Hors du temps |ft. Sacha Banks

Hors du temps...

Je parle en #A44057. | @Sacha

Jill était silencieuse, depuis ses dernières parole, la main sur l’épaule de Sacha. Juste une main et pourtant le contact la dérangeait. Ca chatouillait...Ca piquait ...Non : Ça brûlait. Le contact le brûlait à vif, effleurement insupportable qui lui donnait envie de fuir loin et d’hurler. Touché qui la rendait plus troublée encore. Détestable. Le geste et l’homme. L’homme ou la personne ? Surement plus l’homme que la personne en face de lui à ce moment. Ce n’était plus l’affreuse bête qui la dégouttait. C’était la bête blessée qui blessait pour guérir. Et elle se sentait obligée de se blesser pour le soigner. Trop bonne qu’elle était parfois, très fort qu’il était à ce moment là.

“J'suis pas faible, nan j'le suis pas. J'ai toujours été l'meilleur.”

Le claquage de la langue de Jill sur son palais résonna dans son esprit. Elle avait tout comprit, mais elle aurait préféré ne rien entendre. Elle soupira, resserrant par colère sa prise sur l’épaule du jeune homme. La chimère serrait les dents. Que fallait-il qu’elle fasse ? Comment l’ignorer et s’en aller - comme d’habitude - quand ils étaient tout les deux enfermés dans cette cage folle ? Et avait-elle réellement envie de venir - d’une quelconque façon - en aide à un homme ? Un homme de son espèce ?

“Tous des bâtards. T'sais... Mon meilleur pote. J'ose même pu l'croiser sans penser à des trucs. Je... C'est dégueulasse. C'est putain d'dégueulasse.”

Il avait l’air de se crisper tout en parlant. Mais la centenaire ne comprenait pas tout ce qu’il lui disait. L’ensemble, elle l’avait comprit, mais il marmonnait et mangeait tellement ses mots qu’elle n’était pas certaine de ce qu’il avait dit. De plus, elle ne connaissait rien du contexte des paroles qu’il sortait aléatoirement. On aurait dit qu’il avait plongé dans ses songes quand il s’était cogné au sol, et qu’il était maintenant impossible qu’il revienne à la réalité. Jill était incapable de fuir, et de l’aider. Alors elle restait là, resserrant sa prise sur l’épaule de l’américain. La bouche entrouverte, prête à dire quelque chose, n’importe quoi, elle hésitait.

Mais elle n’eut pas le temps d’hésiter plus longtemps. Elle n’eut pas une seconde de plus pour butter sur les mots. Puisqu’alors que la cage s’était arrêté de s’agiter depuis mon moment, elle se déverrouillait enfin. Libérant les trois animaux blessés qui s’y trouvaient. Ni une, ni deux, Jill s’enfuit de l’ascenseur. Hors de celui ci, lui même hors du temps, elle eut l’impression de retrouver son souffle. Elle lança un regard au blond, un regard qui traduisait à quel point elle était rassurée de pouvoir sortir de cette situation. Et avant de partir, elle lui dit :

“Je ne comprend pas tout, mais reprend toi !”

Tu m’as fais peur.

Puis vint la fuite, les claquements de ses talons dans la cage d’escalier. Des claquements rapides, tellement qu’ils faisaient mal aux oreilles de Jill. Elle serra les dents, jusqu’au moment où elle atteignit sa chambre. Si engouffrant, elle la ferma à clé, et retira ses chaussures. Son lit lui ouvrit les bras, et elle resta nez contre les draps un long moment. A essayer de se reprendre, de se rassurer, de se rappeler les raisons pour lesquelles elle se retrouvait avec des ailes dans le dos.

Elle ne devait avoir aucune pitié pour un homme comme lui.

Codage par Libella sur Graphiorum