So, everything's splendid ft. Yasuke

« C'est une bonne manière de voir les choses. Quelque chose me dit que vous avez une bibliothèque remplie par vos enfants.

Oh, bien plus qu’une ! Heureusement que j’ai mon atelier hé … »

Sourire en coin. Toujours très concentré. Il hoche la tête à sa remarque sur les armes ; vous êtes sur la même longueur d’onde et ça c’est cool. Les armes, t’as connu avec l’armée et t’as vu aussi ce que ça fait. Tu repenses aussi à ton bon vieux pays et son énorme problème avec les armes à feux -ouai clairement t’aimes pas ça. Tu préfères largement ta reconversion pro post-mort, avec tes pinceaux et tes brosses. Bon, même si certains matos de peintre faut pas trop faire le malin avec sinon on a vite fait de se faire sacrément mal. Tu le sais, tu l’as vécu un bon paquet de fois, en plus t’es facilement impatient quand tu te concentres. Comme actuellement en fait, avec ton crayon qui s’aplatit trop vite. Heureusement t’es toujours bien armé.

Haha.

« Oh, je suis plus qu'à l'aise avec ceci. À force de pratiquer le sabre est presque une extension de mon bras.

Wow. Ça pèse lourd un sabre comme ça ? »

Tu demandes déjà parce que t’es curieux. Mais aussi parce que le poids des objets, t’aimes l’intégrer comme tu peux dans tes dessins. Par les reflets, la rondeur, les couleurs … Même si t’en es qu’au croquis, très vite on remarque des notes qui débordent de tes feuilles ; des couleurs, des mots techniques, des noms de type de papiers … T’écris si vite que t’es bien le seul à pouvoir te relire. Tu serais bien dans la merde d’ailleurs si tu te retrouvais incapable de relire ta propre écriture. Heureusement que t’as une bonne vue.

« Ce katana n'est pas de l'époque, mais c'est tout comme. La personne qui l'a forgée a suivi les mêmes préceptes que l'époque.

Ça doit être un travail de titan à faire. Il est vraiment beau en plus »

Tu coinces ta langue entre tes dents. Ta voix est plus posée qu’auparavant, signe que tu es totalement absorbé par ce que tu fais. Pourtant ça t’empêche pas de fredonner et te réinstaller par deux fois pour mieux caler ton carnet. Puis tu vois Yasuke commencer des mouvements lents et tu ralentis un peu ; t’as plus facilement le temps de voir les détails. Tu sais pas si c’est fait exprès mais tu apprécies le geste. Le silence retombe un peu alors que tes yeux font rapidement des allers-retours entre ton « modèle » et ta feuille. T’as déjà la main toute dégueulasse à cause de ton crayon -signe que t’es en train de t’éclater à croquer.

« Un atelier de peinture et de dessin, je suppose ?

Ouaip. Enfin j’vois mon atelier comme ma deuxième maison. Tout ce que je peux créer passe forcément par l’atelier un jour, même les brouillons qui semblent les plus inutiles »

D’ailleurs ça peut devenir un problème, vu que t’aimes pas trop jeter même les papiers froissés. Mais pour l’instant t’as encore de la place, largement, t’en es pas encore à te demander comment pousser les murs

« Je devrai tenter d'y passer. Si je ne suis pas très talentueux pour cette catégorie d'art, je suis toujours heureux d'en voir. »

Tu t’arrêtes réellement cette fois-ci. Ta main toujours posée sur ton carnet, tu lèves le nez vers lui les yeux brillants et un sourire de part et d’autre de tes joues. T’es toujours ravi quand quelqu’un exprime de l’intérêt pour ton travail, mais tu l’es encore plus quand quelqu’un s’intéresse à où, quand et comment tu bosses. Surtout que ton atelier est souvent un choc pour les gens ; tout y est classé, rangé et ordonné d’une manière bien particulière. Et vu comment t’es réputé pour être bordélique souvent, ça surprend

« Hé bah franchement, vous êtes le bienvenu quand vous voulez ! Et pas besoin d’être talentueux, écoutez votre cœur et ça sera déjà largement suffisant »

Et tu le penses. Tu te considères pas forcément comme talentueux·se, mais t’as confiance en tes capacités. T’as pas à en douter, à faire de la fausse modestie, t’aimes ce que tu fais et tu trouves que tu te débrouilles très bien. Il te répond que la lame est légère avant de te demander d’attendre ; tu t’exécutes. C’est bien, ça te fait faire une pause pour ton poignet et t’en profites pour faire tes petits exercices de détente. Lorsque Yasuke revient, il te met entre les mains un fourreau dans lequel se cache probablement une très belle lame. Tu soupèses et t’es vraiment très étonné que ça soit si léger

« Beaucoup de légendes tournent autour du katana, mais il faut se remémorer que les attestant faisaient avec les moyens de l'époque et que le métal n'était pas le meilleur.

Wow … Bah bordel j’m’attendais pas à ce que ça soit aussi léger ! C’est giga impressionnant. Vous devez avoir une sacrée collection non ?»

Tu lui rends avec beaucoup de précaution ; tu vois qu’il y tient. Tu l’écoutes avec attention et clairement c’est un connaisseur. Probablement un assez vieux fantôme, aussi. Tu commences à le sentir dans ses gestes et sa façon de penser. Tu l’observes de plus en plus et t’en oublierai presque ton carnet de croquis encore ouvert sur tes jambes. Il te parle d’un ami, un forgeron. Tes yeux pétillent encore un peu plus

« Je ne sais pas s'il accepte d'être observé, mais si vous le flattez suffisamment vous aurez une chance.

Hé, j’uis plutôt doué pour la flatterie, surtout avec des gens aussi intéressants et qui s’y connaisse ! »

Tu rigoles aussi ; définitivement tu l’aimes bien ce Yasuke.

« Ça fait combien d’année que vous pratiquez cet art-là ? Vous vous y connaissez ça doit faire un moment que vous baignez là-dedans »

« Je note, merci de l'invitation. Ou se situe votre atelier ?

Ah attendez, bougez pas … »

Tu fouilles son sac, marmonnant des « Mais où c’est » dans ta barbe, avant d’en sortir … Une carte. Une petite carte, du genre carte de visite. Tu la tends à Yasuke avec un grand sourire ; c’est que t’en es fier. Tu penses pas toujours à en avoir sur toi, mais là il t’en restait. C’est plus pratique que d’arracher des bouts de feuille dans ton carnet ou de l’écrire sur la paume de la main. Dessus tu y as écrit l’adresse de ton atelier et un numéro de téléphone

« Voilà, bon le numéro c’est celui professionnel mais hormis la nuit généralement j’uis dispo dessus. Enfin, souvent quoi. »

Tout sourire, tu continues de l’écouter quand il te parle des lames. Ses explications te paraissent logiques, sensées. Tu sens l’expérience qui se cache derrière chaque parole et tu trouves ça … Vraiment cool. C’est pas un sujet sur lequel t’as beaucoup de connaissance mais heureusement t’adore apprendre. Et puis ça peut te servir comme inspiration, aussi. D’ailleurs tu prends toujours des notes, tu gribouilles plus que tu dessines. Ça te permet de mieux écouter -et de garder des traces. Des arcs hein ?

« Vous savez tirer à l’arc ? »

Tu hoches la tête quand il te parle de sa « collection ». Ça fait sens, même si tu trouves pas que les lames deviennent inutiles ; hormis pour le combat peut-être. Elles changent juste de fonction et au fond ça te semble normal. Toi qui a tendance à t’attacher à tous les objets qui te sont proches un peu trop longtemps, tu as plus de mal à faire du tri et à te détacher des choses. Sauf s’il faut les confier à d’autre personne, là ça te gêne moins. Il te dit que t’as tes chances et ça te fait rire, un rire sincère

« Un peu plus de 4 siècles. On s'approche doucement de quatre siècles et demi. Si vous connaissez le nom d'Oda Nobunaga, j'ai eu l'occasion de le servir. »

Tu tapes du poing dans ta main, comme une révélation

« Noon, mais tu- vous déconnez ? Je connais de nom. Quand j’uis revenu à Toyko j’me suis dit qu’apprendre juste le japonais, hé, ça manquait de quelque chose. Du coup j’me suis renseigné sur l’histoire du Japon »

Ton intuition était la bonne ; c’est vraiment un vieux fantôme. Ce que tu trouves encore plus intéressant

« Oda Nobunaga … Eh ben, vous devez avoir vécu beaucoup de trucs depuis le temps, non ? Enfin, en tout cas vous avez encore bien la pêche malgré vos quatre siècles ! »

Nouveau rire ; décidément tu te sens vraiment à l’aise avec Yasuke. Assez pour lui sortir des blagues de tonton, une fois de plus.

« Plus maintenant. Je me suis concentré sur les arts martiaux.

Hé, j’peux comprendre. Parfois c’est bien aussi de se recentrer sur ce qui nous fait vraiment vibrer »

Toi-même t’en as essayé des trucs. Tu t’es cherché et finalement t’es toujours revenu à la peinture. Et l’écriture aussi. D’ailleurs tu reprends doucement tes croquis, commençant une nouvelle page sur ton pauvre carnet qui crie presque au secours avec ses pages toutes cornées. Mais cette fois-ci tu es plus distrait, moins concentré sur les traits que sur ta discussion avec Yasuke. T’es curieux, tu poses des questions et tu te préoccupes pas vraiment du reste. Tu hoches la tête plusieurs fois, tu souris. C’est aussi un de tes points faibles ; t’adores apprendre à connaître les autres. Surtout que depuis ta mort, t’as croisé un paquet de gens tous plus différent·e·s les un·e·s que les autres. Et tu trouves ça cool

« Je ne mens pas.

Oh j’en doute pas ! J’avoue c’est plus la surprise qui a parlé là haha. »

Tu étires un peu tes bras avant de reprendre le crayon

« J’ai croisé un tas d’gens, qui ont connu pleins de personnes différentes. Des gens connu, inconnu, je trouve toujours ça super fascinant. Pas vous ? »

C’était une vraie question. Peut-être que t’aimes juste trop t’intéresser aux autres, ou c’est peut-être ton côté très positif qui parle. Tu reprends le croquis de sa lame, jouant sur les effets de lumières, les reflets, sa finesse et la précision de ses mouvements. Tu prends très peu de liberté et tu notes, encore et encore. Tu as bientôt presque plus de lettres que de réels dessins sur ta feuille ; ça fait partie du métier aussi.

« Le secret tient dans le sport et dans la lecture. Entretenir le corps et l'esprit.

"Un esprit sain dans un corps sain" hein. J’aurais pas dit mieux »

Tu souris de toutes tes dents avant de lâcher un petit rire

« A vrai dire moi-même j’aime bien lire mais surtout écrire. Et j’fais pas mal de sport, parce que bon être peintre c’est assez sédentaire et vu le poids du matos vaut mieux que je garde de la force. Et des muscles. Et ça m’aide quand je médite aussi »

Après tout tu lui poses beaucoup de questions, mais y’a pas de raison que tu lui parles pas un peu de toi en contrepartie.

« Et pour être franc, je ne sais pas ce qu'il y a de véritablement intéressant a raconter sur ma vie. »

Tu reposes ton crayon doucement avant de regarder Yasuke

« Toute vie est intéressante, toute mort est passionnante. Personne ne l’est plus ou moins qu’un·e autre, par contre ça peut aussi être très perso’ quoi et ça j’le respecte totalement. Mais, je sais que moi j’vous trouve très intéressant tout court, c’est comme ça »

« Le chevalet, je présume ? Peut-être qu'il vous faudrait un caddie, comme au golf.

Hahahaha ! C’est que c’est pas con comme idée ! Et ouaip, le chevalet. Bah, pour maintenant j’ai l’habitude de le porter, c’est presque devenu un petit plaisir quoi »

Presque. Des fois c’est clair qu’un chariot ou un caddie ça t’aiderais mais bon, t’aimes bien faire à l’ancienne aussi. Et puis mine de rien t’es assez précautionneux avec tes affaires ; on dirait pas vu comme ça c’est clair. Parfois tu reposes tes crayons un peu forts, ça leur arrive aussi de tomber et de faire une tâche ou deux dans la foulée et pourtant, pourtant tu es très attaché à tes outils de peintre. Et ce chevalet tout particulièrement, il a une valeur sentimentale. Alors tu préfères le porter et le traîner avec tes bras quitte à te casser le dos plutôt que de le confier. Il est rare que t’acceptes même un coup de main, pas par fierté mais parce que t’y tiens énormément : après tout c’est celui que tu utilisais déjà à l’époque avec ton mentor alors il en a vu des choses.

« La méditation, une saine activité, mais que je pratique moins depuis quelque temps.

Ah, comment ça se fait ? Enfin après ça me regarde p’tete pas hé »

Tu marques une pause avant de sourire en riant légèrement

« Désolé, déformation pro. J’écris pas mal et comme j’aimerais parler médiation dans mes prochains bouquins de développement personnel, ça m’intéresse toujours d’avoir des retours et témoignages. ‘Fin, vous voyez l’idée quoi »

C’est vrai qu’en dehors de ton boulot de peintre tu écris beaucoup. T’as pas publié énormément car t’as tendance à plus facilement t’éparpiller avec tes écrits qu’avec tes œuvres mais quand même on s’adresse parfois à toi en tant qu’auteur ; et ça te fait toujours un peu plaisir. Ça te change. Puis qui sait, si vous continuez à bien vous entendre peut-être que t’auras un compagnon occasionnel de médiation ? Ça serait sympa, t’es jamais contre le fait de partager ce moment avec quelqu’un et après tout ça resserre les liens

« Merci pour le compliment. Et j'ai une manière de penser similaire. Je devrai plus dire que je ne sais pas quoi raconter.

Ah ça ! Ça doit être un truc commun chez les fantômes qui cumule les siècles à force iels savent plus trop quoi raconter ou comment raconter. Pas facile de résumer une vie hein ? »

Tu ris avant de reprendre les crayons et continuer tes croquis à ton rythme

« Tiens par exemple, vous pouvez me raconter quand, comment et pourquoi vous avez ouvert ce dojo et l’agence de garde du corps ? Ça m’intrigue depuis mon arrivé de savoir, surtout que c’est pas si banal que ça pour un ancien samouraï ! »