(Im)patiemment, c'est qu'il le regarde faire, effectuer la transaction. Simple pantin qui n'a servi qu'à ouvrir une porte et, à ce qu'il paraît, bien inutile. On ne trouve même pas quoi lui donner visiblement, hormis des bons de réduction comme on donnerait une sucette à un gamin. Hormis décocher un rire chez cette dame. De tendresse, de politesse, de moquerie ou les trois ? Dans cette histoire, il n'a l'impression que d'être une énorme blague, ou bien être dans cette énorme blague. Il n'apprécie pas mais prend sur lui. Pas même une expiration d'exaspération.
Mais ça va, il a bien compris.
Il est un zombie, il est si naïf.
Il est si gamin.
Redressant sa veste pour mieux se comporter, son attitude change quelque peu puisqu'un peu vexé mais le type reste toujours aussi amical auprès d'un employeur. Il a besoin de thune, il doit être crédible.
« Oui. J'ai six cent soixante six ans. »
Et quelle meilleure idée que de poursuivre sur un mensonge lors d'un entretien d'embauche, pas vrai ? (Sortir un tel nombre rend au choix, la situation terrifiante ou comique.)
Mais clairement, en étant un zombie, le petit futé a vite pigé qu'il ne devait pas paraître si jeune. D'autant plus que le type en face est lui-même nécromancien donc même si Cassian a beau le trouver séduisant, il ne se laissera pas avoir. Car il est certainement
le plus fabulateur des zombies
le plus trompeur des spectres
pour poursuivre sa supercherie.
« J'ai habité la France, les États-Unis, l'Angleterre et beaucoup encore. Mais voilà. J'être là maintenant, au Japon, juste pour ces potions. Vos potions. »
Ou plutôt dans son bobard qui ne devrait pas être pris au sérieux une seule seconde. Pour autant, Cassian fixe avec tant d'intensité son interlocuteur, pour voir la bonne réaction apparaître. Regard maintenu jusqu'à un rire explosif à la compréhension. Oui, il se fout de la gueule de l'autre mais en même temps, qui pose les questions les plus naïves ? S'il n'a pas de nécromancien attitré, c'est que ça vient de lui arriver, la zombification. C'est dramatique, c'est censé l'être. Il était censé jouer cette cartouche du drame et de la pitié mais ça ne semble ni plaire, ni convaincre Rafaël. Ça ne convainc même plus Cassian, à dire vrai.
Le garçon montre progressivement plus d'assurance dans son attitude, s'accoudant au comptoir du propriétaire, désirant croire qu'il contrôle la situation, qu'il est plus en confiance que l'autre dans l'affaire. Car clairement, le type ne semble pas à l'aise avec la présence du gamin dans sa boutique pour poser ce genre de questions.
« Vous faîtes rire ! J'ai pas argent, comment moi suis vieux ? »
Les prunelles jonglant avec la taquinerie, il plonge dans le regard de son interlocuteur, comme pour y creuser davantage une tombe dans laquelle celui-ci semble vouloir s'enterrer. Rafaël mal à l'aise comme créateur de malaise, le client n'est pas intimidé pour un sou par la gêne ; peut-être parce qu'il est
le plus gênant des spectres
le plus enquiquinant des hommes.
Notes
550 mots
Long. Grosso merdo, Cass sent que Rafaël est pas à l'aise avec. Il n'aime que lui et sa cliente le prennent comme un gamin boulet donc finit par jouer avec la gêne de Rafaël qu'il a ressenti et l'embobine un court temps.