C’est qu’il apprécie déambuler, Wynn. Malgré l’ambiance cozy de son appartement, malgré ses années et ses décennies à vivre de canapé en canapé voir même dans un coin de ruelle, il aime toujours marcher. Se déplacer. Il n’aime pas la foule, alors il évite consciencieusement les grandes rues. Et puis il y a trop de bruits, trop de vie parmi les morts pour lui. Il y a trop de lumières aussi, surtout en fin de journée. Des écrans, des spots lumineux, des devantures de magasins … C’est juste trop. Parfois sa petite campagne aux Pays de Galles lui manque. Puis il se rappelle ce que c’était
vraiment et finalement il oublie de nouveau. Et ça recommence, quasiment à chaque fois que quelque chose lui tape trop sur le système. A chaque nouveau ou nouvelle trop envahissant·e, à chaque collègue qui lui tape dans le dos alors qu’il n’aime pas le contact, à chaque personne qui sonne chez lui et qu’il ignore en s’allongeant sur le sol en se faisant le plus silencieux possible.
C’est dans ce genre de moment que qu’il en profite pour sortir dans les ruelles … Disons, plus silencieuse. Et vide. Et peu fréquentée. Souvent par leur réputation, d’ailleurs. Mais Wynn, il ne fait jamais attention à tout ça.
Jamais. C’est pas comment s’il ignorait le danger c’est juste … Qu’il ne sait pas. Au fond, ça reste un ancien mineur devenu adulte trop tôt, trop jeune, qui ne connaît pas grand-chose à la vie ; et encore moins à la mort. Donc le fait de se balader presque mains dans les poches, sans but, dans des ruelles presque déserte … Ne lui semble pas étrange. Et encore moins dangereux. Sans parler de son passé, qui l’a poussé bien trop souvent à se retrouver dans ce genre de situation. C’est sûrement parce qu’il erre sans but qu’il se retrouve devant une devanture qui lui attire l’œil.
Il se fait tard, pourtant la boutique semble ouverte. Elle semble aussi … Assez discrète. Peu de lumière, pas de devanture qui brûle la rétine. Il n’arrive pas à identifier ce qu’il voit à travers la vitre, même en mettant ses lunettes. Il les garde d’ailleurs sur le nez, car avec l’obscurité qui s’installe il n’y voit plus très clair. Il regarde, longuement, sans trop bouger, avant de finir par entrée. La curiosité l’emporte, comme souvent lorsqu’il fait ce genre de choix inhabituel. La clochette qui sonne le fait légèrement sursauter. A l’intérieur, c’est plutôt petit mais suffisamment large pour marcher. Il y a des étagères, des trucs exposés un peu partout. C’est propre, aussi. L’odeur est plutôt agréable, même si quelque chose lui chatouille un peu trop les narines à son goût. Il est sensible aux odeurs et il peut facilement se sentir un peu trop envahi lorsqu’elles sont fortes … Mais étrangement ça n’est pas entièrement désagréable. Le seul bruit qui brise le silence, c’est une horloge qui semble couper chaque seconde d’un petit « tic » ou « tac » qui résonne dans la pièce.
Mais surtout, il n’avait pas vu qu’il y avait quelqu’un derrière le comptoir, ce qui le prend un peu par surprise. D’abord il incline la tête, en signe de salutation, avant de laisser quelques secondes -longues secondes, passées et dire en regardant ses pieds.
« … Bonsoir. »Ta voix est douce, mais un peu froide. Un peu basse aussi ; est-ce qu’il t’a entendu ? Il ne sait pas et il ne prend pas vraiment la peine de s’en assurer. Alors il regarde, il ne dit rien. Il continue de regarder, toujours sans dire un mot. Et puis il en vient à une conclusion ; c’est plutôt une jolie épicerie, bien qu’inhabituelle. Il ne comprend pas trop pourquoi il semble y avoir autant de … Confiture ? Jus ? Il ne sait pas comment appeler les étranges flacons. Mais il remarque aussi les pommes et ça, ça l’attire déjà un peu plus. Raclement de gorge.
« Mmh, excusez-moi ? »Il tourne son regard vers le comptoir, sans vraiment regarder la personne qui est derrière dans les yeux
« … Vous vendez que des pommes, en fruits ? »