La faim lui tiraille le ventre. Quelle sombre ironie venant d’un être mort mais il traîne les rues sans vraiment oser prêter attention à ce qui risque de s’y faire. Il a échappé à un ramassage des ordures quelques jours auparavant. Personne ne lui veut certainement de mal mais de ce qu’il a compris, les gens n’apprécient guère les zombies qui rôdent dans le coin sans raison d’être. Et de raison, Rick en manque tout particulièrement. Il se traîne, il s’angoisse, peur au ventre à l’idée d’exister une minute de plus sans raison, sans réelle envie.
Les mains triturent ses maigres possessions. De ce qu’il a dans son sac depuis quelque temps déjà. Différent. La notion du temps est quelque chose qui se perd depuis qu’il n’est pas capable de compter les jours qui s’écoulent. Et pourtant il continue à se traîner, à se demander si un nouveau membre de son corps décidera finalement de se détacher, de s’écraser sur le sol tandis qu’il le regardera en pleurant.
Stupide qu’il fut, stupide qu’il est encore. Incapable d’entendre ce qu’il se passe sur son axe gauche parce qu’il ne peut pas mettre d’appareil dans une oreille manquante, Alarick ne se regarde pas dans les glaces, refuse le regard de qui que ce soit et souhaite disparaître de la surface de cet autre monde le plus vite possible.
Son corps se traîne avec quelques difficultés tandis qu’il s'affaisse à la tâche. Il est tard et il est presque sûr que toute la vie est endormie. Alarick lance un regard au chien qui trottine doucement à ses pieds, pauvre bête qui refuse de le lâcher alors que l’autre continue de lui promettre qu’il aurait bien une meilleure vie avec toute autre personne de la ville. Alarick grogne, gronde presque, parle avec certaine difficulté lorsqu’il s’approche des poubelles en demandant à son pauvre compagnon d’être le plus silencieux possible.
Il s’apprête à ouvrir l’une d’entre elles mais quelque chose à côté attire son attention. Tandis que le petit chien tente de fouiller dans un sac, Rick traîne sa carcasse vers la figure qui git à côté des poubelles. Il regarde la figure un temps un peu trop long, incapable de formuler la pensée qu’il pense vraiment.
Est-ce qu’iel est vraiment mort? Et s’iel est vraiment mort, est-ce que moi aussi?
Il zieute le visage, reconnaît après quelques instants celui qui traîne autour de la boutique. Il ne connaît que cette boutique précisément, rôde autour comme un vautour, parce qu’il a l’impression que les gens à l’intérieur ont quelque chose de rassurant et pourtant… Alarick zieute de nouveau autour avant de s’approcher, de lever sa main pour toucher l’inconnu avant de se raviser. Et s’iel avait peur? Et si iel se mettait à crier? Aussi dégoûté de son existence Rick soit-il, il n’arrive pas à laisser quelqu’un à moitié mort sur le côté de la route comme ça.
Il pousse finalement le corps de sa main. “Excusez-moi?” Parler est douloureux, mâchoire presque pendante, il se bat pourtant. “Monsieur?” Il le secoue plus fort maintenant, peur qu’on ne puisse pas réveiller l’inconnu aux poubelles.
Résumé
537 mots
Riri est à la recherche de nourriture accompagné de son fidèle bébou lorsqu'il trouve un super monsieur à moitié décédé dans les poubelles. Il essaie de l'aider en le réveillant