agenouillez-vous devant la famille kamiya. & Lulu

Tu sens de nouveau de l'agitation.

Après tout, tu l'es aussi mais pas pour les mêmes raisons.

Il a un culot magistral.

T'ignores où il trouve cette force de caractère mais- :

« Hmpf. »

Elle rit un peu plus franchement :

« "De bons amis" ? si bien dit. »

Elle lève sa main.
On apporte une feuille - le contrat - et de quoi écrire. On le pose d'abord devant lui :

« Avant de partir, au moins signer un contrat. »

Ses yeux s'ouvrent totalement.
Des yeux eux-mêmes clairs.

Tu baisses instinctivement les tiens.
Tu sais son pouvoir et comment il fonctionne.

Même si elle oblige qu'on la regarde à la moindre occasion.

Tu soupires intérieurement.

C'est bientôt fini.

Tu te tiens prêt, tu vas sans doute le raccompagner à la porte.

Il t'intrigue.

T'ignores son âge.
Est-il plus jeune ?
La fougue de la jeunesse comme diraient tes ancêtres.

Tu l'as jamais eu.
Tu l'as pas.
Tu l'auras jamais.

Prisonnier dans cette cage dorée :

« Nous pourrions organiser un banquet, pour faire mieux connaissance. »

Juste pour mieux l'étudier sans doute :

« Qu'en dites-vous ? »

Le revoir.
Encore.

De nouveau une tension.
T'en veux pas particulièrement.

Mais t'as pas ton mot à dire.
T'espères juste que tu seras pas choisi pour servir ce soir-là.

T'espères vraiment.

Un sourire carnassier :

« C'est donc un accord. », dit Rie derrière son éventail.

Une fois le contrat retourné, elle signe à son tour et le donne à un membre de la famille :

« Bien évidemment. (Elle tourne à peine la tête vers toi.) Kaoru. Raccompagne-le jusqu'à la sortie. »

Tu hoches la tête et te lèves.

Tu lui indiques de te suivre.
Silence.
Silence.
Silence :

« Je viendrai vous donner l'invitation. Au revoir, Coldwell-sama. »

Tu fermes la porte.
Comme tu fermes ton cœur.

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T'as donné la lettre.

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Bien sûr, tu fais partie des organisateurs du banquet.

Tu as déjà mal à la tête.

Tu soupires intérieurement.

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Cette fois-ci, c'est un kimono bien plus formel que tu portes.
Une coiffure bien plus complexe.
Un maquillage bien plus soigné.

Tu soupires intérieurement.

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L'heure arrive.

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Il est l'heure.

On te demande de te tenir prêt et de rester devant la porte pour les accueillir, Coldwell et ses "amis".

Ta poigne se sert autour du manche de la lanterne.

Tu veux pas revoir ses yeux.

Ce feu.
C'est affreux.

Car c'est effrayant.

Alors tu fermes les yeux.
Tu te caches derrière tes longs ciels blancs.

Tu veux te cacher un instant.

T'entends à peine le remue-ménage à l'intérieur pour les derniers préparatifs express.

T'entends juste la nature.
Ton pouls.
Ta respiration.

Ton existence.

La plus belle cacophonie.

La plus délicieuse.

La plus-

Arrête de penser.

Il arrive.

Yeux noirs rencontrent yeux bleus.

Tu sursautes presque en les entendant arriver.

Tu comptes.

Ils restent en sous-nombre :

« Bonsoir. »

Tu t'inclines.

Yeux noirs rencontrent yeux bleus :

« Veuillez me suivre. »

Tu les invites en brandissant ton bras avant de reprendre la tête de file pour les guider - silencieusement - jusqu'à la salle principale.

Un silence de mort avant que Rie les autorise à entrer et à prendre place.

Tu restes à l'extérieur, la tête baissée et les yeux fermés.

Pour éviter les leurs.
Les siens.
Les siens.

Tu as déjà mal à la tête.

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T'as servi quelques verres avant de pouvoir t'enfuir de la fête, prétextant une migraine monstre.

Non que ce soit réellement un mensonge.

T'as besoin d'air.
Et vite.

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Tu décides de t'occuper des poissons, pour au moins occuper tes mains et paraître moins inutile aux yeux des autres - même si tous les yeux sont rivés sur le repas.

T'es seul.

Ca te repose un peu.

T'observes silencieusement les carpes nager tranquillement dans leur immense bassin.

Tu oses soupirer audiblement.

T'es fatigué.

Tu voudrais juste te poser et tout oublier mais c'est impossible.

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T'es toujours pas retourné dans la salle principale.

On va sans doute te disputer mais c'est la première fois depuis longtemps que tu peux te détendre, loin de tout.

Tu t'es pris une petite assiette contenant des statuettes en bois.
Faites de tes mains.

C'étaient des tests, défectueux.

Comme toi.

T'en transformes une en pomme.

C'a au moins la bonne taille.

Tu soupires de nouveau.

T'appuies ta tête sur un des piliers en fermant les yeux et croque dans le fruit juteux.

Ce paradis artificiel.

Tu voudrais qu'il soit éternel.

Tellement perdu dans ta contemplation.
Dans ton envie.
Dans ton souhait.

De paix.
De liberté.
De-

Tu l'entends pas arriver.

Tu sursautes en sautant sur tes pieds, faisant tout tomber dans ton élan brusque :

« A-Ah- Pardonnez-moi. »

On va te disputer.

Pire, on va-

Pas le temps de penser plus que ça, il t'a parlé, non ?

Pendant que tu ramasses tes statuettes et tes pommes - remplies de poussière, faudra les nettoyer -, tu réfléchis à ce qu'il a dit.

Et surtout.
Quoi répondre.

Vous allez me répondre cette fois ?

Yeux noirs rencontrent yeux bleus.

Cette fois ?

Ce n'est pas ta place de lui parler.

Mais tu ne peux pas le froisser non plus, pas alors que vous fêtez votre accord.

Tu poses ton assiette sur le bois avant de baisser la tête en liant tes mains :

« Merci de vous en soucier. »

Va-t-en :

« Tout va bien. »

Va-t-en :

« Avez-vous besoin de quelque chose ? je peux vous l'apporter si vous voulez. »

Va-t-en.

Tu remontes sur le bois.

Tu notes mieux la différence de taille.

Tu dois toujours lever la tête :

« Sinon, je peux vous raccompagner à la fête. »

Tu prends l'assiette :

« Ou- »

Va-t-en :

« Je peux demander à quelqu'un d'autre ? »

Va-t-en.

Avant qu'il n'attire quelqu'un.

Tu te crispes.

Il ne va pas partir.

Pire.
Il discute.

Déstabilisé, tu l'écoutes sans bouger, laissant sans doute un silence passé.

Peut-être un peu long :

« Ah, je- »

Lui tenir compagnie.
Toi ?
Alors qu'il y a sans doute mille fois mieux et plus amusant - on te le répète assez souvent.

Malgré tout, tu dois obéir :

« Très bien, je vais vous tenir compagnie. »

Tu suis ses mouvements avant de secouer la tête :

« Non. », réponds-tu simplement.

Tu fermes les yeux un instant avant de récupérer une des statuettes honteusement ratées :

« J'ai essayé de les sculpter. »

Tu le regardes :

« Maintenant, je les utilise pour ça- »

Une légère lueur.
Une pomme :

« J'étais- (Tu lui tends le fruit.) En train de manger. Vous en voulez ? elles sont comestibles. »

Tu ne sais pas.
Tu ne sais pas amuser les galeries.

Donc tu proposes subitement à manger.
Alors qu'il a dû manger des choses tellement meilleures que ta pauvre pomme :

« Mais je comprendrai si vous n'en voulez pas. »

Ce serait même normal.