à qui tu t’adresses, les bras remuant de temps en temps pour remettre la pile de tes livres le plus droit possible afin de n’en faire tomber aucun.

Un sourire se dessine sur son visage, te donnant un semblant d’indice sur le contentement qu’elle ressent alors que tu viens la soulager d’un poids. Les livres qu’elle porte sont lourds, tu le sais depuis que tu en tiens quelques-uns dans les bras, venant parfois te faire grimacer, mais suffisamment discrètement pour ne pas la laisser s’en apercevoir. Tes deux yeux grands ouverts et qui se détachent pas d’elle, sont brillants d’une envie sincère de lui apporter ton aide alors, lorsqu’elle l'informe de la possibilité de lui rendre les livres, tu fronces les sourcils dans une expression mélangeant de la surprise à de l'incompréhension.

“Ah non ! Non non, je vais t’aider !” ajoutes-tu alors pour défaire très vite les idées qu’elle se fait, “Oui, Charlie ! C’est bien ça !” dis-tu pour lui confirmer ton prénom.

Son anglais n’est pas parfait, mais très suffisant pour la comprendre, tout comme tu espères qu’elle puisse te comprendre aussi facilement…

“J- je parle pas vraiment japonais, j’espère que ça ira ?! Sinon !! Tu me le dis et je pourrais toujours répéter, hein, t’es d’accord ?” viens-tu alors lui dire, en accentuant vivement les fins de tes phrases de ta joie de vivre habituelle.

Puis, trouvant le poids rapidement intenable au vu de tes bras très peu musclés, tu finis par demander à Asami de te montrer le chemin jusqu’à l’endroit où elle doit livrer les livres, venant appuyer ta demande en l’informant ne pas connaître les lieux, toujours avec la même bonne humeur. Tu l’observes d’un oeil discret, trouvant sa chevelure noir aussi sombre que l’ébène, presque hypnotisante tant tu la trouves jolie.

Durant votre avancée au sein des couloirs bondés, tu finis par laisser ta curiosité parler, tu te places un peu mieux à ses côtés, accélérant dans le cas d’un retard, ou ralentissant le pas si jamais tu as de l’avance et lui décoches une question.

“Tu fais des études ici ? Tu étudies quoi ?”, tes yeux se déposant sur les tranches des livres te donnent bien un indice mais peut-être que cela n’a aucun rapport, alors tu poursuis tes questionnements : “L’histoire peut-être ? Vu les livres que tu portes, c’est sûrement ça, non ?!”, ton visage exprime un réel intérêt envers cette inconnue, tu es honnêtement curieuse sur elle et sa présence ici, venant presque jouer à l'enquêtrice que tu n’es pas. C’est presque un jeu finalement que d’en apprendre plus sur chacune des personnes que tu rencontres. Et tu espères qu’elle ne verra pas d’un mauvais œil ta curiosité.

Tu entends les craintes de la jeune fille et rapidement, tu secoues la tête dans un désir de lui exprimer le refus de l’entendre se sentir gênée pour ce genre de raison. Après tout, tu n’es même pas capable de parler en japonais, même en faisant des fautes, donc elle ne doit surtout pas être embêtée par les erreurs qu’elle pourrait faire. C’est déjà si gentil qu’elle accepte l’utilisation d’une langue commune dans laquelle tu es le plus à l’aise qu’il serait certainement très méchant de ta part de moquer d’une quelconque manière.

“Oh. Non non, t’excuse pas, c’est déjà très gentil de ta part!”

Malgré le poids des livres, tu tiens le coup et ensemble, vous poursuivez votre avancée tout en discutant. Elle répond donc à tes questions en expliquant qu’elle est morte à 17 ans, à quoi tu réponds d’une expression triste et désolée pour ensuite te confirmer concernant le sujet de ses études.

“Oh c’est bien !! Et comme je t’aide, on peut dire que j’aide aussi ce monsieur héhé” dis-tu d’un air amusé.

Puis elle en vient à te retourner la question après une parole personnelle, te perdant un peu dans tes pensées le temps de savoir quoi lui répondre. Contrairement à elle, tu n’as pas pas de souvenir de ton vivant et de ta mort donc sur ce point, tu n’as pas grand chose à lui dire. Mais, puisqu’elle a partagé un peu d’elle et que tu n’es pas vraiment secrète, tu en viens aussi à lui offrir un peu de toi.

“Moi, J’ai pas de souvenir de ma vie donc… J’ai pas grand chose à raconter, tristement…” ajoutes-tu d’un air un peu embêté de ne pas pouvoir lui en dire plus.

Puis tu repars dans tes pensées, tout en sentant doucement tes forces arriver à la limite. Tu viens stopper ta marche quelques instants, le temps de relever ta pile de livres correctement tout en grimaçant sous l’effort.

“Pfiou. C’est lourd haha”, tu dis ça en tentant d’alléger ta peine d’un petit rire maladroit, “On arrive bientôt ?” questionnes-tu finalement avant de reprendre la route.

Tu suis à nouveau la jeune et en revient à tes paroles précédentes pour les poursuivre, “Mais je n’étudie pas, je me baladais juste pour… voir ? Oui, je voulais juste voir, j’étais curieuse de comment ça se passait ici etc, ce genre de chose quoi !” viens-tu conclure.

Heureusement, votre clavaire arrive à sa fin puisque vous semblez arriver à l’endroit où les livres sont à déposer. Tu attends les consignes de ton amie afin de te libérer du poids que tu portes.

Tu es légérement gênée du compliment qu’elle t’offre alors qu’elle t’imagine formidable de ton vivant et tes joues s’empourprent naturellement pour exprimer ce que ton cœur à du mal à accepter. Mais puisqu’elle s’escuse, comme si elle y était pour quelque chose, tu viens lui offrir ton plus beau sourire avant de lui répondre.

“Oh mais c’est très gentil de ta part !! Mais ne t’excuse pas, vraiment ! C’est pas grave, hein ! C’est juste la vie, c’est tout !! Je ne suis pas triste, en tout cas alors tu n’as pas besoin de te sentir désolée !” ajoutes-tu dans un ton doux bien qu’assez vif.

Tu parles toujours un peu vite lorsque tu es prise de court, surtout parce que tu as besoin de dire ce que tu as à dire assez vite, comme si les mots pouvaient te manquer.


Ton regard s’illumine d’émerveillement quand la pièce se dévoile devant tes yeux. Wooaaw. C’est une pièce très imposante avec un savoir que des bibliothèques portent valeureusement de part en part du lieu. Un endroit propice à la rêverie de par le calme qui l’habite. C’est beau. C’est même magnifique et délicieusement envoûtant. Seul le poids de tes livres te ramène à la dure réalité : tu n’en peux plus. Et la grimace de ce sourire forcé ne rend pas ta difficulté invisible à la jeune fille que tu accompagnes. Pour autant, tu ne râles pas et tais juste ta fatigue, tu la suis simplement jusqu’à une table où tu déposes finalement la charge qui te tiraillait lourdement les bras.

“Pfiouuuu.” lâches-tu sans parvenir à contenir le soupir de soulagement qui vient franchir tes lippes dès l’instant où la légèrement reprend place.

Le silence prend naturellement place dans cet endroit, surtout que tu n’oses arracher Asami à ses pensées, te contentant simplement de te rapprocher d’une étagère non loin pour en lire, sur certaines tranches de livres, quelques titres qui ne font absolument pas échos à quoi que ce soit. Tu ne dois pas être très portée sur l’histoire car ta curiosité se stoppe aux titres seulement, ne souhaitant pas aller plus loin.

La voix de la jeune fille te rappelle à elle et le ton qu’elle dépose dans ses mots te rende indiscriptiblement désolée… Tu n’as pas l’impression de mériter les paroles qu’elle t’offre dans la mélancolie qu’elle les partage. Tu ne te vois pas meilleur que les autres, bien au contraire. Tu as souvent cette crainte sincère de te voir abandonné derrière parce que tu es, justement, cette fille gentille mais très banale en fin de compte, non ?

“Je suis plutôt normale, tu sais…” viens-tu dire en te rapprochant d’elle, “Et puis… Rien ne t’empêche de le devenir, si vraiment ? Enfin… Pas comme moi, hein, c’est difficile ça haha surtout que- tu ne me connais pas vraiment ! J’ai aussi plein de défauts, tu sais ?!” ajoutes-tu en venant légèrement rigoler.

Bah oui, tu n’es pas la plus parfaite des jeunes filles et puis, ça n’existe même pas en réalité, les filles parfaites’. Toi, tu es maladroite, tu ne dors pas bien la nuit et t’endors en général la journée, tu ne sais pas garder de secrets, enfin… Il y a tout un tas de choses qui te rendent imparfaite et c’est donc pour ça qu’elle ne devrait pas se fier à ce qu’elle voit durant cette rencontre courte finalement.

“Quand tu seras tombée à cause de moi et à cause de mes deux pieds gauches, je suis sûre que tu ne diras pas la même chose !!” viens-tu ajouter d’une voix trop fière pour la bêtise que tu racontes.

Mais tu ne mens pas. Tu ne peux d’ailleurs pas être plus franche que ce que tu viens de lui dire. Il y a une semaine de ça, tu as justement fait chuter quelqu’un en perdant l’équilibre toute seule et en te rattrapant à la seule chose possible, le vêtement de ladite personne… Qui s’est étalé aussi violemment que toi sur le sol… Oups…

“Enfin bon, tu viens souvent ici ? C’est si grand, et il y a tellement de livres !”

Tu conclues ainsi ta prise de parole en venant doucement masser tes petits bras fatigués tout en t'installant sur une chaise à proximité.