Il est à mille lieux de comprendre ce que vit son interlocutrice. Il la croit probablement zootrope, comme lui, même si elle n'en dit rien. Il l'imagine obligée de se défendre contre un assaillant brutal et cruel, tout comme il se défend tous les jours d'être un démon. D'une certaine façon, elle est aussi innocente que lui.
Je te présente mes excuses, je n'aurais pas dû aborder le sujet.
Et tu as raison, nous ne décidons pas de ces choses-là. Je crois cependant que si nous menons nos vies du mieux possible, Il saura pardonner nos errances ou nos erreurs de jugement.
Je te remercie de m'avoir aidé. Tu connais ma nature, tu crois en Dieu comme moi, malgré tout tu as décidé de me répondre plutôt que de me dénoncer. C'est la plus belle chose que quelqu'un que je ne connais pas ait fait pour moi. Je n'oublierai jamais ça.
Quant à l'hiver, peut-être devrions-nous nous rappeler qu'il a toujours une fin. Je l'avais presque oublié. Merci de m'avoir montré que même derrière la grisaille, le soleil brille !
Il pose doucement sa plume. Il ne sait pas combien de temps encore durera cet échange, mais il sait qu'il est en sursit. Avant la fin de la journée, peut-être bien avant, la feuille cessera son va et vient entre eux.
Il se laisse aller contre le mur derrière lui, le regard fixé sur l'interstice sous le battant.