Un problème de taille - [Lysandra & Olympe]

Encore une aube, encore un jour. La chimère s'était levée de bonne heure, avait suivi sa routine, rien ne semblait pouvoir perturber une belle journée de travail. Elle avait été appelée pour changer une ampoule dans un des appartements de l'agence, mais ne parvenait pas à se rappeler de sa particularité. Qu'importe, elle y allait sans outil, et s'étonnait tout de même que personne n'ait su le faire dans la colocation sans avoir recours à son aide.

C'est quand elle arrivait dans l'appartement, seulement, que l'ouvrière comprenait le problème. Elle avait certes toqué à la porte et était entrée d'elle-même ayant au préalable reçu les clés, mais ne s'était pas attendue à rencontrer un gigantesque bulbe posé à même le sol. Levant les yeux au ciel, elle y trouvait une deuxième ampoule, suspendue à des dizaines de mètres au dessus du sol. naturellement, il fallait seulement remplacer la défectueuse par la nouvelle, mais l'ampleur de la tâche la terrifiait.

Désespérée, elle balayait l'appartement du regard, et remarquait une comparse chimère dans un coin de l'immense pièce. Olympe se rappelait l'avoir déjà croisée plus d'une fois dans les couloirs, et lui demandait avec l'espoir futile de pouvoir faire demi-tour:

"Oh, bonjour Lysandra. J'ai été appelée pour changer une ampoule, je ne me suis pas trompée d'appartement, j'espère?"

Non, elle espérait vraiment s'être trompée. Rien que la logistique derrière le transport du bulbe jusqu'au plafond lui faisait venir un vertige. Elle retenait l'envie de se pincer, sachant pertinemment qu'elle n'allait pas se réveiller.

La journée de Lysandra avait été ruinée en un claquement de doigt. Elle qui avait voulu profiter d’être tranquille pour déguster un superbe cornet de crème glacée… Elle avait maintenant envie de pleurer. Tout est arrivé à cause que l’ampoule du salon s’était soudainement éteinte. Puisque les rideaux étaient encore fermés, il faisait un peu sombre dans la pièce. Dehors, le soleil était parti se cacher derrière de gros nuages. C’est en revenant de la cuisine et en donnant un premier coup de langue à sa friandise froide que la chimère trébucha sur un objet non-identifié, balançant vers l’arrière. Le dos contre le sol, son cornet était tombé droit sur son visage. Pour une fois, ses mains n'avaient pas pu retenir son dessert. Au début surprise, elle demeura silencieuse pendant un court instant avec des larmes dans le coin des yeux, puis elle se mit ensuite à crier comme une gamine.

anglais avec un fort accent écossais — MAIS BORDEL !! POURQUOI ÇA M’ARRIVE À MOIIII ?? Hurlait la tête rouge en tapant ses pieds sur le parquet. En sanglotant, elle faisait de son mieux pour lécher la crème glacée qui se trouvait sur son visage, sans se redresser. Après avoir attrapé le reste de la crème avec sa langue, Lys s’était relevée en reniflant.

Elle décida de passer un coup de fil dans le but de ramener quelqu’un qui pourrait changer l’ampoule. L'appel terminé, elle raccrocha d’un geste brusque, s’éloignant ensuite en grommelant. Revenant au salon avec le nécessaire pour nettoyer sa bêtise, c’est au moment d'essuyer le plancher que la nouvelle ampoule se fit livrer. Si elle n’avait pas été dans l’appart Gulliver depuis aussi longtemps, la femme-animale se serait longuement demandée pourquoi le bulbe était aussi énorme. Bref, après avoir attendu quelques minutes de plus pour la personne qui était supposée être arrivée en même temps que l’ampoule, Lysandra recomposa le même numéro de téléphone. Le pauvre employé au bout du fil s’était presque fait engueuler par celle-ci. “Nous allons contacter quelqu’un qui viendra vous aider dans les plus brefs délais, madame.” Je l’espère pour toi, mon gars. De courtes minutes plus tard, la porte de l’appartement s’ouvrit.

japonais — Oh, Olympe ! Viens par ici, s’il te plaît, j’ai besoin de ton aide. Venait de lui dire l’écarlate… Littéralement ; son visage était encore rouge de colère et de froid à cause de la crème glacée qui s’y trouvait plus tôt. Pourtant, elle tentait de prendre un ton moins agressif pour s’adresser à sa consœur. Je suis contente de te voir. Enchaîna-t-elle en souriant comme si de rien n’était. Calme-toi, ma grande. Se dit-elle en pensée avant de reprendre la parole, soupirant longuement et oubliant que ses ailes de scarabée étaient apparentes. Je sais ce que tu penses… Comment va-t-on s'y prendre pour remplacer ce machin ?

Sa consoeur l'appelait par son prénom, et sonnait alors la fin de ses rêves et fantaisies. Pas de retour en arrière possible, nul échappatoire, Olympe fermait avec résignation la porte derrière elle (la moindre des politesses). Elle avait une mission sacrée, une tâche à accomplir, et quelque part un travail herculéen si l'on prenait en compte les dimensions de ce qu'on lui demandait de manipuler. Elle se rassurait en rationnalisant qu'un bulbe électrique contient plus d'air que de métal, mais se tromper soi-même est un art délicat.

L'obscurité de la pièce ne pouvait pas tant la déranger, mais un détail seulement la mettait un peu mal à l'aise. Devoir parler à une tomate. Lysandra était tant écarlate que la grecque se retenait d'avancer, simple précaution. Le fait d'être éclairée à plein phares dans une pièce plongée dans l'obscurité ne devait certes pas aider la colorimétrie, mais même ses mots doux et accueuillants n'y faisaient rien. Pire, ils contrastaient tant avec ce pigment de rage et de haine que leur union glaçait le sang.
Olympe avait peur, simplement.

Comme pour sonder les eaux, elle lançait, incertaine, s'approchant à pas doux et feutrés, l'un après l'autre:

"Non, vraiment l'ampoule peut attendre, je me demandais si tout va bien pour toi? Tu sors de la douche, non?"

Elle s'imaginait des milliers de raisons pouvant expliquer la teinte dermique de la dame, mais aucune ne paraissait vraiment plus crédible qu'une colère immense, et Olympe savait ce que chimère en colère peut faire. Elle se félicitait par ailleurs de ne pas avoir fermé la porte à clé, une tentative d'évasion serait grandement facilitée si les choses tournaient mal.

— Huh ? Oh oui, tout va bien ! C’est gentil de demander. La question que la jolie fantôme venait de lui poser la fit sourire à nouveau, mais son expression semblait être encore plus forcée que sa précédente. Après un court moment de silence, Lyly soupira. En fait, non. Tu vois, un petit malheur m’est arrivé à cause que l’ampoule ne fonctionne plus et je me suis peut-être un peu fâchée… Mais maintenant, ça va, car tu es là ! Termina-t-elle en posant ses paumes l’une contre l’autre. En s’éloignant vers les longs rideaux, elle les ouvrit du mieux qu’elle pouvait pour laisser pénétrer le peu de lumière que le ciel leur offrait. Se retournant ensuite vers Olympe, elle lui dit quelque chose avec un air gêné. Désolée de t’avoir accueillie ainsi.

En revenant vers le gros bulbe, Lys l’examina plus en détail, puis lança un bref regard au plafond. C’était quoi leur idée de faire l'appart ainsi, p’tain ?! Avant, c’était marrant. Elle agita ses ailes sans même s’en rendre compte, la main sur le menton. Elle semblait réfléchir. Ses billes violettes valsaient entre sa consœur et les ampoules. C’est en tournant son cou pour voir son propre dos que Lysandra se mit à rire. Pourquoi n’y avait-elle pas pensé avant ?!

— Bahaha, Olympe ! J’ai des ailes ! Fit-elle en pointant ces dernières, se sentant un brin idiote. Puis, elle pointa le plafond en s'avançant. Je vais probablement être plus utile que ce que je croyais. Je pourrais peut-être te-…

Paf !

De nouveau par terre. Cette fois, la fleur rouge avait la face contre le sol. Apparemment, sa deuxième chute avait été causée par le même bidule que tout à l’heure. Restant un moment là sans bouger, Lysandra se releva lentement en silence, mordant l’intérieur de ses joues pour s’empêcher de dire quoi que ce soit. Une fois debout, elle enleva la poussière imaginaire qui se trouvait sur sa robe noire en tapant ses mains contre celle-ci. Elle s’efforçait de garder son clapet fermé, ne voulant pas se mettre en colère devant son amie.

Car oui, même si les deux chimères se connaissent à peine, s'étant croisées quelques fois dans les couloirs, la gecko-scarabée la considérait comme une amie… D’où le fait qu’elle l’appelait déjà par son prénom. Prenant de grandes respirations pour se calmer, Lysa se pencha ensuite pour prendre l’objet en question. Une bouteille d’eau à moitié vide. La personne qui l'a laissée là risque de mourir une deuxième fois. Après s'être légèrement débattue pour la décrocher de ses doigts, ladite bouteille se fit jeter à l’autre bout de la pièce par la chimère, rebondissant faiblement sur un mur avant de rouler dans un coin.

— Ahem… Où en étions-nous ? Reprit-elle en toussotant, le poing devant sa bouche et les paupières fermées. En les ouvrant, elle tentait de regarder Olympe dans les yeux, malgré la luminosité fascinante de ceux-ci. Je pourrais peut-être te porter ou un truc du genre. Qu’en penses-tu ? Pas d'inquiétude, je suis plutôt forte ! Ajouta Lysandra en posant sa main droite sur son biceps gauche, le regard brillant de détermination. Décidément, elle pouvait très vite changer d'humeur.

Les mots rassurants de sa consoeur lui suffisaient pour l'instant, mais Olympe gardait tout de même un léger air précautionneux. On pouvait même deviner qu'elle plissait les yeux à la forme du faisceau qui en sortait, c'est dire. Hélas, elle avait du travail, et son instinct professionnel étant sensiblement plus développé que son instinct de survie, elle resterait jusqu'au bout. Parfois, elle se disait que les paresseux ne pouvaient pas tant être malheureux, et que peut-être elle devrait leur prendre quelques leçons.

Et puis le drame.

Cette fois-ci, la grecque s'avançait doucement pour venir à son secours, laissait fuir un presque inaudible:

"Et hum, je me demandais, ça va toujours?"

Fort heureusement, le temps qu'elle atteigne sa comparse, cette dernière s'était relevée. Dans un silence de mort, la pieuvre regardait le gecko se débattre avec ses ventouses, gardant pour elle qu'elle trouvait la maneuvre particulièrement adorable. Hélas, Lysandra devait être à peu près autant âgée, lui pincer les joues n'était pas une option.

Reprenait effectivement le travail, malgré les supplices infligés à une bouteille innocente. Un retour dans une zone de confort, en quelque sorte. L'idée de se faire porter jusqu'au plafond lui plaisait cependant vraiment très peu.

"J'avoue avoir eu ma dose de chutes mortelles, la première m'aura suffi, et je vois déjà comment tout pourrait très mal se passer. Cependant, tu pourrais fixer une poulie au plafond pour que j'y tracte le globe. Il suffirait ensuite de la visser, tout là haut... Enfin, si ça te dérange pas de m'aider."

Elle regardait brièvement au plafond, et se convainquait de ne pas en approcher. Elle posait ses affaires, et en tirait le nécessaire. Il faut bien dire qu'à réparer tous les défauts de chaque appartement, on finit par trimballer avec soi tous les outils possibles et imaginables. Elle espérait seulement que sa corde soit assez longue, mais préférait ne pas penser au désagréable.

Elle se sentit un peu mal en entendant les mots d’Olympe. Ayant voulu s’excuser au début, Lysandra décida de se concentrer sur la tâche qu’elles avaient à faire. Elle ne voulait pas faire revivre des souvenirs douloureux à son amie chimère en restant sur le sujet. Donc, hochant la tête, elle s’approcha du matériel qui venait de se faire découvrir. Impressionnée par tout ce que Ollie emmenait avec elle, la rousse n’avait fait que regarder le tout avec des yeux brillants. Vient ensuite la corde qui allait très probablement les aider.

— C’est une super idée ! Et non, ça ne me dérange pas. Tu sais, ça me fait toujours plaisir d’apporter mon aide. Lui dit-elle en souriant sincèrement et en posant sa main sur son cœur. Il est vrai que Lysandra aime beaucoup se rendre utile, surtout si quelqu’un qu’elle apprécie est concerné. Je suis prête à m’envoler !

Une fois qu’elle eut prit tout le nécessaire pour la poulie dans ses bras, la femme volante se mit à battre des ailes, le son que celles-ci produisaient remplissant l’endroit. C’était un peu agressant pour les tympans, mais avec le temps, elle s’est habituée à cela. Bref, prenant son élan, Lysa se détacha ensuite du sol un peu maladroitement, mais arriva finalement à reprendre un équilibre correct.

Se dirigeant prudemment vers le plafond, elle s’arrêta tout juste sous celui-ci, prête à suivre les directives d’Olympe. Après tout, Lysandra n’avait jamais posé de poulie dans sa vie (ou sa deuxième vie, jusqu’à présent), ne voulant pas tout gâcher en faisant un faux mouvement. Surtout car elle était en train de voler ! Elle coula un regard à la bricoleuse qui se trouvait plus bas, levant le ton de sa voix pour bien se faire entendre, malgré le vacarme que ses ailes créaient.

— Okay, j’y suis ! Je commence par euh… Par quoi ?

Quelque part, l'enthousiasme de Lysandra lui rappelait son propre aplomb à se mettre au travail, aussi elle ne pouvait que l'apprécier. Accompagnant l'envolée du regard, elle servait presque de projecteur inverse à la scène angélique, quelque photographe aurait pu immortaliser le moment et vendre l'image des millions d'ossements.

Hélas, il n'y avait qu'elles, et la bricoleuse devait se faire enseignante. Non pas qu'elle s'en plaigne en réalité, l'idée seulement de revivre la douleur d'une chute de plusieurs mètres la faisait trembler. On était décidément bien, les deux ventouses sur terre.

Elle avait veillé à ce que l'apprentie prenne le nécessaire bien sûr, et le plan était simple. En plus de faire le nécessaire pour changer l'ampoule, elle prévoyait de laisser à la postérité les outils pour le faire sans troubles. Devant se faire entendre malgré le bourdonnement et la distance, elle criait autant que le permettait ses poumons:

"Dans un premier temps, il faudra creuser un trou avec la perceuse directement dans le plafond. C'est la sorte de pistolet vert, avec une pointe, puis il faudra insérer dans le creux la cheville, et puis visser... Enfin, tu t'es déjà servi d'une perçeuse, pas vrai?"

Par précaution, elle préférait demander. Il était à ses yeux particulièrement difficile de se blesser avec l'outil, mais savait également que certains y parvenaient inexpliquablement. Plutôt que d'aller trop vite, elle comptait allait trop prudemment.

D'autant plus que finalement, elle ne désirait pas non plus que sa conseur connaisse la sensation étrange d'avoir deux jambes en ratatouille.

Lys prit un moment pour réfléchir en vitesse. Elle essayait de se souvenir si elle s’était déjà servie d’une perceuse depuis l’invention de cette dernière. Apparemment, non, mais elle avait probablement déjà vu une vidéo sur le sujet. Elle venait de secouer la tête de droite à gauche, mais elle se souvint qu'Olympe était plutôt loin. Alors, l’écarlate lui répondit d’un simple “Non.” en tenant la perceuse maladroitement, par le bout pointu. Puis, positionnant correctement l’outil dans sa paume, Lysandra la fit fonctionner en appuyant sur un bouton, chose qui la fit sursauter légèrement.

— Woahh ! Elle retint l’envie d’approcher la pointe vers son œil pour mieux l’étudier, car elle se doutait bien que ce n’était pas une bonne idée. Au lieu de cela, elle préféra la poser sur le plafond dans le but de faire un trou. C’est fascinant. Ahem, je vais faire de mon mieux.

Suite à ces mots, le son de la perceuse se mélangea à ceux qui résonnaient déjà la pièce. Heureusement que c’était en plein jour et que l’appartement Gulliver était insonorisé, sinon les voisins n’auraient pas été contents. La femme au regard de reptile faisait tout son possible pour garder son bras immobile, en faisant le trou. Étonnamment, elle avait terminé sa tâche en beauté : sans détruire le plafond et sans blesser quelqu’un. Toute souriante, elle dirigea ses prunelles vers l’adorable Ollie.

— J’ai réussi ! Le trou n’est pas si mal. Cria-t-elle fièrement.

Vint le tour d’ajouter le reste du matériel. Tout à l’heure, tout juste avant d’utiliser la perceuse, Lyly avait rangé dans ses poches ce qu’elle avait porté dans ses bras, afin d’avoir plus de mobilité. Elle en ressorti ce qu’elle avait de besoin, commençant ensuite à visser avec prudence et grande attention. Heureusement que ses doigts de gecko avaient rattrapés la cheville qui était presque tombée une fois hors de sa poche. Elle s’arrêta un court instant, jetant un coup d’œil à son ‘œuvre’ avant de finaliser le tout. La lumière des yeux d’Olympe était d’une grande aide.

— Voilà, je crois que c’est bon. Le crochet est en place. C’est plus facile que ce que j'imaginais, héhé ! Rigola Lysandra sans se rendre compte que la corde qui dépassait de sa poche glissait doucement hors de celle-ci. C'est en ressentant quelque chose chatouiller sa jambe qu'elle sortit un "Oops !" en rattrapant ladite corde. Tout va bien !

En entandant simplement la réponse de sa comparse, Olympe se mettait à encrer sévèrement. La sorte de fascination que présentait Lysandra envers l'objet n'allait pas pour la rassurer. Notre héroïne l'imaginait déjà se creusant milles trous dans les mains par quelque erreur incompréhensible, ou arrachant le moitié du plafond en ripant. Non, vraiment, elle pensait avoir commis une grave erreur en lui confiant un outil très légèrement dangereux.

Mais au diable le pessimisme! Elle hurlait avoir accompli sa mission, et Ollie n'ayant vraiment aucune envie de monter tout là haut pour vérifier de près, elle décidait fermement de la croire sur parole.

Puis elle se mit à craindre de recevoir cinq bon kilogrammes de cordes sur la mouille. Puis la petite apprentie les rattrapait. Non vraiment, on parle d'un ascenceur émotionnel important, la grecque n'était vraiment plus tant certaine de pouvoir lui faire confiance. Hélas, elle était bien obligée.

"Fait passer la corde par le crochet, et envoie-moi les deux bouts, je te tirerai l'ampoule et tu n'auras qu'à la visser!" Qu'elle hurlait vers le ciel.

Ayant tout de même constaté un sursaut d'enthousiasme, elle préférait préciser:

"Envoie-moi les deux bouts de corde doucement, d'accord?"

Bon, au vu de la hauteur, il n'y avait vraiment pas beaucoup de moyen de la laisser tomber en douceur. Quelque part, se faire assomer jusqu'au lendemain matin et laisser la tâche à quelqu'un d'autre ne lui paraissait pas une perspective si désagréable, au final.

Lys ne se doutait pas de ce qu’elle faisait ressentir à la pauvre Ollie. Gardant son sourire, elle était plutôt fière d’avoir accompli cette première tâche. Jetant un rapide coup d'œil à son interlocutrice, elle l’écoutait tout de même avec grande attention. Après tout, il ne fallait pas faire un mauvais mouvement, ce qui pourrait tout gâcher ou même blesser quelqu’un. Rapportant donc la corde dans ses bras après avoir rangé la perceuse dans sa poche, la femme aux mèches flamboyantes entama la deuxième partie du travail.

— Par ici… Comme ça… Marmonna-t-elle en passant la corde sur le crochet, comme Olympe lui avait indiqué de faire, décollant délicatement le bout de ses doigts de la corde. Okay. C’est bon. Dit-elle en usant de sa main libre comme un porte-voix.

Ensuite, elle se mit à descendre les deux bouts du plus doucement et tranquillement qu’elle le pouvait. À certains moments, ses doigts se collaient un peu trop au câble, mais heureusement, Lysandra arrivait à s’en détacher avec peu d’effort. Si seulement elle avait pu retenir sa glace, plus tôt dans la journée… Mais bon ! Elle secoua légèrement la tête pour chasser cette agaçante pensée, préférant se concentrer sur ce qu’elle avait à finir. Du coup, la chimère parvint à faire descendre les bouts de la corde jusqu’à sa consœur sans l’assommer, ceux-ci s’arrêtant à côté de cette dernière.

— À toi de jouer, ma chère ! Fit-elle, enthousiaste. Elle venait de lever ses pouces en l’air, vers la jolie Grecque. Puis, elle se mit à dévisser l’ampoule brûlée, y mettant toute sa force.

Lorsque l’ancienne ampoule fut descendue du plus bas que Lysa pouvait la porter, elle fit un mouvement pour l’envoyer sur le canapé, celui-ci étant tellement grand que même si l’ampoule rebondissait un peu, elle ne tomba pas par terre. Lorsque la nouvelle ampoule fut prête à être emmenée plus haut, Lysa se dirigea à nouveau vers le plafond et se remit au travail, lentement et sûrement. C’est reparti.

Malgré le fait que les deux fantômes se devaient d’être prudentes, la chimère aux mandibules se dit que si elle prenait trop son temps, elle ne pourrait bientôt plus voler. Son corps se faisait de plus en plus lourd, ses membres se fatiguaient. P’tain, je vole pour des ossements et j’ai encore du mal à battre des ailes…

— Je la tiens ! Dit Lysandra en agrippant le bulbe géant entre ses bras, prenant soin de coller ses doigts dessus pour ne pas le laisser tomber. Puisant dans la force qu’il lui restait pour mettre l’ampoule à sa place, tournant tranquillement avec elle pour la visser comme il faut, l’Écossaise termina son travail sans qu’une nouvelle difficulté ne fasse apparition. Il ne restait qu’à appuyer sur l’interrupteur, ce qu’elle fit sans attendre. Que la lumière fut !

L’ampoule fonctionnait ! Descendant maintenant vers le parquet à toute vitesse, elle donnait presque l’impression de foncer tout droit vers Olympe, mais une fois arrivée, la rousse se posa doucement à ses côtés. Après qu’elle ait reprit son souffle, à genoux, elle se redressa en affichant un sourire grand jusqu’aux oreilles.

— Victoiiire !! S’écria Lys en levant ses bras pour former un V. Olympe, merci beaucoup, tu as été géniale ! Puis, elle adopta un ton plus calme pour proposer quelque chose à la chimère marine, tout en lui redonnant sa perceuse. Veux-tu venir prendre une glace avec moi ? C’est cadeau. C’était une façon de la remercier et de la connaître un peu plus… Aussi, comme ça, Lysandra pourra enfin savourer sa friandise glacée sans la faire tomber. Probablement.