Coeur de Pierre, Nerfs à vifs ft. Frederica Braincroft

»Coeur de Pierre, Nerfs à vifs




Et je vis une dame digne et droite sur son cheval, il se nommait Pestilence et elle se nommait Mort..

C'en était criminel. Mais qu'importai réellement, ce n'était pas cela le souci. Elle fixa ce qui servait de médicament, ne sachant pas que cela existait aussi dans la non vie. Elle mit du temps à digérer tout cela, sans savoir quoi faire, le regard perdu à nouveau. Fallait-il ou non prendre ce cachet, est-ce que cela allait réellement l'aider? Sa mort pouvait elle être pire ? Non, il fallait prendre les devants. Aussi cette fois, elle tenta de faire taire sa mauvaise conscience. Elle ouvrit la bouche et, les yeux clos, elle s'enfourna le cachet, tellement vivement qu'elle faillit s'étouffer avec.

Cette femme sembla tellement gentille, et pourtant si froide, c'est ce qui lui fallait, pas de fausse gentillesse, pas de moquerie, pas de familiarité. Elle désirait tant partir, et s'envoler en fumée, mais non, elle devait tenir, elle avait un but. Si Noriko était encore en ce monde, elle allait encore tout faire pour détruire autour d'elle le mince édifice que Lyriana avait créé. Cet équilibre qui lui avait permit de sortir cette nuit et les nuits encore avant. De plus elle ne voulait pas que son grand père tombe sur cette folle furieuse s'il venait à venir ici bas.

Partant du principe que les suicidés finissent quasiment tous ici, elle priait. oui, pour une fois, elle pria, alors qu'elle ne connaissait ni dieu ni maître. Son cœur commença à se calmer peu à peu, bien que ce fusse difficile. Était-ce grâce au médicament, ou au fait qu'elle ne se sentait plus seule, restait la question de savoir qui avait envoyé cette note? Elle se souvint avoir déjà demandé de l'aide à une autre chimère, mais son nom lui échappa un petit moment avant de lui revenir.

Elle devra gérer ça plus tard, elle en avait la certitude maintenant, mais quelque chose lui donnait un bien fou, ce calme, le silence. Oh oui, elle adorait le silence, et enfin elle en avait. Plus de voix discordantes, plus de vision glauque, enfin, si peu. Ce médicament, et cette femme, c'étaient la providence qui les envoyaient. Elle se souvenait de la chanson: "Enjoy the Silence" et elle murmura lentement le rythme, avant de pousser un petit soupir, redevenant droite et digne.

"Oui, j'ai remarqué quelle se tenait toujours de façon à ne pas montrer sa posture droite. Elle m'offrait toujours un café à boire, et voulait absolument que je parle de mon passé. Je ne l'aurais pas fait, je n'ai aucune confiance aux gens, vous voyez. Enfin.. Vous comprenez.."

Elle ne voulait pas paraître impolie, surtout pas après toute l'aide qu'elle lui donna. Mais ne sachant que faire de plus, elle se frotta la tempe, ne sachant que dire, la remerciant bien sûr, encore une fois. Mais elle se sentait seule, à nouveau. Trompée, flouée, elle devait bien trouver un moyen de se défendre.

"Que s'est-il passé avec cette autre femme? Elle est...tombée en poussière? Enfin, vous m'avez dit qu'il fallait bien plus pour en finir avec la non vie, donc je suppose que non, elle est toujours de ce monde. Je vous avouerai, je ne sais pas quoi faire, ni où aller. Je ne sais pas à qui faire confiance, ou ne pas faire confiance, je suis tellement perdue en ce moment. Cependant, je voudrais croire, mais je n'y arrive plus.."

Ses mains tremblèrent à nouveau, mais n'en fit pas mention. Elle avait le choix désormais, soit suivre la dame, soit essayer de tailler son chemin toute seule. Qu'importe si elle ne la suivait pas de suite, elle trouvera un moyen de la rejoindre, visiblement dans cette roseraie. mais elle ne savait pas quoi faire entre temps. Se battre? Se défendre? Ou simplement chercher à se rendre utile envers les autres chimère. Ce médicament décidément était plus qu'efficace. Elle pouvait de nouveau réfléchir. Elle regarda du coin de l'œil la dame, visiblement fière de sa joute avec Noriko, l'ayant boutée hors de ses terres. Le choix s'offrait à elle, de suivre ou non ce chef de file.

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Et si je devais verser le contenu de mon cœur, tu y verrais tout le sang que j'ai fait couler dans ma vie, tu y verrai aussi la souffrance et l'acide de mon âme, la noirceur de mes mots et la haine que j'ai accumulé depuis tant d'années. Je ne te déteste pas, non, pas dans le sens que tu penses. Après tout, tu ne me connais pas, et je ne te connais pas ma belle. Mais quand nous nous retrouverons, je t'observerai. Ta chute et celle de tous ceux que tu aimes, ou essayera d'aimer Noriko

Si Lyriana avait apprit quelque chose en mourant, c'était bien le fait d'écouter jusqu'au bout les paroles des gens. Les mots percutaient son oreille, et elle apprenait, peu à peu les lois de ce nouveau monde. Visiblement la volonté de vengeance était identique que dans le vivant. Cela lui fit sourire intérieurement, bien quelle s'en cache. Elle avait un but, certes, mais elle n'était pas la seule à l'avoir. Elle ignorait tout du passé de telle ou telle personne, mais cela l'aidait, indéniablement. Le calmant avait fait son effet, et les traces de sang qui constellait le sol s'évanouirent peu à peu, pour rester en quasi filigrane. Mais c'était déjà mieux que tout ce qu'elle avait vécu. un jour, peut-être arrivera-t-elle a ne plus se sentir nauséeuse à les voir. Voire même à en sentir l'odeur.

Une chaleur étrange émanait de son cœur qui pourtant aurait dû n'être que froideur et destruction. Elle ne pouvait s'en empêcher cependant, elle les sentait monter, inexorablement, les larmes sortir de ses yeux et couler le long de ses joues. Son ventre gronda brutalement, brisant le silence de sa réflexion. En effet, elle n'avait plus assez de quoi se payer à manger ou à boire, et elle squattait le garde manger de l'agence, en prenant un minimum. Sa tête lui tournait quelque peu, et elle se massa l'arête du nez.

"Si je résume, Noriko peut envoyer des femmes comme moi, totalement déboussolée, pour faire son sale travail. mais pourquoi? Je veux dire, je suis pas plus douée que d'autres, je n'ai rien pour moi et ma vie a été misérable. Je n'ai aucune ambition dans la mort…

Elle glissa ses doigts le long de la base de ses cornes, prenant conscience qu'elle était déjà sous la coupe de Noriko, d'une manière ou d'une autre. Un frisson parcouru tout son corps avant de se souvenir du mot. Toutes les réponses allaient être répondues, certes, mais cela aurait pu aussi être un piège afin de l'envoyer se faire tuer ou tuer quelqu'un définitivement. la mort. C'était si étrange parfois quand on y réfléchit.

"Je ne veux pas me laisser faire. je veux pouvoir me défendre contre elle. Je n'ai pas envie de finir en poussière à cause de cette folle… Je ne sais pas en qui je peux faire confiance, mais.. Vous avez déjà combattu Noriko, et avez plus d'expériences que moi dans la mort. "

Elle tenta de se redresser, mais des paillettes lui couvrirent sa vision. Une baisse de tension, voila qui devait achever le rester. Elle ne savait pas se battre, n'avait aucune endurance, et devait bien se résoudre à se faire aider par les autres. Elle pesta contre elle-même et frappa de ses poings sur ses genoux, pour les faire bouger, pour réussir à se bouger et prendre en main son destin. Impossible, son corps ne répondait pas. Ses joues creusées et ses cernes bien marquées, sa pâleur cadavérique et sa maigreur anormale, oui, elle était bien amochée pour une première année de mort. Mais elle ne voulait pas se laisser faire, plus maintenant. Elle voulait remonter la pente, ne pas se laisser faire, et surtout ne pas montrer un tel visage à ceux qui l'avaient mené à son suicide. Cela leur ferait trop plaisir. Elle ne le voulait pas.

'je ne veux pas… Je ne veux plus être un boulet à mon pied. je ne veux plus être à la ramasse. Je ne veux pas que ceux-là profitent de ma mort comme ils ont profité de ma vie… Quand je suis arrivée dans le bureau du Roi des Lémures…. "Ma vie était digne d'un film d'horreur" disait-il... Je le crois sans peine, mais je ne veux plus que ce soit le cas. Je veux vivre.. je veux profiter de ma seconde vie…"

Elle qui avait tant de mal à s'exprimer, n'arrêtait plus, mais sa gorge lui faisait mal de dire tant de chose en rafale, sans se stopper, comme si son existence était encore plus menacée depuis. Elle continua, alors que les larmes coulaient toujours et qu'elle se penchait en avant pour se donner la force d'aller au bout de son flot de parole. C'était important, cela devait toujours l'être.

"Je n'ai pas confiance en moi, ni aux autres. Mais si vous me promettez que je pourrais me venger de Noriko, alors je vous octroie ce droit. Exceptionnellement."

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" Je me sens toujours humaine.
J'ai mes défauts et mes qualités.
Mais j'ai sale caractère. Aussi, si tu veux me parler
Si tu veux me voir et me regarder dans les yeux.
Oh ma belle, Si tu veux toujours oser me regarder dans les yeux…
Je te les arracherai avec délice, puis te les remetterai et les ôterai à nouveau. Oh, ma belle, ce serait si délicieux. Avec tellement de délicatesse, je serais à tourner un à un les verrous de ta mentalité perverse. Je suis et resterai dans ton esprit. Tu es un délice.

Mais tu sais, ma belle… Fuit, tant que tu peux. Car tu viens de m'énerver.
Tout est de ta faute si ce qui arrive est de ce fait. Tu penses avoir gagné la guerre ? Tu es bien trop jeune pour moi, et tu as encore des milliers d'années avant de m'atteindre. " Noriko

Lyriana observait la dame qui se dévoilait à nouveau devant elle. Une voix qui résonnait dans son subconscient. Quelque chose qu'elle ne pensait pas possible. Elle était un peu la lumière dans une nuit noire et inextricable. Avec prudence elle prenait le serment de la dame comme une marque de respect, mais aussi de volonté personnelle. Comment était-ce possible de passer à côté d'une telle occasion? Impossible, et elle le savait bien. Si elle se détournait pour partir seule, si elle osait tourner le dos à celle qui lui tend la main, jamais elle ne pourrait se venger.

Elle se frotta l'arrière de la tête, hochant la tête lentement. Oui, elle commençait à croire, elle commençait à y voir plus clair. le médicament avait fait effet, et les volutes de brouillards se dissipaient peu à peu. Aussi, le reste de son corps réagit à ces paroles. C'était si gentil de penser au fait de ne pas la lancer dans la cage aux lions. Encore plus quand ce lion est un véritable "Kitsune. A l'idée, un petit sourire s'étira sur les lèvres de la chimère bouc. Elle se demandait en combien d'année elle pourrait avoir une telle prestance. En combien de siècle était-ce possible ? Était-ce même possible pour elle, née dans les temps modernes, où l'homme est un loup pour l'homme ?

Son estomac réagit aux paroles de Frederica, et ne sachant que dire, elle se détourna afin de ne pas montrer le rouge à ses joues. La faim la tiraillait depuis un temps déjà. cela devait se voir. Elle se tapa le ventre avec le poing, se jurant de s'en coller deux pour avoir tant montré de sa faiblesse. Mais ce n'était que secondaire.

Elle se demandait si Noriko s'attendait à ce que deux de ses victimes se réunissent pour se battre contre elle. Un sourire chafouin, une voix doucereuse, et un esprit plus noir encore plus sombre que les ténèbres des enfers. Oui, il n'était pas question de se louper. Tout le monde devait trembler à la simple évocation de cette chimère folle à lier. Pourtant, elle n'avait pas idée de ce que Lyriana "Joke" Harving pouvait faire une fois acculée contre le mur. En quelques sorte, elle n'était pas un bouc pour rien.

"J'accepte avec plaisir votre invitation, Dame Braincroft. Je pense que nous avons encore beaucoup à nous dire. En effet, sans entrainement, je ne pourrait certainement pas faire le poids face à elle."

Elle regardait à nouveau la roseraie, celle-ci, qui lui semblait pourtant si austère et si sombre, si torturée et malsaine, s'ouvrit à un nouveau jour devant ses yeux. Tel le linceul de ses pensées, il n'y avait plus rien d'étrange, et les roses exhalaient d'un merveilleux parfum, celui d'une liberté qui allait poindre. Mais avant de prendre les grandes décisions, il fallait remplir cet estomac resté creux si souvent. Elle n'entendait plus rien de ses voix intérieures. Mais elle ne perdait pas de vue que Noriko, comme Fredérica, comme tout les autres, ignoraient qu'elle était une bombe à retardement. Tant que les calmants feraient leur effet, tout irait bien. Tant qu'elle avait un but à atteindre, et que ce dernier se profilait. Alors oui, "Joke" serait bien profondément enfouie. Noriko voulait la guerre et le chaos. Elle le voulait, elle respirait la haine et le ressentiment. Elle suintait de l'encre pour étouffer le cœur et les sentiments des gens. Lyriana n'était pas une héroine. Aussi, elle ne le faisait pas pour les autres.

Elle n'était pas vertueuse. Juste une survivante. Elle s'adapterait à ce monde, quitte à y mettre le temps et à en payer le prix. Une fois qu'elle aura réglé tout ces problèmes, alors enfin… Enfin elle pourra s'attaquer à "Joke" … mais en attendant… une étape à la fois. Un obstacle à la fois. Un monstre à la fois. Elle esquissa un maigre sourire à l'idée de voir enfin le ciel. Sera-t-il étoilé ou simplement sombre? Sera-t-il bleu telle une mer infinie ? Ou simplement argenté comme les nuages couvrant son âme ? Qu'importait tout cela. Prendre des forces. S'entrainer et se faire connaître.

Car oui. Elle voulait tant se venger de Noriko, qu'elle comprit un point de détail. Puisqu'elle a des yeux et des oreilles partout, alors elle saura que Frederica et Lyriana se sont liés au moins contre elle. Qu'elle le sache. Elle veut faire naître la peur dans ce qui reste du cœur de Noriko. Si les dieux n'existent pas, alors la rédemption non plus. Qu'à cela ne tienne. Lyriana ne pardonne pas.

Si elle ne se pardonne pas… Alors comment pourrait-il pardonner à sa tortionnaire ? Elle regarda du coin de l'œil à nouveau la nécromancienne. Un sentiment étrange, entre admiration pour sa stature, et inquiétude naquit. Mais cela, elle se garda bien de le dire avant de partir avec elle en direction du restaurant. La journée n'était pas finie. Bien loin de là.