Peek a Boo ! est un forum rpg dont la v4 a ouvert en février 2023. C'est un forum city paranormal où les personnages sont décédés ; après une vie pas très chouette, iels se sont vu offrir une nouvelle chance et évoluent désormais dans le Tokyo extravagant de l'au-delà.
起死回生
Maxence propose d’aller boire un coup, ce qui me va. Je ne réponds que par un hochement de tête. Rare sont les bars à proposer exactement ce que je veux. Après tout, je ne peux boire qu’un seul type de groupe sanguin, ce qui est assez compliqué quand je pars en chasse. Dans les bars, il m’est impossible de le savoir, et j’ai déjà fait l’expérience suffisamment de fois pour savoir qu’il ne fallait pas recommencer de si tôt. Dans tous les cas, nous pouvons boire quelque chose d’autre, même si cela ne peut pas m’affecter directement. Au moins, ça supprimera mon mal de gorge.
« Non tout va bien dans mon cerveau, t’inquiète pas pour ça. C’est pas une stupide glace qui va faire peur à un vampire, tu sais. »
Je lève le poing comme pour montrer que je suis coriace, avant de me mettre à rire.
« Tu veux aller où ? »
Etre enfin à l’extérieur de ces égouts me fait du bien. Ils étaient si sales, je ne n’y attendais pas du tout. Encore moins d’ailleurs à ce que Maxence y plonge sans problème. J’aurais passé mon tour et me serais pris un gage pour la peine, mais jamais je n’aurais trempé ne serait-ce qu’un doigt là-dedans.
« T’as vraiment du cran quand même. Plonger dans les égouts, avec toutes les merdes qui se trouvent dans l’eau … J’espère que t’as de la javel chez toi ! »
Je ne m’inquiète pas outre mesure de ce que va devenir sa peau après le bain qu’il a pris. C’est un nécromancien, il pourra toujours avaler une potion pour l’aider à retrouver une apparence normale. Moi aussi je le pourrais, sauf que je ne tiens pas à gâcher mon apparence. Et encore moins de me retrouver sur internet en train de surfer sur la vague de crasse. Autant, la vidéo de la chanson peut passer, autant montrer quelque chose d’aussi dégueulasse, c’est impensable.
« On prend un verre ou tu rentres te laver ? Franchement mec j’t’en tiendrai pas rigueur. Ça doit te gratter de partout … »
Je ne suis pas pressé, j’ai du temps avant mon rencard. Je peux même aller prendre une douche et mettre une plus belle tenue. Ce n’est pas le problème. Mais j’ai peur qu’il arrive quelque chose à Maxence s’il ne se désinfecte pas rapidement. C’est tellement dégueulasse, les eaux croupies. On ne sait pas ce qui peut arriver, et je m’en voudrais légèrement pour le restant de mon existence s’il disparaissait ... C’est un peu la merde je dois dire.
Je laisse Maxence se vanter quelques minutes sur le fait qu’il est un bon nécromancien. Il a prévu le truc … Mais bien sûr ! Laissez moi rire à ce sujet, il ne pouvait pas savoir que j’allais le mener dans les égouts. Même moi je me suis surpris à le faire. J’aurais pu trouver une autre idée en chemin, mine de rien.
Je frissonne à l’idée des zombies. Leur apparence et leur odeur … vraiment quelle idée ils ont pu avoir pour prendre cette potion. J’espère pour eux qu’un jour, quelqu’un trouvera un antidote pour remédier à ça. Ce ne doit pas être la joie tous les jours. J’évite toujours de les fréquenter, alors les autres, ça doit être pareil. Qui peut bien vouloir les fréquenter quand ils ne sont pas recouverts d’une tonne de parfum ?
« Je suis certain qu’un verre ne te fera pas de mal. Ton odeur, en revanche, va faire fuir les clients. »
L’idée d’aller se poser quelque part me branche bien. J’ai le temps, ce n’est pas la question. C’est plutôt l’image que je vais renvoyer en trainant avec quelqu’un qui porte cette odeur qui me dérange. En soit, je me fiche totalement de ce qu’on pense de moi. Mais par contre, qu’on ne dise pas que je suis quelqu’un de sale, je ne le supporterai pas. Je pourrais laisser mes pouvoirs vampiriques anéantir le spectre qui serait capable de dire une telle chose.
« Tu ne m’as toujours pas dit dans quel bar tu souhaites qu’on se pose. »
On continue à marcher et je commence à m’en exaspérer. Je déteste marcher, c’est un fait, encore plus quand je ne sais pas où je vais. Maxence tape dans mes côtes et je me décale légèrement en grognant. Pour sûr que je vais sentir comme lui s’il continue à me toucher de cette manière. Mes vêtements vont pouvoir partir au pressing, je les déposerai en partant de chez moi ce soir.
Comme excuse, je pourrai dire que mon chien s’est échappé et que je suis allé le pécher dans les égouts. C’est un prétexte tout à fait valide, surtout que j’emmène régulièrement mes affaires à la même enseigne, et ils ont l’habitude de voir des costumes hors de prix foutus à cause de cette bestiole à quatre pattes. Mais ce petit chien, mine de rien, je l’aime. Titus il s’appelle. Je crois qu’il vient d’une famille française, il ne répond qu’aux ordres dans cette langue.
« Ma douche m’attend déjà, t’inquiète pas que j’ai déjà prévu le coup. »
Il ne sait même pas où il veut qu’on aille. Tout ce qui l’importe, c’est d’aller boire un coup. Je m’en fiche personnellement, mais cette odeur nous suit, je le vois. Et je n’ai pas très envie de me taper la honte devant tout le monde. Déjà que je sens qu’on nous regarde sur le passage. Il me montre finalement le premier bar qu’il trouve : un club gay la nuit, que j’ai déjà fréquenté. J’ai rencontré plusieurs de mes amants là-bas. C’est tellement plus simple d’aller dans ce genre d’endroit.
« Et bien c’est parti, les employés me connaissent, en plus. Super. »
J’enlève ma veste et la fourre dans mon sac à dos que j’abandonne au concierge sitôt entré. Je m’excuse pour l’odeur, ne lui parle pas du chien tombé dans l’eau mais de cette rencontre fortuite avec un zombie qui m’a serré dans mes bras. Il pouffe, il a l’air d’y croire.
Une fois à l’intérieur véritablement, je laisse mon regard se promener. Des hommes exactement comme je les aime, et malheureusement, qui me sont inaccessibles dans ces conditions. Je pue, putain ! Je suis Maxence jusqu’à l’endroit qu’il m’indique, et vois que tout le monde s’écarte. J’ai envie de faire une annonce vocale mais mon ami s’en charge, et le serveur revient à nous.
« Whisky-coca. C’est controversé mais j’aime ça. »
J’éprouve le besoin de me justifier. Je sais que Maxence aime les choses fortes. De mon côté, rien ne me fait de l’effet, alors autant commander quelque chose qui a du goût auprès de mes papilles.
Le serveur n’a pas encore amené les boissons mais Maxence prévoie déjà ce qu’il veut que l’on fasse après. Je sens les regards autour de nous, beaucoup semblent déjà penser ce que nous allons faire. Ils sont si loin de la vérité. Je lui souris, me rapproche de lui en m’affalant sur le bar, mon téléphone à côté de moi.
« Tu as déjà prévu ton défi ? N’oublie pas que je dois encore trouver le mien. Mon cerveau n’est pas gelé mais mes idées en stand-by, je dois trouver quelque chose de vraiment à la hauteur. Si tu t’en sors avec quelque chose d’aussi dégueulasse, je vais bien galérer moi, je te le dis. »
Je n’ai pas parlé fort mais je sais qu’on m’a entendu. Le grand brun au fond, avec ses tatouages sur les mains et son piercing à l’arcade me regarde avec un sourire lui aussi. Il a bu mes paroles. A t-il compris que j’étais libre ? Il faudrait que je revienne là, faire plus ample connaissance. Là, avec cette puanteur, ce n’est pas possible. Et puis j’ai rencard ce soir. Et je suis avec Maxence.
Néanmoins, j'ai une petite idée du défi que je pourrai donner à Maxence. Il pourrait aller me chercher son numéro, cela m'éviterait de devoir monter que je pue aussi. Ce serait un défi facile pour me faire pardonner d'avoir triché.
Mon téléphone sonne une première fois mais le serveur nous apporte les boissons. Je paie pour Maxence et moi en me dépêchant. Pourquoi ? Je ne sais pas, une simple habitude.
« Tu paieras la prochaine tournée, maintenant que je suis installé ne crois pas me déloger si vite. »
Je n’ai pas répondu au premier appel et entends de nouveau la sonnerie retentir. Est-ce si important pour m’appeler deux fois ? Je jette finalement un œil à l’écran, laissant ma réplique en suspens.
« Oh bordel, quoi encore ! »
Le nom du correspond me laisse pousser un soupir. S’il m’appelle deux fois c’est sans doute pour une bonne raison. Si c’était simplement pour râler, il aurait fait un message vocal sur Messengeath.
« Je reviens. »
J’avale une gorgée de mon verre en répondant, et m’éloigne de quelques pas. Ma bouche s’ouvre délicatement en entendant ce qu’on me dit. En vérité, je suis scandalisé.
« Je … Heu … putain de merde » je commence en revenant auprès de Maxence. « On a été cambriolé à l’appart.. Enfin apparemment c’est le bordel et il manque des trucs. Faut que j’y aille. Fait chier. Tu viens avec moi ? »
Je termine mon verre d’une traite, ne manquant de plaisanter à ce sujet. Je montre mon verre à mon ami, le téléphone serré dans ma main.
Je regarde Maxence avec un air intrigué. Ainsi donc il a déjà son idée et cette dernière va devoir me bloquer une après-midi entière, j’en suis persuadé. Non pas que cela me dérange, mais j’ai quelques projets et il va falloir que je finisse par acheter un agenda pour consigner tous mes rendez-vous. J’attends qu’il en dise plus, mais rien ne vient. Ce n’est pas étonnant, il n’y a plus de surprise s’il me dévoile tout maintenant.
« Ne t’inquiète pas que je finirai bien par trouver quelque chose, va. Il me faut simplement un peu de temps. »
Et à vrai dire, rien ne me vient. Ou peut-être … Je me souviens d’un film que j’ai vu il y a quelques jours, et les acteurs étaient très beaux, d’ailleurs. C’était un film d’action mettant en scène un jeu numérique plutôt dangereux. L’un des joueurs avait d’ailleurs eu du bol de ne pas se faire écraser.
« Que dirais-tu d’un parcours d’aventure ? »
L’idée est simple, en soit, même si sa réalisation va me demander un peu de travail. Il me faudra du temps pour la mettre en place, mais je commence à avoir les plans en tête. On commence par grimper des escaliers en bois qui manquent de casser à tout instant si l’on appuie trop fort dessus. On court à travers un appartement, on s’arrête à la fenêtre et on passe au bâtiment voisin grâce à une échelle posée sur les rebords des deux fenêtres voisines. Puis on descend par une cage d’ascenseur vide, on arrive devant un chemin de fer, et on l’y cale doucereusement pour que le train qui passe ne puisse pas nous toucher. Tout sera chronométré, bien sûr.
« Je te contacterai quand tout sera prêt. J’ai trouvé mon idée, si tu veux tout savoir, mais il me faut un peu de temps pour la préparer. »
Je n’en dis pas plus, me mettant à sourire. C’est là que mon téléphone m’interrompt. De base, je ne réponds que si c’est important, et un appel de mon colocataire n’en était pas un. A part pour me dire que mon chien vient de ruiner le tapis ou d’éventrer un coussin, il ne m’appelle jamais, et préfère les messages écrits pour bien me faire comprendre son agacement avec quelques emojis rouges de colère. Mais là, s’il m’appelle deux fois, c’est que je dois répondre. Et voilà que j’apprends que nous venons d’être cambriolé.
Les consommations sont déjà payées et Maxence me suit jusqu’à l’entrée. Je récupère mon sac au concierge, oubliant totalement le garçon qui me faisait de l’œil, et l’odeur affreuse que je dois dégager. Je cours dans la rue à présent, sachant parfaitement comment rentrer chez moi. Nous ne sommes pas très loin, et je me réjouis d’avoir travaillé le cardio la dernière fois que je suis allé à la salle de sport.
Je pense à un moment à une blague de mes colocataires. Ils sont prêts à beaucoup de choses pour se venger et ils ont un humour particulier. Peut-être pour cela que notre appartement est tapissé de clowns.
« On est dans les étages souterrains, viens. »
Mon souffle est court maintenant, et j’entends des conversations se rapprocher à mesure que j’avance vers mon appartement. Seul l’un de mes colocataires et le voisin sont présents. J’apprends que nous n’avons pas été les seuls à être vandalisé.
« Ça va ? »
Je sens que Maxence ne bouge plus derrière moi, il est encore dans les escaliers. Je m’arrête alors à mon tour pour savoir ce qu’il se passe.
|
|